Paul Robach, responsable du pôle de recherche biomédicale à l'Ecole nationale de ski et d'alpinisme de Chamonix. L'altitude pourrait influencer «la physionomie des matchs» et peser sur la hiérarchie entre les équipes lors de la Coupe du monde en Afrique du Sud, estime Paul Robach, responsable du pôle de recherche biomédicale à l'Ecole nationale de ski et d'alpinisme de Chamonix. L'altitude risque-t-elle de changer la nature du jeu, notamment pour les demi-finales et finale disputées à Johannesburg (1750 m) ? Oui. L'altitude modifie les trajectoires de balle tout en augmentant nettement la fatigue des joueurs. A haut niveau, où le moindre grain de sable compte, c'est suffisant pour envisager que la physionomie des matches en soit profondément modifiée. On constate par exemple que la fatigue semble favoriser l'attaque, puisqu'il y a plus de buts marqués en deuxième mi-temps qu'en première. Mais il faudra tenir compte des différences entre athlètes dans l'adaptation à l'altitude, et ces variations individuelles sont très importantes. Les équipes latino-américaines, plus habituées à cet environnement, sont-elles avantagées ? Pour les joueurs engagés dans des championnats disputés en altitude, il y a un avantage physiologique puisque leur corps a eu tout le temps de s'acclimater. Mais il y a aussi un bénéfice «stratégique» pour ceux qui ont joué de nombreuses fois en altitude, même si ces matches sont anciens. Ils ont gagné en expérience, savent comment leur corps réagit et connaissent la dégradation technique induite par la raréfaction de l'air. Rappelons cependant que le Mondial ne se dispute pas à des hauteurs discriminantes, comme l'avait été le match Bolivie-Argentine à La Paz (3650 m) pendant les éliminatoires. La supériorité des footballeurs andins ne sera pas aussi écrasante. Faut-il redouter un type de dopage particulièrement adapté à l'altitude ? Je ne me prononcerai pas sur les pratiques des footballeurs. Mais on a réalisé en 2008 une étude montrant que le dopage à l'EPO décuple ses effets en moyenne altitude. L'organisme a encore la capacité d'utiliser le plein potentiel de ses globules rouges, ce qui n'est plus le cas en haute altitude, et ce paramètre est plus décisif qu'en plaine. Alors oui, des gens pourraient être tentés. Et les contrôles inopinés semblent la meilleure arme: une semaine après une injection, il n'y a plus aucune chance de détecter quoi que ce soit.