«Je terminerai ma carrière au Golfe ou en Algérie» «Je dois beaucoup à Monsieur Madjer» De tous les joueurs de la génération actuelle des Verts qui est en train d'inscrire des pages glorieuses du football algérien, Yazid Mansouri devrait être le plus emblématique de tous, de par le fait que c'est lui qui porte le brassad de capitaine depuis plusieurs années. Or, il n'en est rien puisqu'aux yeux du public, c'est un capitaine quasi-anonyme. Cela est peut-être dû au fait qu'il occupe, sur le terrain, un poste qui lui donne un rôle plutôt discret : milieu récupérateur. «C'est vrai que c'est un rôle de l'ombre. Les gens ont tendance à remarquer les attaquants qui marquent des buts ou les défenseurs et les gardiens de but qui font des sauvetages, mais les joueurs comme nous ont un rôle moins visible. Pourtant, nous effectuons un travail important : freiner les attaques adverses, récupérer le ballon, relancer…», regrette-il avec une certaine amertume. Ce n'est pas pour autant qu'il changera de poste. «Je me sens bien dans mon rôle, même si j'aurais aimé être plus présent dans les offensives. Cela dit, je ne suis pas figé à mon poste. Cela m'est arrivé de dépanner lorsqu'il y a défection d'un coéquipier en club, notamment sur le flanc droit.» «Etre capitaine, ce n'est pas seulement porter le brassard ou faire le toss» Mansouri ne se rappelle pas de la première fois où il avait été capitaine de la sélection. «Pourtant, on devrait se souvenir d'événements comme ceux-là, mais j'ai un problème de mémoire», reconnaît-il en riant. Toujours est-il qu'il avoue ressentir une plus grande responsabilité vis-à-vis de ses coéquipiers, mais aussi vis-à-vis du staff et des dirigeants. «Etre capitaine, ce n'est pas seulement porter le brassard et faire le toss avant le début du match avec l'arbitre et le capitaine adverse. C'est avant tout être un lien entre les joueurs et l'entraîneur et, le cas échéant, avec la FAF.» Le bilan de son activité de capitaine ? «Très positif, car le sélectionneur et le président de la FAF ont toujours été très réceptifs et nos rapports sont empreints d'un respect mutuel.» «Jamais je n'ai eu à gérer de crise au sein du groupe» Quid de ses relations avec ses coéquipiers ? «Très respectueuses. Chacun connaît son rôle et s'y conforme. Il faut le dire aussi : nous avons un groupe très sain où tout le monde tire dans la même direction. Cela facilite les rapports.» Il y a des moments où, en sa qualité de capitaine, il est appelé à secouer un peu ses coéquipiers, «comme après la défaite contre le Malawi où il fallait se dire les choses dans le blanc des yeux». Cependant, il ne se rappelle pas avoir eu à gérer une crise au sein du groupe. «Les rares fois où j'ai eu à intervenir, c'était à l'occasion de petite anicroches sans gravité entre joueurs. C'était à des moments où de longs stages provoquaient des moments d'énervement chez certains joueurs du fait de la lassitude. J'intervenais juste pour calmer les esprits. Autrement, il n'y a jamais eu de crise.» Même après le revers inattendu contre la Guinée au stade du 5-Juillet, il n'avait pas eu à se déployer pour consoler les joueurs. «Ils étaient abattus, mais en même temps déterminés à se ressaisir. D'ailleurs, cela avait été une bonne leçon pour nous puisque nous avons abordé les éliminatoires de la CAN-2010 et du Mondial-2010 avec plus de rigueur et d'application.» «Gourcuff a vu que je suis un meneur d'hommes» Cette saison, Mansouri a vu son rôle de capitaine s'étendre jusqu'à son club, le FC Lorient. C'est dire qu'il a pris une nouvelle dimension aux yeux de l'entraîneur Christian Gourcuff. «Cela est dû à plusieurs facteurs. D'abord, il y a le fait que je suis le capitaine de la sélection d'Algérie. Mon entraîneur a certainement