«Connaissant très bien Ziani, je vous rassure : il sera prêt» Après avoir fait banquette durant plusieurs semaines à son retour de la Coupe d'Afrique des nations, Karim Matmour a fini par reconquérir son statut de titulaire au Borussia Mönchengladbach. Il a été titularisé durant les deux derniers matches et, comme on peut le supposer, il a été loin d'être le plus mauvais de ses coéquipiers. C'est donc avec un moral d'acier qu'il aborde la fin de la saison, non sans avoir à l'esprit ce grand rendez-vous qui passionne les foules en Algérie : la Coupe du monde en Afrique du Sud. * Après avoir été confiné durant plusieurs semaines sur le banc des remplaçants du Borussia Mönchengladbach, vous avez été titularisé de nouveau au cours des deux derniers matchs, face respectivement à Hambourg et Stuttgart. Heureux de ce retour ? Oui, très heureux. Je n'ai jamais cessé de travailler pour reconquérir ma place. Même quand je ne jouais pas, je redoublais d'efforts aux entraînement en prolongeant les séances, lorsque je le pouvais, afin de rester toujours au top. Mon travail a fini par payer puisqu'au cours des deux derniers matchs, j'ai tenu le coup physiquement sans aucun problème. * Les entraînements auxquels vous vous adonniez étaient-ils suffisants pour compenser le manque de temps de jeu ? Relativement car, il faut le dire, rien ne remplace la compétition. C'est en jouant régulièrement qu'on peut garder le rythme. Cependant, c'est toujours mieux de s'entraîner durement plutôt que de se contenter d'attendre. * Avez-vous retrouvé rapidement vos sensations sur le terrain ? Oui. Cela s'est bien passé pour moi. J'ai tout de suite trouvé mes repères. C'est comme si je n'avais jamais cessé de jouer. J'ai une qualité : je ne triche jamais. Donc, même lorsque je ne jouais pas, je m'adonnais aux entraînements avec tout le sérieux voulu. * A votre avis, pourquoi ce retour en grâce, alors qu'on s'attendait à ce que vous restiez remplaçant jusqu'à la fin de la saison ? Peut-être qu'il y a eu la conjugaison de plusieurs facteurs. L'équipe ne marchait pas fort ces dernières semaines et l'entraîneur a sûrement jugé qu'il fallait apporter des changements. Ce qui est certain, c'est que j'étais prêt à tenir ma place à tout moment. Je suis content de ce retour et j'espère que je continuerai ainsi jusqu'à la fin de la saison. * Avez-vous senti que les supporters attendaient votre retour ? Franchement, oui. Il y a comme ça des joueurs qui sont appréciés par les supporters d'un club et je pense que j'en fais partie. J'ai été très bien accueilli et cette marque de confiance m'a galvanisé sur le terrain. Les supporters savent très bien que je me donne toujours à fond sur le terrain. * Contre Stuttgart, vous meniez au score, mais vous avez finalement perdu. Que s'est-il passé ? Il y a eu un peu de malchance et un peu d'inexpérience. Nous avons encaissé le but de l'égalisation sur un coup franc qui ne devait pas être sifflé, car il n'y avait pas eu faute. Le deuxième but adverse a été causé par une petite erreur tactique. Il ne faut pas oublier que nous avons une équipe jeune, dont la moyenne d'âge ne dépasse pas les 26 ans. Il faut lui donner le temps de mûrir. * Au cours de ce match, il y a eu trois changements, mais vous n'avez pas été concerné. C'est une belle preuve de confiance de votre coach, non ? Oui, c'est vrai. Trois des quatre joueurs à vocation offensive qui avaient débuté le match ont été remplacés, sauf moi. C'est flatteur et c'est encourageant pour ce qui reste de la saison. * La fin de saison est toute proche. Puis débutera la Coupe du monde en Afrique du Sud. Est-ce que vous y pensez déjà ? Sincèrement, oui. Je peux même vous dire que j'y pense tous les jours. On ne peut s'empêcher d'y penser, quand on va y participer pour la première fois. D'ailleurs, je m'y prépare déjà. * Une préparation psychologique ? Pas seulement psychologique, même physiquement, je m'y prépare sérieusement. Je veille à préserver ma forme et même à l'optimiser du mieux que je le peux. Ce n'est pas une compétition banale. Il faut bien s'y préparer et c'est ce à quoi je m'attelle. * Ce week-end a vu trois des Algériens évoluant en Bundesliga jouer, y