«Il faut que les Africains cessent de se sous-estimer» Cafu présente une particularité unique au monde : c'est le seul joueur à avoir disputé trois finales de Coupe du monde (1994, 1998 et 2002), dont deux remportées (la première et la troisième). De plus, il est l'un des rares joueurs à avoir participé à quatre phases finales de Mondial (1994, 1998, 2002 et 2006). C'est donc un véritable «Monsieur Mondial» que nous avons eu le plaisir et le privilège de rencontrer hier à Pretoria, en marge d'un tournoi à 6 contre 6 dont il était l'un des parrains. Il a aimablement accepté de répondre à quelques questions. Que devenez-vous à présent que vous êtes à la retraire et que faites-vous en Afrique du Sud ? Je suis ici parce que j'aime le sport et je continue toujours à suivre ce qui se passe dans le monde du football. Je représente également plusieurs sponsors et fondations qui viennent en aide à 700 enfants au Brésil., spécialement à Sao Paulo. C'est dans le cadre d'une manifestation sportive de bienfaisance pour enfants que je me trouve à Pretoria. Pour une fois, vous assistez à une Coupe du monde en tant que spectateur et non pas en tant que joueur. Avez-vous des démangeaisons dans les pieds et une envie de sauter sur le terrain et de jouer ? Je garde d'excellents souvenirs des quatre phases finales de la Coupe du monde auxquelles j'ai participé. Je crois être le seul joueur au monde à avoir disputé trois finales de Coupe du monde. Donc, je suis vraiment très excité d'être présent à ce Mondial, même si je le suis en tant que spectateur. Bien sûr, l'envie de jouer est toujours là, mais je laisse le soin à Dunga et à sa troupe de représenter le Brésil comme il se doit dans cette édition. En parlant de Dunga, que pensez-vous de sa décision de ne pas sélectionneur un joueur comme Ronaldinho ? Je n'ai pas à commenter les choix du sélectionneur. S'il s'est passé de Ronaldinho, il doit bien avoir ses raisons. Ce qui est sûr, c'est que la sélection du Brésil est complémentaire et solide. Dunga est en train d'accomplir un très bon travail et les résultats plaident pour lui. En tant que spectateur, la perception, avec du recul, des matches est-elle différente de celle que vous aviez en tant que joueur ? Effectivement, c'est très différent. Il y a d'abord moins d'émotions quand on n'est plus joueur sur le terrain et il y a moins de pression aussi, car je ne me sens pas directement impliqué, ni en tant que joueur et encore moins en qualité de capitaine d'équipe. Cependant, j'ai la même passion et la même envie de voir le Brésil triompher dans ce tournoi. Les Pays-Bas ont de tout temps été un adversaire très coriace pour le Brésil. Quelle est, selon vous, la meilleure manière de les battre ? Nous avons joué quatre matches contre les Pays-Bas en phase finale de Coupe du monde et, dans les matches auxquels j'ai participé, nous avons toujours gagné, même si cela n'a pas été toujours facile. Les confrontations entre le Brésil et les Pays-Bas ont toujours donné lieu à de grands matches. L'équipe hollandaise pratique un football similaire à celui du Brésil. Je pense toutefois que les Brésiliens sortiront vainqueurs encore une fois. Etes-vous d'accord avec l'analyse qui dit que le Brésil d'aujourd'hui est différent de celui d'il y a quelques années car plus défensif ? Ce n'est qu'une façon de voir les choses qui s'est répandue au sein de l'opinion publique. Il ne faut pas oublier qu'il s'agit là d'une Coupe du monde, avec une obligation de résultats qui doit inciter à être sage et rigoureux sur le terrain. L'équipe pratique un jeu alerte et rapide et il y a l'efficacité devant. On ne peut pas demander mieux. Cela dit, on ne peut pas empêcher des comparaisons avec les équipes du Brésil des précédentes éditions, notamment avec celle qui avait remporté le Mondial-2002… Je n'aime pas ce type de comparaison. Il s'agit d'équipes différentes, d'adversaires différents, de contextes différents et de pays organisateurs différents. A chaque époque son contexte. L'essentiel est que la sélection actuelle est en train de travailler dur pour atteindre son objectif naturel : remporter la Coupe du monde. Pouvez-vous faire une comparaison entre votre style et celui de votre successeur au poste de latéral droit, Maicon ? Nous avons tous les deux remporté des titres avec nos clubs en y ayant fortement contribué sur le plan offensif. Maincon a été pour beaucoup dans les bons résultats réalisés par le Brésil ces derniers mois. Concernant nos styles respectifs, je ne vois pas beaucoup de différence entre eux. Je pense que le plus important est que nous deux avons la même envie d'apporter un plus sur le terrain et de contribuer aux victoires du Brésil et à la conquête du trophée, la Coupe du monde. Quelle est votre impression générale sur cette Coupe du monde en Afrique du Sud ? C'est une organisation formidable. L'Afrique du Sud s'est bien préparée pour ce grand événement et elle est en train de le démontrer. Cela donne une atmosphère festive bien différente de ce que nous avons vécu lors des précédentes phases finales de Coupe du monde. Nous assistons à une ambiance unique et je suis heureux de constater que tout le peuple sud-africain adhère au succès de ce Mondial et s'implique dans ses différentes couches dans cet événement. Pourquoi, à votre avis, les sélections sud-américaines semblent très à l'aise dans cette Coupe du monde ? Il faut d'abord souligner que le football sud-américain est devenu de plus en plus fort depuis quelques années. A chaque édition, sa présence se fait ressentir davantage. C'est ce qui fait que les sélections sud-américaines arrivent désormais avec de grandes ambitions. Chacune d'elles s'est visiblement bien préparée pour aller le plus loin dans ce Mondial et, surtout, pour remporter le trophée. Mis à part le Ghana, les sélections africaines ont toutes été sorties lors du premier tour de ce Mondial. Qu'est-ce qui n'a pas marché pour le football africain, selon vous ? Je pense que le problème est surtout dans la tête des joueurs africains. Ils ne viennent jamais avec l'intention de casser la baraque et d'aller très loin dans la compétition. Ils manquent de confiance en leur potentiel. Je crois que les nations africaines devraient venir à la Coupe du monde en conquérants, en se disant qu'elles sont tout à fait capables de bousculer la hiérarchie et de s'imposer face aux grands. C'est une question de mental. Il faut que les Africains, tant au plan individuel que collectif, cessent de se sous-estimer et croient en leurs possibilités, ce qui n'a pas été le cas, je pense, lors de ce Mondial. Pensez-vous que le Ghana a des chances de battre l'Uruguay et d'aller en demi-finale ? Il a 50 % de chances d'y parvenir. La rencontre sera très serrée car le football sud-américain et le football africain se rapprochent dans le niveau et dans le style. Les Uruguayens ont une défense solide qu'il sera difficile de tromper, mais les Ghanéens ont aussi une attaque qui peut faire mal. Ce qui est certain, c'est que c'est un match qui vaudra le coup d'œil. Quelle est votre appréciation de la participation algérienne ? Franchement, l'Algérie a montré de belles choses. J'étais présent au stade du Cap lors de son match contre l'Angleterre. Les Algériens avaient vraiment bien joué. Contre les Etats-Unis, ils auraient pu l'emporter s'ils avaient eu un attaquant capable de concrétiser les occasions de but qu'ils s'étaient procurés avant que Donovan ne donne la victoire aux Américains. En résumé, c'est une équipe solide, mais qui a affiché un manque sur le plan offensif.