vu par là que j'ai les qualités pour être un meneur d'hommes et que, sans prétention aucune, j'ai un comportement exemplaire sur et en dehors des terrains. C'est un bel exemple de confiance dans un club de Ligue 1. C'est rare de voir, de nos jours, un Algérien capitaine dans un club en Europe et j'en suis donc très fier. Maintenant, j'aspire à jouer le plus souvent possible jusqu'au terme de la saison. Notre club est mal classé actuellement et nous espérons terminer la saison en beauté.» Inutile de préciser que le capitaine jouit désormais d'une grande considération parmi les supporters lorientais. «Je me rappelle d'une époque où je pensais à ne pas venir» A l'orée de la Coupe du monde, Mansouri est conscient d'être dans une belle aventure sportive et aussi humaine. «C'est valorisant pour tout footballeur de participer à une phase finale de Coupe du monde. Lorsqu'on y est comme capitaine, c'est un immense honneur et je tâcherai d'en être à la hauteur.» Il est vrai que les conditions de travail au sein de la sélection ont beaucoup évolué, de mémoire de capitaine. «C'est vrai qu'il y a quelques années, ce n'était pas bien organisé. Je me rappelle d'une époque où les internationaux, moi y compris, étaient irrités par l'à-peu-près qui caractérisait l'intendance. Il arrivait qu'on pense à ne plus venir. Finalement, l'amour des couleurs l'emportait et nous achetions nous-mêmes les billets d'avion pour venir. A présent, c'est du passé. Tout est maintenant bien organisé et les joueurs, en arrivant au stage, se concentrent uniquement sur leur travail, car ils trouvent toute la logistique disponible.» Cela est, pour lui, de bon augure avant la Coupe du monde. «Je suis certain que nous ne manquerons de rien. Donc tout sera possible là-bas. Sachant que nous sommes particulièrement motivés lors des grands événements, l'exploit est permis. On ne sait jamais…» F. A-S. «Je n'ai jamais mis mon véto contre la venue de Lacen» * Comment avez-vous vécu la transition entre la Coupe d'Afrique des nations et la reprise des compétitions avec votre club, le FC Lorient ? Après la CAN, je suis allé à Reims où vivent mes parents, pour me ressourcer durant trois jours. Cela m'a été très bénéfique avant de replonger dans la compétition avec mon club. Je suis très famille et, chaque fois que je le peux, je me ressource auprès des miens. * Vous avez donc dû parler de la CAN avec votre famille. Qu'est-ce qui s'est dit ? Les gens étaient contents pour nous. Ils savent que nous avons réalisé un bon tournoi. C'est vrai car, avant la CAN, si on nous avait prédit que nous arriverions en demi-finales, nous aurions signé des deux mains. N'était le match contre l'Egypte qui s'est déroulé dans des circonstances très particulières, comme tout le monde le sait, nous aurions pu aller encore plus loin. Le mérite de l'équipe est d'autant plus grand que nous avions raté nos débuts contre le Malawi. * Justement, on a évoqué la chaleur pour expliquer la déroute du premier match. Etait-ce la seule raison ? C'était un facteur important, mais je crois qu'en plus, nous n'avons pas bien joué ce jour-là, tout simplement. Nous n'étions pas dedans. Il ne faut pas se le cacher. * Parce que vous avez sous-estimé l'adversaire ? Peut-être. Nous venions de reprendre la compétition après la campagne des éliminatoires et c'est cela qui pourrait expliquer que nous vivions une période de décompression. C'était une bonne leçon pour bien nous ressaisir. * En tant que capitaine d'équipe, comment avez-vous réagi à ce coup-là ? J'ai réuni les joueurs et je leur ai dit : «Discutons sérieusement : qu'est-ce qui se passe ? Disons-nous les choses franchement.» Il y a eu un débat interne où chacun a dit ce qu'il avait à dire et tout le monde est