«J'adore Ziani et j'aime bien aussi le milieu de terrain de Portsmouth qui jouait au Benfica (Yebda) et Bougherra des Rangers.» C'est avec une extrême gentillesse que l'ancien attaquant du FC Porto a accepté de nous accorder cet entretien. Dès qu'il a su que nous étions algériens, Paulo Futre a évoqué son ami Rabah Madjer. «C'est le plus grand de tous ! Madjer est unique. Son football est un pur régal ! Ce qu'il fait avec l'extérieur de son pied, moi, je ne suis pas capable de le réaliser avec mes deux pieds !», s'exclame-t-il pour louer la magie de son ancien coéquipier à Porto. Paulo Futre a non seulement évoqué le football algérien avec nous, mais il est resté près d'une heure à parler avec d'autres confrères, dont un journaliste japonais qui a fait la queue comme tout le monde pour l'avoir. Simple et joyeux, la gentillesse du Portugais n'a d'égal que son talent. Il est aujourd'hui consultant à Al Jazeera Sports, aux côtés de Lakhdar Berriche, notre compatriote et ami qui nous l'a présenté dans leur hôtel commun. Appréciez l'échange ! Que devient Paulo Futre ? Je suis très actif depuis que j'ai arrêté le football puisque je possède une entreprise de consulting qui s'occupe de domaines aussi différents que la construction, la technologie et naturellement football. Je suis également intermédiaire dans les transferts de joueurs notamment vers le Milan AC. Je collabore aussi avec le quotidien Marca puisque je vis toujours à Madrid en plus d'être consultant à Al Jazeera durant le Mondial. Vous voyez bien que je ne chôme pas. Avez-vous pensé à devenir entraîneur ? Non parce que durant ma carrière de joueur, j'ai passé plus de temps dehors que chez moi. J'avais souvent ma valise prête pour un regroupement ou pour un déplacement. Je n'ai vraiment pas envie de revivre tout ça en tant qu'entraîneur. J'ai choisi de me sédentariser. Beaucoup se sont demandés pourquoi Futre n'a jamais joué au Real ou au Barça ? C'est un peu le destin. Tout compte fait, j'ai bien fait de rester fidèle à l'Atletico en Espagne car cela m'a permis de faire partie de l'histoire de ce club, si j'étais parti au Real ou au Barça j'aurais été un jouer en plus. Vous étiez sans doute content que l'Atletico ait gagné l'Europa Ligue… L'Atletico, c'est mon équipe, j'y ai joué plusieurs années et j'ai été directeur sportif là-bas. Le voir remporter l'Europa Ligue a été pour moi une grande joie parce que je suis avant tout supporter de cette équipe. Vos enfants jouent-ils au foot ? L'aîné est universitaire et travaille avec moi. Fabio le second joue dans les jeunes catégories de l'Atletico de Madrid. C'est un ailier droit qui joue un peu comme le Russe Valéri Karpin. On va voir s'il pourra réussir comme Karpin ou comme son père. Vous êtes en Afrique du Sud comme consultant d'Al Jazeera. Quelles sont vos premières impressions en ce début de Coupe du monde ? J'ai beaucoup aimé le jeu des Chiliens, c'est une jeune équipe qui joue avec insouciance. Ils savent bien presser haut et n'hésitent jamais à jouer l'offensive à outrance. Pour moi, c'est la révélation de ce début de Coupe du monde. Quelle est la première surprise du Mondial ? La défaite de l'Espagne est due, à mon avis, à l'entrée en matière un peu hésitante des Espagnols. Ils n'ont pas entamé la compétition avec la force d'un prétendant au titre. Et le nul des Algériens face aux Anglais ce n'est pas une surprise ? Non parce que l'Algérie a très bien joué. J'ai vu une équipe algérienne complète, solidaire et qui maniait le ballon avec beaucoup d'adresse. Il était difficile aux Anglais de prendre le ballon aux joueurs algériens. La seule chose qui a manqué aux Algériens peut-être, c'est un attaquant qui sache profiter de la moindre occasion pour marquer. Il a manqué un Madjer à l'Algérie hier. A chaque fois qu'on vous parle de l'Algérie vous nous dites Madjer. Connaissez-vous les joueurs actuels de l'équipe d'Algérie ? J'adore Ziani et j'aime bien aussi le milieu de terrain de Portsmouth qui jouait au Benfica (NDLR : Yebda) et Bougherra des Rangers. Ce sont trois très bons joueurs. Le fait de voir beaucoup de joueurs algériens dans les meilleures équipes européennes prouve que le football algérien revient fort sur la scène mondiale. Il y a des Algériens partout, en Allemagne, en Angleterre, en Ecosse, en Italie, il y a même un joueur en Espagne, à Santander je crois. Je suis l'un des admirateurs du football algérien que j'ai découvert grâce à Madjer. C'est un football de qualité. Pourquoi, à votre avis, l'Algérie a perdu son premier match ? Elle a manqué de chance et son gardien de but a commis une erreur inhabituelle à ce niveau de la compétition. L'Algérie méritait largement le nul. Quelles sont ses chances de passer le premier tour ? Vous savez, la Coupe du monde est une compétition très courte avec sept matchs seulement pour les finalistes. La clé de la réussite c'est d'essayer de maintenir le même niveau durant ces sept matchs. En deux matchs, les Algériens ont présenté deux visages différents, celui de la Slovénie et celui de l'Angleterre. On attend d'eux qu'ils répètent le même match contre les Anglais pour espérer gagner et passer au deuxième tour. Il faut y croire car toutes les équipes auront leur chance durant cette Coupe du monde. J'étais déjà très heureux que l'Algérie se qualifie au Mondial, je serai encore plus heureux si vous passiez le premier tour. Quel a été l'apport de Madjer pour la suite de votre carrière ? Il a été un modèle pour moi car lorsqu'il était venu à Porto j'étais trop jeune et il m'a fait un impact extraordinaire dès le premier jour. C'est le joueur le plus complet que j'ai vu dans ma vie. Il venait d'une autre planète. Il était excellent avec le pied gauche, excellent avec le pied droit et excellent de la tête. Il était plus complet que Maradona. Il faisait des trucs avec un seul pied et de l'extérieur que j'étais incapable de faire avec mes deux pieds, c'était un vrai élastique. Quand je parle de Madjer je le fais avec une grande fierté, la fierté d'avoir partagé avec lui les plus beaux moments de ma carrière. J'ai une grande admiration pour lui que ce soit en tant que joueur ou en tant qu'homme. Si vous me laissez continuer de parler de Madjer, votre journal ne suffira pas.