Derrag : «Si ça ne tenait qu'à moi, je signerais» Touati : «C'est un joueur intéressant» C'est aujourd'hui que Mohamed Derrag terminera sa période d'essais à Dijon FCO, club de la Ligue 2 française. Il participera à la séance d'entraînement du matin, sa dernière, et rentrera à Alger demain. Sur la foi de témoignages de joueurs et d'indiscrétions de personnes proches du club, l'attaquant du MCA a donné globalement satisfaction et Dijon est disposé à le recruter pour la saison prochaine s'il y aura un accord financier avec les représentants du joueur. Hier, force-vitesse et exercices offensifs Hier encore, Derrag a fait étalage de sa large palette technique à l'occasion de l'entraînement de la matinée. Après avoir séduit mardi matin lors d'un match d'application, il a confirmé sa valeur en se montrant bon dans les exercices auxquels il a été soumis, se montrant à la hauteur des performances des joueurs de Dijon, du moins en théorie. Il a commencé par une séance physique de force-vitesse où il a fait 17 tours de piste, ce qui est appréciable pour un joueur en fin de saison. Avec ballon, il a fait parler son pied gauche et sa vélocité balle au pied lors d'un exercice consacré à l'efficacité devant le but. Il est bien placé pour remplacer Ribas Les chances de voir le sociétaire du MCA vêtir la saison prochaine le maillot de Dijon sont grandes, pour plusieurs raisons. La première est qu'il est fort probable que l'attaquant gauche attitré du club bourguignon, l'Uruguayen Sebestian Ribas, soit transféré à la fin de la saison, ce qui suppose qu'il sera remplacé par un joueur de même profil. Plus même : Derrag a été essayé, durant le match d'application, comme milieu et comme attaquant et il a plu dans les deux postes. La deuxième est que Derrag a réellement plu à l'entraîneur, lequel trouve que le joueur algérien a, en plus, une marge de progression, surtout qu'il n'a que 25 ans. Autre raison non moins importante : Derrag ne trouvera pas de problèmes d'intégration, d'une part parce qu'il avait vécu deux ans en France lorsqu'il était adolescent, et d'autre part parce qu'il y a trois joueurs d'origine algérienne au sein de l'effectif de Dijon (Chaher Zarour, Youcef Touati et Melk Chergui). Place aux discussions financières ! Reste l'aspect le plus important car le plus délicat : l'argent. Les discussions entre les représentants du joueur et la direction de Dijon devraient débuter aujourd'hui, une fois les tests terminés. Elles pourraient durer quelques minutes comme elles pourraient prendre plusieurs jours, suivant la volonté affichée par chacun de faire des concessions pour conclure le transfert. Club à petit budget, Dijon prévient qu'il ne pourra pas faire des folies, surtout qu'il s'agit d'un joueur qui n'a jamais joué en professionnel en Europe. Les représentants du joueur, de leur côté, ne tiennent pas à le brader, surtout que c'est un international chez les A' et, probablement, champion d'Algérie à la fin de la saison avec le MCA et ancien champion d'Algérie avec la JSK, ce qui lui confère un certain statut. Entre les uns et les autres, il y a le principal intéressé, Derrag, qui espère vivement qu'il y ait un accord, surtout que la ville de Dijon et le club, calmes et sans pression, lui conviennent. ------------------------------------------------- Derrag : «Si ça ne tenait qu'à moi, je signerais» Vous voilà en train de faire des essais en vue d'embrasser une carrière professionnelle. Cela vous perturbe-t-il ? Y pensez-vous dans votre sommeil ? Non, pas du tout. Je ne me fais pas de pression à propos de cela. J'ai bien conscience que je suis simplement à l'essai et que rien n'est acquis. Donc, je ne me prends pas la tête avec cela. Je fais de mon mieux et Dieu inch'Allah fera le reste. Que disent les joueurs de Dijon de vous ? Discutez-vous avec eux ? Non car je ne les connais pas. Je suis de nature très réservé et je ne fréquente pas trop, non pas par arrogance, mais plutôt par timidité. Donc, ils ne m'ont rien