«Si Dziri joue encore, c'est parce qu'il a eu la chance de trouver des dirigeants connaisseurs qui n'ignorent pas l'importance d'un joueur d'expérience» L'ex-coqueluche du CRB et du MCA se livre, en exclusivité pour Le Buteur, pour la première fois depuis qu'il a quitté le Mouloudia. Il nous dira que ce sont à chaque fois les dirigeants, que ce soient ceux du CRB ou du MCA, qui ont été derrière son départ. Au-delà du grand sportif qu'il est, nous gardons toujours une bonne image de Badji. L'on se rappelle que lorsque nous lui avons demandé son avis sur les bombardements de Ghaza, alors qu'il se trouvait en stage avec son équipe en Tunisie, il était resté de marbre sans prononcer le moindre petit mot. Il était tout simplement en larmes. C'est en fait Badji «cœur d'artichaut», une autre facette de cet immense champion. Nous n'avons plus de nouvelles de vous depuis que vous avez quitté le Mouloudia. Avez-vous décidé de mettre un terme à votre carrière ? La vérité est que j'ai voulu prendre du recul par rapport au football. Après avoir joué pendant 20 ans en tant que titulaire et au plus haut niveau et dans des clubs les plus huppés du championnat national, il me fallait prendre du recul. Je vous laisse imaginer toute la pression que j'ai subie. J'ai, bien sûr, reçu plusieurs offres, après avoir quitté le Mouloudia, mais aucune n'a été, disons, convaincante. Que faites-vous alors ? Je dois d'abord dire que pour la retraite, j'y pense comme ça sans pour autant songer à trancher la question. Vous savez, il est fort possible que je rechausse les crampons la saison prochaine. Pensez-vous réussir, après une année blanche ? Honnêtement, je ne peux pas répondre à votre question. Toutefois, je dois préciser que de nombreux joueurs sont revenus en force, après une année blanche, surtout que le niveau de notre championnat n'est plus ce qu'il était. Après avoir défendu les couleurs des clubs les plus prestigieux du championnat et décroché de très nombreux titres et été international, qu'espérez-vous à 36 ans ? Votre question est directe et je vais vous réponde franchement. Le côté matériel ne m'intéresse absolument pas. Dieu merci, je ne manque de rien. Par contre, je trouve qu'après une expérience des terrains de 20 ans, il est de mon devoir de transmettre, en toute modestie, mon expérience aux jeunes. Cela me tient à cœur. Ce serait formidable de le faire en les côtoyant en club et en jouant à leurs côtés. J'ai eu beaucoup de plaisir à le faire au Mouloudia avec Koudri, Bouchama et les autres. Il y a l'exemple de Dziri et le formidable travail qu'il fait avec ses jeunes coéquipiers. Dziri a la chance d'avoir des dirigeants connaisseurs et qui mesurent l'importance d'avoir un joueur ayant vécu une longue expérience au sein du club. Nous croyons savoir que plusieurs formations de D1 vous ont fait des offres. Pourquoi les avoir refusées ? Pour la plupart de ces offres, le challenge sportif ne m'intéressait pas, car il y avait peu d'ambitions chez les dirigeants de ces clubs. Ce n'est pas parce que je suis âgé que j'ai perdu cette envie de gagner et d'aider à remporter des titres. J'ai une certaine notoriété qui ne me permet pas de jouer en D2 ou au sein d'une équipe qui n'a pour seule ambition que de se maintenir. Surtout ne me demandez pas de vous citer les clubs qui m'ont fait des offres, car je ne veux polémiquer avec personne. On peut comprendre par là que vous ne jouerez que pour le CRB ou le Mouloudia, c'est cela ? (Rires.). C'est un peu cela, car il faut savoir que j'ai passé neuf ans au CRB et cinq autres au Mouloudia. Cela laisse forcément des traces. C'est peut-être pour ces raisons que j'hésite à m'engager avec un autre club. Pour ce qui est du CRB, vous étiez sur le point d'effectuer votre retour en début de saison. Le fait aussi que Kerbadj soit un de vos amis aurait dû faciliter les choses. Pour quelles raisons ne vous êtes-vous pas engagé ? Il est vrai que j'entretiens d'excellentes relations avec le président Kerbadj. Il faut dire que pour ce qui est des contacts, il n'y avait rien d'officiel. Des proches du club ont voulu que je revienne au club, cela ne s'est finalement pas fait. Peut-être que c'est parce que le CRB n'a pas encore honoré ses dettes vis-à-vis de vous qui a fait capoter votre retour au CRB… Je ne sais pas, mais je peux vous dire que cet argent dont vous parlez est mon dû et je l'ai gagné à la sueur de mon front. Peut-être que cet argent a servi quelque part à engager d'autres joueurs. Auriez-vous apporté quelque chose à cette équipe du CRB ? Honnêtement, oui. L'équipe du CRB de cette saison est complète. De bons gardiens de but, une défense assez solide avec le retour d'Aksas. Pour ce qui est des hommes du milieu et de l'attaque, ils font très bien leur travail, à l'image de Slimani, Younès et Saïbi. Ce qui manque à cette équipe, c'est un meneur de jeu, un rôle que j'aurais pu parfaitement tenir. Parlons maintenant du