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Yebda : «Je convaincrai Boudebouz et Feghouli de jouer pour l'Algérie»
Publié dans Le Buteur le 01 - 12 - 2009

Belhadj : «Cette qualification est aussi celle de Meftah, Achiou, Abdeslam et les autres»
Yebda : «Ce qui était choquant, c'est que les agresseurs n'ont pas eu de respect pour des personnes âgées comme Saâdane et Raouraoua»
Belhadj : «En arrivant à Khartoum, c'est comme si nous avions été libérés de prison»
Encore marqués par la qualification pour la Coupe du monde et la liesse populaire qui s'en est suivie, Nadir Belhadj et Hassan Yebda se sont quand même remis au travail avec leur club, Portsmouth, en difficulté en championnat. C'est au centre d'entraînement du club, situé à Eastleigh, que nous les avons rencontrés pour revenir sur la folle semaine au Caire et à Khartoum. Nous vous proposons cet entretien croisé où les deux internationaux algériens répondent aux questions comme dans une discussion conviviale.
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La fête a eu lieu, les lampions se sont éteints et vous êtes tous deux revenus à votre club, Portsmouth. Etes-vous redescendus de votre nuage ?
Hassan Yebda : Oui, il le fallait bien puisque nous avons des obligations avec le club. Nous sommes retombés de notre nuage, mais ce que nous avons vécu est toujours présent dans notre esprit, surtout après ce que la qualification a engendré comme liesse en Algérie.
Nadir Belhadj : Comme l'a dit Hassan, nous sommes obligés de nous concentrer de nouveau sur le championnat d'Angleterre. Notre club, Portsmouth, connaît une situation délicate. Nous sommes derniers au classement et nous devons nous ressaisir. Cela dit, nous pensons toujours à la formidable joie qu'a connue le peuple algérien.
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Vous deux êtes habitués aux folles ambiances dans les stades européens, vous, Yebda, avec Benfica dans les grands matches du championnat portugais et dans la Coupe de l'UEFA et vous, Belhadj, en ayant joué dans des stades grands et prestigieux tels Old Trafford, Anfield Road et Emirates Stadium. Avez-vous, pour autant, été impressionnés, voire intimidés par l'ambiance du Cairo Stadium ?
H. Y. : Non, pas du tout. Certes, il y avait beaucoup de gens qui nous disaient qu'il y aurait 80 000 personnes, que ça allait être impressionnant. Cela l'avait été effectivement lorsque nous sommes rentrés sur le terrain, mais c'était tout simplement un match de foot, avec 22 joueurs sur le terrain, et puis c'est tout.
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Pour vous, il y avait donc 11 joueurs contre 11, abstraction faite de l'ambiance autour…
H. Y. : Absolument. Une fois sur le terrain, les supporters ne nous y accompagnent pas. Il y a sur le terrain 11 joueurs contre 11 et chaque équipe essaye de gagner le match et ça s'arrêtait là.
N. B. : Moi non plus, je n'ai pas été impressionné. Cela fait longtemps que je joue en sélection et j'ai joué pas mal de matches dans des grands stades. Même chez nous, en Algérie, c'est impressionnant dans les gradins quand nous jouons. Il ne faut pas le nier : le Cairo Stadium est un très beau stade et il y avait une superbe ambiance. Cependant, nous sommes rentrés sur le terrain en nous concentrant exclusivement sur ce qu'il fallait faire. Dès que l'arbitre a donné le coup de sifflet pour le début du match, ça y est, nous sommes rentrés dans le match.
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Compte tenu de l'enjeu du match, vous vous attendiez certainement à beaucoup de choses en matière de guerre psychologique, mais sincèrement, vous attendiez-vous à être accueillis à coups de pierres ?
N. B. : Personnellement, non. Nous avons fait notre préparation en Italie afin de bien nous concentrer et, en nous rendant en Egypte, nous nous attendions à certains trucs, comme à ce qu'ils fassent du bruit près de l'hôtel ou à ce qu'ils organisent des mariages dans l'hôtel même, mais une agression à coups de pierres ne nous est pas venue à l'esprit. Nous n'avons pas du tout pensé à ce scénario-là.
H. B. : Non, nous n'y avons pas pensé du tout. Il y a certains joueurs qui ont été un peu choqués par ces faits, mais d'autres non. En tout cas, moi, je ne l'ai pas été, tout comme Nadir (Belhadj, ndlr), Karim (Ziani, ndlr) ou Rafik (Djebbour, ndlr).
