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Pourquoi les Algériens ont-ils défilé ?
Publié dans Le Buteur le 30 - 01 - 2010

Le match Egypte-Algérie a fait vibrer Barbès et les Champs-Elysées
Surprenante aura été la réaction qu'ont eue des milliers d'Algériens avant-hier, soir tout juste après le coup de sifflet final de la rencontre ayant mis aux prises les Verts avec les Pharaons. En effet, des milliers d'Algériens, qui ont envahi les rues et les places publiques des différentes villes du pays, après la rencontre qui a vu pourtant leur Equipe nationale se faire éliminer sur le score de 4-0 par l'Egypte, ont chanté et dansé à la gloire de leurs héros qui ont atteint les demi-finales de l'épreuve africaine. Ce que l'on pourrait de phénomène quelque peu étrange, dans la mesure où personne ne s'attendait à voir autant de monde fêter une défaite de leur team.
«Je n'ai rien compris, mais je suis pourtant sorti et j'ai dansé, chanté durant presque toute la nuit», nous dira Lamine qui avoue n'avoir réellement pas trop compris, au début, pourquoi les gens étaient sortis défiler. C'est ainsi qu'il se mêlera à la foule et se défouler, comme si c'était l'Algérie qui allait disputer la finale de la CAN.
«La frustration de la défaite était tellement forte que je voulais m'en extraire. C'est alors que je suis sorti dehors, malgré le froid glacial, pour exprimer toute ma reconnaissance salué à nos joueurs qui se sont comportés en hommes valeureux, malgré la hogra dont ils ont été victimes par l'arbitre», a tenu à nous dire Hamid. L'on comprend que par leur réaction positive, les Algériens ont voulu surtout faire passer un message aux joueurs et au staff technique pour leur dire qu'ils les ont comblés de joie, après la victoire acquise devant la redoutable équipe de Côte d'Ivoire. On pourra ajouter aussi que cette réaction de joie est destinée au peuple et aux médias égyptiens, pour leur signifier que les Algériens sont fiers de leur équipe et qu'ils n'ont pas du tout été affectés ni même abattus par la défaite. Ils le leur feront savoir en décriant l'arbitrage scandaleux du referee Coffi Codjia.
Saïd Fellak
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Djamila Hamadouche, professeur au département de sociologie à l'université d'Alger, explique la réaction des Algériens :
«C'est une façon d'exprimer toute leur fierté pour leur Equipe nationale»
Afin de comprendre pourquoi les Algériens sont sortis dans les rues, même si leur équipe a perdu, on a pris attache avec Mme Djamila Hamadouche, professeur au département de sociologie à l'université d'Alger, qui a bien voulu nous expliquer cette réaction. «Malgré la défaite de leur équipe, des milliers d'Algériens sont quand même sortis dans les rues pour manifester leur joie, par rapport surtout au scénario du match. Le fait que l'arbitre y a mis son grain de sel dans cette défaite, les Algériens, par leur réaction, ont voulu dire qu'ils n'en voulaient pas du tout à leurs joueurs et qu'ils comprenaient parfaitement ce revers. Aussi, toute cette fête après le match signifie qu'une forte relation existe entre le peuple et son équipe, une forme de confiance mutuelle. Les Algériens sont fiers de leur équipe qui a réussi une très grosse performance face à la Côte d'Ivoire», a conclu Mme Hamadouche. S. F.­
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Les Kabyles unanimes :
«Nous sommes fiers de notre sélection nationale»
A travers les quatre coins de la Kabylie, personne n'en croyait ses yeux avant-hier, lors du match Algérie-Egypte, lorsque l'arbitre béninois avait décidé de faire sortir trois piliers de l'ossature des Verts en leur brandissant des cartons rouges dans le seul et unique objectif de permettre à l'Egypte d'évoluer à son aise. Le match s'est joué à onze contre sept après la sortie de quatre algériens de la pelouse, 3 pour carton rouge et Ghezzal qui devait aussi leur emboiter le pas pour que Zemamouche remplace Chaouchi. Une forte déception se lisait sur tous les visages des milliers de jeunes qui avaient misé sur les chances de l'EN de passer le cap égyptien en demi-finales, et décrocher le billet qualificatif de la finale. La seule chose que nous avons pu retenir, et c'est le cas d'ailleurs des Algériens à travers tout le pays, c'est cette fierté qu'éprouvent les gars de Djurdjura pour l'EN qui a, en l'espace de deux semaines, rallumé la flamme. Les jeunes du Djurdjura ne veulent pas abandonner leur équipe, et ils sont sortis dans les rues pour exprimer leur soutien aux camarades du capitaine Mansouri qui représenteront l'Algérie en juin prochain en Afrique du Sud, le premier Mondial qu'abritera le continent africain, au moment où les Egyptiens chercheront à acheter les droits télé…
­­L. A.
