Hubert Velud, est revenu dans cet entretien sur cette journée noire qui entachera à jamais l'histoire de la CAN. Témoin de cette barbarie sans précédent dans l'histoire du football, l'entraîneur de la sélection togolaise, le Français Hubert Velud, est revenu dans cet entretien sur cette journée noire qui entachera à jamais l'histoire de la CAN. * Tout d'abord, on a appris que vous avez été touché au bras dans la fusillade de vendredi, est-ce vrai ? Oui, je vous confirme que j'ai été touché au bras, mais ce n'est rien du tout par rapport aux autres membres de la délégation qui ont reçu des balles dans le ventre. Je pense à deux de mes joueurs et à l'entraîneur adjoint qui ont été sérieusement touchés par balles, ainsi qu'à l'un des deux chauffeurs de bus, tué aussi dans cette embuscade. * Comment est l'état du groupe togolais ? On est encore sous le choc, on a du mal à réaliser ce que nous avons enduré ce vendredi. Je pense à la famille du chauffeur du bus tué, à celles des joueurs et aussi à plein de gens que je connais là bas ainsi qu'à ma famille et mes amis. * Après ce qui s'est passé, allez-vous quand même prendre part à cette compétition ? Franchement, on n'a pas encore décidé. On va se réunir avec Emmanuel Adebayor, qui est un joueur important dans ma sélection, et l'ensemble des joueurs pour prendre la décision que nous jugerons raisonnable, vu les circonstances. * Personnellement, êtes-vous prêt à aller au bout de cette compétition ? Moi personnellement, je suis ici d'abord pour apporter mon aide et mon assistance morale aux joueurs. J'essaye de tout faire pour les aider à surmonter les moments pénibles qu'ils ont vécus. Je dois me montrer responsable et rester à leurs côtés pour les consoler, et surtout les soutenir. * Etes-vous favorable à une délocalisation du groupe de la ville de Cabinda, sachant qu'elle n'est pas sécurisée ? Il est certain qu'on va bien étudier cela avec les autres délégations. Les Burkinabés sont sur place ainsi que les Ivoiriens, donc les cadres de ces équipes à l'instar de Didier Drogba, Emmanuel Adebayor, Yaya Touré et les autres vont se réunir pour décider s'il faut délocaliser ce groupe B ou pas. A vrai dire, à Cabinda, on se sent vraiment en insécurité. Après tout ce que nous avons enduré, il ne peut pas en être autrement. * On a reproché aux Togolais d'avoir effectué le déplacement par route, votre avis ? C'est un problème qui me dépasse. Il faudra revoir cela avec les responsables. Moi, je me limite à travailler sur le terrain. * Selon vous, la CAF aurait dû annuler cette CAN… Je ne sais pas quoi dire, mais je suis certain que cette question mérite d'être posée. Nous avons été victimes d'un acte de barbarie. Le football est un sport, et ce que nous avons subi relève du climat de l'insécurité et de la guerre. * Un responsable burkinabé a déclaré que le Togo a violé une règle sécuritaire de la CAF, qui exige que tout déplacement de délégation devrait s'effectuer par avion, une réaction ? Ecoutez, il est forcément mieux placé que moi pour avancer des choses pareilles. Moi, je ne peux pas commenter cette hypothèse que je trouve logique. Il faut prendre du recul et se demander si c'était une bonne idée de rallier Cabinda par route. * Selon vous, l'armée angolaise a-t-elle évité un carnage à votre délégation ? Oui, c'est sûr. Ils étaient armés jusqu'aux dents, et on se demandait même pourquoi ils étaient là jusqu'à cette attaque. Je dois dire que l'armée angolaise a bien riposté. Elle a de ce fait sauvé la vie à plusieurs joueurs et autres membres de la délégation. Sans la réaction énergique de l'armée angolaise je ne serai pas là en train de vous parler, c'est certain.