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Ighil : «J'ai vécu deux moments terribles en prison : la mort de ma mère et celle de Kheddis»
Publié dans Le Buteur le 14 - 05 - 2010

« Mon père a passé 3 ans de prison en tant que Moudjahid, dans les geôles françaises. Il était à Sétif et moi, pas loin à Bouira. »
Est-ce qu'on vous a dit que d'autres personnes auraient mérité d'être en prison à votre place ?
Je n'ai pas la capacité de juger et de dire qui doit mériter une sanction ou pas. Mais enfin, ça ne changeait pas grand-chose. J'étais là et j'ai purgé toute cette peine. J'ai essayé au début de m'habituer et m'adapter à cette nouvelle situation très difficile, mais il fallait survire, puis carrément penser à vivre. Cette espèce de gène ou de retenue que j'avais commençait petit à petit à s'estomper et puis on finit par redevenir monsieur tout le monde. On mène une vie comme celle d'un grand quartier avec des voisins et des règles de vie autour. Mais je tiens à souligner le respect qui m'a été témoigné par les détenus et par tous ceux qui étaient là, que ce soit le personnel du pénitencier ou autres.
On ne vous a jamais manqué de respect ?
Jamais ! Depuis mon arrivée jusqu'à mon départ, jamais je n'ai été confronté à quoi que ce soit de ce genre. Aucun mot de déplacé ou de trop, ou même la moindre insinuation. Franchement, pour cela, je dirai hamdoullah. Je vais peut-être vous étonner, mais j'ai même été honoré en prison ! Chose qui ne m'a pas été faite à l'extérieur. (Il sourit). A chaque grande occasion comme l'Aïd ou autre, on nous organisait des fêtes, parce qu'il y a des fêtes en prison, si vous ne le savez pas ! Il y a aussi beaucoup d'activités pour les détenus qui le désirent. On fait du sport, on joue au foot, on organise même des tournois ! Il y a aussi des gens qui poursuivent leurs études et ceux qui suivent une formation pour préparer leur réinsertion…
Il y a une vie qui continue en prison ?
Oui, il y a une vie qui se poursuit pour ceux qui veulent rentabiliser et fructifier leur séjour en prison. Il y a une main qui est toujours tendue en prison pour ceux qui veulent bénéficier de quelque chose durant ce séjour forcé. Il y a toujours une possibilité pour ceux qui veulent apprendre…
Et vous, comment aviez-vous fructifié votre séjour ?
Je m'étais inscrit dans cette dynamique et j'ai suivi une formation de 18 mois dans la botanique. C'était tellement intéressant et instructif ! J'ai fait aussi un peu d'informatique et j'ai surtout organisé des tournois de football à chaque fois qu'il y avait des occasions, des prix étaient décernés pour les participants et les organisateurs de ces activités dont je faisais partie. C'est comme cela que j'ai été honoré par les responsables du pénitencier. Mais c'est toujours un peu délicat de passer du temps dans ce genre de lieux, malgré tout ce qui vous est proposé dedans. Parce que vous ne pouvez pas oublier où vous êtes. Il n'y a pas d'échappatoire. Vous avez beau être estimé, valorisé et tout, il y aura toujours quelque chose qui vous fait rappeler que vous êtes privé de votre liberté. C'est cela qui est le plus difficile en fait. C'est d'être privé de sa liberté et d'être loin de ses enfants. De ne pas pouvoir protéger ses enfants et sa famille ou tout simplement d'être auprès d'eux en cas de maladie. Toutes ces interrogations-là vous dépriment et vous rendent le quotidien très pénible à surmonter.
Comment passe-t-on son temps à l'intérieur ?
En fait, il y a une vie collective et il faut s'organiser. En fait, c'est un endroit avec des règles à respecter, il faut se discipliner, il y a des horaires et un organigramme à respecter par tout le monde. Il y a des horaires pour les études, la lecture ou la formation. Même pour sortir, faire la sieste, etc. Il y en a qui passent des examens grâce aux cours par correspondance. J'en ai même vu certains réussir leur bac en prison ! Pour ceux qui le désirent, ils ont cette chance de pouvoir s'accrocher à la vie pour redémarrer sur de bons rails à leur sortie de prison.
Vous lisiez la presse régulièrement ?
On avait pratiquement tous les journaux et même la télévision ! Chacun était abonné à un quotidien et on se les échangeait entre nous. On demandait surtout les journaux sportifs, bien évidemment. En termes d'information sportive, je peux vous assurer donc que moi personnellement, je n'ai pas perdu une miette de ce qui s'est passé. J'étais au courant de tout ce qui se passait dans les moindres détails même.