reparti par la suite du bon pied. Souvent, c'est très utile de mettre les choses à plat. En tout cas, tous les joueurs étaient motivés pour se racheter et cela s'est bien vu sur le terrain par la suite. * En votre qualité de capitaine d'équipe, est-ce vous qui aviez pris la décision de boycotter la presse par la suite ? Non, je n'ai pris aucune décision en ce sens. C'était une décision spontanée des joueurs à qui certains commentaires de presse avaient fait très mal. Il fallait nous comprendre : de statut de héros quelques jours auparavant, on nous a descendus plus bas que terre après un seul match. C'était une réaction de dépit plus qu'autre chose. Cela n'avait duré que quelques jours puisqu'après, les joueurs s'étaient mis à reparler à la presse. * La CAN est désormais passée et l'avenir est cette Coupe du monde qui se prépare avec l'apport de nouveaux joueurs, dont Medhi Lacen qui joue à votre poste. Allez-vous le recevoir comme vous l'avez fait pour Mourad Meghni, Hassan Yebda et Djamel Abdoun ? Oui, je me dois, en tant que capitaine d'équipe, de le recevoir comme il se doit et de l'aider à son intégration. Soit dit en passant, je n'ai pas eu besoin d'aider Meghni, Yebda et Abdoun à s'intégrer, puisqu'ils connaissaient déjà beaucoup de joueurs et ils se sont fondus dans le groupe très naturellement, comme s'ils en ont fait partie depuis toujours. Concernant Lacen, bien sûr que je vais bien le recevoir ! Je suis professionnel et je ne fais pas de calculs. Il sera le bienvenu comme tous les autres. * Pourtant, des rumeurs, voire des informations, avaient circulé faisant état de résistances au sein du groupe quant à la venue de Lacen. Qu'avez-vous à y répondre ? Je le dis haut et fort : il n'y a jamais eu de véto contre la venue de Lacen ! Je parle du moins de moi-même. Jamais je n'ai été contre ? A quel titre refuserais-je Lacen ou n'importe autre joueur ? Cela ne relève pas de mes prérogatives. Je ne suis qu'un joueur comme les autres et je n'ai pas à dicter mes choix au sélectionneur. Chacun doit rester à sa place. Cela dit, Lacen devra travailler pour gagner sa place, car il y a un groupe solide et les places seront chères. * Autrement dit, il n'est pas évident qu'il prenne votre place ? Je dis seulement qu'il doit batailler pour gagner sa place. Pour ma part, je suis confiant. J'ai réalisé un bon tournoi en Angola en réalisant de belles prestations durant tous les matches, excepté celui contre le Malawi où il y a eu un naufrage collectif. C'est beau qu'il y ait de la concurrence à tous les postes et cela ne fera que rehausser le niveau de l'équipe. Permettez-moi, dans la foulée, de saluer le retour en sélection de Chadli Amri que nous sommes heureux de retrouver au sein du groupe. * Quelles sont, d'après-vous, les choses qui devraient être améliorées dans le jeu de l'équipe, en prévision du Mondial ? A mon humble avis, nous devrions mieux travailler la conservation et la circulation du ballon. Le style de jeu que je préconise est celui pratiqué par Lorient : jeu alerte et rapide à une ou deux touches de balles, fluidité dans la transmission du ballon, rapidité… Je crois bien que c'est un système qui conviendrait à l'équipe, car il correspond bien aux qualités individuelles des joueurs de la sélection. Donc, les améliorations devraient toucher le travail collectif. Cela dit, ce n'est qu'une opinion personnelle, car M. Saaâdane est le seul à même de définir ce qui devrait être amélioré. * En parlant de votre club, le FC Lorient, est-ce que votre statut au sein du groupe a changé maintenant que vous allez disputer la Coupe du monde ? Ah, oui ! Ça chambre ferme (rire) ! Plus sérieusement, les copains sont très contents pour moi et c'est valorisant pour le club de compter, en