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Vous avez quand même été inquiets après les blessures dont ont été victimes vos coéquipiers…
H. Y. : Bien sûr ! Ce qu'il y a, c'est qu'au départ, quand les pierres premières pierres ont été lancées dans le bus, nous nous sommes mis par terre et nous n'avons pas vu ce qui se passait. C'est vrai que le bruit des bris de vitre était impressionnant, mais nous ne nous imaginions qu'il allait y avoir des blessés.
N. B. : C'est une fois descendus du bus pour rentrer dans l'hôtel que nous nous sommes rendu compte que c'était grave. Ce qui était vraiment choquant, c'est que cela s'est passé alors que nous venions juste d'arriver. Nous avons été agressés direct ! Pour être accueillis, on a été bien accueillis !
H. Y. : Si cela était arrivé aux joueurs seulement, cela aurait pu passer, mais il y avait avec nous des personnes âgées : le coach, le président de la Fédération… Il y avait un minimum de respect à avoir envers les personnes d'un certain âge. C'est cela, à mon sens, qui choquait le plus.
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Avant ce match, vous étiez, au sein de la sélection, des amis, des coéquipiers, des potes… L'épreuve que vous avez traversée tout ensemble a-t-elle ressoudé les liens entre vous au point de devenir une véritable famille ?
N. B. : La sélection était une famille depuis que M. Saâdane a repris les rênes. Quand il prend la parole, c'est en père de famille qu'il s'adresse à nous. Tout le monde prend la parole. Lorsqu'il y a un problème, on le règle tout de suite, sur place. Il n'y a rien à dire : c'est une vraie famille. Hassan nous a rejoints récemment et il s'est très vite intégré. On dirait qu'il est avec nous depuis 10 ans ! Pareil pour Djamel Abdoun et Mourad Meghni. Cela dit, cette épreuve en Egypte nous a soudés encore avantage.
H. Y. : C'est vrai. Je suis arrivé en sélection il n'y a pas si longtemps et je n'ai pas eu besoin d'intégration. J'ai joué contre le Rwanda directement. Je connaissais la plupart des joueurs avant que je ne vienne et j'ai été très bien accueilli. Franchement, il faut le vivre pour le croire.
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Pouvez-vous me donner une image que vous gardez du séjour au Caire ?
N. B. : Moi, l'image qui m'est restée dans l'esprit, c'est qu'après le match, on nous a laissé attendre deux heures dans le bus et, sur le chemin du retour vers l'hôtel, on nous insultés et on nous a également lancé des pierres, mais nous chantions dans le bus. Cela voulait dire que nous sommes des Algériens. Nous n'avons pas baissé la tête, nous n'avons pas cédé devant la difficulté. Nous avons continué à chanter.
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A quel moment avez-vous senti que le match de Khartoum sera tout à fait différent de celui du Caire ?
H. Y. : Moi, c'est aussitôt à notre arrivée au Caire.
N. B. : C'est vrai. Nous avons senti un accueil vraiment différent. Des Soudanais étaient là, tenant des drapeaux algériens. C'est comme si nous n'étions emprisonnés au Caire et que nous avions été libérés à Khartoum. Nous étions des otages et la libération a été à notre arrivée au Soudan. Et puis, la FAF a tout fait pour nous mettre dans de bonnes conditions en nous réservant dans un très bel hôtel. D'ailleurs, il faut souligner que même au Caire, elle avait fait un bon travail en matière d'organisation en nous mettant dans un étage de l'hôtel où il n'y avait que des Algériens.
H. Y. : Même la sécurité était assurée par des Algériens dépêchés sur place avant notre arrivée. Vraiment, la FAF a fait du bon travail dans ce domaine, que ce soit au Caire ou à Khartoum.
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Comment receviez-vous les nouvelles sur l'arrivée massive des supporters algériens ?
N. B. : Avec joie puisque c'est ce qui nous manquait : nos supporters ! Au Caire, nous avons été victimes de hogra. Cela nous avait fait plaisir de voir qu'il y avait des supporters algériens au Cairo Stadium, mais on les a placés tout en haut et il y avait des places vides autour d'eux où plusieurs milliers d'autres pouvaient s'installer.
