Lors de son passage dans la ville de Porto mardi dernier afin d'aller à la rencontre de Yacine Brahimi, le sélectionneur national, Christian Gourcuff, a accordé une interview au journal portugais O Jogo où il est longuement revenu sur la saison du joueur de Porto, mais il a aussi évoqué les cas de Ghilas et Nabil Fekir. Sur Brahimi, le technicien français maintient qu'il est plus efficace pour l'équipe lorsqu'il est positionné derrière l'attaquant et non pas dans le côté gauche, comme il est souvent aligné avec le club portugais. « Brahimi peut occuper plusieurs postes de l'animation offensive. Il joue souvent sur le côté gauche, mais pour ma part, j'estime qu'il est plus efficace lorsqu'il est positionné derrière l'attaquant de pointe. Dans cette position, il a plus de liberté sur le terrain et a moins de travail défensif à faire. Il économise beaucoup d'énergie et se concentre uniquement sur son rôle offensif », a-t-il dit. « Je ne le fais pas jouer à gauche, car en sélection, on ne joue pas avec le même système que le FC Porto » Après une CAN décevante avec l'Algérie, beaucoup ont reproché à Gourcuff son choix de faire jouer Brahimi constamment derrière l'attaquant de pointe, ce qui ne l'a pas aidé à bien s'exprimer, comme il le fait si bien avec son club. Le sélectionneur national a tenu à s'expliquer : « Il faut savoir que le FC Porto joue avec un système de 4-3-3. A la perte du ballon, la rapidité de la récupération est très élevée. Il y a toujours aussi des joueurs qui couvrent la montée des attaquants. En sélection, on ne joue pas de la même façon. Si je mets Brahimi sur le côté gauche, il perdra ses forces à défendre et, du coup, on le pénalisera évidemment. C'est comme dans une course de Formule 1. Tous les détails, les plus mineurs sont décisifs. Il faut savoir gérer la course. A trop faire courir Brahimi, celui-ci finira par manquer d'explosivité devant. Techniquement, il est au-dessus du lot et il a cette faculté de dribble et de percussion exceptionnelle. Un entraîneur doit savoir bien l'exploiter. » « Il a réalisé une bonne CAN, mais pas au niveau qu'on attendait » Loin de sa forme habituelle durant la dernière phase finale de la CAN, Yacine Brahimi n'a pas su guider les Verts au sacre africain. Christian Gourcuff, même s'il n'a pas voulu trop accabler son joueur, a toutefois reconnu qu'il n'était pas au niveau qu'il attendait : « Oui, c'est vrai qu'il n'a pas été le joueur décisif qu'on attendait. Toutefois, j'ai revu les matchs de cette compétition et je trouve qu'il a quand même fait une bonne CAN, même si, je le répète, il n'était pas au niveau que nous pouvions attendre. Les conditions dans lesquelles s'est jouée la CAN ne l'ont pas aidés. » « C'est un bijou, mais il est toujours un peu fragile » Et d'enchaîner : « Yacine est un bijou. C'est un joueur qui s'est fortement révélé cette saison et ce n'est pas étonnant que cela a coïncidé après son arrivée à Porto. Il est performant mais reste un peu fragile néanmoins. Il est nécessaire de prendre quelques précautions avec lui et le mettre dans les meilleures conditions pour tirer le maximum de son potentiel. Il peut encore beaucoup progresser avec encore plus de travail. » « Sa baisse de forme dernièrement peut se comprendre » Après un début de saison tout simplement tonitruant, Yacine Brahimi a connu une période de moins bien durant les deux derniers mois. Une baisse de forme que Gourcuff estime assez normale : « Quand on voit les caractéristiques physiques de Brahimi, c'est clair qu'on ne parle pas d'un monstre au point de vu athlétique. C'est un joueur qui a disputé beaucoup de matchs en si peu de temps et c'est normal que son niveau baisse à un certain moment. C'est pour ça que j'ai dit tout à l'heure que Yacine doit être bien géré et qu'il faut savoir le mettre dans les meilleures conditions pour récolter les fruits de son talent. » « C'est un dribbleur, mais il a le sens du collectif aussi » Et d'ajouter sur les qualités de Brahimi : « C'est clair que Brahimi a énormément progressé à Porto. Il a su répondre aux attentes et faire parler de lui. Il se sent comme un poisson dans l'eau au sein de cette équipe et c'est une bonne chose. Porto est une équipe qui aime jouer au ballon et cela lui permet d'évoluer dans les meilleures conditions. Brahimi, on le connaît, c'est un dribbleur, mais il a le sens du collectif aussi. Il use souvent de sa technique lorsqu'il manque de solutions. » « Je suis venu le voir à Porto pour faire l'analyse de la CAN » A la question : Pourquoi-êtes-vous venu jusqu'à Porto pour rencontrer le joueur, l'ancien coach de Lorient a répondu : « J'avais envie de lui parler. Il y a un stage qui va arriver, mais j'ai voulu lui parler maintenant pour ne pas lui faire perdre sa concentration. On va revenir sur la CAN (NDLR : entretien réalisé mercredi après-midi, soit la veille de son rendez-vous avec le joueur) et discuter d'autre chose aussi. Je vais voir d'autres joueurs aussi de la sélection qui jouent en Espagne, en Angleterre. Ça rentre dans mon programme. »
