Un éminent spécialiste espagnol pour opérer Meghni Il y avait de l'émotion dans l'air hier matin, lors de la conférence de presse organisée par Saâdane à Crans-Montana. Au départ, on s'apprêtait juste à écouter ce qu'allait dire le sélectionneur au sujet de son équipe, mais aussi et surtout sur le sujet qui occupait tous les esprits depuis qu'il a été officialisé par la FAF : le forfait de Mourad Meghni. Mais personne ne se doutait qu'on allait vivre un moment aussi fort en émotions. Le coach avait le cœur plein En cette matinée ensoleillée, Saâdane n'est pas venu seul. Il y avait avec lui Yazid Mansouri et Rafik Saïfi. Soit, le capitaine principal et son second. Un choix qui collait parfaitement à la gravité de la situation et le ton pesant qui allait entourer la rencontre. Quand le sélectionneur national avait pris la parole, on ne s'imaginait pas à ce moment qu'il allait craquer cinq minutes plus tard, en évoquant le cas de Mourad Meghni. On savait tous qu'il allait en parler mais pas avec autant d'émotion, encore moins avec des larmes aux yeux. Saâdane avait le cœur plein et cela se voyait clairement sur son visage. Mais personne ne pouvait deviner qu'il était carrément bouleversé par le départ forcé d'un de ses joueurs. «Excusez-moi…» Sa voix baissait à chaque fois un peu plus, frisant l'aphonie, dès lors qu'il s'apprêtait à évoquer le nom de Meghni. Puis, vint l'instant tant attendu par tous : «Nous perdons en lui un très grand joueur dont le rôle au sein de l'équipe est majeur», finit-il par lâcher. «Nous le regrettons déjà amèrement. On ne peut plus rien faire pour lui sur le plan médical. On a tout essayé pour le récupérer, en vain. Le sort en a décidé autrement. Allah ghaleb. Pour moi, personnellement, ça a été très dur…», dira Saâdane avant de se taire, la tête baissée, les yeux embués de larmes et l'air réellement abattu. «Excusez-moi», susurra-t-il d'une voix à peine audible aux journalistes. Il tente malgré tout de se reprendre, mais l'émotion le submerge à nouveau et l'empêche de parler. L'ambiance devient aussitôt lourde et personne n'osera placer un mot de plus. «Cheikh, arrête un peu et repose-toi un moment», lui suggère Saïfi Les journalistes l'observaient par moments, gênés par tant de fragilité ambiante et chacun tentait de trouver refuge dans le regard des présents aux côtés du cheikh. Tout le monde était en émoi, la gorge nouée. Le cheikh n'en pouvait plus et son état ne tardera pas à contaminer les journalistes présents. Certains n'ont pas pu retenir leurs larmes. Il se tait et s'arrête pendant 27 secondes aux allures d'une éternité, puis s'excuse une fois de plus auprès de tous. Il tente de se reprendre une nouvelle fois, en vain. Emu lui aussi, Rafik Saïfi vient à sa rescousse en lui enlevant le micro : «Cheikh, arrête un peu, repose-toi quelques minutes, après tu reprendras, si tu veux.» Mais le cheikh insiste et poursuit, même difficilement… «Je suis triste parce que nous formons une vraie famille dans cette équipe» «Maâliche, vous savez, je suis triste parce que nous sommes une vraie famille dans cette équipe, mais parfois, on se trouve dans des situations comme celle-ci, où il faut prendre des décisions aussi difficiles. Malheureusement, la décision est là et on ne pouvait pas l'éviter», ajoute Saâdane les yeux emplis de larmes. Le moment est fort en émotions et les journalistes ne voulaient pas remuer le couteau dans la plaie. On le ménage totalement. On compatit avec sa douleur, notre douleur commune ! On se demandait comment allait-on faire pour détendre une ambiance plombée par autant de tristesse. Autant d'émotions. Les questions sont posées aussitôt à Mansouri et Saïfi, histoire de permettre au cheikh de se reprendre quelque peu. C'est alors que Mourad Meghni en personne fit son entrée, un léger sourire sur les lèvres, en guise de salut discret à l'assistance. On était à la fois gênés, mais agréablement surpris qu'il ait daigné venir s'exprimer dans cet état. Les journalistes gênés d'interroger Meghni Les journalistes évitent exprès d'interroger Meghni qui n'avait pas assisté à la scène précédente. Les questions se poursuivent entre le coach et les deux capitaines, comme si de rien n'était. Mais inévitablement, on se retourne vers celui que le sort a frappé en premier dans cette histoire dramatique. Parler aux journalistes était peut-être ce dont il avait besoin le moins à cet instant. Mais en bon professionnel qu'il est, Meghni prit sur lui malgré tout, pour