«Celui qui choisit l'Algérie ne le regrettera jamais !». La derrière déclaration à la presse de Hassen Yebda remonte à la dernière Coupe du monde, le joueur ayant décidé de se déconnecter complètement du football pour profiter à fond de ses vacances. Sollicité par le Buteur au Sheraton au cours de son passage à Aller puis à Lisbonne où notre journal a dépêché un envoyé spécial pour lui et Halliche, Hassen Yebda a finalement cédé à nos sollicitations car jugeant le moment propice pour parler de son avenir et mettre ainsi fin aux folles rumeurs qui le donnent partant un peu partout en Europe. Entretien. Cela fait longtemps qu'on ne vous a pas entendu parler. Pourquoi ce silence ? Après la Coupe du monde, il me fallait faire un break sur tous les plans. Médiatiquement aussi, cela s'imposait, d'autant plus qu'il n'y avait rien de nouveau sur lequel on pouvait s'exprimer. Tout a été dit à notre sujet et je pense que le mieux était de tenter de faire le vide en profitant des vacances qui se présentaient devant nous. Il n'y avait donc aucune arrière-pensée dans ce silence, bien au contraire. Vous avez passé où vos vacances ? Je dirai un peu partout, à vrai dire. J'ai été au Portugal, puis aux USA, à Los Angeles en famille, avant de terminer mon périple en Algérie où je devais me ressourcer comme d'habitude, avant la reprise des entraînements. Aujourd'hui, vous êtes en pleine préparation avec le Benfica, alors qu'on vous annonçait un peu partout en Europe. Pourquoi n'êtes-vous pas encore parti ? Tout d'abord, je dois rappeler que je suis encore sous contrat pour deux ans, avec le Benfica Lisbonne. A Portsmouth, je n'avais été que prêté par mon club employeur. C'est donc tout à fait naturel que je commence la préparation avec le Benfica où je me suis toujours bien senti. Mais vous allez sans doute jouer ailleurs la saison prochaine, puisque l'entraîneur n'a pas changé et c'est le même système en losange qui sera reconduit. Ce qui ne sera pas à votre avantage, non ? C'est vrai que c'est un peu à cause du système de jeu que j'ai opté pour une solution de prêt à l'étranger, mais rien ne dit que je quitterai le Benfica la saison prochaine. Je n'ai rien annoncé pour l'instant, que ce soit pour rester ou pour partir. La preuve, c'est vous qui me dites que je n'ai pas parlé depuis longtemps. Ce qui s'écrit donc à mon sujet ne me concerne pas, ce ne sont que des spéculations de journalistes et ils sont libres de le faire, puisque ça marche comme ça partout dans le sport. Et je ne le dis pas pour éviter votre question, car au jour d'aujourd'hui, je m'entraîne sereinement, comme si je devais rester pour toute la saison. On verra par la suite comment les choses évolueront. Il est donc possible de vous voir au Benfica pour la saison à venir ? Bien sûr que c'est possible ! Dans le monde du football, tout est possible. Moi en tout cas, je serai toujours ravi de jouer pour le Benfica. C'est un club que je porterai à vie dans mon cœur. J'y ai passé de grands moments et j'apprécie énormément la ville et ses supporteurs. Je connais beaucoup de gens avec qui je m'entends à merveille dans ce club et dans cette ville. Je serais donc très enchanté d'y rejouer. Mais il faut savoir que rien n'est encore décidé pour l'instant. Et pourtant, vous risquez de retrouver le même système à losange qui vous a poussé à jouer ailleurs la saison passée. L'entraîneur est toujours en place. N'y a-t-il pas de risques de refaire banquette à Lisbonne ? D'abord, je n'ai vraiment aucun souci avec le coach. C'est quelqu'un qui m'apprécie beaucoup et c'est réciproque de mon côté. Il n'y a absolument aucun problème personnel entre nous. Si j'ai voulu partir la saison dernière, c'est parce que je n'avais pas senti que j'allais être à mon aise dans ce système à losange, c'est tout. Et comme on avait des objectifs importants avec l'Equipe nationale, je ne