Dans un entretien accordé en exclusivité au journal égyptien Al Ahram, à Zurich, au siège de la Fédération internationale de football, M. Joseph Blatter est revenu sur plusieurs sujets qui ont interpellé l'opinion sportive ces derniers mois, entre autres le dossier Egypte-Algérie, l'attaque du bus du Togo à Cabinda et les droits de retransmission des matchs de la Coupe du monde 2010. «Le dossier Egypte-Algérie est sur le bureau de la commission de discipline, qui est souveraine» Bien entendu, ce qui intéressait le plus les journalistes égyptiens, c'est bien le dossier épineux Egypte-Algérie. A ce sujet, le président de la FIFA a dit d'emblée que ce n'était pas de son ressort. «Le dossier est sur les bureaux de la commission de discipline, qui est la seule habilitée à le traiter. Personne d'autre, ni un membre du Comité exécutif ni le président de la FIFA en personne n'a le droit de s'immiscer dans ses prérogatives. Elle est totalement indépendante et son verdict sera irrévocable. Donc, personnellement, je ne peux rien vous dire à ce sujet. Seulement que la commission en question a entre les mains le dossier complet avec les rapports des deux Fédérations, celui des arbitres et des commissaires, en plus de celui des enquêteurs de la FIFA.» «L'enquête reprendra au mois de février» «Actuellement, l'enquête est suspendue en raison de la participation de l'Algérie et de l'Egypte à la CAN. Car, l'enquête nécessite la présence des deux parties impliquées pour qu'elles soient entendues, puisque chacune d'elle accuse l'autre. Cela va se passer exactement comme au tribunal, et actuellement cela n'est pas possible. L'enquête va reprendre au mois de février, et quel que soit le verdict que rendra la commission de discipline, qui est souveraine dois-je le répéter, l'équipe ou la fédération qui se sentira lésée peut introduire un appel auprès de la commission de recours ; et si elle n'est pas encore satisfaite, elle peut saisir le tribunal du sport. Voilà, je ne peux rien dire d'autre, ni même commenter ce qui s'est passé», a expliqué le patron de la FIFA. Joseph Blatter a par la suite abordé un sujet très important, celui de la retransmission des matchs de la Coupe du monde qui suscite en ce moment une grande polémique, ainsi que l'indignation de plusieurs pays qui se plaignent de certaines pratiques dont usent quelques chaînes de télévision pour accaparer les droits de retransmission à des prix faramineux. «Cela a toujours constitué un problème dans certaines régions du monde, surtout lorsqu'il s'agit d'une compétition importante comme la Coupe du Monde, du fait des contrats que signe la FIFA avec certaines chaînes de télévision qui achètent les droits de retransmission. Mais je vous fais savoir, et je réaffirme ce que j'avais déjà dit en d'autres occasions, c'est que le monde entier a le droit de regarder gratuitement quatre matchs de la phase finale de la Coupe du monde : le match d'ouverture, les deux demi-finales et la finale. Aussi, les pays qui y participent ont en plus le droit de regarder gratuitement tous les matchs de leur équipe. Les chaînes en contrat avec la FIFA doivent donc donner gratuitement tous les matchs en question aux pays concernés. En plus de cela, avec l'Académie de l'union des radios africaines, nous sommes en train d'étudier la possibilité de diffuser les 64 matchs de la Coupe du monde dans 41 pays africains, les plus démunis notamment, de l'Afrique centrale, gratuitement et en trois langues différentes, en français, en anglais et en portugais, et cela pour fêter l'organisation pour la première fois d'une phase finale par un pays africain», a rassuré Blatter. «Entre l'Angola et l'Algérie, il n'y avait pas de match» Abordant la Coupe d'Afrique des nations, le patron de la FIFA dira qu'il n'a pas pu suivre tous les matchs en raison de ses nombreux déplacements, mais curieusement, tous les matchs qu'il a pu regarder sont ceux du groupe A, celui de l'Algérie. «Je suis très occupé en ce moment, je n'ai pas pu voir toutes le rencontres. J'ai toutefois pu regarder le match d'ouverture entre l'Angola et le Mali, c'était du beau spectacle, et j'ai été surtout émerveillé par le retour du Mali qui était mené par quatre buts à zéro. J'ai pu suivre aussi Mali-Malawi et Angola-Algérie. Je zappais entre les deux matchs mais je me suis intéressé le plus à celui du Mali car, je n'avais pas l'impression que l'Algérie et l'Angola jouaient un match de football. Il était clair que chaque équipe cherchait plus la qualification qu'autre chose.» «On ne peut pas reprocher au Togo de s'être retiré de la CAN» Concernant le tragique évènement dont a été victime l'équipe du Togo, Blatter a souligné que «la sécurité d'une compétition internationale est la responsabilité du pays organisateur qui doit assurer le bon déroulement de l'évènement. Mais là, il est clair que c'est un incident à cause d'un conflit politique. J'ai été choqué lorsque j'ai appris cela car le football doit être en dehors de toute considération de ce genre. J'ai en personne adressé mes condoléances à l'équipe du Togo, à la Fédération togolaise et aux familles des victimes. J'ai aussi formulé mon soutien à la CAF. Aussi, je ne peux pas reprocher au Togo de s'être retiré de la compétition car je sais que c'est une décision politique. Mais ce qui m'a plu, c'est que la CAN ait pu avoir lieu quand même, et sans le moindre incident». «On a voulu remettre en question l'organisation de la Coupe du monde par l'Afrique du Sud» Le président de la FIFA n'a pas omis de déplorer certains points de vue qui ont tenté de remettre en question la décision d'accorder l'organisation de la Coupe du monde à un pays africain, après ce qui s'est passé en Angola. «Ils n'ont pas hésité à saisir l'occasion pour faire douter des capacités de l'Afrique du Sud à organiser une Coupe du monde. Pourtant, l'Afrique du Sud vient de prouver qu'elle en est capable en organisant la Coupe des confédérations durant trois semaines sans qu'il n'y ait le moindre incident. L'Afrique doit saisir à son tour cette occasion pour justifier la confiance que nous avons placée en elle, et je suis sûr que cette Coupe du monde aura un grand impact positif sur tout le continent», a terminé Blatter en dévoilant un projet de la FIFA pour la mise en place de 20 centres de formation à travers l'Afrique. Synthèse Basset M.