De notre envoyée spéciale à Paris Hasna Yacoub Supporteurs exaltés, nuage de fumée, sécurité omniprésente : l'ambiance était survoltée avant le match d'appui entre l'Algérie et l'Egypte. A Barbès, à la place de Clichy, à Gennevilliers, à Saint-Denis, les fans algériens, tous envoûtés par cette rencontre, avaient transformé les rues de Paris, en Bab El Oued bis. C'est, notamment, à Barbès, quartier historique des immigrés algériens, que des jeunes et des moins jeunes ont chanté «One, two, three, viva l'Algérie». Des fumigènes fusaient de partout et des pétards ont été claqués. Drapés des couleurs nationales, les fans des Fennecs dansaient, d'autres ont grimpé sur le métro aérien où les drapeaux en vert, blanc, rouge ont été accrochés. Le match n'a pas encore commencé et c'est déjà la tension : le boulevard Barbès est bloqué par les forces de l'ordre. Dans les cafés ou les bistros, gérés par des Algériens ou des Tunisiens, les places pour regarder le match Algérie-Egypte sont réservées depuis le matin. Sur de grandes pancartes, il est indiqué : «Regardez le match Algérie-Egypte. Le café à 2 euros.» A place de Clichy, un café déborde. Les chaises sont rangées comme dans une salle de cinéma face à une petite télévision où ont pris place, côte à côte, Algériens et Tunisiens pour supporter les Verts. Cris, insultes et chants avec la darbouka se suivent. En plaisantant, l'un des supporters a lancé : «Il y a un Egyptien.» Toutes les têtes se retournent : «Il est où ?» «Je plaisante», rétorque alors le jeune. Il faut dire que mercredi dernier, les Egyptiens à Paris ont dû raser les murs par peur de la colère algérienne après le comportement infâme de leurs compatriotes envers les supporters algériens en Egypte. L'ambiance était à la fête. A chaque attaque de l'équipe nationale, tous les supporters du bistro se lèvent et crient d'une seule voix : «Ha howa, ha houwa…[Le voilà le but, NDLR]». Jusqu'à la 38e minute. La frappe d'Antar Yahia provoque l'explosion… de joie. Les jeunes quittent le bistro vers la rue pour danser et chanter un coup avant de reprendre place. Et, à chaque fois que le gardien de but arrêtait une balle égyptienne, à l'unanimité, les supporters faisaient une révérence pour le remercier. Dès que l'arbitre siffle la fin de la rencontre, c'est la liesse à Paris comme à Alger. Embrassades, klaxons, youyous… Des «Viva Algéria» fusaient de partout. «On a mérité d'aller en Afrique du Sud», répétaient les Algériens de Paris. De jeunes gens étaient debout sur les capots, drapeaux algériens à la main. Quelques supporteurs à moto avaient oublié toute prudence dans la liesse. Des supporters s'étaient bien avant le match donné rendez-vous : si l'Algérie gagne, direction les Champs-Elysées. Immédiatement donc après la fin du match, des attroupements, de quelques milliers de personnes, se sont formés, avec drapeaux, pétards et cris de joie. Sur les Champs-Elysées, le nombre des supporters était beaucoup plus important. La soirée aurait, par la suite, été émaillée par quelques incidents. 63 interpellations ont eu lieu selon des témoins sur place après des jets de projectiles, surtout des bouteilles, sur les forces de l'ordre, qui ont répliqué en faisant usage de gaz lacrymogènes puis en chargeant par endroits. Le calme a été vite rétabli et la fête s'est poursuivie jusqu'au petit matin. H. Y.