L'ex-entraîneur des Lions indomptables en 1998 estime que l'Algérie garde ses chances pour passer au second tour intactes, même si la tâche est difficile. L'ex-entraîneur des Lions indomptables en 1998 estime que l'Algérie garde ses chances pour passer au second tour intactes, même si la tâche est difficile. Hier, lors d'un entretien téléphonique, Claude Leroy nous a parlé du parcours des Verts, et aussi comment ils doivent aborder ce match, ô combien décisif, face à l'Angleterre. Monsieur Leroy, c'est le quotidien Le Buteur. Quelles sont les nouvelles ? Tout va bien et (rires) les nouvelles auraient été meilleures si vous aviez réussi à battre la Slovénie. Nous voulons vous faire réagir sur cette Coupe du monde en Afrique du Sud et les chances des équipes africaines et, en particulier, celle de l'Algérie... Même si je suis très occupé en ce moment, je prendrai de mon temps pour m'adresser, par le biais de votre journal, aux sportifs algériens que j'apprécie tout particulièrement. Qu'avez-vous à dire en ce qui concerne les rencontres qui se sont jouées jusque-là ? Aujourd'hui (entretien réalisé hier) se joueront les dernières rencontres en ce qui concerne la première journée de cette Coupe du monde. Il s'agit des matches Honduras-Chili et Espagne-Suisse. Il est trop tôt pour faire une évaluation. Je noterai seulement que les équipes ont abordé leur premier match avec beaucoup de prudence et qu'aucune d'elle ne s'est vraiment livrée. Ce qui n'a pas été le cas des Allemands. Qu'en pensez-vous ? C'est un peu l'exception qui confirme la règle. Les Allemands ont eu aussi affaire à une équipe australienne que je qualifierais de timorée et, vous savez, en football, quand cela vous sourit… Y a-t-il des équipes qui ont retenu votre attention ? La Corée du Sud et l'Allemagne ont présenté un football de bonne facture, porté vers l'offensive. Les déceptions ont été l'Italie et, bien sûr, la France. Je dis cela sous toute réserve car les choses seront totalement différentes lors du deuxième match. Et pour ce qui est des équipes africaines ? La grande déception vient du Cameroun. Sa prestation face au Japon fut médiocre et cela est étonnant quand on voit le potentiel dont dispose cette sélection. Loin de moi l'idée d'émettre une quelconque réflexion en ce qui concerne les choix tactiques mais, manifestement, il y a des choses dans cette sélection qui ne fonctionnent pas comme il le faudrait. Je voudrais ajouter quelque chose à ce propos. Oui ? C'est la première fois que le Cameroun perd son premier match de Coupe du monde et cette mauvaise entame pourrait avoir de lourdes conséquences. Ce que, évidemment, je ne souhaite pas. Et pour ce qui est des autres sélections africaines ? Leur entrée en matière a été satisfaisante. La Côte d'Ivoire aurait pu remporter son match face au Portugal sans qu'on crie au scandale. Pour ce qui est du Nigeria, ce fut correct et, pour le Ghana, on ne peut qu'applaudir. Ce n'est pas le cas de l'Algérie, n'est-ce pas ? Pour juger la prestation de cette équipe d'Algérie, il faut faire un retour en arrière. Depuis qu'elle a été sacrée championne d'Afrique chez elle, l'Algérie a connu beaucoup de problèmes. Son football a touché le fond et je trouve, vu le contexte dans lequel la sélection algérienne a évolué avec ces années difficiles que tout le pays a traversées, qu'il lui était très difficile de se distinguer de nouveau. A-t-elle réussi à le faire ? Elle a fait ce qu'elle pouvait faire. Par la suite, la situation s'est améliorée et le football en Algérie a commencé à renaître de ses cendres, et ce n'est que logiquement, à la fin 2009, qu'elle arriva à arracher la 3e présence dans un Mondial de son histoire. Le parcours réalisé était plus qu'honorable. Ce n'était pas évident au départ d'évincer le double champion d'Afrique de son chemin. Quelles sont, d'après vous, les causes de la défaite face à la Slovénie ? Votre équipe est à créditer d'un match correct face, ne l'oublions pas, à l'une des meilleures défenses d'Europe. Elle s'est inclinée suite à deux faits malheureux. L'expulsion