«Face aux Anglais, vous pouvez entrer dans l'histoire» «Je suis fier d'avoir été un modèle pour Zidane et de l'avoir aidé à faire la carrière qui est la sienne. Aujourd'hui encore, je suis fier de le compter parmi mes meilleurs amis.» «En Uruguay, on nous apprend à ne jamais baisser les bras quelle que soit l'adversité. C'est ce conseil que je donnerai aux Algériens, il faut jouer sa chance à fond car si vous êtes là c'est que vous faites partie des 32 meilleures équipes du monde.» Zizou l'a aimé pour son élégance sur le terrain. Et bien, Enzo Francescoli et 13 ans après avoir pris sa retraire sportive, n'a jamais perdu de sa superbe. Tiré à quatre épingles, il était samedi à l'Ellis Park Stadium pour commenter le match Argentine – Nigeria pour la chaîne de télévision publique argentine Canal Siete. Commentateur attitré de cette chaîne avec l'ex-attaquant de à Boca Juniors Diego Latorre, Francescoli est resté plus d'une heure après le match à analyser la rencontre. A la fin, il semblait exténué, mais il a quand même accepté de répondre tour à tour aux questions d'une radio uruguayenne, d'une télé costaricaine et du Buteur. L'Uruguay votre pays a débuté le Mondial par un nul face à la France et une prestation moyenne… Pour le résultat, il n'y a rien à dire, commencer par un nul face au finaliste de la dernière édition ne peut pas être une mauvaise chose. Je suis par contre un peu déçu de la prestation de l'équipe en première mi-temps. J'ai trouvé que Suarez et Forlan étaient trop éloignés des joueurs du milieu, ce qui les a empêchés d'avoir de bons ballons. Au moment où l'Uruguay commençait à reprendre confiance au milieu de la deuxième mi-temps il y a eu l'expulsion de Lodeiro. Avec le nul du Mexique et de l'Afrique du Sud, on va recommencer à zéro. Pour l'Uruguay, la Coupe du monde commence avec le match de l'Afrique du Sud. Et là, l'Uruguay doit élever un peu son niveau de jeu pour espérer passer au second tour. Vous ne semblez pas très optimiste pour votre pays... Non, il y a quand même eu de belles choses avec une défense bien en place et très sûre d'elle. Mais pour faire quelque chose dans cette Coupe du monde, il faut faire circuler le ballon, le contrôler tranquillement et ne pas balancer de longues balles aux attaquants comme on l'a fait face à la France. Comment voyez-vous la suite ? Comme je l'ai dit auparavant, l'Uruguay avait sept matchs capitaux à jouer. Elle en a joué un, il lui en reste six. Je dis six parce que je souhaite voir la sélection de mon pays aller le plus loin dans cette compétition. Comment avez-vous trouvé l'équipe de France ? Apathique. C'est le moins que l'on puisse dire. Il manque quelqu'un pour mettre de la folie dans le jeu des Français qui sont toujours orphelins de Zidane. Pourtant, il y a des joueurs spectaculaires dans cette équipe. Justement, avez-vous rencontré Zidane en Afrique du Sud ? Pas encore. Je sais qu'il est arrivé hier, mais je sais aussi qu'il aura beaucoup de choses à faire ici et moi aussi. Si on a un moment, c'est sûr qu'on va se rencontrer et discuter comme toujours. Qu'est-ce que cela vous a fait d'apprendre qu'il a donné votre prénom à son premier enfant ? C'est une fierté. C'est pour cette raison que je dis aux joueurs d'aujourd'hui que vous êtes des idoles pour beaucoup d'enfants et que vous devez par conséquent donner le bon exemple sur et en dehors des terrains. Je suis fier d'avoir été un modèle pour Zidane et de l'avoir aidé à faire la carrière qui est la sienne. Vous considère-t-il toujours comme son idole ? Nous sommes plutôt de très bons amis. Nous nous sommes rencontrés récemment à Madrid pour réaliser un Reality show avec de jeunes footballeurs. Comment qualifiez-vous à Zidane ? Le meilleur joueur au monde des années 90 et un homme très réservé mais aussi très humain. Je suis fier de le compter parmi mes meilleurs amis. A part Zidane, que savez-vous du football algérien ? J'ai vu le match Algérie – Uruguay et j'ai découvert une équipe joueuse, des joueurs qui aiment toucher le ballon et qui luttent beaucoup sur le terrain. C'est peut-être le renouveau du football algérien qui a brillé dans les années 80. L'Algérie est dans le groupe de l'Angleterre, les USA et la Slovénie ? Il est clair que l'Angleterre part favori, mais en Uruguay on nous apprend à ne jamais baisser les bras quelle que soit l'adversité. C'est ce conseil que je donnerai aux Algériens, il faut jouer sa chance à fond car si vous êtes là c'est que vous faites partie des 32 meilleures équipes du monde. Cela personne ne peut vous l'enlever. Face à l'Angleterre, vous pouvez entrer dans l'histoire, à vous de saisir cette chance. Parfois, un seul geste peut vous faire entrer dans l'histoire comme la talonnade de Madjer ou ma reprise de la tête à la Copa América. Comment voyez-vous le prochain match de l'Uruguay face à l'Afrique du Sud ? Une finale de Coupe du monde. L'Afrique du Sud est une équipe vraiment bizarre. Personne n'en parlait et hop ! elle sort un grand match face à une excellente équipe mexicaine. Je crois que le retour de Carlos Alberto Parreira y est pour quelque chose. Vous avez passé une heure à analyser le match Argentine – Nigeria. Que disiez-vous en direct ? En Argentine, on parle beaucoup de la Messi-dépendance. Je leur ai dit tout simplement qu'en 86 il y avait la Maradona-dépendance et l'Argentine avait gagné la Coupe du monde. La Messi-dépendance pourrait être une bonne chose car des joueurs comme ça, on n'en voit pas tous les jours. Pour moi, l'Argentine est et restera un favori en puissance pour la victoire finale car sans l'excellent gardien nigérian, ils auraient gagné ce match assez largement. Dans cette équipe d'Argentine, il n'y a pas que Messi. Un mot en français pour les supporters algériens avant de clore cet entretien ? « Zizou (Ndlr. Il le prononce Sissou) est le meilleur joueur au monde. » Je sais que les Algériens vont aimer ça.