Vous avez donc bien suivi les éliminatoires des Verts, non ?
Et comment ! Je n'ai pas raté un seul match. J'ai vécu ces éliminatoires avec les mêmes tensions et la même passion qui m'ont toujours animé. Ils nous ont fait vivre des moments vraiment exceptionnels.
Quels joueurs étaient les plus appréciés ?
Je dirai tous étaient appréciés et adulés, en fonction de leur rendement individuel pendant le match. Je me rappelle qu'après le fameux match d'Oum Dourman, c'était le nom de Chaouchi et Yahia qui revenaient le plus souvent. On ne parlait que d'eux après le match, mais on se demandait avant comment Meghni allait se débrouiller. Yebda aussi a été époustouflant, tout comme Halliche, Ghezzal ou Bougherra. Tous avaient leurs fans et tout le monde a scandé les noms de Matmour, Saïfi ou Karim Ziani. Comment ne pas les aimer après une telle qualification ! Tous les joueurs méritaient notre respect et nos remerciements. Ils sont devenus de vrais héros, des idoles ! Mais moi, de par mon vécu sur le banc en tant qu'entraîneur, je n'oublierai pas de souligner le travail ds staffs technique, médical et le personnel administratif qui ont tous veillé à ce que les joueurs atteignent un tel niveau de forme. Parce que si l'équipe est arrivée là où elle en est, c'est aussi grâce aux hommes de l'ombre qui ont préparé le terrain d'une telle réussite.
Comment était l'ambiance pendant les matchs de l'EN ?
Extraordinaire ! Vous ne pouvez pas imaginer l'ambiance qui y régnait. Lorsque l'EN s'apprêtait à jouer un match, c'était la mobilisation générale. On ne parlait que du match est des joueurs. C'est incroyable la passion qui s'est emparée des gens. J'ai vu avec plaisir comment l'EN fédérait les uns et les autres. C'était incroyable ! Même après les lendemains des matchs et des victoires, les gens s'identifiaient aux joueurs en se faisant appeler Ziani, Bougherra ou Matmour. Chacun avait un joueur qu'il aimait et adulait comme si c'était un proche.
Si demain vous redeveniez sélectionneur des Verts, vous emmèneriez vos joueurs rendre visite aux détenus qui les adulent autant ?
(Il se marre un bon coup). Je ne sais pas, je ne sais pas… Cela relève des initiatives personnelles des gens. Vous savez, lorsqu'on est en prison, toutes les visites sont les bienvenues. Que dire donc d'une visite de ce calibre là ! En tout cas, cela donnerait énormément de joie à ceux qui sont dedans. Ça leur donnerait aussi beaucoup de courage pour tenir. Mais je ne sais pas si c'est possible.
Vous avez vécu des événements qui se sont produits à l'extérieur alors que vous étiez dedans. Quel a été le moment le plus dur à vivre ?
Tous les jours ont leur poids. A chaque jour suffit sa peine, comme on dit. Mais les grands jours que nous avons vécus nous ont aidés à passer la journée un peu plus rapidement. Ça les aide beaucoup à tenir le coup. Lorsque vous vous fixez un rendez-vous, cela vous permet de vous accrocher à une date et de tenir un peu plus.
Vous avez aussi vécu des moments terribles en apprenant le décès de votre chère maman en prison. Comment l'aviez-vous appris ?
C'est encore très difficile de se le rappeler. J'avais laissé ma mère et mon père qui étaient âgés et malades tous les deux. C'était un de mes soucis majeurs. En fait, la grande hantise qu'on peut avoir lorsqu'on est emprisonné, c'est de penser constamment qu'on peut perdre un être cher à tout moment et ne pas être à ses côtés. C'est un sentiment tellement douloureux qu'il faut le chasser de son esprit aussi vite qu'on y pense. Sinon, ça devient trop dur à vivre. Et la mort de ma mère Allah yerhamha a été sans doute le plus dur moment de ma vie, parce que je l'avais appris de façon tout à fait particulière. Pénible, tragique même !
Qui vous a appris le décès de votre mère ?