faire l'effort de venir affronter les médias, dans une situation aussi inconfortable. Il avait forcément l'air déçu, mais il tentait de ne rien laisser paraître de cette terrible frustration qui lui broyait les entrailles. Il répondit à chacune des questions qu'on lui posait. Mais chaque mot à son adresse pesait sur les langues des journalistes, partagés entre les exigences de la profession et le respect des sentiments d'un homme profondément blessé par son triste sort. «Je vais maintenant aller me faire opérer et aller en Afrique du Sud encourager l'équipe» «Je suis bien sûr profondément blessé par cette nouvelle. J'ai essayé de tout faire pour être de la partie au Mondial, mais ça n'a pas donné le résultat qu'on espérait. J'aurais peut-être pu me faire opérer dès le mois de février, j'aurais eu une chance de revenir, mais nul ne pouvait le savoir. Avec les médecins qui m'ont soutenu à fond dans cette période difficile, on voulait éviter l'intervention chirurgicale. Il y avait une chance sur deux que ça réussisse. Malheureusement, ça n'a pas été le cas, puisque les douleurs sont restées. Les médecins ont tout fait pour m'aider. Je vais donc retourner chez moi pour me faire opérer très prochainement. Si on fait tout ça rapidement, je vais essayer d'aller en Afrique du Sud encourager l'équipe», a-t-il eu à dire pêle-mêle pour répondre aux questions des journalistes qui devenaient de plus en plus curieux et offensifs. «Tu joueras le Mondial dans le cœur de chaque joueur, Mourad !» C'est là que Saâdane a repris la parole pour protéger son joueur et lui éviter de s'étaler sur des questions qui semblaient inappropriées. «On est tous sensibles devant une telle situation. Arrêtez de lui rajouter de votre côté s'il vous plaît ! Ce qu'il endure est déjà largement suffisant», dira le Cheikh pour soulager son joueur qui baissait la tête en signe de désolation. Puis vint la fin de la conférence de presse, avec des remerciements personnels de la part des journalistes pour ce que Meghni a réalisé depuis son arrivée en Equipe nationale. Mourad était très touché par cette marque de sympathie et répondait avec un large sourire aux applaudissements des journalistes qui accompagnaient son retour à sa chambre. De loin, quelqu'un parmi l'assistance lui lança ceci : «Tu joueras le Mondial dans le cœur de chaque joueur, Mourad !» Quoi de plus beau pour lui rendre hommage. ---------------------------------------------------------------- Un éminent spécialiste espagnol pour opérer Meghni C'est dans les prochains jours que Mourad Meghni s'envolera chez lui à Paris, afin de se préparer à entamer les démarches nécessaires pour subir l'intervention chirurgicale au niveau de son genou gauche. Des indiscrétions proches du dossier de l'international algérien font part de l'intention de Meghni de confier cette lourde responsabilité à un éminent spécialiste espagnol, qui n'est autre que le Pr Cugat. La réputation de ce dernier a dépassé la péninsule ibérique depuis longtemps, puisqu'il est considéré par ses pairs comme l'un des cinq meilleurs orthopédistes au monde. Il a opéré Guardiola, de la Peña et le motocycliste Perdozo Le Pr Cugat a opéré avec succès Pepe Guardiola, l'actuel entraîneur du Barça, quand il était encore joueur, l'ancien joueur du Barça, O. Marseille et Lazio, Iván de la Peña, mais aussi le grand motocycliste espagnol Pedrozo qu'il a remis en scelle de manière remarquable. Meghni, qui ne veut prendre aucun risque supplémentaire après avoir appris qu'il ratera le Mondial, s'en remettra donc à Dieu et aux mains de cet excellent spécialiste pour le remettre d'aplomb. Le joueur de la Lazio a été, toutefois, invité à rester avec ses coéquipiers des Verts avant de retourner chez lui pour affronter son sort. Meghni restera jusqu'à la fin du stage Il devait justement quitter Crans-Montana et les Verts hier après-midi. Mais il a finalement retardé son retour à plus tard. Meghni a été entouré de l'affection de tous ses coéquipiers qui lui ont demandé de rester encore avec eux jusqu'à la fin du stage. Le gentil Mourad ne pouvant leur refuser son amitié a accepté volontiers de répondre favorablement à leur demande. Il restera donc jusqu'à la fin du stage avec ses frères, histoire de décompresser tranquillement et vivre ces moments avec le groupe. C'est lui-même qui nous l'a annoncé hier, pendant l'entraînement des Verts. Et l'on sentait que ça lui faisait plaisir de demeurer avec ses potes. Voilà qui lui sera très bénéfique !
