«C'est vrai que je n'ai pas beaucoup aimé sortir parce que je jouais bien et j'étais en pleine confiance.» Vous avez eu du mal à battre les Mexicains aujourd'hui, non ? La bonne prestation des Mexicains ? Je m'y attendais un peu. C'est une équipe qui sait conserver le ballon grâce à la qualité de ses joueurs. Je me rappelle que cette même équipe avait réalisé une grande Copa América en 2007. Quelle a été la clé de la victoire ce soir ? Nous avons su profiter des espaces laissés par leurs défenseurs pour frapper au bon moment. Je savais que ça allait se jouer sur peu de choses et ce fut le cas. C'est vrai qu'ils nous étaient supérieurs concernant la possession du ballon, mais on leur a pris le ballon au bon moment et au bon endroit notamment sur le deuxième but d'Higuain. Pendant les premières 20 minutes, les Mexicains vous ont fait courir. N'aviez-vous pas douté à ce moment du match ? C'est vrai que nous avons beaucoup couru derrière le ballon, mais à la fin nous gagnons avec une certaine autorité. Face au Nigeria par exemple, nous avons dominé tout le match pour nous contenter à la fin d'un petit but. En Coupe du monde, il ne faut pas se contenter de dominer, il faut surtout marquer. Aujourd'hui, sur cinq occasions, on en a transformé trois, face au Nigeria sur une dizaine d'occasions, nous n'avons marqué qu'une fois. Cela prouve qu'on a beaucoup progressé depuis le début de la compétition. Etiez-vous en position de hors-jeu sur le premier but ? J'étais peut-être hors-jeu effectivement, je vais revoir ça tranquillement à la télé. C'est finalement ça les décisions des arbitres. Parfois elles sont en votre faveur, d'autres fois contre vous, mais quand on fait les comptes, on est généralement quitte. Deux buts, c'est bon pour la confiance ? Les deux buts que j'ai marqués vont me donner plus de confiance en effet. Avant la Coupe du monde, j'ai dit que, à l'image de l'équipe, j'allais monter en régime. J'espère que je serai encore plus performant face aux Allemands. On a vu Maradona vous serrer très fort dans ses bras après votre second but. Que vous disait-il ? Maradona est un entraîneur spécial. Souvent, ses pressentiments s'avèrent justes. La veille du match, il est venu me voir et m'a dit : ‘Carlitos, demain tu débloqueras ton compteur'. Lorsque j'ai marqué le deuxième but, il est venu m'embrasser pour me dire : ‘Je te l'ai dit hier, non ? Je te l'ai dit hier. Tu as non seulement débloqué ton compteur, mais tu as également marqué deux buts'. Je n'arrive pas à m'expliquer ces trucs, c'est propre à Maradona. Allez-vous encore marquer face aux Allemands ? On verra ce que me dira Maradona la veille des quarts de finale. Non, plus sérieusement, l'Allemagne est en train de jouer à un très haut niveau depuis le début de la Coupe du monde. Un peu comme nous. Ce sera donc un très bon match entre deux philosophies du football complètement différentes. On va jouer ce match avec une grande envie et une grande foi en nous-mêmes comme nous l'avons toujours fait à chaque fois qu'on joue pour le pays. On le jouera aussi avec beaucoup d'humilité, notre principale qualité depuis l'arrivée de Maradona. Je préfère toutefois consacrer mon temps à la récupération avant de parler de l'Allemagne. On vient juste de terminer le match des 8es et je crois qu'il est encore prématuré de parler des quarts encore moins de mes buts. On va savourer cette qualification, bien récupérer avant de commencer à préparer le prochain match. Souvent, l'Argentine cale aux quarts de finale. Psychologiquement, cela pèse-t-il sur le moral des joueurs ? Pour nous, la Coupe du monde commence aujourd'hui. Pour une équipe venue remporter la Coupe du monde, il est clair que la vraie compétition commence à partir des quarts de finale. Il y aura désormais les 8 meilleures équipes du monde en course, la crème du football. On vous a vu un peu irrité au moment où vous avez été remplacé par Veron… C'est vrai que je n'ai pas beaucoup aimé sortir parce que je jouais bien et j'étais en pleine confiance, mais une fois que le sélectionneur m'a embrassé et dit quelques mots gentils, j'ai été refroidi. La preuve, je l'ai embrassé moi aussi puis j'ai salué tous mes coéquipiers sur le banc. J'ai même présenté des excuses à Diego et à la Bruja (la sorcière, surnom de Veron le joueur qui a pris sa place) en fin de match. Messi-Tévez-Higuian, est-ce la meilleure attaque du monde ? Je suis très content de jouer aux côtés de Messi et Higuian, mais on n'est pas encore la meilleure attaque du monde, on doit le prouver. Par contre, c'est l'un de vos meilleurs matchs depuis longtemps ce soir, non ? C'est peut-être mon meilleur match depuis longtemps en sélection. Le deuxième but que je marque, j'ai l'habitude d'en marquer en Premier League, mais jamais en sélection. Cela va me donner de la confiance.