son sein, des joueurs qui participeront à la Coupe du monde. Déjà, mes coéquipiers me surnomment depuis le mois de décembre «Copa del Mondo». De plus, je suis abordé souvent par des supporters ou de simples citoyens de la ville qui me félicitent pour mon parcours en sélection. Pas plus loin qu'il y a quelques jours, j'étais à la cafeteria du club et des vieux Lorientais, que je ne connais pas, m'ont interpellé pour me féliciter et me souhaiter bon courage pour la Coupe du monde. Ce sont des marques de sympathie qui me vont droit au cœur. * Qu'en est-il de vos adversaires ? Y en a-t-il qui vous rendent hommage pour la qualification pour le Mondial ? Oui. Tout le monde en France sait que je suis le capitaine de l'Algérie. Je vous raconte une anecdote : après notre match contre Toulouse, l'attaquant international français André-Pierre Gignac, qui est un ancien joueur du FC Lorient, est venu nous saluer dans notre vestiaire. Il m'a alors dit : «Rendez-vous en Coupe du monde !» Qui sait ? Peut-être que l'Algérie et la France s'affronteront en Afrique du Sud. * Et dire que l'été dernier, vous étiez sur le point de quitter Lorient ! C'est vrai, mais je suis finalement resté. Là, le club m'a même proposé une prolongation de contrat. Nous sommes en train de discuter de ce sujet. Il y a des points sur lesquels il y a accord et d'autres sur lesquels il y a divergence. Il faudra attendre les jours qui suivent pour concrétiser inch'Allah une prolongation de contrat. * On présume que les points sur lesquels vous n'êtes pas encore tombés d'accord concernent les conditions salariales… Oui, mais il n'y a pas que cela. Il y a plusieurs paramètres dont il faudra tenir compte dans l'accord. Nous continuons à discuter tranquillement et nous nous donnons le temps de trouver un accord. * Peut-être que vous aimeriez associer une prolongation de contrat avec une reconversation au sein du club, après votre retraite… Non, je n'ai pas encore pensé à cela. J'ai envie de prolonger au FC Lorient, afin de continuer de jouer en Europe pour 2 ans ou même 3, suivant mon état de forme. Après, peut-être que je ferai une expérience dans un pays du Golfe ou j'irai jouer en Algérie. Qui sait ? * Des joueurs émigrés l'avaient fait avant vous… Oui, je le sais, et peut-être que j'en ferai de même. On n'en est pas encore là. Pour l'instant, je me concentre sur ma saison actuelle. L'été dernier, vous aviez passé vos vacances à Dubaï en compagnie de Madjid * Bougherra, Karim Ziani et Mohamed Benhamou. Est-ce de là qu'est venue votre motivation de jouer dans les pays du Golfe ? Oui, car ce séjour m'a permis de découvrir une belle région où il y a des moyens et des infrastructures. Je me dis qu'il serait peut-être bon de faire une petite expérience là-bas, en fin de carrière, surtout que c'est intéressant sur le plan financier. Rien n'a encore été décidé, mais c'est une éventualité. * Un dernier mot ? Je l'adresse à notre cher public qui, je le dis et l'affirme, est unique au monde. Je le remercie pour son précieux apport et lui promets, en ma qualité de capitaine des Verts, une participation très honorable à la Coupe du monde. Qu'il continue seulement de croire en nous. Entretien réalisé à Lorient par Farid Aït Saâda «Je dois beaucoup à Monsieur Madjer» S'il y a bien une personne à qui Yazid Mansouri doit beaucoup, c'est bien Rabah Madjer. L'ancien international algérien, rappelons-le, a été également sélectionneur national par deux fois et c'est au cours de son second passage à la tête des Verts qu'il avait offert au capitaine actuel des Verts sa première sélection. «Je ne me rappelle pas de la date exacte, car j'ai toujours un problème pour me souvenir des dates, mais je pense que c'était en 2000 ou 2001. C'était en tout