Benmouhoub : «L'affluence lors de la vente des billets a dépassé tout entendement.» Hier matin, la chaîne El Bahdja a consacré une émission spéciale qui a concerné l'organisation lors de la dernière rencontre amicale livrée par les Verts contre la Serbie qui a vu la mort d'un jeune supporter âgé de 19 ans. L'animateur de l'émission a accueilli sur son plateau le directeur de l'Office du complexe olympique Mohamed-Boudiaf, Noureddine Benmouhoub, le représentant de la sécurité, Mustapha Aïni, un haut responsable à la DGSN ainsi que l'officier El Hachemi, président de la salle d'opération de la Sûreté de la wilaya d'Alger. Il était donc question de revenir sur le volet organisationnel et sécuritaire et les raisons qui ont empêché le bon déroulement de la rencontre, surtout en dehors du stade. Le débat était chaud, surtout entre l'animateur et le directeur de l'OCO qui n'arrivait pas à trouver des réponses à toutes les questions embarrassantes qui lui ont été posées. Benmouhoub : «L'affluence lors de la vente des billets a dépassé tout entendement» L'opération vente des tickets, qui a été sévèrement critiquée, a été le premier sujet évoqué. «Comme vous l'avez constaté, l'opération vente des tickets a commencé très tôt. Les supporters sont venus en masse pour acheter leur billet. D'ailleurs quelques jours avant le match, les tickets ont été vendus en un temps record. Heureusement qu'on n'a pas retardé l'opération jusqu'au jour du match, sinon c'aurait été pire. Les supporters sont venus en masse, ce qui a compliqué le déroulement de l'opération. Je dois dire que l'affluence qu'il y a eu lors de la vente des billets a dépassé tout entendement. Mais on a tout de même su maîtriser la situation avec l'aide des forces de l'ordre. Maintenant pour l'histoire du marché noir, on n'en est pas responsables.» «Une enquête est ouverte sur l'affaire de la fuite des tickets» «Je ne peux pas trancher sur la question de la fuite des tickets ou pas. Une enquête est ouverte dans cette affaire. Les forces de l'ordre ont d'ailleurs arrêté des gens en possession d'un nombre important de tickets. Ils n'ont qu'à révéler l'identité de ceux qui leur ont remis ces tickets. S'ils font partie des fonctionnaires du stade, ils seront poursuivis en justice. Par ailleurs, la direction du complexe ne peut être responsable des erreurs individuelles commises à l'intérieur ou l'extérieur de l'OCO.» «Les autres wilayas n'ont pas demandé de tickets» «Des wilayas ont demandé des tickets pour leurs supporters qu'ils ont eus, comme Chlef et Relizane. L'opération s'est déroulée au niveau des Directions de la jeunesse et des sports à leur niveau. Les autres wilayas n'ont pas demandé leurs quotas. Je demande aux responsables de chaque wilaya de nous aviser à l'avenir du souhait d'avoir son quota de billets. La capitale aura la part du lion, du moment qu'elle abrite le match et la première wilaya en matière de population. Une chose est sûre, cela se fera de manière étudiée et équitable.» «L'entrée des couples a été bien étudiée» «On a vendu 57 000 tickets pour les supporters, 6 000 pour les familles, alors que le stade offre une capacité de 65 000 spectateurs. On a pensé à ceux qui avec un ticket spécial famille pouvaient accéder au stade en compagnie de leur épouse. Il y a aussi des places réservées qu'on peut utiliser en cas de nécessité. Malheureusement, certains l'ont mal compris, croyant que chaque personne ayant un ticket pouvait faire rentrer une supportrice avec eux.» «Plus de 120 000 spectateurs étaient dehors» «Des foules incessantes affluaient vers le stade. Nous avons pris en considération ce point en travaillant en collaboration avec les forces de l'ordre. Des barrages ont été dressés pour filtrer les supporters, avant même leur arrivée aux portes d'entrée. On s'attendait à 10 000 voire 15 000 supporters supplémentaires. Mais de nombreux supporters ont escaladé le mur d'enceinte. C'est ainsi que leur nombre a doublé à l'intérieur du stade. On pouvait aller jusqu'à 80 000 spectateurs, mais il y avait plus de 120 000 supporters à 12h, alors que le nombre des tickets était de 60 000 ou un peu plus. On ne pouvait donc pas permettre à tous les supporters d'accéder au stade. C'est ce qui a créé de l'anarchie.» «Le budget de l'OCO ne nous permet pas de renforcer notre personnel» «La coordination entre les forces de l'ordre et ceux censés organiser la tenue de la rencontre, y compris l'entrée des supporters au stade, se fait de façon permanente, puisqu'il y a toujours des réunions techniques entre les directions de l'OCO et la sécurité, avant toute rencontre, pour assurer le bon déroulement des matchs. Mais une rencontre d'une telle envergure