«Yahia sera capitaine d'équipe face à la Slovénie» «Mansouri est déçu et c'est normal qu'il le soit» La nouvelle de la mise à l'écart de Yazid Mansouri sortie en exclusivité par Le Buteur a été confirmée hier en conférence de presse par Rabah Saâdane qui a eu la judicieuse idée d'annoncer le onze rentrant aux joueurs quatre jours avant le coup d'envoi du match Algérie–Slovénie. Judicieuse parce que cela permettra à ceux qui ont été écartés de l'équipe-type d'avoir le temps nécessaire d'exprimer leur déception pour ensuite ravaler leur colère. Saâdane ne s'est toutefois pas contenté de confirmer les informations du Buteur, il a tenté d'expliquer, avec parfois un langage inhabituellement cru, ses choix. Il s'est beaucoup étalé sur le cas Mansouri dont la mise à l'écart a été une véritable bombe au sein de l'Equipe nationale. Ce n'était pas évident en effet d'annoncer au joueur le plus capé des 23, au capitaine modèle, qu'il allait commencer le match sur le banc des remplaçants. Morceaux choisis : «Mansouri est déçu et c'est normal qu'il le soit» Yazid Mansouri a eu du mal à accepter que Saâdane ait décidé de le lâcher et il l'a montré à tout le monde en quittant la réunion technique pour rejoindre sa chambre. Dans sa tête, la Coupe du monde, c'était fini. Il a fallu toute la diplomatie de ses coéquipiers d'abord, du responsable de la communication M. Berdja ensuite, et du président de la FAF M. Raouaraoua qui l'a appelé de Johannesburg où il participe au Congrès de la FIFA, pour lui remonter le moral. Saâdane ne savait peut-être pas tout, mais il savait que Mansouri était déçu, extrêmement déçu même. «Comme je l'ai fait auparavant avec Gaouaoui et Saïfi, j'ai longuement discuté avec Mansouri en essayant de le préparer psychologiquement à l'éventualité de se retrouver sur le banc de touche», a dit Saâdane avant de se sentencier : «Avant, il n'y avait pas la concurrence qu'il y a aujourd'hui au milieu avec la présence de deux joueurs de très haut niveau que sont Lacen et Yebda.» Plus conciliant, Saâdane ajoutera que c'est «toujours dur d'annoncer à un joueur qui a beaucoup donné à l'Equipe nationale qu'il ne sera pas dans le onze, je comprends donc que Mansouri, qui est un véritable compétiteur, soit déçu.» «Même Thierry Henry a accepté le banc» «Comptez-vous faire avec Mansouri ce que Raymond Domenech a fait avec Thierry Henry ?» Cette question de notre confrère du Parisien a été une véritable perche tendue au sélectionneur national qui semblait se délecter en comparant les deux capitaines des deux rives de la Méditerranée : «Je ne compte pas le faire puisque je l'ai déjà fait : sauf blessure ou imprévu de dernière minute, Mansouri ne sera pas titulaire face à la Slovénie. Vous avez vu ce qu'a fait Thierry Henry pour l'équipe de France ? Cela ne l'a pas empêché d'accepter d'être remplaçant pour l'intérêt de l'équipe de France, c'est ce que j'attends de Mansouri qui s'est sacrifié pour l'Equipe nationale et qui a toujours été un capitaine exemplaire.» Saâdane donnera même un deuxième exemple, celui de John Terry qui a perdu son brassard de capitaine, «même si c'était pour d'autres raisons», a précisé le sélectionneur national. «Je n'ai jamais subi la pression de la rue» Dans un premier temps, beaucoup ont pensé que Rabah Saâdane avait cédé à la pression de la rue avant de lâcher Mansouri. Ces derniers temps en effet, tous les sondages et toutes les déclarations des spécialistes et observateurs algériens s'accordaient à dire que Mansouri devait céder sa place au duo Yebda–Lacen, balayant d'un revers de la main tout ce que le capitaine des Verts avait donné pour la sélection et l'Algérie. Ces sondages et ces points de vue ont-ils pour autant influé sur la décision de Saâdane ? «Non, se défend le sélectionneur national, si j'avais écouté la rue, j'aurais écarté les trois trentenaires (Ndlr, Gaouaoui, Saïfi et Mansouri). Vous savez, a-t-il ajouté stoïque, ça fait longtemps que je n'écoutes