compris Anthar Yahia qui a même été l'auteur de la passe décisive sur le but égalisateur de Bochum à Fribourg. Est-ce une bonne nouvelle ? Bien sûr que c'en est une ! Je l'ai dit plus haut : rien ne remplace la compétition. Je sais que Anthar était très motivé pour revenir en force et il a pu le faire. Cela démontre que non seulement il a du talent, mais aussi du caractère. * En revanche, Karim Ziani n'a même pas été retenu sur la feuille de match avec son club, Wolfsburg… C'est malheureux, mais ce n'est pas grave. Croyez-moi, Karim sera d'attaque pour le Mondial. Je le connais assez pour affirmer, sans risque de me tromper, qu'il est en train de travailler comme un dingue pour entretenir sa condition physique. C'est un battant et un guerrier. Il sera prêt pour la Coupe du monde, je n'en ai aucun doute. * A mesure que la Coupe du monde approche, on suppose que vous discutez de plus en plus souvent avec votre coéquipier américain Michael Bradley du match Etats-Unis–Algérie, non ? Pas du tout. Nous ne discutons pas du tout du sujet. Certes, je pense beaucoup au Mondial, mais dans ma tête seulement, avec moi-même, sans trop en parler au sein du club. Ici, il y a les entraînements et les matchs qui occupent notre temps. * Mais il y a quand même des moments où vous avez l'occasion de discuter entre joueurs, que ce soit dans les vestiaires, lors des mises au vert ou durant vos déplacements… C'est vrai, mais nous ne discutons pas trop du sujet. Bien sûr, nos autres coéquipiers nous chambrent avec le sujet, surtout avec la perspective du match qui va nous opposer Mike et moi, mais cela s'arrête là. En tout cas, je ne prends pas l'initiative d'en parler. * Bradley vous en parle-t-il ? Lui, il vient m'en parler chaque semaine. Mieux encore : il a l'air très informé de toute l'actualité de la sélection algérienne. Il me dit qu'il a eu des informations sur tel ou tel autre joueur dont il connaît les performances. J'en suis moi-même parfois étonné. * D'où s'informe-t-il ? A travers Internet ou par le biais de son père (Bob Bradley, le sélectionneur des Etats-Unis, ndlr) ? Je ne sais pas. Peut-être un peu des deux. Ce qui est certain, c'est qu'il est même au courant des nouveaux joueurs susceptibles d'être convoqués, puisqu'il me demande des renseignements sur eux. * Que lui répondez-vous ? Bien entendu, je lui dis que je ne les connais pas ! Je lui réponds : «Ah, bon ? C'est un joueur algérien, lui ? Je ne le connais pas.» (Rires) Quand même, je ne vais pas donner des tuyaux à un adversaire (rires) ! * Cela démontre bien que la Coupe du monde est bel et bien lancée ! Assurément. En tout cas, de mon côté, je m'y prépare d'ores et déjà, comme je vous l'ai dit. Je suis totalement concentré sur les cinq derniers matchs de la saison avec Mönchengladbach tout en ayant à l'esprit cet important rendez-vous. * On imagine qu'il y a une effervescence à distance entre vous, joueurs de la sélection nationale, et que vous en parlez souvent au téléphone… Oui, certainement. Pas seulement entre les joueurs actuels de la sélection. J'en parle même avec d'anciens sélectionnés. Par exemple, pas plus tard qu'hier, j'avais au téléphone Ismaïl Bouzid, avec qui j'ai gardé contact depuis qu'il était international. Nous avons parlé de notre actualité respective, de la sélection nationale, de la Coupe du monde… Bref, on en parle souvent entre joueurs. C'est dire que tout le monde a hâte d'y être et d'y participer. * Les stages précompétitifs de préparation du Mondial se dérouleront en Suisse et en Autriche. Vous connaissez ces lieux puisque vous y effectuez la préparation en club chaque été. Pensez-vous que c'est l'idéal pour la préparation d'un tel événement ? Sans aucun doute. Presque tous les clubs de la Bundesliga se préparent en Suisse ou en Autriche durant l'été. C'est vrai que c'est dur et éprouvant à cause des inconvénients de l'altitude, mais quand on redescend au niveau de la mer ou même à des petites altitudes, on ressent les bienfaits d'une telle préparation. De plus, les installations là-bas sont souvent de qualité et toutes les commodités sont réunies. Donc, je pense que ce sont des sites adéquats pour préparer la Coupe du monde.