Entretien avec l'ancien entraîneur des Lions indomptables sur la place des joueurs locaux en sélection nationale. Entretien avec l'ancien entraîneur des Lions indomptables sur la place des joueurs locaux en sélection nationale. Vous êtes pour ou contre l'intégration des footballeurs locaux africains dans les sélections nationales ? Je pense que le plus dur pour une Coupe du monde, c'est de savoir comment faire pour maintenir un équilibre intelligent dans une sélection de 23 joueurs. A partir du moment qu'une Coupe du monde se joue avec 18 ou 19 joueurs au maximum, il faut que les joueurs de complément soient de très bons et qu'ils puissent constituer l'avenir de la sélection nationale. On peut même les faire rentrer en cours de jeu si on a besoin d'eux. C'est important et c'est toujours ce que j'ai fait pendant les quatre années que j'ai passées au Cameroun. C'est ce que j'ai fait à la Coupe du monde de 1998, j'avais vdes joueurs comme Eto'o, Njanka, etc., parce que je pensais qu'ils avaient le talent pour être titulaires. En tout cas, il vaut mieux un superbe joueur local qu'un professionnel moyen. Vous estimez donc que les joueurs de vestiaires sont importants pour l'animation d'une compétition comme la Coupe du monde… Joueurs de vestiaires, c'est une expression que je n'aime pas beaucoup. Un groupe, c'est 23 joueurs qui sont tous très importants pendant les séances d'entraînement. On peut répéter en fonction des adversaires, etc., ce ne sont donc pas des joueurs de vestiaires, mais des joueurs importants. Il est quelquefois inutile d'avoir des joueurs professionnels moyens comme remplaçants, parce qu'ils perturbent l'équilibre psychologique du groupe. Ils veulent tous être calife à la place du calife. Or, une Coupe du monde se joue avec 17 ou 18 joueurs. Les autres étant en apprentissage. Ça sert aussi à ça, une Coupe du monde. Samuel Eto'o, en 98, comme Olembé étaient jeunes et ils ont beaucoup gagné à travers cette expérience. Ils ont appris à gérer le stress, l'arbitrage scandaleux d'un match comme celui contre le Chili, etc. Sauf que la donne a changé. L'Europe est désormais très ouverte aux footballeurs locaux… C'est vrai, mais je pense que même aujourd'hui, en allant se promener dans les championnats nationaux, on peut trouver de bons joueurs. En 2008, j'avais 90 joueurs professionnels ghanéens, mais ça ne m'a pas empêché d'aller à la CAN avec six joueurs locaux. Je pense qu'au niveau local, il y a toujours des joueurs de talent. Ce sont eux qui vont être les professionnels de demain. Notre boulot de sélectionneur, c'est de les dénicher avant tout le monde. Souvenez-vous qu'à mon époque, il y avait beaucoup de joueurs professionnels. Mais l'équipe de la Coupe du monde de 90 avait des joueurs comme Massing, Kana Biyik, Omam Biyik, etc., qui venaient tous de première et deuxième divisions. Il y a quand même des joueurs qui ont la mentalité de club et d'autres qui ont la mentalité de sélection… Oui, c'est vrai. Mais il y en a qui ont les deux mentalités. Samuel Eto'o, par exemple, a gagné beaucoup de titres de champion d'Afrique et de champion d'Europe. Les grands joueurs le sont partout. Ce qu'il faut, c'est de prendre des joueurs qui, au moment de la Coupe du monde, sont concernés par la compétition et prêts à tous les sacrifices. Qu'est-ce qui manquait à l'équipe du Cameroun lors de la dernière CAN pour rallumer complètement la flamme ? Il lui manquait peu de choses. Souvenez-vous que c'est des erreurs individuelles qui ont entraîné l'élimination du Cameroun. Mais dans le jeu, ils ont fait leur meilleur match contre l'Egypte. L'Egypte qui a été très chanceuse parce que Kameni n'a pas fait son meilleur match, ce qui arrive à tous les joueurs du monde.