Les yeux rêveurs, Mesbah avait du mal à croire ce qu'il lui arrivait subitement. Hyper impressionné par la présence d'une foule devenue plus compacte à sa vue, Djamel Mesbah a bien savouré ce premier contact avec les supporters des Verts venus à sa rencontre dans cet aéroport de Genève «algérianisé» à outrance par nos ressortissants. Les yeux rêveurs, Mesbah avait du mal à croire ce qu'il lui arrivait subitement. «Pas là ! Pas dans ce pays si paisible d'habitude !», devait-il sans doute se dire. Il était tellement épaté par ces frères et sœurs inconnus qu'ils découvraient pour la première fois de sa vie, mais qui lui donnaient l'accolade comme des cousins qui l'ont vu grandir. Il illuminait l'espace plus que son nom ! Il était heureux Mesbah et son visage juvénile rayonnait et illuminait plus que son patronyme le sombre espace d'où il venait de débarquer. Emmené par la foule au gré des embrassades et des sollicitations de ses fans qui en voulaient toujours plus, tantôt pour eux et tantôt pour leurs enfants, Djamel le généreux était manifestement heureux dans ce bain de foule. C'est avec le même plaisir qu'il se laissait bercer à l'envi, comme une symphonie, ou mieux encore, comme une algue «Verte», dans un océan. Le joueur de Lecce mesurait sur place l'ampleur de sa nouvelle popularité et dégustait le moment sans modération. Il était bien dedans cette fois ! «C'est fou comme ils sont nombreux !» «C'est fou comme ils sont nombreux», répétait-il en cachette à un proche qui lui arrachait l'une des deux petites valises qu'il traînait péniblement entre les pieds qui le mobilisaient sur place. Il était attaqué de toutes parts, tel un convoi empli de trésors. Mais des attaques douces et rassurantes, qui n'atteignaient que son petit cœur de plus en plus serré par tant de bonheur qu'on lui manifestait. Il passait d'un supporter à l'autre. D'un bébé qu'on lui tendait pour éterniser le moment, à une vieille dame qui ne s'est pas retenue pour lui demander une photo. Il signait tout ce qu'on lui tendait, histoire de renvoyer l'ascenseur à ses fans. On lui aurait demandé de signer sur le foulard d'une vieille dame qu'il n'aurait pas tiqué ! Laïfaoui connaît mieux que lui comment dérouter la grande foule La séance a duré un bon quart d'heure et Mesbah ne montrait aucun signe de lassitude, tellement il était touché par cet accueil royal que ses compatriotes lui avaient réservé. Agglutinés à lui, ces derniers l'ont suivi jusqu'à la sortie où l'attendait le chauffeur que lui avait envoyé la direction de l'hôtel Royal où résident les Verts. Ce n'est qu'une fois sur place qu'il a fait la connaissance d'un de ses coéquipiers, venu lui d'Alger. Il s'agit de Abdelkader Laïfaoui qui, tout expérimenté qu'il est de ce genre de rushs propres aux supporters des Verts, a bien su comment éviter la grande foule et se faufiler sans heurts, dans la voiture. Être international algérien, c'est aussi un métier à plein temps que Mesbah devra vite se mettre à apprendre. Bienvenu parmi les tiens Djamel ! Mesbah : «Je n'imaginais pas un tel accueil !» * Quel accueil pour une première, Djamel ! Franchement, c'est surprenant de voir autant de monde à l'arrivée, surtout dans un aéroport aussi paisible que celui de Genève. C'est vraiment génial ! * Qu'est-ce qu'on ressent dans de tels moments ? On est heureux, très heureux, comme je le suis en ce moment. Vous ne pouvez pas imaginer combien je le suis. Et comment ne pas l'être après tant d'amour ! Franchement, je commence à bien comprendre ce que disaient les autres joueurs à leur arrivée dans l'équipe. * En plus, cela n'est qu'un aperçu de ce que vous allez vivre à partir d'aujourd'hui avec les Verts ! Je suis déjà comblé comme ça, avec autant de monde qui m'entoure. Je voudrais tous les remercier de m'avoir accueilli de la sorte. Forcément, cela me donner encore plus d'envie de me surpasser pour gagner ma place dans cette merveilleuse équipe, mais aussi pour défendre les couleurs de mon pays, comme l'attendent de nous tous nos compatriotes. J'espère qu'on va bien bosser à Crans-Montana pour que l'équipe soit prête le jour J et relever le défi du Mondial. * Est-ce que Saâdane vous a spécifié le poste pour lequel il vous a sélectionné ? Non, pas du tout. Je sais juste qu'il m'a pris pour ce que je fais avec mon club. Je joue dans le couloir gauche, devant comme derrière. Je me mettrai à la disposition du coach où qu'il le voudra. C'est à lui de décider. Je n'ai pas à discuter ses choix. C'est lui qui connaît les besoins de l'équipe. * La Serie A n'est pas très loin en cette fin de saison, non ? Non, mais ce n'est pas encore gagné, car on a raté notre dernier match et les choses ne sont pas encore tout à fait claires. On va voir cela dans les jours à venir et j'espère qu'on ne va pas rater l'accession après tant d'efforts cette saison.