Dans l'entretien qu'il nous a accordé à son domicile, le portier kabyle, Samir Hadjaoui, est revenu sur pas mal de points qui concernent son passé, son parcours, sa prestation à la JSK cette saison, mais aussi sur la sélection nationale. En nous accueillant chez lui, Hadjaoui nous a aussi ouvert son cœur... Alors Samir, vous vous êtes habitué à la ville de Tizi Ouzou depuis votre arrivée l'été dernier ? (Sourire) Bien sûr que oui. Comme vous le voyez, j'habite dans un quartier calme, ce qui me permet de me reposer lorsque je rentre chez moi après les entraînements. Je m'y suis habitué au quotidien. J'ai Seguer qui habite près de chez moi. Il me tient parfois compagnie. Je ne peux pas me plaindre, je ne manque de rien ici. Parlons du parcours de la JSK en championnat cette saison. Le jugez-vous satisfaisant ? Même si nous avons perdu pas mal de points à l'extérieur, je pense qu'il y a une forte proportion de satisfaction. Nous avons gagné presque toutes nos rencontres à domicile. Deux nuls à la maison seulement. Personnellement, je dirai que nous sommes sur la bonne voie. La voie qui mène au titre ? Exactement, vous l'avez deviné. Je voulais dire le titre de champion d'Algérie. Sincèrement, ne pensez-vous pas qu'il est risqué de parler de titre de peur de donner de faux espoirs aux supporters de la JSK qui sont déjà très exigeants ? Non, je ne le pense pas. Je dirai qu'à la JSK, nous n'avons plus besoin de dire que nous jouons le titre, vu que c'est l'objectif principal depuis la création du club. Jouer le titre est la moindre des choses. Je pense que même sans le citer, les supporters le savent. Alors pourquoi le cacher ? De plus, il n'y a que quatre points entre le MCA et la JSK. Rien n'est joué. Avec un effectif aussi jeune, quelles sont les chances de la JSK en Ligue des champions ? Sincèrement, je pense que ce groupe doit avant tout mûrir en championnat. Déjà que nous sommes deuxièmes, c'est très motivant. Pour ce qui est de la Ligue des champions, nous essayerons d'atteindre les poules. Mais il ne faut pas se voiler la face, la Ligue des champions, c'est le haut niveau. Parlez-nous du Club Africain ? C'est une formation extrêmement aguerrie en Ligue des champions. Comme c'est le cas de la JSK. Je pense que si l'on parvient à gérer le match aller, la qualif' sera en poche. Je sais que cette rencontre à Tunis est la mienne. Et la Coupe d'Algérie ? Bien nous allons affronter le tenant du titre chez lui. Je pense que la pression sera de leur côté car ils auront le public avec eux. Mais sachez que les matchs de coupe ne se ressemblent pas. On fera tout pour vaincre le signe indien. Vous avez fait l'objet de beaucoup de critiques à la JSK, notamment en début de saison. Comment avez-vous géré cette situation ? Vous savez, je n'ai jamais fui les critiques. Avant qu'on me juge, je savais que je n'étais pas à la hauteur. Je reconnais que j'étais très loin de mon niveau. Il y avais un manque de cohésion aussi entre les défenseurs et moi. Mais j'ai surmonté cette pente, car mon seul souci était de rebondir à la JSK. Aujourd'hui, je sens que j'ai retrouvé mes sensations et la confiance est retrouvée. En tant que cadre de l'équipe, ressentez-vous la responsabilité d'orienter vos jeunes partenaires ? Bien évidemment. D'autant plus que je suis le plus âgé. J'ai 31 ans, alors que la moyenne d'âge est de 23-24 ans. A chaque rencontre, je sens une énorme responsabilité sur mes épaules. Je les oriente de mon mieux. Ils savent qu'ils doivent donner le maximum car ils sont à la JSK. Quels sont les moments forts qui vous ont le plus marqué au cours de votre carrière ? Le premier titre qui m'a marqué est ma première Coupe d'Algérie avec l'ASO. Par la suite, c'est incontestablement l'ESS. C'est là où ça a été le vrai tournant. J'ai remporté pas mal de titres, dont la Coupe arabe. Votre passage au CRB est certainement un très mauvais souvenir… Je dirai beaucoup plus que c'était un