dit. Qu'en est-il de l'entraîneur ? Vous a-t-il donné son opinion sur vous ? Non. Il se contente de me donner des orientations à l'entraînement, de me diriger comme il dirige les autres joueurs. Bref, il se comporte en entraîneur professionnel. Mais vous, en votre for intérieur, sentez-vous que vous lui avez plu, ainsi qu'aux joueurs ? Ce n'est pas à moi de le dire. Allez leur demander à eux. Ce que je sais, c'est que je me suis donné à fond lors de ces tests. J'ai fait ce qu'on m'a demandé en espérant avoir donné satisfaction. Y a-t-il des joueurs algériens qui vous ont appelé pour vous encourager ou tout simplement pour demander de vos nouvelles ? Oui. Il y a Hocine Metref, qui avait joué ici, à Dijon. D'ailleurs, plusieurs joueurs m'ont demandé de ses nouvelles. Hocine Achiou et Sofiane Herkat m'ont également appelé, ainsi que d'autres joueurs. Ils m'ont tous soutenu et encouragé, surtout Metref qui m'a assuré que c'est un club où je peux vraiment progresser si je m'accroche et travaille sérieusement. Lors du match d'application, avez-vous joué sous votre réelle valeur ? Avez-vous montré votre vrai niveau ? J'ai fait ce que j'ai pu. Je pense que j'ai montré un visage correct. Ce n'était pas le top, mais je pense avoir joué de manière très correcte. Moi, j'ai montré ce que je valais. Cela dit, cela ne suffit pas pour que je signe. Désormais, c'est à mes représentants et aux dirigeants du club de s'entendre sur les modalités du transfert. Si ça ne tenait qu'à vous, vous signeriez ? Moi, je n'hésiterai pas à signer. Ce que j'ai vu ici m'a plu et je suis convaincu que Dijon sera un très bon tremplin pour une carrière professionnelle. Cependant, comme je vous l'ai dit, rien n'est encore conclu. De plus, il y a le championnat d'Algérie à terminer. Je ne l'ai pas oublié car cette période d'essais à Dijon n'est qu'une parenthèse qui ne me fait pas oublier l'essentiel : la course au titre avec le MCA. Donc, ces tests ne vous distraient pas des objectifs de votre club ? Pas du tout ! Je vous dirai même plus : même en étant ici, je pense d'ores et déjà au match contre le MCO à Oran ! Que les supporters du MCA se rassurent : vendredi, lorsque je rentrerai à Alger, ma semaine à Dijon sera oubliée et je me concentrerai à nouveau sur le championnat d'Algérie jusqu'à la fin de la saison. Décidé donc à éventuellement partir en Europe après avoir remporté le titre avec le MCA ? Ah, oui ! Plus que jamais ! Pour moi, il faut rester concentré sur la course au titre. Je pense justement au match d'Oran car je suis convaincu qu'il s'agira d'un véritable tournant. Si nous gagnons à Oran, nous serons champions. C'est pour cela que j'estime que ce match sera très important. ------------------------------------------------- Touati : «C'est un joueur intéressant» Le milieu gauche de Dijon FCO, Youcef Touati, a apprécié les performances de Mohamed Derrag lors de ses essais. «Je pense que c'est un bon joueur. Il a montré des qualités. C'est sûr que c'est un joueur intéressant», nous a-t-il assuré. L'hommage est d'autant plus flatteur que Touati est lui aussi gaucher et joue sur le flanc gauche. De plus, ça vient d'un compatriote. ------------------------------------------------- Personne n'a oublié Metref A Dijon FCO, personne n'a oublié Hocine Metref, dont le passage au sein du club, aussi court soit-il (six mois seulement), a quand même marqué les esprits. En effet, tous ceux que nous avons croisés ont loué sa gentillesse, son humilité, son éducation exemplaire et son sérieux dans le travail. Le sociétaire de l'ESS avait fait le choix de quitter Dijon, mais il a visiblement laissé sa place propre. ------------------------------------------------- Bougherra, l'autre fierté A Dijon, le nom de Bougherra dit beaucoup de choses. C'est, en effet, dans cette ville que l'international algérien des Glasgow Rangers est né et s'est initié au football, dans le quartier Fontaine-Douche. Ici, il suffit de dire «football» et «Algérie» pour qu'on