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Après la défaite face à l'Egypte
Incidents à Marseille
Après la sévère défaite de l'Algérie devant l'Egypte (0-4) en demi-finale de la CAN, des incidents ont eu lieu à Marseille où la police a procédé à des interpellations de supporteurs. Des fans de l'Algérie se sont rendus sur la Canebière et aux abords du Vieux-Port, et certains d'entre eux ont allumé des fumigènes et jeté des projectiles (canettes, bouteilles et autres) sur les forces de l'ordre, qui ont répliqué par des tirs de grenades lacrymogènes. Des supporteurs ont également mis le feu à des poubelles et joué au chat et à la souris avec les forces de l'ordre en tenue anti-émeute. Dans le centre-ville de Toulouse, des échauffourées ont brièvement opposé des supporteurs aux forces de l'ordre, alors que la police essuyait des jets de projectiles dans le quartier excentré du Mirail. Deux voitures ont été incendiées dans la région lyonnaise, à Rillieux-la-Pape et Vénissieux, et deux poubelles brûlées à Vénissieux et dans le 8e arrondissement de Lyon. Dans le centre-ville, sur la presqu'île, sifflets et klaxons de voitures ont retenti dans une bonne ambiance. A Paris, supporteurs égyptiens et algériens circulaient dans un concert de klaxons sur les Champs-Elysées, sans incident.
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Le match Egypte-Algérie a fait vibrer Barbès et les Champs-Elysées
­L'Algérie retrouvait hier soir l'Egypte en demi-finale de la Coupe d'Afrique des nations. L'équipe des Fennecs a été sévèrement battue, 0-4. A Barbès, puis sur les Champs-Elysées, les prolongations se sont déroulées sans incident majeur. Il est tout juste 20h. A la sortie du métro Barbès-Rochechouart, le quartier est étrangement calme. Les rues, qui habituellement débordent d'activité, sont ce jeudi soir bien vides. Pas un chat à la ronde. Une bonne partie des cafés, bars et sandwicheries a baissé aux trois-quarts les rideaux de fer. En passant devant un troquet fermé, on entend à l'intérieur un raffut monstre. «One, two, three, viva l'Algérie». Dans moins d'une demi-heure l'Algérie disputera, contre l'Egypte, les demi-finales de la Coupe d'Afrique des nations. Sur un air de déjà vu. Les deux équipes n'imaginaient pas connaître de retrouvailles footballistique au sommet aussi tôt. Moins de deux mois après des rencontres pour le moins houleuses lors des éliminatoires de la Coupe du Monde, Fennecs et Pharaons se retrouvent à Benguela, en Angola, pour une revanche qui sent la poudre. Entre les deux pays, autoproclamés meilleurs ennemis et dont le divorce est consommé, le football tente de jouer les entremetteurs. En vain. La plaie laissée par les violences qui ont précédé et suivi la qualification de l'Algérie, en novembre, n'est que superficiellement renfermée.