En fait, j'étais en train de lire un journal et puis je tombe sur des condoléances qui m'étaient adressées, pour la perte de ma mère. J'ai lâché le journal de mes mains et j'ai reculé de stupeur. Je ne pouvais pas admettre que ça me concernait, que ça tombait sur ma tête de cette manière si violente. Puis, c'était le trou noir, le tourbillon dans ma tête. (Il se tait un long moment). C'est dur de perdre sa maman, de ne pas pouvoir être présent pour au moins l'enterrer.
Pourquoi on ne vous a pas permis d'assister à l'enterrement de votre propre maman ?
D'après ce qui ma été rapporté, les personnes qui étaient habilitées pour prendre la décision de me laisser sortir n'avaient pas pu être jointes à temps, ce qui avait rendu impossible ma sortie pour me rendre à son enterrement. Je n'ai donc pas pu sortir et je ne l'ai appris qu'une fois que c'était fait. C'était le moment le plus terrible à vivre, c'était très, très, très difficile à surmonter. Parce qu'on est toujours hanté par cette image. Cela a duré plusieurs mois. Là vraiment, j'ai sombré. En fait, on sent qu'un repère important de son existence, de sa propre vie, vient de disparaître. Quand on perd sa maman, on perd beaucoup de choses avec. Ma mère, c'est comme toutes les mères, elle représentait tout à mes yeux. Disparaître de cette façon, sans que je sois à ses côtés pour au moins l'accompagner dans ses derniers moments de vie, son dernier souffle. Je sais que c'est la vie et que nous sommes tous appelés à partir un jour, mais je me dis que j'ai raté un devoir exceptionnel dans ma vie. L'ultime devoir que je devais avoir envers ma mère, je n'ai malheureusement pas pu le faire ; celui de pouvoir l'enterrer, moi son fils unique. Je ne l'ai pas fait et ça me brûle encore le cœur. C'est extrêmement dur…
Malheureusement encore, à votre sortie de prison, vous perdez aussi votre père…
Malheureusement oui, un autre coup du sort, mais le fait d'être sorti de l'avoir revu, d'avoir vécu avec lui ces derniers moments, ça ne me réconforte pas beaucoup, mais je l'ai pris un peu mieux que la perte de ma mère. A dire vrai, on n'était pas restés longtemps ensemble, on ne s'est vus que trois semaines après ma sortie. Il est tombé malade, on l'a emmené à l'hôpital et 48 heures plus tard, il décédait. Je n'ai pas pu profiter de sa présence. On n'était pas restés assez ensemble. Trois semaines, c'est très peu. Lui aussi est parti, mais j'ai eu au moins la chance d'être là pour l'accompagner dans ces moments importants. J'ai été à l'hôpital, je l'ai enterré moi-même… En fait, je me dis Al hamdoullah que j'ai pu être là au moins pour lui, qu'on s'est vus avant qu'il parte. Mais il y a eu aussi d'autres moments durs en prison…
Comme la disparition de votre ami de toujours, Mohamed Kheddis ?
Oui, c'est de lui que je voulais parler. En prison, j'ai eu deux coups durs : la perte de ma mère et celle de Mohamed Kheddis qui était un ami d'enfance. Voilà les deux coups durs que je n'ai pas encore acceptés. Il y a deux sillons qui resteront tracés à vie dans mon cœur : la perte de ma mère et celle de Mohamed Kheddis qui est parti brusquement, alors que deux mois auparavant, il était venu me rendre visite avec l'association Ouled El houma. Je l'avais trouvé en bonne santé et bien portant. En regardant la télévision, je vois son image avec un commentaire qui annonçait qu'il avait succombé à une crise cardiaque. Ce n'est pas évident à vivre, surtout dans cet endroit.
Votre fils Anis est également footballeur au PAC. Quel regard portez-vous sur son jeu ?
Mon fils a toujours aimé le football depuis qu'il était tout petit, un peu comme tous les jeunes. Je ne lui ai jamais interdit de s'adonner à sa passion. C'est vrai que j'ai été là pour l'encourager à poursuivre, mais sans trop intervenir dans ce qu'il faisait. Il a fait toutes ses classes au NAHD et en cadet et juniors, je le voyais se débrouiller pas mal. Il lui reste donc à franchir d'autres paliers pour arriver là où il ambitionne d'être un jour. Il sait que c'est un métier qui demande beaucoup de sacrifices. En tout cas, je n'interviendrai pas dans sa carrière, en dehors de quelques conseils de père. Vous savez, dans le football, on fait sa carrière tout seul.
Beaucoup disent que Anis aurait eu sa chance au NAHD si son papa était dehors, vous êtes de cet avis ?
