Abdoun : «La flamme est plus vive qu'à Khartoum» Jamais les internationaux algériens arrivés hier à la gare de Lausanne par train, en provenance de Paris, ne s'imaginaient qu'ils allaient trouver un nombre conséquent d'Algériens à leur arrivée. Lorsque le TGV est entré en gare à 16h37, sur le quai numéro 5, il y avait déjà près d'une centaine de supporters, venus individuellement ou en famille, à les attendre. Résultat : une effervescence qui a sidéré les voyageurs et employés suisses de la gare, habitués plutôt au calme dans cette ville où il est rare de voir quelqu'un élever trop la voix. Fausse alerte à 11h37 Il faut dire que les supporters algériens ont galéré pour voir leurs idoles. Cela avait commencé la matinée. Sitôt après avoir appris, en consultant le site web du Buteur, que des joueurs allaient faire le trajet Paris-Lausanne par train, des Algériens se sont précipités vers la gare pour s'enquérir de l'horaire d'arrivée du premier train. C'était 11h37 et ils étaient des dizaines à faire le pied de grue sur le quai, drapeaux et écharpes algériens déployés. Malheureusement pour eux, aucun joueur n'est venu dans le train en question et les voyageurs qui y descendaient ont été surpris par cette foule venue attendre des gens qui ne sont pas venus. Déçus, certains Algériens ont aussitôt pris la route ou le train pour l'aéroport de Genève en espérant qu'il y aurait des joueurs qui arriveraient par le vol Alger-Genève d'Air Algérie. L'arrivée confirmée pour la fin d'après-midi Ceux qui étaient restés à Lausanne ont guetté chaque arrivée en provenance de Paris et, à chaque fois, ont été déçus. Il ne restait qu'un seul train dans la journée, avant ceux de la nuit : celui qui devait arriver à 16h37. Un ami d'enfance de Madjid Bougherra, Wissam, présent à la gare, a confirmé aux supporters que les joueurs étaient présents dans ce train-là. Ceux qui s'étaient rendus à l'aéroport de Genève ont été prévenus par téléphone et, aussitôt que le bus transportant les joueurs arrivés par avion eut démarré, ils se sont empressés de parcourir les 65 kilomètres séparant l'aéroport de Lausanne.
Un obscur comité de Lausanne s'est fait rabrouer A la gare, les chants à la gloire des Verts se sont amplifiés à mesure que l'heure d'arrivée approchait. Un quadragénaire, se présentant comme membre d'un comité d'Algériens vivant à Lausanne, a demandé aux supporters que ce soit lui seul qui approche les joueurs afin de les saluer au nom de tout le monde et de leur remettre un bouquet de fleurs, mais il a essuyé un refus catégorique, surtout de l'un d'eux qui s'est écrié : «Je suis venu de loin, de très loin, pour prendre quelques photos et tu me dis de ne pas m'approcher ? Jamais ! Je ne reconnais pas ton comité et je ferai ce que je veux !» 16h37 : Ziani descend en premier du train A 16h37 tapante (en heure locale, c'est-à-dire à 15h37 heure algérienne), le train a fait son entrée sur le quai. «Ils sont en première classe», lance Wissam, décidément très bien informé. Tout le monde guette le wagon de première classe, signalé par un bandeau en rouge sur la voiture. Or, il y avait deux wagons de première classe. Dans le doute, les supporters se sont séparés en deux groupes, chacun s'étant approché d'un wagon. Finalement, c'est de celui de l'avant que Karim Ziani a fait son apparition, sautant sur le quai d'un pas svelte en traînant sa valise. Il a été tout de suite suivi par Djamel Abdoun. Les ayant aperçus, les supporters accourent vers eux. Les joueurs n'ont refusé aucune sollicitation Anthar Yahia et Madjid Bougherra, les derniers des quatre à descendre du train, sont littéralement happés par la foule. Les «Bougherra, allez allez allez !», «Karim Ziani ! Allahou Akbar !», «Ou Anthar dialna !» et «Abdoun ! Abdoun !» fusent et s'entremêlent au gré de la répartition des supporters autour des joueurs. Ces derniers, surpris par un accueil aussi important, se montrent toutefois très disponibles. Avec une gentillesse et une amabilité rares en pareilles circonstances, ils se sont pliés à l'inévitable séance de photos souvenir et de signatures d'autographes et de maillots. Les quatre étaient autant sollicités et ils ont eu du mal à s'extraire de la foule. Toutefois, ils n'ont décliné aucune sollicitation, souriant beaucoup, affichant une très grande décontraction. Bougherra heureux de trouver Wissam Madjid Bougherra était heureux de trouver, en plus des supporters, son ami Wissam à l'accueil. Ils se sont donné rendez-vous à Crans-Montana, pour peu que les entraînements soient ouverts au public. Un Algérien, croyant déceler de la nervosité chez le défenseur des Glasgow Rangers, lui a lancé : «Il ne faut pas avoir peur !» Bougherra a répliqué, souriant : «Je n'ai pas peur. Pourquoi devais-je avoir peur ?» Puis, il a posé avec tous les supporters qui l'ont sollicité. C'est difficilement que les agents de l'hôtel Golf & Palace chargés de les transporter ont pu les extraire de la foule pour les emmener au parking. «Anthar, refais-nous le coup de Khartoum !» «Anthar, s'il te plaît, refais-nous le coup de Khartoum !», a supplié un supporter à l'adresse de Yahia, qui s'est contenté de répondre avec un sourire ; «Karim, faites-nous plaisir encore une fois. Il y a 35 millions d'Algériens qui vous attendent», a crié à Ziani ; «Magic, on sait qu'avec toi, Ronney et Crouch ne passeront pas !», a dit un autre à Bougherra ; «Djamel, cette Coupe du monde, c'est la tienne», a lancé une dame à Abdoun… C'est là un simple échantillon des multiples jolis mots que les supporters ont adressés aux quatre joueurs, signe que l'attente est vraiment grande parmi les Algériens. 16h58 : départ vers l'hôtel sous les hourras C'est à 16h58, soit plus d'une vingtaine de minutes après l'arrivée du train, que les joueurs ont enfin pu montrer dans le fourgon noir que la direction de l'hôtel Golf & Palace leur a envoyé. Le véhicule s'est ébranlé sous les hourras des supporters, descendus jusqu'au parking. Quelques minutes plus tard, la gare de Lausanne a retrouvé son calme légendaire, perturbé par une liesse inhabituelle que seuls les Algériens peuvent créer. Désormais, dans toute la Romandie, on sait que la sélection algérienne est là… ------------------------------------------------- Yahia : «Content d'être au stage au premier jour» «Je suis très content d'être au stage au premier jour. Ma joie est décuplée en voyant que des Algériens sont venus jusqu'ici, à Lausanne, pour nous recevoir. C'est vraiment touchant. J'entame ce stage avec les meilleures dispositions morales et physiques. Je me sens très en forme et en possession de tous mes moyens.» Bougherra : «Cette foule m'a agréablement surpris» «Je suis vraiment agréablement surpris par cette foule venue nous attendre. Je ne m'y attendais vraiment pas. C'est très motivant avant le début du stage. Nous sommes contents de nous retrouver pour ce stage qui est très important. Nous nous sentons déjà dans le Mondial.» Abdoun : «La flamme est plus vive qu'à Khartoum» «Cela fait vraiment plaisir de trouver un tel accueil. C'est motivant pour le stage. La flamme de Khartoum est non seulement encore vivante, mais elle est encore plus vive car la qualité de la compétition et des adversaires nous poussera à nous transcender.»