«L'affaire de la fourchette et ce qui s'est passé soi-disant entre Ziani et Laïfaoui, tout ça n'est pas vrai.» Lounès Gaouaoui décide enfin de rompre le silence et de s'exprimer pour la première fois depuis la fin de l'aventure de la sélection algérienne en Coupe du monde. Il s'est dit ne pas comprendre comment il s'est retrouvé troisième gardien de but lors du Mondial, lui qui a participé à toute la campagne des éliminatoires. Même s'il ne l'exprime pas clairement, l'ex-gardien kabyle semble en vouloir à Saâdane de ne pas lui avoir donné une seconde chance après l'opération qu'il a subie juste avant la CAN 2010. Alors Lounès, quelles sont les nouvelles ? Tout va bien. Actuellement, je suis en vacances et je veux profiter de l'occasion pour régler quelques affaires personnelles avant de reprendre le travail. Car une fois que vous reprenez le boulot, vous n'aurez plus de temps libre. Si on vous demande d'évaluer le parcours de l'Equipe nationale en Coupe du monde que diriez-vous ? Franchement, je pense que le parcours de la sélection au Mondial est positif. Cette participation à un tel événement a permis aux joueurs d'acquérir une certaine expérience dans le haut niveau. En dépit des résultats qui étaient négatifs, et qui auraient pu être meilleurs, je dirai que nous avons livré de bons matches et surtout nous n'avons pas déçus nos supporters qui avaient espoir en nous. Après 24 ans d'absence, je pense que nous étions à la hauteur de l'événement. Comment expliquez-vous le fait que l'Algérie n'ait pas marqué le moindre but dans les trois matches qu'elle a disputés ? Comme je vous l'ai dit, on pouvait réaliser de meilleurs résultats, mais cela ne pouvait se faire sans marquer des buts. Malheureusement, on souffrait d'un manque d'efficacité devant le but. C'est la raison pour laquelle, à mon avis, on n'a pas pu trouver le chemin des filets. Avec du recul, ne regrettez-vous pas le match de la Slovénie que vous pouviez remporter ? Contre la Slovénie, on a livré un bon match, il ne nous manquait que les buts. On a, par contre, encaissé un but dans un moment crucial où il a été difficile de revenir au score. Si on avait réussi à obtenir au moins le nul dans ce match, et c'est le minimum qu'on méritait, notre parcours aurait été bien meilleur. Mais tout cela fait partie du passé. Nos joueurs ont acquis maintenant pas mal d'expérience, en attendant d'autres échéances. Sur le plan individuel, vous n'avez participé à aucune rencontre lors de ce Mondial, un commentaire ? C'est regrettable de ne pas pouvoir jouer le moindre match. Je ne vous cache pas ma déception car il s'agissait d'une phase finale de Coupe du monde. Depuis le début des éliminatoires, je rêvais de participer à ce Mondial, qui serait peut-être le dernier pour moi puisque l'Algérie n'est pas habituée à se qualifier régulièrement à ce tournoi. Mais que voulez-vous que je vous dise, la Coupe du monde est désormais derrière nous, il ne sert à rien d'y penser, tout est fini maintenant ! Vous n'avez même pas participé aux derniers matchs amicaux précédant la Coupe du monde ? Exact, Saâdane voulait peut-être compter sur les éléments qu'il voyait comme potentiels titulaires pour la suite. Mais le fait de ne pas participer à deux matches amicaux où le coach devait superviser tous les joueurs, là je n'ai rien compris. Mais la décision revient au premier responsable de la barre technique. Moi, je ne peux pas m'immiscer dans ses affaires. Mais vous vouliez tout de même avoir une nouvelle chance, n'est-ce pas ? Absolument, je suis gardien de but dans la sélection et de ce fait j'aurais aimé avoir plusieurs chances, j'aurais aimé aussi joué et participé à cette Coupe du monde, ce qui est naturel pour chaque joueur. Malheureusement, on ne m'a pas donné ma chance, et je me suis retrouvé troisième gardien de but. Se retrouver justement troisième portier après avoir joué toutes les éliminatoires, cela vous a sans aucun doute affecté… Oui, je suis affecté de ce côté, je ne peux pas le cacher. D'autant plus, comme vous le dites, j'ai participé à toutes les éliminatoires et contribué activement à la qualification de notre équipe en Coupe du monde. Je n'ai manqué que le dernier match à cause de la suspension où Chaouchi m'a remplacé. A l'arrivée, je me retrouve comme troisième gardien, cela m'a beaucoup affecté. Mais que voulez-vous que je fasse, je ne suis qu'un simple joueur dont la mission est de défendre les couleurs nationales sur le terrain. Il n'est pas de ma nature de contester les choix des entraîneurs que ce soit en sélection ou dans les clubs, et ce n'est pas aujourd'hui que je le ferai. Je respecte toujours les décisions de l'entraîneur. Et depuis ce match d'appui contre l'Egypte, vous n'avez plus joué le moindre match en sélection… Effectivement, car j'ai été opéré de l'appendicite juste avant la Coupe d'Afrique. J'ai été contraint de quitter le groupe et partir en France pour me soigner. Mais j'ai bien récupéré par la suite et retrouvé la compétition. Malheureusement, je