«On ne va pas au Mondial pour faire de la figuration.» La nouvelle coqueluche des supporters des Verts, en l'occurrence Ryad Boudebouz, a gentiment accepté de nous parler au soir du match amical face aux EAU. Il nous a accordé un long entretien, près de l'hôtel de l'EN, en Allemagne. Boudebouz a parlé de ses débuts avec l'EN et de son intégration dans le groupe. Le sociétaire de Sochaux affirme ne pas regretter sa décision d'avoir choisi l'Algérie et invite ceux qui hésitent toujours, à l'image de Tafer, Brahimi, à vite le rejoindre l'EN. Il rassure les Algériens, l'équipe fera le maximum pour réaliser une bonne Coupe du monde et, pourquoi pas, passer ce 1er tour. Pour cela, il faudra commencer par battre la Slovénie dimanche prochain. Tout d'abord, revenons à ce match amical disputé face aux Emirats. Quels sont les enseignements que vous en avez tirés ? Je dirai que le jeu de l'équipe a beaucoup progressé par apport au match face à l'Irlande. On sent une certaine amélioration dans notre production tactique et collective au fils des matchs. Il faut souligner qu'au-delà du résultat, la prestation de l'EN n'a pas été fameuse. D'autant que l'adversaire n'est pas de renommée mondiale… Vous savez, il vaut mieux gagner que perdre. Certes, on n'a pas fait un match extraordinaire, mais ça reste une partie de préparation, qui nous a beaucoup servi au final. On doit améliorer encore notre jeu pour être plus efficaces lors des prochains matchs. Cette victoire, même si elle fut quelque peu difficile, est essentielle pour nous, notamment sur le plan psychologique. Je voudrais ajouter une chose… Allez-y… Il faut savoir que l'adversaire a beaucoup joué en défense, et cela ne nous a pas arrangés aussi. C'est toujours difficile de jouer face à une équipe qui défend plus qu'elle n'attaque. Sur un plan personnel, et comme face à l'Irlande, vous avez fait une rentrée remarquable. On sent que vous n'avez pas trop perdu de temps pour vous adaptez au groupe… De ce côté, El Hamdoullah. Je me suis vite intégré dans l'équipe et je n'ai pas trouvé de difficulté à m'imposer, si on peut dire. Lors de ce match face aux EAU, j'ai essayé de donner le maximum et d'apporter ma touche technique. Je pense avoir été bon, mais le jugement revient au coach. Les trois semaines de préparation à l'étranger sont à présent terminées. Comment évaluez-vous le travail accompli durant ces deux stages ? Je pense qu'on a bien travaillé durant ces deux stages. On s'est préparés dans la sérénité et dans le calme le plus absolu. Il faut dire aussi que tous les moyens ont été mis à notre disposition pour qu'on réussisse, tous ensemble, une bonne préparation pour le Mondial. Il nous reste désormais une semaine environ pour peaufiner le tout et être fin prêts pour le premier rendez-vous face à la Slovénie. Petit à petit, vous découvrez l'ambiance de la sélection et surtout le grand engouement des supporters qui l'entourent. Vous attendiez-vous à toute cette frénésie des Algériens pour leur équipe nationale ? Franchement, pas du tout. Je m'attendais à trouver des supporters près de nous, mais de la sorte jamais. Cela prouve que les Algériens aiment profondément leur pays et feront tout pour le voir en haut. Toute cette ferveur populaire me donne encore plus envie de mouiller le maillot et être à la hauteur des espérances de nos fans. Signer des autographes, ça vous plaît ? Je ne me plains pas. Des personnes font plus de 800 km en bus ou en voiture juste pour nous voir de près, comment ne pas les remercier et ne pas se montrer disponible pour eux ? Si signer des autographes fait plaisir à nos supporters, je le ferai volontiers. On sent que vous n'avez pas regretté votre décision d'avoir choisi l'équipe d'Algérie, plutôt que l'EN française… Ecoutez, si je suis venu c'est que pour moi, c'était le bon choix. C'est une décision bien réfléchie que j'ai prise en concertation avec ma famille, et ce, depuis longtemps. Quand je vois ce que je vis actuellement, je ne peux qu'être content et surtout très satisfait de mon choix. Il n'y a pas de doute là-dessus. Ryad, quand vous voyez des joueurs d'origine algérienne comme vous, qui ont choisi l'équipe de France mais qui n'ont pas été retenus pour jouer ce Mondial à l'instar des Benzema, Nasri et autres, vous vous dites quoi ? Je ne me dis rien en particulier. Les joueurs que vous venez de citer ont choisi l'équipe de France, et leur décision, cela les concerne personnellement. Cela dit, je ne me fais pas trop de souci pour eux. Ce sont des joueurs