«Dans un autre pays africain, Shehata aurait été limogé .» Vous avez participé, avec d'autres entraîneurs, à cette session d'évaluation de la CAN 2010 organisée au siège de la CAF au Caire. Quelles impressions en retirez-vous, notamment après l'intervention de Hassan Shehata, le coach de l'Egypte ? Ce fut une journée d'échanges très enrichissante. Justement, on a observé que l'équipe d'Egypte est un exemple fantastique pour le football africain. S'il y a un mot à retenir de cette intervention de son sélectionneur, c'est : stabilité. Voilà un entraîneur qui a raté la qualification pour la Coupe du monde, mais qui a été maintenu, ce qui lui a permis de remporter une troisième CAN d'affilée quelque temps après. Dans un autre pays africain, on aurait limogé le coach, après l'élimination au Mondial, et ce serait un éternel recommencement. C'est un rappel judicieux qui a été fait par le directeur technique de la Côte d'Ivoire et qui m'a marqué. A la CAN 2010, vous étiez l'entraîneur de la Zambie, sortie en quart de finale, après avoir montré un football séduisant. Etes-vous déçu ? Pas tant que ça ! Au contraire, cette CAN aura été très positive pour l'équipe de Zambie qui venait tout de même de passer 14 ans sans atteindre un quart de finale de Coupe d'Afrique. Nous avons d'ailleurs été à deux doigts d'une demi-finale, mais le sort en a décidé autrement, puisque nous avons été éliminés aux tirs au but. Il y a eu la deuxième mi-temps, en match de poule, contre la Tunisie, qui n'a pas été bonne. Mais je retiens que nous sommes sortis premiers de notre groupe devant le Cameroun. N'avez-vous pas, néanmoins, des regrets après ce quart de finale perdu contre le Nigeria ? Honnêtement, si je devais changer quelque chose à ce que nous avons fait ce jour-là, je pense que j'aurais dû remplacer mon gardien de but, parce que j'en avais un sur le banc qui est fort sur les penalties, au lieu de faire rentrer un joueur offensif lors de mon troisième changement. Mais à ce moment-là, je pensais qu'on allait faire la différence, en marquant ce but de victoire. C'est le seul reproche que je peux me faire. Pour le reste, je dis bravo à mes joueurs. A votre avis, comment vont se comporter les équipes africaines à la prochaine Coupe du monde ? Je pense que les équipes qui étaient à la CAN vont être meilleures à la Coupe du monde. Parce qu'elles auront la motivation nécessaire, et parce qu'il s'agira de la première Coupe du monde jamais organisée en Afrique. Cela va être un moment extraordinaire. L'ambiance sera exceptionnelle. Maintenant au niveau sportif, on connaît le potentiel de ces équipes. Celle qui me fait la plus forte impression, c'est le Ghana. Elle a été très bonne à la CAN, sans ses stars. Après la Côte d'Ivoire et le Cameroun, je pense que le Ghana a une équipe solide sur laquelle on peut compter. La meilleure chance d'aller au second tour, pour moi, reste le Cameroun, dans un groupe où il aura pour adversaires le Japon, le Danemark et les Pays-Bas. L'Algérie, si elle se montre performante comme elle l'a été pendant les éliminatoires, pourra tirer son épingle du jeu. L'Afrique du Sud, même si elle n'est pas au top du classement africain, sera portée par l'engouement populaire de toute une nation. Les Bafana Bafana sont capables de surprendre agréablement. Pensez-vous que ce pays a la capacité d'organiser une bonne Coupe du monde ? J'en ai encore discuté récemment avec Jean-Michel Bénézet. Pour moi, nous aurons une fantastique Coupe du monde en Afrique du sud. Le pays qui est prêt pour ce grand moment, et nous offrira, j'en suis convaincu, un Mondial exceptionnel. J'espère ne pas me tromper.