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Certains d'entre eux ont été bastonnés après le match…
N. B. : Oui et nous n'avons pas du tout aimé. En revanche, ce que nous avons aimé, c'est de voir les supporters algériens déferler à Khartoum. Au début, on disait que le Soudan est un pays frontalier de l'Egypte et que les supporters égyptiens allaient être très nombreux, mais nous avons été agréablement surpris de voir que les Algériens s'étaient tous mobilisés pour nous soutenir. Nous avions la télévision algérienne dans nos chambres à Khartoum. Franchement, cela nous a donné du cœur et ça nous a fait très plaisir de voir nos supporters là-bas.
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Y a-t-il une phrase que le sélectionneur Rabah Saâdane a prononcée lors de la causerie d'avant-match et qui vous a fait prendre conscience que c'était jouable ?
N. B. : Il n'y avait pas besoin de phrase. Même au Caire, nous croyions à la qualification. Nous savions que ça allait être difficile, mais faisable. Nous allions jouer à Khartoum sur terrain neutre et nous avions donc toutes les chances de notre côté.
H. Y. : Quand il parle, le coach sait trouver les mots qu'il faut pour nous motiver. Tout ce qu'il dit est intéressant et motivant. Sur ce plan, il a pleinement joué son rôle.
N. B. : Et puis, après ce que nous avions subi au Caire, nous étions naturellement motivés. Lorsque les Egyptiens étaient venus chez nous, nous les avions bien accueillis. Là, ils nous ont fait le contraire. Il y avait une revanche à prendre et cela nous motivait particulièrement.
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A Khartoum, à quel moment avez-vous compris que c'était jouable ?
H. Y. : Moi, dès le début du match. J'ai vu que nous étions bien parce que nous gardions bien la balle et que nous jouions bien. Les Egyptiens aussi d'ailleurs, mais ils n'étaient pas aussi sûrs d'eux qu'au Caire.
N. B. : Tout à fait. Nous étions sur terrain neutre. Nos supporters faisaient plus de bruit que les leurs. Lorsque nous sommes rentrés sur le terrain, nous en voulions plus qu'eux : sur les ballons, nous étions là, dans les contacts, nous étions là… La preuve : ils ont déclaré qu'ils ont joué contre des sauvages ! Cela veut tout dire.
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Belhadj, au tout début du match, vous avez été auteur d'un tacle dur sur l'arrière droit de l'Egypte, Mohammadi, ce qui vous a valu un carton jaune. Etait-ce avec l'intention de lui enlever le ballon ou bien de lui adresser un «message» comme quoi ce ne serait pas comme au Caire ?
N. B. : A la base, c'était pour lui enlever le ballon, mais c'est clair qu'il y avait aussi un petit message. C'est comme pour lui dire «Les choses ne vont pas être faciles pour toi ce soir !»
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Et vous, Yebda, avez-vous ressenti de l'hostilité chez les joueurs égyptiens que vous affrontiez pour la première fois ?
H. Y. : Pas particulièrement. Je suis rentré tout de suite dans le match et j'ai donné tout ce que je pouvais sans me soucier des joueurs adverses. J'étais seulement animé d'un esprit de revanche par rapport à ce que nous avions vécu et de l'envie de bien jouer et de gagner bien sûr.
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Après le but inscrit par Anthar Yahia, aviez-vous senti que vous touchiez au but ?
N. B. : C'était un match très serré où il n'était pas facile de marquer des buts. Ils ont eu une occasion chaude au début du match, nous en avons eu aussi, puis Anthar nous a libérés avec son très joli but. Il est vrai que nous sentions la qualification arriver, surtout que nous avons pu faire le break après, surtout avec ce centre de Hassan pour la tête de Ghezzal qui a été sauvée par le gardien de but égyptien. Il y a eu aussi une fois où Ghezzal avait trop gardé la balle au lieu de la donner à Ghilas. Bref, nous avons eu des occasions et nous méritons amplement la qualification.
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Pensez-vous que c'est la qualification de tous les joueurs du groupe, même ceux qui n'ont pas joué ?
N. B. : Oui, tous ! Je dis bien tous ! Y compris les blessés, y compris les suspendus, y compris ceux qui étaient convoqués et que le coach n'a pas repris… Vraiment tous ! Avant que Hassan ne vienne, il y avait des joueurs. Avant que je vienne aussi, il y avait des joueurs. Ils ont tous une part de mérite dans cette qualification. Je pense à Meftah, à Achiou, à Abdeslam… Le coach a fait des choix, mais tous ces joueurs ont donné à l'équipe nationale. Donc, c'est la qualification de tout ce monde-là.