cas quelque temps avant le fameux match France-Algérie qui s'était déroulé au Stade de France», affirme Mansouri. A l'époque, il évoluait au Havre, son club formateur, en compagnie de deux autres internationaux : Mamouni et Kerkar. «Franchement, je ne m'attendais pas à être convoqué et cela avait été une agréable surprise pour moi», se rappelle-t-il. * «C'était naturel que je lui envoie un SMS pour le remercier C'était à une époque où la transition se faisait entre deux générations de joueurs et Mansouri incarnait la nouvelle. Comme il est tout, sauf ingrat, il avait envoyé à Madjer un message de gratitude, après la qualification de l'Algérie pour la Coupe du monde. «Si j'en suis là, c'est en grande partie grâce à lui. C'était donc naturel que je lui envoie un SMS pour le remercier. Je n'oublierai jamais ce que Monsieur Madjer a fait pour moi», insiste-t-il, tout en insistant sur le «Monsieur». «J'aimerais également remercier les autres sélectionneurs avec qui j'ai travaillé et qui m'ont également, à leur tour, apporté leur soutien, comme Cavalli, Fergani et, bien sûr, Saâdane.» F. A-S. Un pur produit du Havre Beaucoup d'Algériens l'ignorent certainement, mais Le Havre AC est considéré, en France, comme une «usine» à fabriquer les grands joueurs, surtout ceux issus de l'émigration (Abdelghani Djadaoui, Ibrahim Ba, Lassana Diarra, Florent Sinama-Pongolle, Vikash Dhorasoo, Guillaume Hoarau, Anthony Le Tallec, Steve Mandanda…). Yazid Mansouri en est un et, quoi que natif de Reims, ville de l'est de France, il a été repéré dans la rue par un superviseur du Havre et avait été intégré dans le centre de formation du club de Normandie où il a passé 7 saisons, avant de partir à Coventry, club anglais, pour une courte expérience de 6 mois, puis de passer par Châteauroux, avant d'atterrir au FC Lorient. A cause du foot, il trouvait le dîner refroidi Comme tous les bambins, le petit Yazid a commencé à jouer au football dans la rue, dans d'interminables parties qui duraient jusque tard dans la soirée. «Je me rappelle qu'en rentrant chez moi, je trouvais le dîner refroidi, car tout le monde avait déjà dîné et il ne restait que moi», confie-t-il. Même s'il mangeait froid, il était content de sa journée et se remémorait le nombre de buts qu'il avait inscrits. «Comme je voulais être partout, j'ai choisi le milieu de terrain» Pourquoi le poste de milieu défensif ? La question a sûrement taraudé l'esprit de beaucoup de gens concernant Yazid Mansouri, surtout que les Algériens, par vocation, aiment jouer en attaque. L'explication nous est donnée par l'intéressé : «En fait, c'est moi qui ai choisi ce poste car, lorsque j'étais enfant, j'aimais être au centre du terrain pour avoir l'impression d'être partout à la fois. C'était une forme d'égoïsme afin de ne rien rater et d'être sur toutes les balles. Puis, cela m'est resté et j'ai opté définitivement pour ce poste.» Ses parents prenaient une glacière et allaient le voir jouer Mansouri est très famille, comme il l'a affirmé dans l'entretien. Cela se comprend puisque, depuis qu'il a commencé à jouer au ballon, il a eu le soutien de ses parents. «Lorsque j'étais parti au centre de formation du Havre, mes parents venaient souvent me voir jouer, bien que c'était loin de Reims jusqu'au Havre. Ils ramenaient le manger dans une glacière et venaient me voir jouer. Je n'oublierai jamais ces moments-là.» En hommage, Yazid ne manque aucune occasion d'aller à Reims rendre visite à ses parents. «C'est avec plaisir que je fais un saut là-bas, à chaque fois que j'en ai l'occasion.» «Ifelfel» avec de la galette, son plat préféré Si vous voulez faire plaisir à Yazid Mansouri, ne lui préparez pas de plats très recherchés. Un plat typiquement kabyle ferait son bonheur : «Ifelfel di zzit s w-aghrum» (poivron à l'huile avec de la galette). En arabe, c'est l'équivalent de la «chlita». «Quand ma mère m'en prépare, ahhhhhhhhhh !», s'écrie-t-il avec envie. «Rien que d'y penser, j'en ai l'eau à la bouche.» Originaire de Larbaâ Nath Ouacif Les parents de Yazid Mansouri sont originaires de Larbaâ Nath Ouacif, en haut Kabylie, à quelque 30 kilomètres au sud-ouest de Tizi Ouzou. Yazid s'y rend à chaque fois qu'il le peut, même si ce n'est plus aussi souvent que lorsqu'il était adolescent, en raison de ses obligations professionnelles. «La dernière fois que j'y suis allé, c'était en compagnie de mon père au mois de décembre 2008, à l'occasion de la trêve hivernale. Depuis, je n'ai pas eu le temps d'y retourner. Je le ferai à la première occasion car je sais que les gens m'attendent dans la région.» Il a parlé à Bouteflika en capitaine Lors de la réception offerte en l'honneur des Verts à leur retour de Khartoum, le président Abdelaziz Bouteflika avait salué les joueurs individuellement, Yazid Mansouri en premier en sa qualité de capitaine d'équipe. «Il m'a félicité pour avoir su, de par mon rôle, tirer mes coéquipiers vers le haut. De mon côté, je l'ai remercié, au nom de tous mes coéquipiers, pour s'être investi personnellement dans la réussite de notre mission en nous accordant tous les moyen nécessaires et en envoyant des supporters à Khartoum.» Un discours très officiel, donc ? «Non, C'était le discours d'un capitaine d'équipe», rectifie-t-il. Mansouri inscrit sur le maillot national, un hommage à son père Comme tous les vieux émigrés, le père de Yazid Mansouri a souffert pour gagner sa vie et nourrir ses enfants. «Il a tout fait dans sa vie : chauffeur de taxi, employé, livreur… Il a vraiment trimé et c'est pour cela que ma mère et lui sont particulièrement fiers de moi car leurs souffrances n'ont pas été vaines», témoigne le capitaine des Verts pour qui «la plus grande fierté est que le nom de la famille soit inscrit sur le maillot national», car «c'est le plus bel hommage que je puisse rendre à mon père». «Je suis un mordu de… l'Inspecteur Tahar !» Mansouri est un passionné de cinéma. Lorsque l'occasion se présente, il va au cinéma avec des amis, mais si ce n'est pas évident avec son emploi du temps démentiel. «Souvent, je me contente de regarder les films à la télévision ou bien sur DVD. Le dernier film que j'ai vu est Neuilly sa mère», film loufoque où on parodie Neuilly-sur-Seine, la commune chic de la banlieue parisienne d'où est issu Nicolas Sarkozy. Cependant, le «must» pour Mansouri est un personnage de cinéma algérien : le regretté Hadj Abderrahmane alias l'Inspecteur Tahar. «J'en suis un mordu ! Je connais tous ses films et je les revois inlassablement, avec mention spéciale pour «Les Vacances de l'Inspecteur Tahar» et la fameuse réplique «Gomplexé, va !», révèle-t-il en se tordant de rire. Le capitaine des Verts nous a cité plusieurs répliques célèbres de l'Inspecteur Tahar, démontrant ainsi que c'est un véritable fan. Mansouri a plus d'humour qu'on ne le croit De prime abord, Mansouri dégage un air austère, voire distant. Cependant, en discutant profondément avec lui, on découvre une personne sympathique et cultivée. Lorsqu'il est mis en confiance, il est carrément drôle, affichant un sens de l'humour insoupçonné. Une anecdote pour illustrer son sens de l'humour : lors du stage du Castellet précédant le départ vers l'Angola, il était en discussions avec le club anglais Burnley, mais il se refusait de donner des détails, si bien que lorsque des collègues lui ont demandé «Alors, des nouvelles ?», il leur avait répondu : «Quelles nouvelles ? Ah, des nouvelles de mes parents ? Ils vont bien, merci !» Cela avait fait sourire tout le monde.