accident. Cette saison a été caractérisée par les blessures et beaucoup de problèmes. Mais parfois, ce sont les moments difficiles qui nous permettent de retrouver le sommet. J'ai reculé pour mieux sauter. Vous qui êtes en fin de contrat, prolongerez-vous ou pas à la fin de saison ? Je préfère avant tout finir la saison par un titre à la JSK. Par la suite, la signature ne sera qu'une simple formalité. A l'ESS, j'ai toujours signé des contrats d'une saison, chose qui ne m'a pas empêché de passer trois ans magnifiques, avec plus de 100 matchs et 4 titres à mon palmarès. Toutefois, tout est une question de maktoub. L'EN vous y pensez ? Lorsque je suis venu à la JSK, oui. Mais maintenant, c'est difficile de dire que je reviendrai un jour. Je n'ai pas bien démarré la saison avec mon club et la chance ne m'a pas souri. Je pense qu'il est temps de laisser la place aux jeunes. La génération Chaouchi par exemple… Exact. D'ailleurs le fait de détrôner Gaouaoui est une preuve que ce joueur dispose d'énormes potentialités dans les buts qu'aucun gardien ne possède. Pourtant, beaucoup pensaient que changer de gardien serait un risque de peur de déstabiliser l'équipe… Cela n'a rien à avoir avec la stabilité ou pas de l'équipe. Chaque chose en son temps. Sans oublier son grand mérite pour son parcours avec la sélection, je pense que l'époque Gaouaoui est arrivée à son terme. Comment avez-vous perçu sa mise à l'écart pour le match contre la Serbie ? Je ne vous cache pas que cela m'a révolté. Chaouchi a été victime de l'ingratitude, pour ne pas dire autre chose. Ne pensez-vous pas qu'on a été très dur avec lui ? On a dépassé les limites avec lui. Je ne dis pas qu'il n'est pas fautif, mais pas au point de l'écarter de cette façon. Il y a des joueurs qui ont commis des erreurs plus graves et en dehors des terrains alors qu'ils sont toujours sélectionnés et titulaires même. C'est la politique du deux poids deux mesures. A ce que je sache, il n'y a pas que Chaouchi qui est sorti avec un carton rouge. Vous misez beaucoup sur lui à l'avenir ? Oui. Je le dis avec certitude, Chaouchi est l'avenir de l'EN. Que cela plaise ou non. Il ne faut pas se voiler la face. C'est grâce à lui que nous sommes allés au Mondial. Effectuer trois parades décisives en seconde période nous a permis de maintenir notre avance à Khartoum. Pour une première rencontre, aucun gardien n'aurait fait comme lui. Il peut assurer le but de la sélection pendant 10 ans. Ne pensez-vous pas que cette mise à l'écart va l'inciter à se remettre en question ? Connaissant Chaouchi, ce n'est pas de cette manière qu'on pourra l'aider. Je me souviens qu'on était une fois dans la même chambre, lors d'un regroupement avec la sélection. Je lui ai dit qu'il devrait changer de mentalité s'il voulait opter pour une grande carrière. Et je sais qu'il a envie de changer. Mais les responsables de notre football doivent être complaisants avec lui. Et concernant la mise à l'écart de Lemmouchia, vous qui le connaissez parfaitement bien ? Non, le cas Lemmouchia est différent. Je ne peux pas vous dire ce qui s'est réellement passé, car je n'étais pas sur place. Tout ce que je peux dire, c'est que Lemmouchia est quelqu'un de très direct. Il a une façon particulière d'exprimer son point de vue. Votre avis sur la non-convocation de Meftah en sélection ? Il a largement sa place en équipe nationale. Un commentaire peut-être sur la défaite face à la Serbie ? Je préfère perdre en amical que de craquer en phase finale de Coupe du monde. Cette défaite permettra aux hommes de Saâdane de se remettre en question et d'essayer de combler les lacunes. Je considère que c'est une défaite positive. Un dernier mot ? Je souhaite terminer la saison avec un titre, ne serait-ce que pour nos jeunes joueurs qui doivent goûter à cette saveur. Lorsqu'on se sacrifie durant toute une saison loin de ses proches, on doit être récompensés pour donner un sens à cette souffrance.