Je ne sais pas, mais c'est vrai qu'il n'a pas été aidé. Mais je lui ai toujours dit que quand on travaille, lorsqu'on y croit et qu'on se donne à fond, ça finit toujours par payer un jour ou l'autre, malgré les entraves et les embûches. Mais je sais qu'il a les qualités pour devenir un footballeur, en attendant qu'il bosse beaucoup plus pour émerger complètement.
Est-ce que vous pensez que le regard des gens et des amis a changé aujourd'hui ?
C'est vrai que c'était quelque chose que j'appréhendais beaucoup, même si mentalement, je m'étais un peu préparé à cela. Mais en fait, on ne l'est jamais suffisamment de ce côté-là. Car le jugement des autres est toujours sujet à interprétation, quoi qu'on en pense. Parfois, on adopte son attitude ou son comportement en fonction des personnes qu'on a en face de soi. Même si j'évite de me laisser influencer par l'ambiance extérieure, on ne peut pas y échapper malheureusement. C'est vrai qu'au début, en retrouvant ma famille, j'avais plus envie de rester à la maison auprès des miens, d'être entouré d'amis qui venaient me rendre visite tous les jours. Dans le regard de ceux-là, je n'ai senti aucune appréhension, aucune gêne. Bien au contraire, ils m'ont toujours soutenu, encouragé ma famille et moi. Beaucoup de mes amis ont répondu présents en mon absence. Ils me l'ont fait savoir à travers le soutien qu'ils ont apporté à ma famille. Et puis, j'ai eu l'agréable surprise, une fois que j'avais décidé d'affronter le monde extérieur, de découvrir que je n'avais pas à m'inquiéter plus que ça. Les événements de la vie ont fait que j'ai eu à le faire plus vite que je ne le souhaitais, déjà par la perte de mon père. Beaucoup de gens sont venus à l'enterrement et donc j'ai eu à renconter beaucoup de gens très rapidement. Et bien entendu, j'étais plus préoccupé par la perte de mon père que par le regard des gens. Mais je peux vous assurer que je n'avais pas senti de regard gênant.
Ça aide beaucoup de se sentir toujours accepté ?
Bien sûr que ça aide. C'est très encouragent quand on lit la compréhension dans les yeux des gens. Ça vous donne envie d'aller vers eux, en tout cas.
Est-ce qu'ils étaient tous là, justement ?
Je dirai même que beaucoup de gens que je ne connaissais pas étaient venus me rendre visite, parmi eux des supporteurs aussi. Et puis, je me suis mis à sortir dans la rue, comme je le faisais avant, normalement, simplement. Je ne savais pas comment j'allais être reçu. Vous savez, dans des moments pareils, c'est dur de cerner la situation. J'étais à l'affût des regards et j'attendais une remarque, un rictus, puis enfin de compte, hamdoullah, rien de tel n'est arrivé. Les gens ont eu des regards tout à fait positifs à mon endroit. C'est cela aussi qui m'a encouragé à reprendre goût à la vie, à m'aider à comprendre et me faire comprendre. En fait, il y a toujours des regards indécryptables de personnes inconnues. A mon âge, on finit par lire ce qui est exprimé dans le regard des autres. Mais je dis encore hamdoullah, je n'ai pas vu de regards hostiles.
Et puis, pourquoi pensez-vous que vous méritez tant d'hostilité de la part des gens, vous qui avez mis toute votre vie au service du pays ?
Vous savez, quand on a fait de la prison, c'est très gênant. Enfin, il y a certainement ceux qui s'en accommodent plus que d'autres, mais pour ma part, c'est très gênant en tout cas. Dans ma famille, quand on parle de prison, c'est trop lourd comme terme. En avoir fait, c'est terrible !
Vous êtes peut-être le premier de toute votre famille à en avoir fait, non ?
Mon père en a fait lui, mais dans les geôles françaises, en tant que Moudjahid. Mon père, Allah yerrahmou, a été un vrai miraculé dans la bataille d'Annaba. C'était l'un des survivants et il a été blessé à mort, mais Dieu lui a accordé une longue vie, malgré le fait qu'il soit criblé de balles. Il a été par la suite en prison et il est resté lui aussi, trois ans ! Comme quoi, le destin… Lui était à Sétif et moi pas loin, à Bouira.
Passons maintenant à l'EN. Qu'en pensez-vous en tant que technicien ? Pourriez-vous nous décortiquer les faiblesses et les forces des Verts actuels ?
(à suivre…)


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