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A propos de cet aspect, Babouche a récemment déclaré au Le Buteur que vous, Belhadj, avez été très proche de lui durant le stage, que vous vous asseyiez ensemble dans le bus, que vous lui prodiguiez des conseils et que vous lui avez même promis de l'aider, à travers votre agent, à trouver un club en Europe, tout cela alors que vous êtes tous deux en concurrence pour le poste d'arrière gauche…
N. B. : C'est tout à fait normal. En sélection, nous sommes en famille. Il n'y a pas de concurrence qui tienne. Le sélectionneur fait ses choix et tout le monde adhère et accepte. Il me dit «Tu ne joues pas», il n'y a pas de problème. Il dit à Hassan «Tu ne joues pas», il n'y a pas de problème. C'est le drapeau qui est en jeu.
H. Y. : C'est quelque chose que je n'ai vu qu'en sélection algérienne : le coach donne la liste des 18, il y a 5 autres qui restent sur le carreau, mais tout le monde rigole et se soutient. Dans les clubs ou dans certaines sélections, ceux qui ne jouent pas et même ceux qui sont remplaçants font la gueule, et moi je n'ai absolument pas vu ça en sélection d'Algérie. Même ceux qui n'étaient pas sur la feuille de match encourageaient de tout cœur ceux qui allaient jouer.
N. B. : Vous avez pris l'exemple de Babouche qui est mon «remplaçant» – je n'aime pas trop ce mot. Si c'était lui qui devait jouer, je serais allé le voir pour lui donner quelques conseils en toute sincérité. Franchement, c'est un très bon joueur qui peut même évoluer à l'étranger. On va essayer de lui trouver un club.
H. Y. : C'est surtout une bonne personne. C'est vraiment quelqu'un de très bien.
N. B. : Dans la sélection, cela ne se passe plus comme avant. On disait, il y a encore quelque temps, que les joueurs qui évoluent en Europe sont privilégiés par rapport aux locaux. Voyez ce qui s'est passé au Caire et à Khartoum : il y avait plusieurs joueurs évoluant en Europe qui n'étaient même pas sur la feuille de match et ils ont accepté. Non, franchement, il n'y a plus cet esprit de concurrence tordu entre les joueurs. Il y a un groupe, une véritable famille, et celui qui ne joue pas soutient celui qui joue.
H. Y. : A la fin du match du Khartoum, ce sont tous les joueurs qui étaient contents, tous. Nous avons eu une pensée pour M. Saâdane qui vivait une pression terrible. Nous avons eu aussi une pensée pour M. Raouraoua qui a tout fait pour nous mettre dans d'excellentes conditions.
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Justement, parlons-en ! Beaucoup disent qu'il a pris une part considérable dans la qualification, ne serait-ce qu'en prenant tout sur lui et en vous évitant la pression…
N. B. : Je résumerai tout ça en une seule phrase : depuis qu'il est revenu, tout a changé dans la sélection. Il a ramené une organisation professionnelle et il met tout le monde à l'aise. Il a pris toute la pression sur lui, il nous a mis dans de très bonnes conditions en Egypte et au Soudan, il a toujours été présent à nos côtés… Franchement, son rôle a été déterminant.
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Après la défaite du Caire, c'est lui qui vous a remonté le moral…
N. B. : Oui, c'est vrai. Il nous a dit que ce n'était pas grave, que nous redémarrions à zéro, que nous allions jouer sur terrain neutre, que l'avion était prêt pour nous emmener directement au Soudan…
H. Y. : C'est vrai, Raouraoua a tout prévu. Il a tenu compte de l'éventualité qu'il y aurait ce match d'appui et il a tout préparé à l'avance pour notre séjour à Khartoum.
N. B. : Nous sommes arrivés à Khartoum dimanche, le lendemain du match, alors que les Egyptiens sont arrivés lundi, une journée après nous. C'est vous dire que nous étions plus organisés qu'eux.
*
Que vous ont dit vos mères respectives après le match ?
H. Y. : Elle ma dit qu'elle était très fière de moi et aussi qu'elle était fière de toute l'équipe. Elle était heureuse pour moi, fière que je sois Algérien et que j'aie procuré tout ce bonheur à tout le peuple.
