Nous avons alors pris attache avec des techniciens de renom pour décortiquer le jeu de l'Algérie et le dispositif tactique qui a grippé cette machine anglaise, d'habitude beaucoup plus performante. Si le match d'avant-hier entre l'Algérie et l'Angleterre a mis en exergue les failles des Britishs jusqu'à remettre en question les capacités de la bande à Capello d'aller très loin dans cette compétition, il a en parallèle dévoilé les grandes aptitudes des Verts sur le plan tactique et leur faculté de s'adapter à des circonstances de jeu à un très haut niveau. Si les qualités techniques du joueur algérien sont connues, ce match a révélé, en plus, d'autres potentialités chez la sélection algérienne qu'il va falloir bien exploiter à l'avenir. Nombre de spécialistes ont d'ailleurs mis l'accent là-dessus dès la fin de la rencontre pour expliquer notamment, contrairement à ceux qui prétendent le contraire, que les difficultés éprouvées par les Anglais à mettre la machine en marche sont dues essentiellement au dispositif tactique mis en place par Rabah Saâdane. Ouardi : «Le fait de n'avoir pas joué avec un attaquant de pointe nous a servi» Nous avons alors pris attache avec des techniciens de renom pour décortiquer le jeu de l'Algérie et le dispositif tactique qui a grippé cette machine anglaise, d'habitude beaucoup plus performante. Commençons d'abord par des spécialistes algériens, parmi eux Mahieddine Khalef et Mourad Ouardi. Ce dernier a fait une analyse très intéressante, écoutons-le ! «D'abord, je dois mettre l'accent sur la composante de l'équipe qui est pour moi celle comme étant l'idéale pour ce match, en première mi-temps et jusqu'à vingt minutes de la fin. Je crois que le fait de n'avoir pas joué avec un attaquant de pointe typique, genre Djebbour ou Ghezzal, a beaucoup servi notre équipe sur le plan du jeu. La présence d'un avant-centre aurait certainement incité nos défenseurs à user de balles longues vers la pointe de l'attaque, comme c'était le cas contre la Slovénie. Des balles qui, en plus d'être sans aucune utilité, auraient fait l'affaire des Anglais. Mais le fait d'avoir fixé Matmour à ce niveau a tout changé. Du coup, on a opté pour une autre solution, celle du jeu court, à l'algérienne. Il y a eu beaucoup de passes courtes entre les défenseurs d'abord, puis entre les défenseurs et les milieux de terrain. Enormément de passes qui ont fait courir les Anglais avant de les déconcentrer pour les faire douter par la suite. Cela a engendré une désorganisation du jeu de l'Angleterre, et en parallèle, a fait gagner une grande confiance à nos joueurs. Voilà en gros ce qui a fait la différence. Je veux aussi souligner la solidarité entre les joueurs, notamment sur le couloir gauche où Belhadj était en difficulté en début de match, avant de recevoir un énorme soutien de Ziani et Lacen. La complémentarité et l'entente entre Yebda et Lacen dans l'entrejeu est surprenante, ainsi que dans l'axe central de la défense. Il ne faut pas oublier M'bolhi qui a donné de l'assurance derrière.» Khalef : «Saâdane a remporté la bataille tactique» De son côté, l'ancien sélectionneur national Mahieddine Khalef, intervenant hier sur la chaîne satellitaire Medi 1 Sat, a tenu à rendre le mérite à Rabah Saâdane : «L'Algérie nous a admirablement surpris. Les joueurs étaient cette fois-ci bien en place. Saâdane a su comment battre Capello sur le plan tactique. L'EN a développé le jeu algérien qu'on lui connaît. C'est ce qui l'a aidé à imposer le nul à l'Angleterre», a fait savoir l'ex-sélectionneur national. Fernandez : «Le 5-4-1 de Saâdane a bien fonctionné» Pour sa part, Luis Fernandez, l'actuel sélectionneur de l'Israël, trouve que le stratégie de jeu prônée par Rabah Saâdane a parfaitement fonctionné. «C'est une stratégie payante. Lorsqu'on cherche à jouer la prudence, comme l'a fait votre sélectionneur, le 4-5-1 est celui qui marche le mieux. Il fallait renforcer le milieu. C'est le point fort des Anglais. Saâdane l'a compris et c'est à partir de cette donne qu'il a mis en place sa stratégie. Ça a très bien fonctionné», estime l'ex-coach du PSG. Zoff : «Tactiquement, l'Algérie était bien en place» Dino Zoff, l'ex-sélectionneur de l'Italie, a lui aussi aimé la stratégie de jeu de l'Algérie qu'il a trouvée «efficace». Du moins défensivement, car l'ancien champion du monde avec la Squadra Azzura en 82 trouve que l'équipe manque cruellement d'imagination offensive, mais s'appuie néanmoins sur une très solide assise défensive et un milieu de terrain travailleur. «En gros, ce qui a permis à l'Algérie de maîtriser la partie, c'est sa capacité à conserver le ballon. Un très bon placement sur le terrain et une occupation intelligente de tous les espaces. En plus, les qualités techniques des joueurs algériens ont énormément gêné les joueurs anglais», a fait savoir Signor Zoff.