L'argent constituait un obstacle pour recruter un entraîneur de renom . L'option décidée par la Fédération algérienne de football de confier les rênes de la sélection nationale à un sélectionneur étranger après le Mondial est loin de constituer une première en Algérie. A plusieurs reprises, des sélectionneurs venus d'Europe ont dirigé les Verts, avec plus ou moins de bonheur. S'il y en a eu qui ont obtenu des résultats (le Yougoslave Reijkov, finaliste de la CAN-80 aux côtés de Khalef, et le Russe Rogov, qui avait qualifié l'Algérie à sa première Coupe du monde, secondé par Mohamed Maouche et Rabah Saâdane) et d'autres dont le passage a été aussi fugace que discret (le Roumain Marcel Pigulea, les Belges Leekens et Waseige). Avant, c'était soit des coopérants de l'Est, soit des coachs «bon marché» Cependant, force est de constater que les entraîneurs étrangers, qui ont pris en charge, par le passé, la sélection algérienne, n'étaient pas, a priori, des grands noms dans la profession sur la place internationale. Il s'agissait soit de techniciens ramenés en Algérie dans le cadre de la coopération avec les pays de l'ancien bloc de l'Est, lors de l'époque du socialisme, soit de coachs plutôt «bon marché» qui n'avaient pas de grandes exigences financières, puisque la politique suivie à leur nomination interdisait les salaires faramineux. On se contentait donc des entraîneurs qu'on pouvait se payer. Pourtant, des entraîneurs étrangers de renom étaient intéressés, à un moment ou un autre, de diriger les Verts. Claude Le Roy avait rêvé de l'Algérie Celui qui avait été le plus assidu dans ses propositions de service était incontestablement le Français Claude Le Roy. Grand amoureux de l'Afrique en général et de l'Algérie en particulier, pays pour lequel son défunt père avait contribué à la lutte pour l'indépendance, il avait un penchant naturel pour travailler avec la sélection algérienne. Il a fait des passages à la tête de plusieurs sélections du continent, notamment le Cameroun, le Sénégal, la RD Congo et le Ghana, remportant notamment la CAN-88 avec les Camerounais, mais il aurait tant aimé être le coach de l'Algérie, non seulement en raison des attaches de son père avec notre pays, mais aussi pour la grande admiration qu'il a toujours voué au football algérien, fait de talent, d'inspiration et de technique. Il a toujours été convaincu qu'avec juste un peu de rigueur, les Algériens sont capables de battre les meilleurs. Les appels de pied de Giresse n'ont pas été entendus Un autre entraîneur français avait également été intéressé pour prendre en main la sélection nationale : Alain Giresse, ancienne gloire du football français. A une époque où il voulait mener une expérience en Afrique après avoir entraîné la Géorgie, ses préférences allaient vers les pays du Maghreb pour des considérations de langue et de proximité et vers l'Algérie en particulier pour la grande admiration qu'il a toujours vouée aux footballeurs de notre pays évoluant au pays. Il avait laissé entendre son intéressement pour travailler dans notre pays, mais ses appels du pied n'ont pas été pris en considération. C'est à la tête du Gabon qu'il a su imposer son travail, passant à un cheveu de la qualification à la Coupe du monde 2010 et réalisant une bonne CAN, n'ayant été éliminé au premier tour qu'à la différence de buts. Matthäus n'était pas venu pour une question d'argent Il y a eu également un autre grand nom du football mondial qui voulait également entraîner les Verts : l'Allemand Lothar Matthäus. Le champion du monde 1990 avait postulé pour le poste de sélectionneur en 2007, mais il n'avait pas été retenu, d'abord pour des considérations financières, ensuite parce que le retour à un sélectionneur algérien avait été décidé en haut lieu. Matthäus, en vrai Allemand, connaît très bien la valeur du footballeur algérien pour avoir été du groupe de la RFA qui avait été battu lors du Mondial-82 par l'Algérie et pour avoir participé à la finale de la Coupe d'Europe des clubs champions de 1987 qui avait vu le grand Bayern Munich terrassé par Porto, emmené par un génie nommé Rabah Madjer. Pour lui qui aspirait mener une expérience de sélectionneur en Afrique, la sélection algérienne constituait le meilleur choix en terme de proximité, de qualité intrinsèque des joueurs et de moyens. Maintenant qu'il y a de l'argent, il y aura du lourd Aujourd'hui, les données ont changé par rapport aux années précédentes. Les pouvoirs publics ont affiché leur détermination à réunir tous les moyens pour avoir une sélection nationale performante. En plus clair, on ne reculera pas devant les dépenses pour ramener un entraîneur de renom ayant un poids sur la scène footballistique internationale. Pour succéder à Rabah Saâdane, il y aura certainement du lourd, du moins aussi lourd que ceux qui sont désignés à la tête des plus grandes sélections africaines.