N. B. : Ma mère aussi était fière de moi, mais je pense que nos mères avaient surtout peur pour nous. Elles ont toutes été touchées par ce qu'on nous a fait au Caire. Halliche a été blessé, sa mère a été touchée, mais ma mère aussi l'a été parce que c'est un Algérien qui a été agressé. A la fin, elles étaient toutes heureuses, comme l'ont été sans doute toutes les mères algériennes.
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Parlez-nous un peu du défilé à Alger…
N. B. : C'est inédit. Du jamais vu. Comme l'a dit Hassan, il faut le vivre pour le croire. Si tu ne le vis pas, tu ne le croiras jamais. Ce qui s'est passé en France après la victoire en Coupe du monde en 1998 n'est rien par rapport à ce que nous avons vécu.
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En décembre 2005, nous sommes venus vous voir, vous Belhadj, à Sedan, et vous nous aviez dit en aparté qu'avec un public tel que celui de l'Algérie, on peut battre n'importe qui. Maintenez-vous cette affirmation ?
N. B. : Oui, plus que jamais ! Notre public est extraordinaire. Nous remercions vraiment nos supporters du fond du cœur. Ils ont été d'un grand apport pour nous tous. Ils sont venus nombreux, y en a qui n'ont pas mangé, qui n'ont pas dormi… Je dirai même plus, c'est quelque part ça qui nous a fait gagner ! Si le stade avait été rempli de supporters égyptiens, nous n'aurions pas été bien. Je remercie le président Bouteflika de nous avoir envoyé tous ces supporters en mobilisant les moyens de l'Etat. Cela nous a incités à tenir le coup, à ne rien lâcher durant le match. Pour moi, c'est clair, c'est le meilleur public au monde !
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Et vous, Yebda, vous avez joué et remporté une Coupe du monde avec les U18 de France. Avez-vous vu un public pareil durant cette compétition-là ?
H. Y. : Non, cela n'a rien à voir. Chez nous, c'est du haut de gamme. C'est du jamais vu ! Rafik Djebbour, Karim Ziani et même Nadir m'avaient dit : «Tu vas voir le public !» Je me faisais une image de ce public, mais la réalité est hors normes. Il faut vraiment le voir pour le croire.
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Il y a un peu plus de 18 mois, Le Buteur est venu vous voir au Mans et vous nous déclariez alors que vous étiez prêt, pour peu que les règlements le permettent, à jouer pour l'Algérie. Le disiez-vous avec conviction ou bien juste comme ça ?
H. Y. : Non, je le disais avec une grande conviction. Il est vrai que les circonstances ont fait que j'ai joué, chez les jeunes, en équipe de France, mais je voulais vraiment jouer pour l'Algérie. Une fois que la nouvelle loi est sortie, vous voyez que je suis venu.
N. B. : Justement, laissez-moi profiter de l'occasion pour demander à tous les jeunes Algériens qui jouent en France, Angleterre, Italie, Allemagne ou ailleurs de choisir les couleurs de leur pays, l'Algérie. On n'a qu'un seul pays et il faut être fier de défendre ses couleurs.
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Vous, Yebda, vous êtes sans doute la personne la plus indiquée, au même titre que Meghni et Abdoun, pour convaincre les jeunes joueurs qui hésitent encore à jouer pour l'Algérie. Etes-vous prêt à faire passer le message auprès des Feghouli, Boudebouz et autres Brahimi ?
H. Y. : Oui, je le ferai. Je suis passé par là et je sais comment présenter la chose, surtout après tout ce que j'ai vécu avec l'équipe d'Algérie. C'est incroyable ! On ne peut jamais imaginer cela. Il faut vraiment le vivre. Je continue d'en parler avec ma famille. Sincèrement, le meilleur choix à faire est de choisir le pays de son cœur, l'Algérie. Il faut vivre cela de l'intérieur. Après avoir vécu ce que j'ai vécu, je ne regrette vraiment pas d'être venu. C'est le meilleur choix que j'ai fait de ma vie.
N. B. : Voyez Mourad Meghni, c'est un super joueur et il n'est même pas en équipe de France. J'insiste, c'est vraiment un super joueur ! Nous sommes très contents de l'avoir dans l'équipe.
*
Que vous a dit le président Bouteflika quand vous l'avez rencontré ?