Il s'exprime sur le cas de Nabil Ghilas « J'ai eu une altercation avec lui et à la CAN, je devais prendre des joueurs qui peuvent vivre ensemble » Alors qu'il avait toujours évité le sujet lors de ses différentes conférences de presse organisées en Algérie, assurant qu'il n'y avait pas d'affaire « Ghilas », le sélectionneur national, Christian Gourcuff, a reconnu dans l'interview qu'il a accordée à O Jogo qu'il s'était bel et bien accroché avec le buteur de Cordoba, soulignant que sa non-convocation à la CAN répondait à des critères, pas forcément sportifs, comme cela avait été mentionné sur nos colonnes il y a quelques semaines de cela : « Avec Ghilas, j'ai surtout voulu éviter les problèmes. Je l'ai convoqué lors du stage de novembre dernier et nous avions eu une altercation. Les conditions de la compétition ont fait que je ne lui ai pas donné du temps de jeu. Par la suite, le choix de joueurs que j'ai fait pour la CAN ne répondait pas forcément à l'aspect technique, mais surtout de mentalité. Nous avions besoin de joueurs capables de vivre ensemble, même quand ils n'ont pas de temps de jeu. Je comprends que ça été difficile pour lui, mais ce sont cela les situations du haut niveau. » « Il n'est pas capable de surmonter sa frustration lorsqu'il ne joue pas et cela peut miner une sélection » La semaine dernière, Nabil Ghilas assurait sur les mêmes colonnes d'O Jogo qu'il n'avait jamais refusé le banc des remplaçants et qu'il n'avait rien fait de mal à l'encontre de son sélectionneur. Ce dernier s'en est expliqué : « C'était une question de comportement que je devais prendre en compte. Si je choisis un joueur qui peut ne pas jouer, il doit être capable de surmonter cette frustration. Si ce n'est pas le cas, il est donc préférable d'anticiper la situation pour éviter les problèmes qui peuvent miner une sélection. Ce sont des choses difficiles à comprendre, mais elles sont essentielles pour préserver la sérénité d'un groupe. »
Il parle de nouveau de Fekir « La FAF a fait convenablement son boulot, mais le joueur a manqué à sa parole » Christian Gourcuff a été questionné aussi sur le cas Nabil Fekir qui a suscité dernièrement beaucoup de polémique. Le coach national a maintenu ses propos livrés au journal L'Equipe mercredi dernier. « Fekir m'a contacté pour me dire qu'il avait choisi l'Algérie, mais il s'est rétracté trois heures plus tard. Je n'ai pas compris sa démarche et je n'aurais pas mis son nom s'il ne m'avait pas donné son accord», a-t-il dit, avant de défendre la FAF : « Je pense que la Fédération algérienne a fait les choses bien comme il se doit, sans mettre de pression sur le joueur. Elle a juste voulu connaître la décision du joueur, sans plus. Il était libre de jouer dans la sélection de son choix. » « La Fédération ne va pas à la chasse des binationaux » Et d'ajouter : « Ce qui est arrivé est simple. La Fédération algérienne ne va pas à la chasse des binationaux. Quand un joueur a un passeport algérien, il est normal que la sélection algérienne le suive de près. On essaye de le contacter au bon moment. Avec Fekir, on a fait pareil. Je lui ai parlé en août dernier et devait nous rejoindre en septembre, mais sa blessure à cette époque a tout faussé. En octobre, il a changé d'avis et demandait plus de temps pour prendre une décision. On a respecté sa demande jusqu'à ce qu'il ait choisi de défendre finalement les couleurs de la France. »
« Si Slimani ne s'était pas blessé, nous aurions fait une autre CAN » Appelé à commenter la performance d'Islam Slimani lors de la dernière CAN, Gourcuff dira : « Slimani a joué le premier match et s'est blessé ensuite. Nous avons été malchanceux avec sa blessure. Nous n'avons pas eu le rendement espéré, notamment au niveau de l'efficacité, en son absence. Un Slimani au top de sa forme nous aurait apporté beaucoup et il aurait été très important. » « L'aspect physique a prédominé durant cette compétition » « A la CAN, les matchs ressemblaient à de vrais combats. C'est difficile d'utiliser nos armes techniques et tactiques dans ce genre de compétition. Les sélections concentrent leur jeu dans les duels et sur ce point-là, les équipes de l'Afrique noire sont généralement les plus favorisées », a-t-il conclu.