de Ghezzal a été, à mon avis, le tournant du match. Je ne comprends pas qu'un joueur de haut niveau et qui plus est en Coupe du monde, puisse commettre certaines fautes. Et pour ce qui est du but encaissé par Chaouchi ? A première vue, on peut le reprocher à Chaouchi, mais quand on observe bien cette action, que j'ai revue à plusieurs reprises, il était masqué au départ du ballon et il a plongé un peu à l'aveuglette. Ajouter à cela cette pelouse qui donne des rebonds bizarres. Justement, êtes-vous d'accord avec ceux qui disent que le ballon choisi pour cette Coupe du monde est de piètre qualité ? Absolument pas. Quand le talent existe, il s'exprime et cela quelle que soit la qualité du ballon ou de la pelouse. Voyez ce qu'ont fait Messi, Ronaldo et le défenseur brésilien, Maicon. Saâdane n'est pas du tout de cet avis… Libre à lui de penser ce qu'il veut. Personnellement, le reproche que je ferais serait en ce qui concerne le bruit assourdissant des vuvuzellas. Des scientifiques ont dénoncé les méfaits de cet instrument sur la santé et il faut dire qu'ils perturbent énormément les joueurs. Revenons à l'équipe d'Algérie. Quels sont ses points forts et ses faiblesses ? Cette équipe a du caractère, elle est vraiment solide. Sa principale arme est cet esprit de groupe qui l'anime. Solidaires à souhait, les joueurs sont allés rempoter des batailles et ce n'était pas gagné d'avance. Je pense particulièrement à cette victoire au Soudan contre l'Egypte. L'équipe a montré, même en perdant contre la Slovénie, qu'elle est d'un niveau mondial. Il faut ajouter le travail remarquable de certains éléments qui savent jouer avec et sans le ballon. Vous n'avez pas parlé des points faibles de cette équipe… Je suis mal placé pour répondre à votre question. Il y a un grand entraîneur, Rabah Saâdane, qui peut vous donner une réponse. Je sais que certains entraîneurs parlent à la place d'un sélectionneur, mais je ne suis comme eux. Je peux dire ce que j'ai constaté en tant consultant, pas en tant qu'entraîneur. Il reste quelques retouches sur le plan offensif et je sais que Rabah Saâdane a dû les relever et avec le staff étoffé qu'il a je suis persuadé qu'ils vont régler ces lacunes d'ici au prochain match. Justement, parlons-en. Pas faciles à jouer, les Anglais, n'est-ce pas ? C'est certain, mais ils ont aussi des faiblesses criantes qui sont apparues lors du premier match face aux USA. Je veux parler de la ligne défensive anglaise. C'est pour cette raison que je dirais que les Algériens doivent faire preuve d'intelligence car ils ont un bon coup à jouer. Quelles sont, d'après vous, les clés de ce match ? Le résultat dépendra en grande partie de la capacité des Algériens à empêcher de sévir certains joueurs anglais comme Gerrard ou Rooney. Il y a aussi des joueurs importants, côté algérien, qui doivent un bien meilleur rendement que celui qui fut le leur face à la Slovénie. Je citerai, à titre d'exemple, Ziani. Il faut aussi trouver le chemin des filets et cela les Algériens n'arrivent plus à le faire. Votre avis à ce sujet ? Croyez-vous que cela est propre à l'Algérie ? Pratiquement toutes les équipes du monde souffrent de ce côté. Les buteurs de la race d'un Van Basten ou d'un Ronaldo sont en voie d'extinction et cela à cause des systèmes de jeu ultra-défensifs qui tuent le beau jeu. Saâdane compte titulariser le jeune joueur de Sochaux, Boudebouz, face à l'Angleterre. A-t-il raison de le faire ? Saâdane sait parfaitement, et mieux que quiconque, qui doit être titularisé ou non. On ne peut pas émettre un jugement de valeur en étant loin du groupe. Je peux seulement vous dire que je connais Boudebouz et que c'est un très bon joueur du championnat de France. Pour ce qui est de ce match face à l'Angleterre, les Algériens doivent exercer un pressing très haut, même dans le camp de leurs adversaires, et être présents dans les duels. On vous laisse le mot de la fin, monsieur Leroy... Je souhaite bonne chance aux Fennecs lors de ce Mondial africain. Je salue aussi tous mes amis algériens à travers votre journal.