H. Y. : Il nous a félicités pour notre performance. De notre côté, nous l'avons remercié de l'honneur qu'il nous a fait de nous recevoir.
N. B. : Pareil pour moi. Je l'ai beaucoup remercié pour tout ce qu'il a fait pour nous. Transporter des milliers de supporters sur 54 vols en deux jours, aucun autre président de l'aurait fait ! C'était très fort et nous l'en avons vivement remercié.
Entretien réalisé à Eastleigh par
Farid Aït Saâda
Ni Yebda ni Belhadj n'ont été sanctionnés
Alors que certains organes de presse algériens avaient annoncé que Hassan Yebda et Nadir Belhadj avaient été sanctionnés par la direction de Portsmouth pour être rentrés en retard au club, il n'en a rien été au final. La preuve, l'ancien entraîneur, Paul Hart (entre-temps limogé), voulait aligner Yebda face à Stoke City et, voyant qu'il est revenu blessé, il avait insisté quand même pour le prendre dans le groupe et c'est en voyant qu'il était toujours blessé le jour du match qu'il ne l'a pas mis finalement sur la feuille de match. D'ailleurs, c'est à cause de cette blessure qu'il n'a pu reprendre les entraînements que jeudi passé. Quant à Belhadj, il n'a tout simplement pas été retenu pour la rencontre.
En quête de nouvelles de l'Algérie
En marge de l'entretien qu'ils nous ont accordé, Nadir Belhadj et Hassan Yebda nous ont demandé des nouvelles de l'ambiance en Algérie ces jours-ci, surtout qu'ils ont dû rentrer en Angleterre au lendemain du défilé alors qu'ils auraient aimé rester dans le bain encore plus longtemps. Ils étaient très contents d'apprendre que la fête a continué plusieurs jours durant.
Belhadj indifférent à ce que dit Zaki
L'attaquant égyptien Amr Zaki avait déclaré après la qualification de l'Algérie que Portsmouth voulait le recruter (ce qui reste à prouver), mais qu'il ne jouera jamais dans ce club parce qu'il y a un là-bas un joueurs israélien (Tal Ben-Haïm) et deux joueurs algériens. «Je ne jouerai jamais là où il y aura des Algériens», a-t-il péroré. Belhadj refuse de commenter ces déclarations : «Ce qui m'intéresse, c'est l'Algérie, pas les joueurs des autres sélections. Je sais une chose, nous sommes en Coupe du monde. Les états d'âme des autres ne m'intéressent pas.»
6 joueurs de Portsmouth seraient concernés par la CAN
S'il y a bien un club anglais qui risque de souffrir durant le mois de janvier, c'est bien Portsmouth. En effet, non seulement il occupe la dernière place du classement de la Premier League, mais il sera privé de pas moins de six joueurs africains qui seront appelés (pour peu qu'ils soient retenus par leurs sélectionneurs) à prendre part à la Coupe d'Afrique des nations en Angola : les Algériens Nadir Belhadj et Hassan Yebda, les Nigérians Nwanku Kanu et John Utaka, le Sud-Africain Aaron Mokoena et l'Ivoirien Aruna Dindane. Un véritable casse-tête pour le manager israélien Avram Grant.
Kaboul : «Mabrouk mabrouk l'Algérie !»
Alors que nous étions avec Nadir Belhadj et Hassan Yebda, Younès Kaboul, le défenseur franco-marocain de Portsmouth, a fait irruption et s'est mis à scander «One, two, three ! Viva l'Algérie !» en voyant ses deux coéquipiers en compagnie d'un journaliste algérien. «Ouallah, je suis content pour vous», nous a-t-il assuré avec le sourire. «Au Maroc, tout le monde était heureux que l'Algérie aille en Coupe du monde, même les Marocains de France», a-t-il ajouté, avant de poser pour une photo en compagnie de ses coéquipiers «mondialistes» et du défenseur belge Anthony van den Borre.
Belhadj vibre au son d'une chanson sur l'Algérie
Alors qu'il est monté dans la voiture d'un ami algérien qui était passé le récupérer au centre d'entraînement, il a remarqué que le lecteur CD du véhicule diffusait une des multiples chansons sorties à la gloire de l'équipe nationale. Il s'est mis aussitôt à gigoter sur place, comme pour danser, en criant à Yebda : «Hassan, c'est un tube du bled !» Apparemment, l'ambiance vécue à Alger ne s'effacera pas de sitôt des esprits.


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