20h30 : Avant le début du match, on s'est chambrés
Dans un café, un des rares où il ne fallait pas réserver à l'avance, ça s'agite. Vert-blanc-rouge de la tête au pied, les supporters algériens sont nombreux, une soixantaine à se tenir debout comme un seul homme. Au fond de la salle, quatre habitués posent les cartes. C'est l'hymne national. Honoré à en faire trembler la bâtisse. Les sifflets de l'hymne égyptien qui suivra dans la foulée seront à un niveau acoustique supérieur. «Ce sont des traîtres, des jaloux... On va à la Coupe du Monde, pas eux. On sera la seule équipe arabe. Et là, on va les épater», lance un jeune la tête emmitouflée dans sa capuche. Derrière cette assurance déguisée, dès les premières minutes la tension monte d'un cran. ça sent le soufre à plein nez. L'ambiance est électrique. A la moindre approche des buts algériens, à la moindre faute commise, un tressaillement coupable se fait sentir. Et, inversement, quand se sont les Fennecs qui remontent le terrain les encouragements redoublent d'intensité. Bref, on ne suit pas le match, on le vit. Alors, quand l'arbitre siffle un penalty juste avant la mi-temps, suivi d'un deuxième carton jaune pour le défenseur algérien Halliche (un des joueurs blessés lors du caillassage du bus algérien au Caire) c'est la consternation. Aux onze Pharaons sur le terrain, il faut désormais ajouter l'arbitre, cité à comparaître au rang des «traîtres». La mi-temps est bienvenue.
21h30 : direction les Champs-Elysées
La partie redémarre. On se délocalise quelques pas plus loin, devant la porte d'un bar où s'entassent des supporters qui n'ont pas réservé. Là, il est simplement impossible d'entrer. Rapidement, les esprits s'échauffent. D'un coup, quelques jeunes chargent l'entrée. Un début de bagarre explose. Le match est coupé et le ton monte de plus belle. «C'est malheureux, ils supportent la même équipe, et là ils se déchirent», se lamente une passante. Il faudra l'arrivée de la police pour que tout le monde se disperse. Fin de la retransmission. Entre temps, l'Egypte avait porté la marque à 4-0. L'affaire est pliée, les Fennecs n'ont pas gravi les pyramides. Dix minutes avant le coup de sifflet final, les rues se remplissent à nouveau. Déçu, dégoûté, personne ne souhaite commenter. «Match volé», entend-on simplement.
22h40 : Algériens et Egyptiens défilent…chacun de leur côté
Le match terminé, tout le monde se retrouve au pied du métro Barbès, boulevard de La Chapelle. Quelques factions de CRS font déjà le pied de grue, mais elles n'auront pas à intervenir. Seuls un fumigène et quelques pétards viennent troubler un calme ambiant, qui contraste avec la liesse populaire qui avait envahi le quartier après le ticket pour le Mondial, et dans une moindre mesure lors de la qualification pour les demi-finales de la CAN. Là, mis à part quelques coups de klaxon, l'humeur n'est pas à la fête. Jusqu'à ce que quelques supporters lâchent l'invitation : direction les Champs-Elysées. Changement de décor. Il est à peine minuit, le concert des klaxons et derbouka tourne à plein régime. Comme les moteurs des voitures qui vrombissent jusqu'à flinguer les rupteurs. Des voitures et scooters drapés aux couleurs de l'Algérie… et plus rares à celles de l'Egypte. Les deux circulent en sens inverse, se croisent ou se dépassent. A tel point que l'on ne sait plus qui est qui. En bas de la rue, ça chambre gentiment. A mesure que l'on monte vers la place de l'Etoile, les supporters se regardent de plus en plus en chiens de faïence. On aperçoit au passage un drapeau brûler. En redescendant, les deux camps se trouvent bientôt face à face, séparés par des cordons de policiers. On se toise par drapeaux interposés, les chants se répondent. A «L'Algérie, au Mondial» succède «Les Pharaons sont rois.» Un dialogue de sourds. Entre un pays qualifié pour la Coupe du Monde et un autre pour la finale de Coupe d'Afrique des nations, les supporters des deux camps ont des arguments pour faire la fête. Quitte à ce que ce soit dos-à-dos.


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