n'ai plus joué le moindre match, même amical fusse-t-il, et ce, même si j'estime que j'en étais capable de rejouer. En parlant de votre opération justement, des rumeurs disent que vous n'étiez pas victime d'une appendicite, mais c'est plutôt Lemmouchia qui vous a poignardé avec une fourchette ; qu'en est-il au juste ? (Il rit.) Franchement, je ne sais pas d'où sort ce genre de mensonges qui visent à déstabiliser le groupe. C'est une information infondée bien évidemment. J'ai été victime d'une appendicite et j'ai été obligé de partir en France pour me soigner. Le docteur Hanifi m'a accompagné d'ailleurs dans l'avion qui m'a transporté. L'affaire de la fourchette et ce qui s'est passé soi-disant entre Ziani et Laïfaoui, tout ça n'est pas vrai. Lemmouchia a été accusé à tort, il ne m'a jamais frappé avec quoi que ce soit. Vous avez souffert de marginalisation, n'est-ce pas ? Oui, j'ai senti que j'étais marginalisé, surtout durant le Mondial. J'étais très déçu. Etre gardien de but numéro un ou troisième keeper, ça n'a jamais été pareil. Il était difficile pour moi de digérer une telle situation, mais on devait par ailleurs préserver la stabilité du groupe. Comment voyez-vous votre avenir ? Actuellement, je suis en vacances, je veux me reposer et prendre du recul. Après, je verrai ce que je pourrais faire. J'ai tout le temps pour réfléchir de ma prochaine destination d'autant plus que le délai de dépôt des licences a été prorogé. Des contacts ? J'ai été contacté par le Mouloudia de Saïda. On a même négocié, mais on n'a pas trouvé un accord. Dernièrement, j'ai reçu une offre du MCO. Je ne ferme la porte à personne, j'accepte de négocier avec les équipes qui me veulent. Et qu'en est-il de l'ASO, votre club ? Tout est terminé avec l'ASO. Mon contrat est arrivé à terme à la fin de la saison. La direction du club a recruté Ghalem, je ne peux pas donc proposer mes services. Des contacts des pays du Golfe ? Je ne veux pas me précipiter, j'ai des contacts de l'étranger, mais pas des pays du Golfe où il est interdit de recruter des gardiens de but. Je déclinerai l'identité de ces clubs au moment opportun. Croyez-vous être capable de retrouver le même niveau que vous aviez avant ? Il est vrai que j'ai perdu de ma forme depuis l'opération que j'ai subie et la déchirure musculaire dont j'ai été victime avant la fin de la saison. Mais lors des 46 jours du stage que j'ai passés avec l'Equipe nationale, j'ai retrouvé la plénitude de mes moyens. Je sais que je suis capable de donner un plus au football algérien. Rester en Equipe nationale, est-il votre objectif ? Absolument, je crois que je possède le niveau qui me permet de garder ma place en Equipe nationale, et je travaillerai davantage pour y rester. On dit que le staff technique envisage de se passer des services des joueurs trentenaires, comme Saïfi, Mansouri et vous-même, qu'en dites-vous ? Je ne peux pas commenter ce qui se dit dans la rue. Pour le moment, il n'y a rien d'officiel. Et tant que je n'ai rien reçu, je me considère toujours comme un élément de la sélection. Vous avez joué dans plusieurs clubs, comment pouvez-vous évaluer votre passage dans chacun d'eux ? Je ne veux pas faire de comparaison entre les clubs pour lesquels j'ai joué, mais je dirai que c'est au sein de la JSK que j'ai acquis une grande expérience et qui m'a permis d'être sélectionné. La deuxième équipe qui me plaît, c'est le WAT. J'ai connu de braves gens. Si ce club n'avait pas rétrogradé, je ne l'aurais pas quitté. Et qu'en est-il de Chlef et Annaba ? Je n'avais aucun problème avec ces deux clubs où j'ai laissé ma place propre. J'ai acquis une expérience supplémentaire avec Annaba en jouant la Coupe arabe, mais le problème, c'est que la direction a modifié mon contrat. Etes-vous pour le maintien de Saâdane ? En ma qualité de gardien de but de l'Equipe nationale, je ne peux m'exprimer sur ce sujet. Il y a des responsables sur place qui doivent prendre des décisions. Et si Raouraoua a décidé de reconduire le staff de Saâdane, c'est qu'il avait opté pour la stabilité. Les éliminatoires de la CAN 2012 commenceront en septembre, il n'y a pas suffisamment de temps pour chercher un autre entraîneur. Mais je crois qu'il vaut mieux renforcer le staff technique par des adjoints pour aider Saâdane. Le renforcement du staff est une nécessité alors ? Je ne dirai pas que Saâdane n'est pas compétent, bien au contraire. Il faut reconnaître que c'est lui qui a qualifié l'EN en Coupe du monde. Mais je crois qu'un renforcement du staff technique par plusieurs techniciens est souhaitable. Que pensez-vous de la décision de Belhadj d'opter pour le club qatari, Al Sadd ? Tout d'abord, je le félicite. Je crois qu'il a bien réfléchi avant de prendre une telle décision. Je ne pense pas que cela puisse influer sur son rendement, comme le pensent certains. Je le connais bien, il travaille d'arrache- pied. Je ne peux pas commenter sa décision, mais je pense qu'il a mûrement réfléchi avant de se prononcer.
