«Je trancherai entre la France et l'Algérie, au moment opportun» Yannis Tafer est un jeune footballeur d'origine algérienne qui évolue dans l'un des plus prestigieux clubs de France, à savoir l'Olympique Lyonnais. Né le 11 février 1991 à Grenoble, ce prometteur attaquant, qui défend actuellement les couleurs de l'équipe de France espoirs, nous affirme cependant dans l'entretien qui suit, qu'il ne ferme pas la porte à la sélection algérienne et que dans le cas où les responsables de la fédération algérienne le contacteraient pour lui proposer d'intégrer les rangs des Verts, il prendra le soin de bien y réfléchir. Le choix entre le pays de ses origines et celui qui l'a enfanté semble difficile pour le meilleur buteur du Championnat d'Europe des nations des U17 de 2008. Yannis Tafer, c'est le journal Le Buteur. On aimerait vous posez quelques questions si vous le voulez bien ? Bonjour à vous. Il n'y a pas de problème, je suis à votre disposition. Tout d'abord, on voudrait savoir comment se passent les choses pour vous au sein de votre club, à savoir l'Olympique Lyonnais ? Très bien. Je me sens bien dans cette équipe et tout marche à merveille pour moi. On reste sur une bonne dynamique en 2010. On est qualifiés aux quarts de finale de la Ligue des champions après avoir réussi à sortir le grand Real Madrid lors du tour précédent. Mais il faut dire que vous ne jouez pas trop souvent… C'est vrai que je ne joue pas régulièrement, mais cela n'est pas trop alarmant. Toutefois, n'oubliez pas que j'évolue dans un grand club qui regroupe plusieurs joueurs connus et de très haut niveau. Pour le moment, j'essaye de ne pas trop m'inquiéter, puisque je suis encore jeune et je suis toujours en apprentissage. J'avance tout doucement pour ne pas brûler les étapes. Quel est votre but à l'OL ? Mon objectif est simple. C'est celui de faire tout mon possible pour m'imposer dans l'équipe et réussir mon envol. Avec le travail et l'abnégation, j'espère atteindre ce but. Mais si votre situation ne s'améliore pas et que vous ne bénéficiez pas d'un temps de jeu plus important dans les semaines à venir, comptez-vous, malgré cela, rester à l'OL ? Pour l'instant, je ne sais pas trop. Mais c'est clair que si ma situation ne change pas, je pourrai envisager un départ en fin de saison pour un autre club qui me permettra d'avoir plus de temps de jeu. Avez-vous eu des contacts d'autres clubs ? Je sais que des clubs ont pris attache avec la direction de l'OL lors du dernier mercato hivernal pour un prêt, mais cette dernière a catégoriquement refusé. Passons maintenant au sujet qui intéresse les supporters algériens. Comme tout le monde le sait, vous défendez actuellement les couleurs de l'équipe de France espoirs, mais est-ce qu'il y a des chances de vous voir endosser le maillot de l'Algérie à l'avenir ? A vrai dire, je ne pourrai répondre avec exactitude à votre question dans la mesure où je n'ai pas été contacté par les responsables algériens et que de ce fait, je ne peux me permettre d'avancer des hypothèses qui pourraient n'avoir aucune suite concrète. Mais est-ce que vous avez fait votre choix ? Sincèrement, je n'ai pas encore tranché sur la question. Je dois avant tout connaître les intentions des responsables de la fédération algérienne pour voir plus clair et prendre ma décision finale. Actuellement, j'évolue en équipe de France espoirs et tout se passe plutôt bien pour moi. Supposons que le président de la FAF vous contacte demain et vous propose de venir jouer pour l'Algérie. Quelle sera votre réponse ? Ben, je prendrai le temps pour réfléchir et discuter de certains points avec lui. Les choses ne sont pas aussi faciles que cela puisse paraître. Répondez de manière sincère. Quel est votre rêve : celui de porter le maillot de l'équipe de France A ou bien celui de l'Algérie ? Croyez-moi, ce n'est pas facile de faire un choix. Les deux pays me sont chers et je ne voudrai pas commettre d'erreur. L'Algérie est le pays de mes origines, tandis que la France est le pays où j'ai grandi et vécu. C'est vraiment dur de faire un choix. Mais il faudra le faire… Je sais. J'essayerai d'étudier les choses sous tous les angles et prendre ensuite la décision qui me semblera la plus appropriée. Certains éléments, tels Meghni et Yebda pour ne citer que ceux-là, ont joué par le passé avec les jeunes catégories de l'équipe de France et ont opté au final pour l'Algérie avec laquelle ils s'apprêtent à disputer un Mondial au mois de juin prochain. Ne pensez-vous pas qu'il y a plus de chances pour vous d'évoluer avec l'EN algérienne sachant qu'en choisissant l'équipe de France, vous prendriez un énorme risque qui pourrait se retourner contre vous, comme ce fut le cas pour Meriem entre autres ? Vous savez, le risque est présent, que ce soit avec l'équipe de France ou même avec l'Algérie. C'est les qualités et les prestations du moment qui plaident pour un joueur. Votre coéquipier à l'OL, Belfodil, a été appelé par les responsables algériens pour prendre part au dernier Mondial des U17 qui s'est tenu au Nigeria, mais il n'a pas répondu favorablement. Avez-vous eu des approches dans ce sens vous aussi ? Comme je vous l'ai dit tout à l'heure, personne ne m'a contacté et aucun responsable algérien ne m'a proposé ni de jouer pour les U17 et encore moins pour les U20. Quand cela se fera, on verra. On comprend par là que vous ne fermez pas la porte à la sélection algérienne ? Absolument. J'attends juste qu'on me contacte pour voir plus clair et décider de manièré définitive. En France, certains observateurs ne se privent pas de vous comparer à l'ancien joueur de l'OL, parti cet été au Real Madrid… C'est flatteur et cela me fait vraiment plaisir d'être comparé à un grand joueur de la trempe de Benzema. Mais je dois dire aussi que nos profils sont différents. Peut-être qu'on fait le lien entre lui et moi par rapport au poste qu'on occupe tous les deux, et aussi à nos origines. J'espère faire comme lui et réussir une aussi grande carrière. Vous êtes originaire d'où en Algérie ? Je suis de Constantine. Parlez-vous couramment la langue arabe ? Ben, pas trop. Je comprends certains mots, pas plus. Votre père s'immisce-t-il dans votre carrière ? Non, pas vraiment. Mon père me conseille uniquement et essaye de m'orienter. Si ce n'est pas indiscret bien sûr, on voudrait savoir si votre père aimerait vous voir défendre les couleurs de l'Algérie plutôt que celles de la France ? A vrai dire, on n'a pas encore parlé de ça. Mon père ne veut pas faire pression sur moi et me laisse libre de mon choix. Pour conclure, on peut dire qu'actuellement Yannis Tafer préfère se concentrer beaucoup plus sur l'équipe de France et ne pas trop penser à l'Algérie ? Je n'ai pas d'autre alternative. Je me dois de me concentrer uniquement sur mon travail avec mon club et l'équipe de France, ça c'est certain. Quand l'Algérie me fera signe, on verra bien ce qui se passera après.