pas la rue et ne lis pas les journaux et si aujourd'hui, j'ai décidé de mettre Mansouri sur le banc, c'est surtout par rapport à la forme du moment et aux derniers matchs amicaux face à l'Irlande et les Emirats.» «Yahia sera capitaine d'équipe face à la Slovénie» Il y a quelques semaines déjà, Rabah Saâdane avait choisi ses capitaines d'équipe dans l'ordre avec les deux joueurs les plus capés que sont Mansouri et Saïfi en tête de liste. Or, les deux vieux briscards seront sur le banc ce dimanche à Polokwane. C'est donc tout naturellement que Anthar Yahia, lui aussi joueur chevronné malgré son jeune âge, héritera du brassard de capitaine face aux Slovènes. Saâdane l'a confirmé hier : «Oui, sauf imprévu de dernière minute, c'est Yahia qui sera capitaine face à la Slovénie.» L'élégant défenseur algérien saura sans doute assumer convenablement ce rôle qui n'est pas nouveau pour lui. (Ndlr, il a été capitaine face au Sénégal à Blida lors des éliminatoires de la Coupe du monde). «C'est l'ossature d'Oum Dorman qui jouera dimanche» Avec la mise à l'écart de Yazid Mansouri, c'est tout un pan de la belle histoire de la qualification en Coupe du monde qui s'efface. Saâdane se veut pourtant rassurant en rappelant que son objectif premier «c'est celui de garder l'ossature d'Oum Dorman. C'est ce groupe là qui sera aligné face à la Slovénie avec l'injection de quelques jeunes, car je veux conserver la cohésion du groupe». La défense et le gardien de but alignés au Soudan seront sur le terrain dimanche. C'est déjà pas mal. «On jouera plus défensivement face à la Slovénie» Interrogé sur les changements tactiques qu'il espère apporter par rapport au dernier match amical face aux Emirats, le sélectionneur national a été on ne peut plus clair : «Avec le retour de Yebda, on va retourner au 4-4-2 avec deux variantes offensive et défensive, on optera pour la bonne formule le jour J», a-t-il dit avant d'annoncer : «On ne peut pas jouer contre la Slovénie comme on joue contre les Emirats, il faut donc s'attendre à ce qu'on soit plus prudents dimanche, on jouera plus défensivement face à la Slovénie.» «J'ai un seul doute et il concerne l'attaque» «A un élément près, le onze-type est dans ma tête», a affirmé Saâdane avec assurance. C'est qui cet élément et il concerne quel compartiment ? «J'hésite encore à la pointe de l'attaque et sur le côté droit», s'est contenté d'expliquer Saâdane sans donner de noms. Selon ce qu'on a pu voir à l'entraînement d'hier, Saâdane ne sait pas encore s'il doit mettre Matmour carrément en attaque aux côtés de Djebbour ou s'il doit l'utiliser sur le flanc droit. L'autre hésitation concerne le deuxième meneur de jeu qui jouera avec Ziani. Si Kadir a les faveurs du coach, Boudebouz pourrait être la surprise du chef. «La force de la Slovénie : sa cohésion» M. Rabah Saâdane a eu à visionner quelques matchs de la Slovénie en compagnie de ses joueurs et le moins que l'on puisse dire est que les appréhensions du sélectionneur national se sont confirmées dans une large mesure : «J'ai remarqué que depuis plusieurs mois, l'entraîneur slovène n'a pas eu à chambouler son équipe puisque c'est les mêmes joueurs qui sont régulièrement alignés. Donc, la force de la Slovénie c'est la cohésion, ça se voit qu'ils ont l'habitude de jouer ensemble.» «On compensera nos lacunes par le cœur» Notre confrère d'Al Jazeera a demandé à Saâdane ce qu'il pensait des déclarations de nos adversaires qui font tous les trois une fixation sur l'Algérie : c'est contre les Algériens qu'ils doivent assurer les trois points s'ils veulent passer le premier tour. Des déclarations qui n'ont visiblement pas dérangé Saâdane : «C'est vrai peut-être qu'on est l'équipe la moins forte sur le papier, c'est vrai aussi qu'on n'a pas eu de chance avec les blessés, mais on compensera tout par le cœur, vous savez tous que l'Algérien sait se transcender dans les grandes occasions et ce sera le cas pour nous durant cette Coupe du monde.»