«J'ai été déçu par la prestation des Africains.» Avec deux tentatives avortées, la troisième a été la bonne avec Michael Laudrup, sans doute le meilleur joueur danois de tous les temps. Hier, il fallait se lever tôt pour espérer discuter avec l'ancien joueur du Real et du Barça. «Je vais m'entraîner d'abord après on verra bien, je ne vous promets rien, j'ai rendez-vous à 11h 30», nous a-t-il prévenu. Après une heure d'attente, Laudrup qui venait de finir sa séance d'entraînement nous a fait un signe de la main pour faire l'interview et sans doute en finir avec nous. La preuve, il n'avait même pas pris sa douche. C'est quoi le secret de cette silhouette toujours svelte malgré vos 46 ans ? Depuis que j'ai arrêté le foot il y a plus d'une dizaine d'années, je n'ai jamais arrêté de m'entraîner. J'ai aussi une bonne hygiène de vie, mais cela ne m'empêche pas de vieillir pour autant (rires). Vous avez de nombreux fans en Algérie, les uns aiment le Barça, les autres le Real et ils n'arrêtent pas de dire que vous êtes l'un des leurs. Dites-nous sincèrement, pour quelle équipe votre cœur bat ? Cette question, on me l'a posée maintes fois et ma réponse a été toujours la même : j'aime les deux équipes car j'ai vécu des moments fabuleux avec le Barça et avec le Real. C'est vrai que je vis actuellement à Madrid, mais je vais souvent à Barcelone et à chaque fois je suis accueilli comme un vrai Catalan. Comment peut-on conserver le respect des supporters catalans lorsqu'on quitte le Barça pour le Real ? On les respectant tout simplement. Je crois que j'ai toujours respecté les supporters de Barcelone que ce soit dans mon comportement ou dans mes déclarations. J'ai aussi quitté le Barça après avoir passé presque une saison sur le banc. On ne pouvait pas m'empêcher de partir ailleurs. Qu'est-ce que cela vous fait de battre le Barça 5 à 0 sous les couleurs du Real et le Real 5 à 0 sous les couleurs du Barça ? C'est peut-être pour cela que les supporters des deux équipes me respectent. Comme ça, tout le monde est quitte (rires). Parlons un peu de la Coupe du monde. Avez-vous vu les matchs de l'Algérie ? Pas en entier, mais j'ai revu Algérie-Angleterre en différé. Que pensez-vous du football proposé par les Algériens ? Contrairement au passé, je n'ai pas vu des individualités marquantes dans cette équipe algérienne qui a joué en bloc. C'est normal quand vous avez en face une sélection comme l'Angleterre avec beaucoup de joueurs dangereux. Vraiment, aucun joueur ne m'a attiré l'attention tellement le jeu des Algériens était basé sur l'engagement physique et la réduction des espaces. Je me rappelle de la sélection algérienne des années 80 qui a obligé l'Allemagne et l'Autriche à combiner pour l'empêcher de passer au second tour et là je peux vous dire qu'il n'y avait pas seulement un joueur de très haut niveau mais plusieurs. Cinq équipes africaines sur six sont éliminées. Un commentaire… C'est la grosse déception de la Coupe du monde. Avec l'organisation du Mondial sur le continent africain, on s'attendait tous à ce qu'une équipe africaine aille au-delà des quarts de finale, mais sur ce que j'ai pu voir jusque-là, je suis pessimiste. Je ne vois même pas le Ghana faire mieux que le Cameroun en 90 et le Sénégal en 2002. L'autre déception, c'est l'élimination du Danemark au premier tour... On savait au début qu'il était difficile de battre les Pays-Bas et que la qualification allait se jouer contre le Japon et le Cameroun. On a réussi à battre le Cameroun, mais face au Japon ça s'est joué à peu de choses. Les joueurs danois n'ont pas l'expérience des phases finales, à mon avis, car ils ont réalisé d'excellentes éliminatoires en terminant premiers devant le Portugal. Vous avez déjà été entraîneur adjoint de la sélection danoise. Pensez-vous revenir un jour comme entraîneur en chef ? Oui, mais pas pour le moment. Morten Olsen est en train de réaliser un excellent travail, il lui reste encore deux ans de contrat, il faut le laisser travailler. On verra bien plus tard.