«L'essentiel, c'est le Mondial, pas les matchs amicaux !» Si vous êtes inquiets pour les Verts, lisez les déclarations de Rabah Saâdane et vous vous serez calmés aussitôt. La sérénité que dégage le sélectionneur national n'a d'égale que le sourire qu'il arbore à chaque conférence de presse. «On sait ce qu'on fait, ne vous inquiétez pas», répète-t-il aux journalistes dont les traits des visages traduisent le stress grandissant après les défaites de l'équipe d'Algérie face aux Irlandais. Les sceptiques invétérés que nous sommes tous quelque part voulons bien croire ces douces paroles du cheikh, mais il y a toujours quelque chose ou un petit événement qui vient nous retremper dans nos doutes et nos incertitudes. «L'essentiel, c'est le Mondial, pas les matchs amicaux !» Si ce n'est pas la blessure d'un joueur qui vient nous tourmenter, c'est une incompréhension liée à notre méconnaissance de la chose technico-tactique, quand ce n'est pas le voile qui tombe entre nos yeux lorsqu'on voit les joueurs répéter les mêmes mouvements tous les jours, à savoir ces satanés séances de tennis- ballon. On se met donc à se poser mille questions, à défaut d'avoir une réponse claire et précise de la part des techniciens qui entourent le cheikh. Ce dernier ne voulant jamais «détailler le travail qu'on effectue aux journalistes. Sachez que je sais ce que je fais et faites-nous confiance», répète-t-il. Nous avons tenté hier de l'aborder sur le sujet, mais nous nous sommes confrontés à un ultime niet, bien qu'il ait voulu nous répondre à sa manière. «On est en train de travailler dur pour préparer les joueurs individuellement et l'équipe dans l'ensemble pour être prêt le jour J. On travaille sur le plan psychologique, mais aussi technico-tactique en tenant compte de la date du 13 juin, jour de notre premier match face à la Slovénie. Vous pouvez constater de vous-mêmes que les joueurs sont en train de reprendre leur forme optimale et ils sont désormais tous sur le terrain». «Le tennis-ballon, c'est pour rapprocher les anciens des nouveaux !», estime un entraîneur Devant cette incompréhension qui nous a broyé les méninges, il ne restait que l'explication d'un vrai technicien de football que nous avons joint au téléphone en Algérie. Et l'explication était pourtant toute simple : «En fait, le tennis-ballon est, si l'on peut dire, un repos actif. C'est une petite activité pour faire bouger un peu les joueurs, mais sans les brusquer. C'est une manière de les faire courir, sauter et se dépenser, sans risquer de les voir se blesser. Saâdane est en train de les ménager et c'est tout à fait normal, même si cela peut paraître comme un manque d'imagination de la part du sélectionneur, puisqu'il y a plusieurs manières de les faire bouger. Mais s'il a décidé de leur faire du tennis-ballon tous les jours, c'est peut-être aussi parce qu'il a noté qu'il n'y avait pas encore assez d'affinités entre les anciens et les nouveaux. Et dans ce cas, le tennis-ballon et d'autres exercices similaires, comme le rugby, le basket-ball et autres, sont des moyens efficaces pour rapprocher les joueurs entre eux», nous explique anonymement l'un de nos meilleurs techniciens. «Avant le match contre les Emirats arabes unis, je vous expliquerai ce que j'ai fait dans cette équipe» Il n'y a donc pas d'objectif précis en dehors de l'amélioration du relationnel entre les joueurs, selon cet entraîneur qui ne veut pas s'immiscer dans le travail du sélectionneur. Ainsi donc, le mystère est-il dévoilé et, malgré le silence qu'il s'est imposé, Rabah Saâdane a gagné sa bataille contre les sceptiques que nous sommes. Et que pense le cheikh au sujet de ses joueurs ? «Ils sont quasiment tous opérationnels. On gère et on est en train d'augmenter la charge de travail en fonction des éléments du dossier médical de chaque joueur. Au jour d'aujourd'hui, je ne voudrais pas détailler le travail qu'on est en train d'effectuer au sein de l'équipe en général et pour chaque joueur de manière individuelle. Le jour du match contre les Emirats arabes unis, je m'étalerai bien sur la teneur du travail qu'on est en train de faire ces jours-ci. Je vous dirai avec précision pourquoi on est en train de faire tout cela», nous répond-il, en nous priant presque de le laisser tranquille. «Toutes les équipes sont en rodage !» Saâdane paraît fatigué de répondre aux nombreuses questions des journalistes algériens avec lesquels il peut se permettre certains écarts, qu'il n'osera jamais avec ceux de l'étranger. Question de tact et d'image à donner aux autres. Non pas parce qu'il prend l'altitude vis-à-vis de ses compatriotes, mais juste parce qu'il sait qu'on le lui pardonnera toujours lorsqu'on est entre nous. On lui demande de faire le lien entre la défaite des Verts contre l'Irlande et celles des autres mondialistes africains ? Il préfère botter en touche, sans plonger dans un tel sujet. «Chaque sélectionneur avait trois semaines de travail devant lui pour préparer son équipe au Mondial. Chacun s'est organisé à sa manière et toutes les équipes sont en rodage, c'est pour cela qu'on a ce genre de score. Mais ce n'est pas les victoires ou les défaites en matchs amicaux qui sont importantes. L'essentiel est de tout faire pour préparer de manière pointilleuse l'équipe», souligne Saâdane qui a nettement perdu de ce sourire enchanteur qu'il arborait en début de stage à Crans-Montana. Une victoire samedi, lui permettra peut-être de retrouver la banane…
