L'ancien joueur de l'équipe de France et récent sélectionneur du Mali, Alain Giresse, s'est confié sur la nomination de Rabah Madjer au poste de sélectionneur national. Giresse a accepté de répondre à nos questions concernant le choix de la FAF de nommer Madjer comme nouvel entraîneur de l'EN. Tout d'abord, on voudrait avoir votre commentaire sur la nomination de Madjer à la tête de la barre technique de la sélection algérienne... La Fédération a choisi un entraîneur emblématique par rapport à son parcours de joueur. Ils veulent s'appuyer sur ce que représente Rabah Madjer, sur cette image du joueur, et le côté reconnaissance qu'il peut avoir dans la fonction confirme qui était ce grand joueur. A votre avis, Madjer pourrait-il réussir dans sa mission avec l'équipe algérienne ? Il y a toujours un choix qui est déterminé par des raisons. Mais ça ne garantit pas le succès. Vous savez, il n'y a pas de type d'entraîneur qui garantisse le succès. Il y a un grand travail qui doit se faire au niveau de l'équipe algérienne pour la remettre sur de bons rails. Selon vous, sur quoi Madjer devra-t-il s'appuyer pour réussir à remettre l'équipe algérienne sur de bons rails ? En fonction de l'utilisation qu'on fait du profil de l'entraîneur, et ce sont les arguments avec lesquels il va travailler. Après derrière, il faut qu'il y ait toute une organisation, un projet de mise en place de l'équipe. Aussi, la mise en place d'un état d'esprit et cela est indispensable dans une sélection, surtout que les joueurs ne sont pas là souvent. Créer également une dynamique où les joueurs sont intéressés par la réussite de l'intérêt général de l'équipe. Après, il faut impulser une dynamique de jeu et créer cette unité au sein du groupe. On sait ce qu'il y a faire, mais il y a aussi la façon de le faire et de le transmettre aux joueurs. Le passé de Madjer en tant que footballeur peut énormément l'aider dans sa nouvelle mission, n'est-ce pas ? Quand on a en plus un geste qui porte maintenant son nom, cela prouve le parcours qu'il a fait en tant que joueur et la trace qu'il a laissée durant sa carrière de footballeur, notamment sa consécration en C1. Il a également réussi une grande carrière en sélection dans peut-être la meilleure équipe de l'histoire du football en Algérie. Il est clair que c'était un joueur de très très haut niveau. Il faut reconnaître aussi que la tâche s'annonce difficile au vu de la situation actuelle de l'équipe algérienne... Il prend une équipe qui est totalement à remettre en place. Une équipe à réorganiser à tout point de vue. Moi je ne peux le faire qu'à travers les prestations et les résultats de l'équipe algérienne. Sur ses cinq matchs en éliminatoires du Mondial, l'équipe algérienne n'a pris qu'un petit point. Cela veut dire que les choses ne vont pas dans le bon sens pour l'équipe d'Algérie. Pourtant, quand on a vu cette équipe au Mondial-2014, on pensait qu'elle était partie pour dominer le football africain pendant de longues années. Je ne sais pas ce qui s'est passé par la suite. Mais dans une situation pareille, il est clair que c'est un grand chantier qui attend Rabah Madjer. Pour réussir dans sa mission, que doit d'abord faire Madjer ? Créer un état d'esprit, c'est-à-dire arriver à conditionner les joueurs pour qu'en sélection, on retrouve l'unité collective dont on a besoin pour faire fonctionner une équipe. C'est la base même pour permettre d'aller jouer des matchs et d'obtenir des résultats. Que ce soit en Afrique ou bien en Europe, un entraîneur est appelé à monter cet effectif. Il ne faut pas oublier également qu'il faut faire des choix, surtout qu'il y a pas mal de joueurs de qualité sur le plan offensif en Algérie. Il est clair qu'il faut une totale osmose entre tout le monde au sein de ce groupe pour la réussite de l'EN. Le fait de s'entourer d'un staff composé d'anciens joueurs pourrait-il l'aider dans sa mission ? Il reste dans sa logique et dans les connaissances qu'il a et de s'appuyer sur d'anciens joueurs qui sont des entraîneurs aujourd'hui et qui ont toute une formation et toute une expérience d'entraînement. Cela me paraît très cohérent. La présence également de Saâdane au poste de DTN peut également aider Madjer à réussir dans sa mission ? Il a été son entraîneur d'abord. Un DTN est chargé de l'organisation et de la mise en place d'un projet pour le développement du football algérien. Mais aussi d'être à côté du sélectionneur national pour avoir dans son travail un complément qui puisse permettre à l'entraîneur d'en bénéficier. Mais c'est Madjer qui sera le décideur sur le choix des joueurs, la philosophie de jeu et la mise en place tactique.