Voilà que les joueurs se sont décidés à sortir ! C'est Hassan Yebda qui a été premier de cordée, accueilli par une très forte acclamation. Il a été suivi aussitôt par Mohamed Raouraoua. Les Algériens de l'Irlande l'avaient promis, ils ont tenu parole : l'accueil qu'ils ont réservé à la sélection nationale à son arrivée hier à l'aéroport international de Dublin était FOU, FOU, FOU ! De mémoire d'Irlandais, on a rarement vécu une telle ambiance dans cet aéroport. Certes, la couleur verte est la couleur locale, celle de la sélection irlandaise, mais le vert d'hier avait des nuances typiquement algérienne. Les supporters se sont fiés à l'horaire communiquépar Le Buteur Pour tous ceux qui avaient programmé d'aller à l'aéroport, le premier réflexe a été de consulter les sites web du Buteur et d'El Heddaf, leurs principales sources d'informations sur l'actualité des Verts. En ayant lu que le décollage de Genève se ferait à midi, ils en ont déduit, par un simple calcul, en tenant compte du décalage horaire, que l'arrivée serait aux alentours de 13h. Donc, à la mi-journée, ils étaient déjà une bonne poignée à arpenter le hall d'arrivée de l'aéroport. A mesure que l'heure supposée approchait, les supporters se sont agglutinés aux abords de la porte par où sortent les passagers. Ils sont venus des villes du pays, mais il y en avait aussi qui sont arrivés de France, d'Angleterre et d'Espagne. Des chants discrets au début, puis à tue-tête On ne pouvait pas se tromper : tout en eux indiquait qu'ils étaient algériens : maillots, drapeaux, chapeaux, tambours, écharpes. Ils étaient là, en groupe, en famille ou individuellement, impatients d'accueillir des héros qu'ils attendent depuis un certain soir du 18 novembre 2009, jour de gloire en terre soudanaise. Les appareils photos étaient en bandoulière, prêts à crépiter au moment où les joueurs allaient sortir. Peu à peu, les supporters se sont mis à chanter, discrètement au début, puis à tue-tête, homme et femmes, créant une ambiance indescriptible qui a étonné tous ceux qui étaient présents à l'aéroport. «Back ! Back !» Au départ, il y avait seulement deux policiers à la porte de sortie des passagers. Seulement, la foule avait tellement grossi qu'il a fallu faire appel à du renfort. C'est ainsi qu'une douzaine d'agents de l'ordre se sont peu à peu déployés, créant un périmètre de sécurité. Les Algériens, pas agressifs du tout et plutôt disciplinés, se sont montrés coopératifs avec eux. «Nous ne cherchons pas les problèmes. Nous sommes là uniquement pour saluer notre équipe», a lancé l'un d'eux. Kamel Ghanem, l'un des plus anciens résidents algériens à Dublin, coordonnait avec les forces de l'ordre la canalisation des supporters. Connu et respecté, il était écouté. «Back ! Back !» (en arrière), leur lançait-il parfois. Les supporters se sont pliés sans discuter de ses instructions. Shehata et les Egyptiens en prennent pour leur grade En attendant la sortie des joueurs, les supporters présents rivalisaient de slogans et de chants. Aux traditionnels «One, two, three ! Viva l'Algérie !» et «Allez les Verts !», se sont ajoutés les désormais célèbres «Shehata h'bass qalbou !» (le cœur de Shehata s'est arrêté de battre), «Ebki yal masri ! L'Algérie qualifiée !» pleure Ô Egyptien ! L'Algérie est qualifiée !» et des refrains de certains grands succès à la gloire des Verts, notamment «Chebka ya l'Algérie !» et «D'zayer bladi sakna fi qalbi». Même la gent féminine, présente en force, s'est mise également à chanter, n'oubliant pas, dans la foulée, de lancer quelques youyous à la cantonade. «Mouloudia championé !» s'est invité Au milieu des chants à la gloire de la sélection nationale, il y a eu également quelques intermèdes consacrés au club en forme du moment en Algérie : le MC Alger. Assez nombreux à l'aéroport, ils y sont allés de leurs scansions pour saluer leur club avec des «Mouloudia championé !». Certains d'entre eux avaient ramené, d'ailleurs, des banderoles du club. Présents également, des supporters de l'USM El Harrach ont choisi de mettre de côté la rivalité entre les deux clubs en célébrant également le sacre (presque) assuré du MCA avec le classique «Hayladjaou d'ziria ! Mouloudia, el harrachia !» (voici les Algérois, le Mouloudia et les Harrachis). Bien