«Cette défaite va nous permettre de remettre un peu les pieds sur terre.» Bien que très touché après la déroute de Luanda de l'équipe nationale, le sélectionneur des A', Abdelhak Benchikha, a accepté de nous livrer ses impressions à propos de cette équipe des A', mais il a parlé aussi des Verts. * Tout d'abord, votre avis sur ce stage… Comme vous l'avez constaté, ce stage s'est déroulé dans de bonnes conditions. Nous avons eu la chance d'avoir de bonnes conditions climatiques depuis notre arrivée. Cela nous a permis de travailler encore plus dur, surtout sur le plan tactique, où les joueurs ont fait un bon travail. Je suis satisfait, puisque les joueurs sont en train d'appliquer ce que nous travaillons à l'entraînement. Il y a des choses très positives. * Lesquelles? Au cours de ce stage, j'ai essayé de lancer un message aux joueurs. Certains l'ont saisi au vol et d'autres ne l'ont pas encore compris, mais ils vont le comprendre. Avec moi, celui qui ne gagne pas ses duels ne joue pas, celui qui n'est pas rapide, aussi, idem pour celui qui ne revient pas par exemple en défense. Je leur ai lancé un message, et j'ai eu des résultats en réponse. Même si à chaque fois, je secoue les joueurs, ils le prennent du bon côté. Je sens que les joueurs veulent bien faire pour faire honneur à notre pays. * Les locaux sont-ils enfin convaincus qu'ils peuvent jouer en équipe A? Oui, bien sûr. J'ai discuté avec eux, et ils veulent tous être dans l'équipe A. Il y a un petit pont entre les A et A', et moi, j'essayerai de les pousser. Trois mois seulement après avoir pris mes fonctions, j'ai déjà trois joueurs dans la CAN, à savoir Laïfaoui, Zemmamouche et Ziaya, et deux réservistes qui sont Meftah et Metref. J'essayerai d'y pousser encore deux ou trois. En tout cas, si ça se réalise, c'est une très bonne chose pour moi… et pour eux, bien entendu ! * Envisagez-vous de renforcer les rangs de l'équipe par d'autres joueurs? C'est sûr ! L'Equipe nationale n'est la propriété de personne. Elle est la propriété de 40 millions d'Algériens. Je compte renforcer l'équipe par d'autres joueurs talentueux, capables de donner le plus attendu. Cependant, j'ai déjà en tête le noyau de cette équipe, et les joueurs qui ont pris part à ce stage ont montré de belles choses. La preuve, ils intéressent des clubs turcs et allemands. Même si je suis pénalisé après leur départ à l'étranger, ma joie sera grande de sentir que j'aide nos jeunes à décrocher des contrats professionnels. * Justement, que pensez-vous de la proposition faite à Ghazali émanant du club turc de Dardanelsport ? Pour moi, le plus important c'est de signer pour un club de première division, ce qui va permettre aux joueurs de progresser. * Que pensez-vous du choix de Ziaya d'opter pour le club d'Al Ittihad de Djeddah ? Sincèrement, je ne suis pas au courant des raisons qui ont poussé Ziaya à opter pour le club saoudien, mais une chose est sûre, il était difficile d'opter pour Sochaux et de rester là-bas six mois seulement pour revenir ensuite au pays. Je pense que la proposition financière a influé sur le choix, mais il pourra toujours signer en Europe après avoir réussi son expérience en Arabie Saoudite. * S'il y a un joueur qui en a épaté plus d'un lors de ce stage, c'est bien Ahmed Gasmi… Ah oui ! Gasmi est un joueur polyvalent, il joue en pointe, dans les couloirs et même au milieu. Face à Tirana, je l'ai fait jouer comme milieu défensif, et il a donné satisfaction. C'est quelqu'un qui veut réussir. Si je lui demandais de manger le gazon pour cela, il le ferait. Et ça, c'est très important. Espérons qu'il va continuer comme ça, et qu'il ne sera pas influencé par des gens de son entourage. C'est un joueur pétri de talent, qui peut aller loin. * Il y a même Messaoud… Messaoud est un artiste. Néanmoins, il a des choses à corriger. Il a pris l'habitude de jouer attaquant libre, mais vous l'avez sans doute vu face à Tirana, lorsqu'il a défendu avec son équipe. Je suis heureux pour lui. Il avait un gros problème familial, mais il l'a laissé pour venir à la sélection, et ça m'a fait plaisir. Tous les joueurs viennent ici heureux, je leur ai fait savoir dès la première fois que ceux qui ne voulaient pas venir n'avaient qu'à me le dire. * Votre adversaire, lors des éliminatoires de la CHAN, la Libye, a perdu à Cotonou face au Bénin… Oui, je suis les résultats de cette équipe. Je pense que c'est une bonne équipe, puisque tous ses joueurs jouent à Al Ittihad ou Al Ahly, mais je suis conscient de la tâche, et nous pourrons arriver à la phase finale. * Pensez-vous que le public viendra nombreux le 13 mars prochain ? C'est ce que j'espère. C'est à nous d'attirer le public par nos prestations et le beau jeu. Le peuple algérien connaît très bien le football. J'en suis persuadé qu'il va nous aider. * On ne peut pas terminer cet entretien sans parler de l'humiliante défaite des Verts face au Malawi… C'est une défaite amère que le peuple algérien ne pourra pas digérer. D'ailleurs, j'ai quitté la salle après le premier but pour aller me promener car je ne pouvais plus suivre le match. C'était trop dur de voir la défaite ! * Que peut-on faire pour sortir de cette crise ? Nous avons un match très important face au Mali le 14 janvier (demain, ndlr). Nous devons le remporter coûte que coûte. Nous n'avons pas le choix. Je pense que se sera le match des hommes, celui des joueurs. Ce sera le match du cœur, et j'espère qu'ils nous rendront le sourire. * Mais c'est difficile de se remettre d'une telle catastrophe et face à l'une des plus faibles équipes du tournoi qui est à la 99e place mondiale… A mon avis, c'est une bonne gifle pour nous. Cette défaite va nous permettre de remettre un peu les pieds sur terre et réfléchir de manière réaliste. Les choses se passent sur le terrain, pas ailleurs. Entretien réalisé à Kemer par Hamza Rahmouni