Alors que la mission s'annonçait compliquée, voire impossible, par rapport aux conditions de la rencontre d'avant-hier soir face au WAC, les Sétifiens, comme on les aime, ont relevé le défi et ont réussi, dans un stade plein à craquer et quasi acquis à la cause des Wydadis, à préserver le petit avantage du match aller et à revenir avec le billet de la qualification qui les met dans le dernier carré, à un tour de la finale. Qui croyait encore que cela allait être possible au lendemain des deux premières défaites dans la phase des poules lorsque l'Entente occupait la dernière place avec zéro point ? Qui pouvait encore croire en ses chances dans cette compétition alors que le groupe était complètement disloqué ? Un seul homme seulement, c'est le président Hassan Hammar qui l'a crié sur tous les toits et qui a ramené Rachid Taoussi en lui faisant savoir que l'Entente n'est pas encore éliminée et qu'elle doit jouer et abattre toutes ses cartes jusqu'au bout. Il n'a rien exigé de son entraîneur qui n'était pas responsable des premiers échecs, mais il lui a seulement demandé de jouer comme si l'ESS gardait toutes ses chances. Taoussi dira plus tard que c'est cela qui lui a plu en la personne de Hammar, « et comme je suis un homme des défis », disait le technicien marocain, « je me suis lancé dans l'aventure ». 17 juillet 2018, un groupe est né Le président de l'Entente fera par la suite le ménage dans son effectif en libérant plusieurs éléments qu'il soupçonnait d'avoir miné le groupe et en ramenant de jeunes éléments, jusque-là très discrets, à l'image de Radouani, Ferhani, Ghacha et autres Bouguelmouna. Avec l'arrivée de Taoussi et un groupe de douze nouveaux joueurs, c'est du sang neuf qui a été injectée dans l'équipe et la mayonnaise ne tardera pas à prendre. Le premier test face à Difaâ El Jadida va révéler au grand public une charmante équipe sétifienne, mais avec du caractère. La physionomie du match et la manière avec laquelle les camarades de Ghacha ont arraché la victoire ont montré qu'un nouveau groupe est né. Il fait sensation et il confirme une semaine plus tard à El Jadida qu'il va falloir compter avec lui. L'équipe retrouve la confiance et le match nul concédé face au TP ne va pas l'affecter, d'autant qu'elle a retrouvé du réconfort chez ses supporters qui l'ont applaudie à la fin du match et qui l'ont encouragée à se ressaisir. Vint alors le match où l'Entente devait abattre toutes ses cartes, c'était face au MCA. Ce jour-là, contrairement au Mouloudia, l'ESS a mis son blason africain et a réussi à élever son niveau de jeu, en prouvant encore une fois qu'était l'équipe des grands rendez-vous. 21 août 2018, l'Entente croit en la troisième étoile Dès lors, rien ne lui faisait peur. Elle est revenue de loin, et pour sa prochaine sortie, elle va défier tous les pronostics face au champion sortant et arrache vendredi une qualification en demi-finale de la plus prestigieuse des compétitions africaines. Aujourd'hui, l'Entente a qu'une seule chose en tête : accrocher une troisième étoile sur son maillot. A partir du moment où l'ESS a écarté de la course le tenant du titre à ce stade de la compétition, le rêve devient légitime et personne ne va créer au scandale si Djabou brandit le trophée pour la troisième fois dans l'histoire du club, après l'épopée de 1988 et sa génération dorée des Serrar, Zorgane, Osmani et les frères Bendjablallah pour ne citer que ceux-là, et l'édition de 2014 dans sa nouvelle version où un groupe inconnu au bataillon est monté sur le toit de l'Afrique. Djabou et ses camarades veulent remettre ça, ils y sont presque.
Djabou « Merci au grand Zeghba ! » Dites-nous comment avez-vous vécu et géré la grosse pression du stade et le rand pressing du WAC durant toute la partie ? C'était effectivement une grosse pression, mais on s'y attendait et on y était préparés. On savait qu'on allait vivre des moments difficiles et que le WAC allait jeter tout son poids pour rattraper son retard, mais Dieu merci, nous avons pu résister et nous avons réussi à nous dresser devant eux en les écartant de la compétition. Nous avons préservé notre avantage du match aller, car nous étions déterminés à le faire et à revenir avec la qualification, c'était la promesse qu'on avait faite à nos supporters. Tant mieux pour nous, mais le chemin ne s'arrête pas là, il y a d'abord cette demi-finale qui ne sera pas du tout facile, car les équipes qui arrivent à ce stade sont toutes favorites pour le titre. Quel est votre sentiment après cet exploit ? Nous sommes très contents, mais aussi fiers de ce que nous avons réalisé, car il n'est pas donné à tout le monde de tenir en échec une équipe comme celle du WAC qui n'est autre que le tenant du titre dans son antre et devant son public. Nous avons livré un grand match et cette qualification est l'œuvre de tout le groupe, du staff technique, des dirigeants et des supporters qui nous ont soutenus dans les moments difficiles. C'est le fruit d'un travail de dur labeur. Il ne faut pas oublier Zeghba qui a été pour beaucoup dans cette qualification, non ? Oui, certainement, il a fait un grand match et nous avons vu un grand Zeghba qui a été un véritable rempart et qui a anéanti toutes les tentatives de l'adversaire durant les 90 minutes de jeu. C'est en effet grâce à lui que nous avons préservé l'avantage du match aller, il a arrêté plusieurs occasions de but, avec des arrêts décisifs et il nous mettait en confiance en même temps. On ne remerciera jamais assez. Des supporters se sont déplacés avec vous pour vous soutenir, c'était important pour vous ? Bien sûr que c'était important, car avant tout, c'est un soutien moral d'abord. Je les remercie pour ces sacrifices et ce dévouement, sans oublier ceux qui étaient présents au stade au match aller, ils ont été d'un énorme apport pour nous. Dieu merci, nous ne les avons pas déçus et j'espère qu'on leur offrira d'autres victoires et qu'on vivra ensemble d'autres grands moments. Comment expliquez-vous le retour en force de l'Entente en Ligue des champions alors que personne ne misait un seul sou sur elle à l'issue de la deuxième journée de la phase des poules ? Il n'y a qu'une seule explication à mon avis, c'est que tout le monde, joueurs, staff technique, staff médical, dirigeants, a cru en les chances de l'équipe. C'est la solidarité entre les joueurs et l'union de toutes les forces qui fait que l'Entente parvienne jusqu'à ce stade de la compétition. J'espère qu'on va réserver cet état d'esprit pour aller le plus loin possible dans cette compétition et pour réaliser une très belle saison.