de classe mondiale et je sais qu'ils peuvent à tout moment rebondir. Benzema n'a pas pu s'illustrer cette saison avec le Real, certes, mais je pense qu'avec l'arrivée de Mourinho, il ne tardera pas à retrouver toutes ses qualités. D'autres jeunes, à l'image de Tafer, Belfodil et Brahimi hésitent toujours à choisir entre les deux pays. Que pouvez-vous leur dire pour leur faciliter les choses ? Tout ce que je peux leur dire, c'est de choisir le pays de leur cœur, c'est tout. Pour moi aussi, la France représente le pays où j'ai grandi et passé toute ma jeunesse. Mais cela ne m'a pas empêché de choisir le pays de mes origines. Pour moi, le choix était facile et j'ai choisi l'équipe d'Algérie par conviction. Si je peux donner un conseil à ces joueurs, c'est de venir me rejoindre. Ah, vous les encouragez carrément à venir jouer pour l'Algérie… Oui, voilà, je les encourage à choisir l'Algérie car je sais qu'ils ne seront pas déçus et qu'ils ne regretteront pas leur choix. Lors des deux matchs que vous avez joués avec l'EN, vous étiez remplaçant. Ne pensez-vous pas que vous méritez une place de titulaire dans cette équipe, et qu'avec plus de temps de jeu vous pouvez être meilleur ? Il y a un coach en place, qui sait ce qu'il fait. Ce n'est pas à moi de dire si je mérite ou pas d'être titulaire, du moment que la décision revient uniquement au sélectionneur. Moi, je fais de mon mieux, mais ce n'est pas à moi d'en juger. Justement, que vous a dit Saâdane après les matchs auxquels vous avez pris part ? Le coach m'a félicité pour mon rendement et m'a incité à redoubler d'efforts aux entraînements pour être meilleur à l'avenir. Tant qu'il me fait rentrer dans les matchs, cela prouve qu'il compte sur moi. Tout le monde s'accorde à dire qu'en vous voyant jouer, on dirait que vous êtes avec cette équipe depuis des années… Comme je vous l'ai dit tout à l'heure, je me suis vite intégré dans l'équipe et je n'ai trouvé aucun problème avec les joueurs composant le groupe. Quand on est accueilli comme ça, c'est facile de s'intégrer. Je vous assure que dès ma première semaine, à Crans-Montana, je me suis senti à l'aise et dans une bonne ambiance. L'ambiance du groupe, justement, vous la trouvez comment ? L'ambiance au sein du groupe reste très conviviale. Tout le monde rigole et prend plaisir à travailler. On se chambre mutuellement et ça, j'apprécie. Quels sont les joueurs avec lesquels vous êtes plus à l'aise ? Ecoutez, je m'entends avec quasiment tout le monde. Bougherra, Ziani, Saïfi, Hassan (Yebda), Kadir, M'bolhi, etc. Tous, voilà. Les Algériens sont quelque peu inquiets actuellement. Qu'avez-vous à leur dire pour les rassurer avant le début du Mondial ? Qu'ils ne s'inquiètent pas ! L'équipe ne va pas en Afrique du Sud juste pour faire de la figuration. On est conscients de ce qu'il nous reste à faire là-bas et, avec l'aide de Dieu, on fera le maximum pour leur procurer du bonheur. Je sais que l'attente est grande, mais cela ne nous effraie pas pour autant. Le challenge dans ce groupe C ne s'annonce pas aisé pour l'Algérie… C'est clair que ça va être très difficile, mais il y a toujours une place à prendre pour passer ce premier tour. Toutes nos rencontres vont être ardues, mais face à l'Angleterre ce sera encore plus compliqué. Pensez-vous que le premier match face à la Slovénie sera déterminant pour la suite du parcours ? Oui, je pense que ce match constitue la clé de notre parcours durant ce Mondial. Si on gagne, on aura une bonne option pour accéder au second tour. On ne peut voir Boudebouz que sur le flanc droit, ou dans un autre poste aussi ? Je peux me mettre aussi derrière les deux attaquants, il n'y a pas de souci. Là où le coach me mettra, je jouerai sans problème. Etre le plus jeune joueur algérien de l'histoire à jouer le Mondial, ça vous fait quoi ? C'est un honneur, voilà. C'est encore plus stimulant puisqu'il s'agit de l'Algérie. Une fierté de plus. Vous êtes en passe de devenir le nouveau chouchou des supporters algériens. Une motivation supplémentaire, n'est-ce pas ? C'est sûr qu'être tout le temps applaudi et sollicité par les supporters me fait plaisir. Comme vous l'avez dit, cela constitue pour moi une motivation supplémentaire, mais aussi une grande responsabilité qu'il faut bien gérer. En tout cas, je donnerai toujours le meilleur de moi-même. Ryad, on vous remercie de nous avoir accordé cette interview… Moi aussi, je vous remercie. Je profite de cette occasion pour saluer tous les Algériens et leur dire de nous faire confiance.