«Je vois bien les Pays-bas et l'Espagne en finale.» Il était là, l'Ange vert au milieu des journalistes rédigeant une chronique pour un journal français. Dominique Rocheteau, l'un des meilleurs attaquants français de tous les temps, a accepté volontiers de s'adresser aux Algériens à travers Le Buteur. Il avait beaucoup de choses à leur dire. Entretien ! Sacrée surprise tout à l'heure avec l'élimination du Brésil, non ? Pas vraiment. Pour moi, c'est une demi-surprise. C'est vrai que tout le monde attendait un peu le Brésil, parce que justement c'est le Brésil, mais quelque part, ce n'est pas la grande équipe du Brésil qu'on a vue depuis le début de la compétition. Je n'aime pas vraiment le Brésil de Dunga que je trouve très défensive. Ils sont solides derrière, mais ils ne produisent plus le spectacle. Ce n'est pas le Brésil qu'on aime, quoi. En face en revanche, j'ai vu une belle équipe des Pays-bas qui attaquait sans arrêt même en menant au score et qui faisait le jeu. On m'a dit que le Brésil avait bien débuté le match, malheureusement, je n'ai pas vu la première mi-temps. Cela ne m'empêche pas de dire que les Pays-bas méritaient largement de passer par rapport à ce que j'ai pu voir en deuxième mi-temps. Finalement, le Brésil a joué à l'image de beaucoup de sélections durant cette Coupe du monde dont le souci était de ne pas encaisser de buts d'abord… C'est pour cela qu'on n'a pas vu beaucoup de beaux matchs. Même l'Algérie a préféré jouer derrière. Etes-vous surpris ? Bien sûr. Les Algériens sont faits pour attaquer, ce sont leurs qualités qui le leur permettent. J'ai trouvé qu'ils n'ont pas pris beaucoup de risques peut-être parce qu'ils ont beaucoup de joueurs inexpérimentés. Ils étaient par contre très solides derrière avec un axe central très performant. Ce n'était malheureusement pas suffisant pour faire mieux qu'une élimination au premier tour. Les Algériens attaquaient avec deux joueurs, au mieux trois, c'était trop peu pour inquiéter les défenses regroupées des équipes adverses. Au plus haut niveau, si on n'ose pas, on ne peut rien espérer. Sur ce que j'ai vu depuis le début, les Pays-bas sont de loin l'équipe la plus offensive. Je les vois en finale. Contre qui ? J'aimerais bien voir les Pays-bas et l'Espagne en finale. J'aime bien le jeu espagnol tourné carrément vers l'attaque avec Xavi, Iniesta, Villa et les autres. Après, ça ne sera pas facile parce qu'il y a aussi l'Argentine et l'Allemagne. Ça vous dérange de parler un peu de la France, vous qui êtes président de la commission d'éthique de la FFF ? Pas du tout. Il n'y a rien à cacher, vous savez. Comme tous les Français, j'aime l'équipe de France. Je suis donc triste et très déçu du parcours de l'équipe de France. J'espère que Laurent Blanc saura faire le ménage, enfin pas faire le ménage, plutôt redresser la situation. Etes-vous déçu par les prestations des joueurs sur le terrain ou pas leurs frasques en dehors ? Un peu les deux. Mais il ne faut se voiler la face, cela fait deux ans qu'on n'a pas été bons. Ça ne vient pas de la Coupe du monde. N'oubliez pas qu'on s'est qualifiés difficilement contre l'Irlande en match barrages. Je ne sais pas moi, il n'y a pas de fond de jeu dans cette équipe. Quand tu vois Ribéry qui prend la balle pour essayer d'aller seul vers le but adverse, tu te dis qu'il n'y a pas d'esprit. Tout à l'heure, quand vous parliez de l'Algérie, vous avez cité la défense centrale. Y a-t-il d'autres joueurs qui vous ont plu ? Oui, le milieu de terrain Yebda que j'ai trouvé très posé dans son jeu. Il est jeune, hein ? Il a 26 ans… 26 ans, c'est jeune. J'aime bien Belhadj que je connais depuis quelques années déjà lorsqu'il était à Sedan. C'est un excellent contre-attaquant. Zut ! J'allais oublier Ziani, un très bon joueur aussi. Devant par contre, il manquait quelque chose, il manquait un tueur comme on dit. Vous avez déjà visité l'Algérie à deux reprises, quels souvenirs en gardez-vous ? J'ai joué une fois avec l'équipe de France Espoirs et une autre fois avec le Paris Saint-Germain. J'en garde le souvenir d'une belle ville, Alger, accueillante et hospitalière. Je n'ai malheureusement pas de souvenirs précis, ça fait une trentaine d'années quand même. Etes-vous toujours en contact avec vos anciens coéquipiers algériens ? Je suis en contact même avec mes anciens adversaires. Moumousse Dahleb est mon ami. Je connais aussi Kourichi. Vous savez, on joue souvent des matchs entre anciens et il y en a des Algériens. Il y avait aussi Hamimi décédé il y a quelques années. J'ai beaucoup d'amis algériens. Beaucoup de ces anciens joueurs algériens possèdent des diplômes d'entraîneurs, mais ils n'ont jamais exercé en Algérie à l'image de Kourichi. Pensez-vous qu'ils peuvent apporter quelque chose au football algérien ? De part leur vécu et leur expérience, des gars comme Dahleb, Kourichi et d'autres anciens peuvent beaucoup apporter à l'équipe d'Algérie et au football algérien en général. Moi, je viens de revenir à Saint-Etienne comme dirigeant pour essayer d'aider mon ancien club. Je ne vois pas pourquoi on ne fait pas appel à des gens comme Dahleb et Kourichi.