Mouloudia. N'avez-vous pas le sentiment d'être sorti par la petite porte ? Pas du tout. Bien au contraire, j'ai quitté ce club la tête haute. La meilleure preuve est la réaction des supporters du club. J'ai eu droit à une longue ovation lors de mon dernier match contre l'ESS. Ceci est très important pour moi. Oui, mais vous n'étiez pas contre le fait de rempiler… Je ne le nie pas, mais cela ne dépendait pas de moi. J'aurais voulu continuer à jouer avec les jeunes, comme Amroune, Koudri, Bouchama, Boumechra, Daoud et les autres. De toutes les façons, je suis très fier de leurs prestations et du parcours qu'ils sont en train d'effectuer. Vous pensez donc que vous avez votre place dans cette équipe ? Absolument et je me serais senti dans mon élément avec ces jeunes joueurs. Même si je n'ai pas les jambes de mes vingt ans, j'aurais compensé cela par mon expérience. J'aurais en fait renvoyé l'ascenseur, quand je me rappelle que des joueurs m'avaient aidé à mes débuts à El Harrach. Quelle explication donnez-vous à l'excellent parcours réalisé par le MCA cette saison, après votre départ suivi de celui de Younès ? Vous pouvez aussi dire que si nous étions restés, le rendement de l'équipe aurait été meilleur. D'ailleurs, les supporters sont unanimes à dire que ce qu'il manque à cette équipe, c'est cette touche d'expérience, absolument indispensable à l'équipe. Avez-vous des contacts avec vos anciens coéquipiers ? Tout le temps, et je ne m'empêche pas de leur donner des conseils. D'ailleurs, je leur recommande d'opter pour un jeu plus direct, car il y a des joueurs capables à tout moment à faire la différence. Qu'avez-vous à dire sur Alain Michel qui avait déclaré que l'heure de la retraite avait sonné pour vous ? Cet entraîneur a émis un avis qui n'engage que sa personne et je lui ai signifié ma façon de voir les choses. Ce n'était pas à lui de décider de la date de mon départ à la retraite. Ceci est mon affaire. Toutefois, je suis convaincu qu'Alain Michel n'a pas été derrière mon départ du MCA. C'est pourtant lui qui vous a écarté de l'équipe lors des derniers matchs, non ? J'étais blessé durant cette période et je suis revenu dans l'équipe, juste après m'être rétabli. Alain Michel voulait même m'intégrer dans son staff technique. Ce n'est pas lui, je le répète, qui a été derrière mon départ. Ce sont certains dirigeants qui ont pris cette décision. Cela demande certaines précisions. Je vais vous les donner. Alain Michel me citait, à chaque occasion, comme l'exemple à suivre pour les autres joueurs. Il l'a même affirmé à l'un de vos journalistes. Cela n'a pas du tout été du goût de certains dirigeants qui l'ont alors fait monter contre moi. Quelques jours après, Michel a changé de discours. Il est certain que ce sont des dirigeants qui ont été derrière ma mise à l'écart, car celle-ci est survenue après mes belles prestations face au CRB et le MC Saïda. Même lors du stage en Tunisie, j'étais en pleine forme et à cette époque, j'ai été approché par des dirigeants de clubs tunisiens. Quel genre de relation avez-vous avec Amrous ? C'est simple, je n'ai aucune relation avec lui. Es- il vrai que, comme vous l'avez fait avec le CRB, vous avez eu recours à la justice pour réclamer votre dû ? Que voulez-vous que je fasse d'autre ? Pourquoi n'avez-vous pas opté pour un accord à l'amiable ? Impossible devant un président qui refuse tout dialogue. Il n'y a eu aucun contact entre nous et cela depuis la fin de la saison. Estimez-vous avoir été très vite oublié au Mouloudia ? Non, car j'entretiens avec les supporters et les anciens dirigeants d'excellentes relations. Qu'est-ce qui vous plaît et qui vous déplaît au Mouloudia actuel ? Ce qui me plaît, c'est le jeu développé par l'équipe. Je regrette, cependant, l'absence du public et cette chaleur que nous ressentions lors des matchs. Le MCA peut-il être sacré champion cette saison ? Il en a les moyens. Comme c'est une jeune équipe, tout doit être mis en oeuvre pour qu'elle dure dans le temps. Est-ce que vous supportez facilement cette inactivité, surtout sur le plan moral ? Dieu merci, j'ai une forte personnalité qui me permet de faire face à toutes les épreuves. A bien réfléchir, cet arrêt m'a fait le plus grand bien. Il m'a permis, par ailleurs, de régler plusieurs problèmes qui étaient en suspens. D'un autre côté, j'ai suivi un stage d'entraîneur. Vous voyez, mon emploi du temps est bien chargé. Concernant le championnat de cette saison, quel est le joueur qui a attiré votre attention ? C'est le Harrachi Djabou. C'est un super joueur qui ira très loin. Pour ce qui est des équipes, le jeu développé par le MCA et l'USMH est le plus chatoyant. En deux mots, qu'avez-vous à dire aux fans du CRB qui, en réalité, ne vous ont jamais pardonné votre départ ? Ils savent certainement qu'à l'époque, on m'avait poussé à quitter le CRB. J'allais signer à la JSK, mais cela ne s'est pas fait, car le MCA m'avait ouvert les bras.