Les journalistes du Buteur ont assisté hier matin à une conférence de presse peu ordinaire organisée par Adidas, au centre des Congrès de Sandton, un quartier huppé de Johannesburg. Les journalistes du Buteur ont assisté hier matin à une conférence de presse peu ordinaire organisée par Adidas, au centre des Congrès de Sandton, un quartier huppé de Johannesburg. Il s'agissait en fait d'un débat sur les penalties, organisé par la firme Adidas, avec comme invités de marque, trois grands gardiens de but retraités ou encore en activité : l'Allemand Oliver Kahn, l'Argentin Sergio Goycochea (tous deux anciens champions du monde) et le Tchèque de Chelsea Petr Cech qui ont animé les débats devant un nombre impressionnant de journalistes du monde entier. Les trois hommes ont donné leurs points de vue sur la qualité des gardiens participants au Mondial, tout en détaillant chacun à sa manière, comment on vit ce moment cruel qui les met face à un joueur qui n'a qu'une idée en tête, celle de les crucifier. Par la suite, les journalistes présents ont eu le droit de poser des questions liées aux penalties, avant de déborder sur des généralités sur la Coupe du monde. En voici des extraits. Quels sont, à votre avis, les gardiens susceptibles de décrocher le Gant d'Or de la Coupe du monde 2010 ? Sergio Goycochea : J'ai bien apprécié l'assurance du Brésilien Julio Cesar, qui a réalisé une grande saison avec l'Inter Milan, notamment en Ligue des Champion. Je pense qu'il très bien placé pour être le numéro 1 de ce Mondial. Mais en tant qu'Argentin, je ne peux pas oublier mon compatriote Sergio Romero, qui réalise un sans-faute jusque-là. Je pense que le celui qui gagnera le Gant d'Or sera issu de l'équipe qui sera sacrée championne du monde. Oliver Kahn : Dans ce Mondial, je mettrai Buffon et Casillas dans un registre à part, pour tout ce qu'ils incarnent depuis quelques années déjà. Mais Julio Cesar n'est pas en reste. Il est arrivé dans ce Mondial avec un titre de champion d'Europe avec l'Inter Milan. Ce qui n'est pas rien. J'ai aussi apprécié le gardien du Japon, du Ghana et celui de l'Argentine Romero. Petr Cech : Je suis entièrement d'accord avec Kahn. Je n'ai pas grand-chose à rajouter, si ce n'est de dire que le gardien de but endosse une responsabilité supérieure à celle des autres joueurs. Que doit faire un gardien de but avant un penalty ? Goycochea : Il y a le facteur chance qui est déjà important lorsqu'on plonge dans le bon sens, mais il y a aussi le talent du gardien et le flair qu'il a au moment où le joueur s'apprête à exécuter le penalty. Il ne faut pas croire, comme le soulignent souvent les journalistes, que c'est une affaire qui ressemble à la loterie ou la roulette russe. Les qualités du gardien de but ont aussi un rôle important dans les arrêts. C'est aussi cela qui fait qu'un gardien arrive à stopper les tirs plus que les autres. Kahn : On a forcément toujours besoin de chance dans ces moments. Mais cela ne suffit pas pour arrêter un penalty. Parfois, lorsqu'on connaît les habitudes du tireur, ses préférences et la manière avec laquelle il exécute ses penalties, ça peut sans doute aider. Des fois aussi on demande des yeux à des coéquipiers qui connaissent le tireur par où il va tirer. Si on fait assez confiance, on plonge dans le sens indiqué sans se poser de questions. On s'accroche à tout dans ces moments. Personnellement, j'insiste beaucoup sur ce qu'on peut appeler «le langage du corps de l'adversaire ». C'est cela qui me parle le plus dans ces cas et ça me donne des détails importants. Le regard qu'on lance dans les yeux du tireur est aussi important, parce qu'on peut aisément le déstabiliser. Cech : Il est toujours préférable de connaître les habitudes du tireur. On récolte les informations là où on peut les trouver ; que ce soit dans des vidéos ou autre. Il faut surtout garder ses nerfs et ne pas fléchir, ne pas montrer d'agitation, ne pas paniquer. Car les duels se gagnent aussi dans le regard. Cech, que pensez-vous du ballon Jabulani qui semble déranger beaucoup de gardiens dans ce Mondial ? Je ne peux pas accepter d'entendre un gardien de but justifier une erreur par la qualité d'un ballon ou des chaussures. Ce ballon a subi des tests très poussés dans des laboratoires très fiables. Les joueurs aussi l'ont testé. Les gardiens ont tous eu le temps de l'essayer avant les matchs officiels. Chacun pouvait donc l'étudier à sa guise. On le fait tous lorsqu'on a un ballon ou des chaussures nouveaux. Je ne pense pas que ceux qui ont encaissé des buts dans ce Mondial aient été lésés par le ballon. Je me dis juste pourquoi les autres n'ont pas commis les mêmes erreurs. Ce serait trop facile de se justifier de la sorte. Il y a toujours des facteurs qui font que le gardien n'arrive pas à arrêter des ballons faciles. La qualité du gazon, la pluie, le vent et j'en passe. Ceux qui veulent se justifier ainsi ont tort, à mon avis. Goycochea, que dites-vous de Maradona, en tant que sélectionneur ? Goycochea : C'est vrai que beaucoup de gens avaient critiqué l'équipe d'Argentine lors des éliminatoires de la Coupe du monde. Il faut reconnaître que le jeu et les résultats n'étaient pas terribles et donc rien ne pouvait aider Maradona dans sa défense. Par la suite, les joueurs semblaient jouer plus libérés et la pression de la qualification s'était sensiblement calmée depuis. Et l'on a revu l'Argentine pratiquer un jeu plus séduisant et plus rassurant. C'est ce qu'on est en train de voir surtout depuis le début de cette Coupe du monde. Maradona aussi semble moins tendu et son message passe nettement mieux chez les joueurs. Messi est très bien épaulé par Maradona et les deux s'entendent bien, puisqu'ils parlent le même langage sur le terrain, celui des génies. A eux deux, ils peuvent mener l'équipe vers le titre. Ils sont en tout cas sur la bonne voie, à mon sens.