Au rang des sportifs qui resteront gravés dans la mémoire des Français, Zinedine Zidane occupe, pour longtemps encore, la première place. Et pour cause. Il a été le principal artisan de la période la plus glorieuse du football français. Sous son règne, l'équipe de France est devenue la première formation à réaliser, entre 1998 et 2000, le doublé Coupe du Monde-Euro. Le rôle-clé joué par le marseillais est définitivement confirmé à l'occasion des échecs retentissants de la Coupe du Monde 2002 et de l'Euro 2004. Diminué par des blessures, il laisse ses partenaires orphelins, incapables de reproduire les performances passées. Débarrassé de ses pépins physiques, il réinvestit sa fonction de leader technique et mène les Bleus jusqu'en finale du mondiale 2006 en Allemagne. Le quart de finale contre les Brésiliens restera comme le plus grand match de ce mondial. Gratifiant les millions de téléspectateurs de sa mythique roulette et de ses contrôles chirurgicaux, le numéro 10 français donne le tournis aux auriverdes, pourtant grandissimes favoris de la compétition. Consacré plus grand joueur de la décennie à l'occasion de ce récital, Zinedine Zidane entachera lui-même sa performance par un coup de tête assené en finale à l'italien Marco Materazzi. Un mouvement d'humeur qui le privera de son deuxième ballon d'or. Reconduit à la tête des Bleus à l'issue du Mondial, Raymond Domenech devra désormais se passer des services de Zidane, parti à la retraite. S'appuyant sur les derniers survivants de la génération 98, Thierry Henry et Patrick Vieira, il intègre de jeunes talents. Loin du niveau de leur illustre prédécesseur, ils déçoivent. Pour ne rien arranger, leur cohabitation avec l'ancienne génération est rapidement conflictuelle. A tel point qu'à l'Euro 2008, Samir Nasri et Thierry Henry se chamaillent pour l'attribution d'une place dans le car de l'équipe. Premier signe d'une équipe malade d'elle-même, cet épisode est avancé pour expliquer l'élimination prématurée des Bleus. La responsabilité de Raymond Domenech est de fait mise en avant, mais c'est l'absence de Zinedine Zidane qui explique encore largement cette déconvenue. Même cause même effet au mondial sud-africain. Mais cette fois-ci, à la défaite sportive, s'ajoute l'humiliation. Devant les caméras du monde entier, les Bleus boycottent un entraînement à la veille du match décisif contre l'Afrique du Sud. Une première dans l'histoire de la Coupe du Monde. Officiellement, les joueurs souhaitent unanimement exprimer leur désaccord avec la décision d'exclure Nicolas Anelka, qui lors de la mi-temps du match contre le Mexique, se serait accroché verbalement avec Raymond Domenech. Le verbatim de cet échange musclé - "Va te faire enculer, sale fils de pute" - est repris par l'ensemble de la presse internationale, faisant de l'équipe de France la risée du monde. La présence de Zinedine Zidane aurait-elle changé la donne ? Difficile à dire. Quoi qu'il en soit, sa retraite internationale aura précipité la dégringolade des Bleus, passés en l'espace de douze années du somment au bas-fond de la hiérarchie du football international. Deuxième du classement FIFA en 1998, premier en 2001, ils sont aujourd'hui classés à la 21ième place. In Nouvelobs.com