sûr, à chaque fois, d'autres supporters les rappelaient à l'ordre en leur expliquant gentiment qu'aujourd'hui, il s'agissait de l'Equipe nationale et non pas de clubs. Les passagers étrangers n'ont rien compris Et les passagers pendant cela ? Ils étaient tout simplement époustouflés par ce qu'ils découvraient à leur sortie de la zone des bagages. Ils ne comprenaient vraiment rien à la situation et, une fois sortis, ne manquaient pas de s'informer sur l'objet de cette fiesta non annoncée. Certains autres, en entendant les chants, se sont mis carrément à dandiner de la tête ou même à saluer la foule des mains, ce qui leur valait l'ovation des Algériens. Même les policiers qui constituaient le cordon de sécurité, crispés au départ, se sont détendus au fil des minutes, ayant compris que les Algériens faisaient la fête, sans plus. Des membres de l'ambassade gentiment chambrés Venu de Londres, le chargé de la communication et de la culture au niveau de l'ambassade d'Algérie au Royaume-Uni, Rabah Toubal, s'est placé, avec les autres cadres dépêchés par l'ambassade, sur un côté de la porte, en tant que délégués de l'accueil officiel algérien. Les supporters les ont gentiment chambrés, mais ils ont pris la situation du bon côté, n'arrêtant pas de sourire et de prendre des photos de la masse des supporters. C'est d'ailleurs Rabah Toubal qui a annoncé aux présents, par des signes de la main, que les joueurs allaient bientôt sortir, ce qui a fait augmenter l'ambiance de plusieurs crans. Saïfi aperçu, la foule en délire Ceux qui se trouvaient dans l'axe de la porte de sortie se sont tout à coup écriés : «Ils sont là ! Voilà Saïfi !... Et là, Gaouaoui à ses côtés !» En effet, en costume, les membres de la délégation algérienne étaient à côté du tapis à bagages. Les chants et les scansions sont alors devenus assourdissants. A l'aéroport, c'était clair : personne n'ignorait désormais qu'il y avait des Algériens là-bas. Des membres de la garde rapprochée irlandaise chargée de la protection de la délégation se sont approchés des supporters afin de renforcer le cordon de sécurité. Imperceptiblement, les supporters algériens se sont rapprochés de la porte, jusqu'à presque bloquer le passage. C'est difficilement que les policiers sont arrivés à frayer un chemin pour les passagers «ordinaires», très surpris par ce branle-bas de combat. Boudebouz franchement ébahi Voilà que les joueurs se sont décidés à sortir ! C'est Hassan Yebda qui a été premier de cordée, accueilli par une très forte acclamation. Il a été suivi aussitôt par Mohamed Raouraoua. Le président de la FAF, qui en a quand même vu d'autres, est paru franchement surpris de trouver une telle foule. Les supporters ne cessaient de lui lancer : «Merci cheikh pour tout ce que vous faites !» C'était ensuite au tour de Ryad Boudebouz de sortir. Lui a été franchement ébahi par ce qu'il a vu. Il est vrai que c'est la première fois qu'il est accueilli à un aéroport par des Algériens, vu qu'il n'était pas de ceux qui étaient arrivés à Genève par avion. Il n'arrêtait de regarder autour de lui, peu habitué à pareille liesse. Les policiers chargés d'accompagner les joueurs jusqu'à leur bus ne savaient plus où donner de la tête. Chaque joueur est retenu par la foule pour être embrassé ou tout simplement sollicité pour des photos souvenirs. Les policiers obligés d'arracher les joueurs à la foule Difficilement, les joueurs sont arrivés à monter dans le bus, non sans mal pour certains, à l'image de Madjid Bougherra à qui il a fallu trois policiers à lui seul pour l'escorter. Abdelkader Ghezzal, comme à son habitude, a répondu à toutes les sollicitations des supporters, si bien que trois policiers ont dû «l'arracher» à la foule et le conduire dans le bus manu militari. En bon capitaine, Yazid Mansouri a été le dernier à monter dans le bus, après s'être assuré que tous ses coéquipiers étaient là. Peu à peu, les supporters ont entouré le bus pour adresser des signes de la main aux joueurs. Karim Ziani a souri à un enfant qui l'a salué, juché sur les épaules de son père. Le cortège s'est ensuite ébranlé en direction de l'hôtel réservé à la sélection. Encore une fois, les Verts ont vécu une journée mémorable, en attendant la soirée d'aujourd'hui dans le stade…