dise «Bougherra» en écho. ------------------------------------------------- Derrag parle bien le français Un facteur aidera bien Mohamed Derrag dans son intégration à Dijon s'il y signe : il parle bien le français, à l'inverse de beaucoup de joueurs algériens évoluant en Algérie. En effet, il avait vécu deux ans en France durant son adolescence, ce qui lui avait permis d'approfondir ses connaissances de la langue française. ------------------------------------------------- Le calme de la région lui a plu S'il y a une chose qui a beaucoup plu à Derrag à Dijon, c'est le calme de cette ville et de la périphérie qui l'entoure. Région d'histoire et chef-lieu du département de la Bourgogne, Dijon n'est pas, pour autant, stressante. De plus, elle possède des espaces verts et des lacs aux alentours qui ont charmé l'attaquant algérien. ------------------------------------------------- Samir et Salah aux petits soins Même s'il n'y a pas beaucoup d'Algériens à Dijon (il y a surtout des Marocains dans la ville), le peu qu'il y en a espèrent que Derrag puisse faire partie de l'effectif du lcub la saison prochaine. Samir, Algérien résidant dans cette ville depuis 9 ans et qui s'était déjà bien occupé de Hocine Metref à son arrivée dans la ville, est aux petits soins de l'attaquant algérien, de même que Salah, un autre Algérien qui, hier, était venu avec sa fille afin de le saluer et prendre de ses nouvelles. ----------------------------------------------------------- Zarour 28 matchs en Ligue 2 dans l'anonymat Depuis quelques mois, la presse a évoqué les noms de dizaines de joueurs d'origine algérienne évoluant en Europe, comme autant de postulants à une place en sélection nationale. Tous ceux dont le nom a une connotation algérienne ont été cités et présentés, sauf un que tout le monde a oublié : Chaher Zarour, défenseur central à Dijon FCO. Pourtant, il n'est ni jeune ni nouveau ni anonyme. En effet, ce longiligne défenseur central (1,88m), âgé de 27 ans, a participé à 28 matchs cette saison avec Dijon, dont 26 en tant que titulaire. Plus même : il a inscrit 3 buts, ce qui est appréciable pour un défenseur. «Les trois sur balles arrêtées, deux de la tête et un du pied», nous a-t-il précisé. Il est vrai qu'il n'est pas non plus maladroit des pieds, avec une prédominance du pied droit. «J'ai été surpris qu'on m'ait oublié» Ses débuts ? «Je suis né aux Lilas, dans la banlieue nord de Paris. Après des débuts dans le quartier, je suis parti au Paris FC où j'ai fait mes classes puis, après un passage à Cannes, en National, j'ai atterri l'été dernier à Dijon.» Il a fait une très belle saison, si bien qu'il est déjà convoité par d'autres clubs. «C'est peut-être que c'est parce que je suis discret qu'on m'a oublié. En tout cas, cela m'a surpris», nous a-t-il confié. «Dommage, car j'aurais aimé aller au Mondial», a-t-il ajouté en riant. «Les Verts ? On verra bien…» Originaire d'Alger (par son père) et de Blida (par sa mère), Zarour a suivi le parcours des Verts comme tous les Algériens. «Bien sûr, il y a eu le fameux match contre l'Egypte à Khartoum qui nous avait tous tenus en haleine. J'étais à Dijon ce jour-là. Si j'avais été à Paris avec ma famille et mes amis, j'aurais certainement défilé sur les Champs Elysées.» Ce qui est certain, c'est qu'il suivra le parcours des Verts lors du Mondial. «Bien sûr que je serai de tout cœur avec eux !», s'exclame-t-il. Quant à une éventuelle sélection après le Mondial, il ne ferme pas la porte. «On verra bien», se contente-t-il de nous confier. «Derrag a plu au staff technique» Au sujet de Mohamed Derrag, il ne tarit pas d'éloges. «C'est vraiment un bon joueur. Il a beaucoup de qualités. Il garde bien le ballon, il sait quand et comment se retourner, il percute… Pour la saison prochaine, ce serait un bon renfort», confie-t-il. Il va même jusqu'à reconnaître que l'attaquant du MCA a plu à ses coéquipiers et au staff technique de Dijon FCO. «Je lui souhaite vraiment le meilleur», conclut-il.