nécessite des moyens humain et matériel énormes. On était impuissants devant une situation pareille. Le fait d'assurer aujourd'hui les salaires de nos employés est un exploit en lui-même. On ne peut recruter ni des travailleurs permanents ni des vacataires, le budget de l'OCO ne nous le permet pas.» «Des supporters manquent de civisme» «Il faut reconnaître que certains supporters sont malheureusement limités en matière de civisme. Le stade est un lieu de spectacle, non pas de violence. Lorsque l'Algérie était menée au score, des supporters, qui avaient pris place dans la tribune supérieure, ont bombardé ceux qui se trouvaient en bas de bouteilles et de projectiles. C'est vraiment honteux qu'un supporter qui se déplace au stade pour soutenir son équipe reçoive des projectiles de toutes sortes.» «La société hollandaise doit refaire son travail, sinon on ira en justice» «On a tous constaté le mauvais état de la pelouse. Même les responsables de la société hollandaise qui étaient présents l'ont reconnu. On est tombés d'accord pour trouver une solution définitive. Dans le cas contraire, on sera contraints de recourir à la justice, car nous avons un contrat notarié qui couvre les droits de l'OCO. Cette société se doit de respecter les termes du contrat signé entre les deux parties.» Les passe-droits, un problème épineux Avant que le directeur de l'OCO ne quitte le plateau de l'émission, l'animateur d'El Bahdja a évoqué un sujet épineux difficile à résoudre, celui des passe-droits. «Je vais évoquer un sujet que M. Benmouhoub ne peut pas évoquer, à savoir l'accès des gens aux tribunes de la presse, d'honneur et des VIP. Certains qui n'avaient droit qu'à un seul siège se sont déplacés en famille, alors que d'autres, au lieu de prendre place dans les tribunes, on envahi les cabines de presse ainsi que la tribune d'honneur. On ne doit pas faire endosser ce problème aux fonctionnaires du stade, mais cela relève de la culture des citoyens.» Les caméras de surveillance ne fonctionnaient pas Après le départ du directeur de l'OCO, on n'a pas manqué d'évoquer le sujet de la sécurité dans le stade. Mustapha Aïni, haut responsable à la DGSN, a déclaré que les caméras du stade pourraient résoudre plusieurs problèmes. Mais le hic, c'est que ces caméras ne fonctionnent pas : «Il y a 40 caméras au niveau du stade, mais une seule mobile est opérationnelle, alors que toutes les autres sont en panne. On ne peut pas assurer la couverture de tout le stade avec une seule caméra. C'est ce qui explique aussi les dérives qu'il y a eu le jour du match contre la Serbie.» «On a même procédé à des arrestations» De son côté, l'officier El Hachemi, président de la salle des opérations au sein de la Sûreté de la wilaya d'Alger, est intervenu en affirmant que pas moins de 7 800 policiers ont été mobilisés pour assurer la sécurité le jour du match, dont 3 500 étaient à l'intérieur du stade : «On a réparti un nombre important de policiers dans les tribunes. On a aussi prévu des couloirs et des passages pour les interventions rapides. Mais l'affluence nombreuse qu'a connue le stade a perturbé le travail des policiers. On a malgré tout fait de notre mieux pour protéger les familles des jets de projectiles. On a même procédé à des arrestations.» «S'il s'agissait de supporters de clubs on aurait interdit l'accès aux voyous» «L'organisation d'un match entre deux clubs est devenue pour nous une tâche ordinaire, comparativement aux matchs de l'Equipe nationale. Les soi-disant supporters, les voyous pour être plus clairs, sont connus au niveau des clubs et on leur interdit l'accès au stade. Mais cette fois-ci, il s'agit de supporters de toutes les wilayas du pays. Il nous était donc impossible de travailler comme on l'aurait souhaité. Il était impossible de reconnaître les supporters voyous. Mais les forces de l'ordre à l'intérieur du stade ont essayé de maîtriser la situation.» «Le jeune décédé a été agressé sur la route de Bab El Oued» Le dernier sujet évoqué lors de cette émission a été le décès d'un supporter âgé de 19 ans originaire de la wilaya de Jijel. Selon certaines sources, le défunt supporteur des Verts a été agressé à l'arme blanche à l'intérieur ou à proximité du stade. Le responsable de la sécurité au niveau de la DGSN a, quant à lui, rétorqué : «Je veux d'abord présenter mes condoléances à la famille du supporteur décédé. Je dois aussi préciser que ce dernier a été agressé sur le chemin menant à Bab El Oued, non pas à l'intérieur du stade ou dans les alentours, comme on l'a rapporté. La responsabilité de cet incident n'incombe pas à la sécurité du stade. Le jeune décédé a reçu un coup au niveau du pied et il s'est vidé de son sang.»