voulais pas compromettre ma place en restant sur le banc. La preuve est que j'ai eu raison de demander à jouer ailleurs, puisque tout s'est très bien passé pour moi par la suite. Vous étiez certain de faire banquette au Benfica ? Non, je ne dis pas que je n'aurais pas pu gagner ma place au Benfica, mais le début de la saison et les matchs de préparation sont souvent de bons indicateurs pour les joueurs. On sait tout de suite si le coach comptera sur nous ou pas. Mais je ne sais pas ce qui se serait passé si j'avais décidé de rester et me battre pour une place de titulaire. Je n'ai jamais refusé le combat et je serai toujours présent pendant les entraînements. La concurrence ne m'a jamais fait peur. Au contraire, c'est un bon stimulant pour celui qui veut progresser. C'est ce que vous allez faire si à la date du 31 août vous êtes toujours au Benfica ? D'abord, le 31 août est encore loin. Il reste près d'un mois devant nous et si c'est le cas à ce moment-là, je jouerai mes chances à fond, comme je l'ai toujours fait. Je vous dis que je n'ai jamais eu peur de la concurrence partout où je suis passé. Si je dois me battre pour convaincre le coach, alors je le ferai sans me poser de questions. Une bonne partie des joueurs de l'Equipe nationale est restée en place. Il n'y a pas eu de mouvements spectaculaires en fin de compte, même après une participation en Coupe du monde. A quoi cela est-il dû à votre avis ? C'est vrai qu'on aurait pu penser qu'il allait y avoir des répercussions sur les mouvements de transferts après la Coupe du monde, mais cela dépasse tous les joueurs concernés, pas seulement ceux de l'équipe d'Algérie. Si vous remarquez bien, à ce jour, c'est resté encore très calme à tous les niveaux. Il n'y a pas eu beaucoup de transferts cet été. C'est donc normal que ça ne bouge pas aussi pour les joueurs de l'équipe d'Algérie. Mais rien ne dit que ça va rester comme ça au 31 août. Il ne faut pas que les gens s'impatientent, car ça va sans doute commencer à bouger dans les jours à venir. Les clubs ne s'aventurent plus comme avant et préfèrent attendre le bon moment pour faire les bonnes affaires. C'est la loi du marché qui le veut. Vous paraissez très serein, malgré les incertitudes… Pourquoi voulez-vous que je stresse ? Vous savez, j'appartiens avant tout à un très grand club qui s'appelle Benfica ! Je suis donc assez privilégié de ce côté, non ? Jouer au Benfica Lisbonne, ce n'est pas rien. Beaucoup de joueurs rêvent d'être à ma place. C'est un club qui joue le titre tous les ans et vise aussi les autres titres européens, notamment la Ligue des champions. Ce n'est donc pas un club de seconde zone. C'est donc un grand honneur d'appartenir à ce club. J'y suis lié pour encore deux années et ça me ferait un grand plaisir d'y rejouer cette saison. Maintenant si le club voudrait me transférer ailleurs, j'étudierais les offres et je déciderais en temps opportun. Sinon, il n'y a aucun souci à se faire de ce côté pour moi. Je jouerai où mon destin me mènera. Si je dois rester au Benfica, je le ferai sans problème et si je dois aller quelque part, alors je le ferai comme la saison passée à Portsmouth. J'ai joué avec la même détermination et je me suis vite adapté. Je crois avoir donné satisfaction, malgré la relégation. Il faut toujours rappeler qu'il n'était pas facile de l'éviter avec la défalcation de neuf points. Il est important de le rappeler… Halliche est aujourd'hui dans le même cas que vous. Vous passez beaucoup de temps ensemble ? Oui, avec Rafik, on est devenus inséparables ! (Il sourit). On passe beaucoup de temps ensemble. Avec Nadir, c'est celui que j'ai le plus vu cette année ! (Il rigole encore). On s'entraîne vraiment avec plaisir tous les deux et on s'encourage mutuellement pour faire une bonne préparation. Rafik est un garçon très intelligent et agréable à vivre. Je l'apprécie beaucoup. Il est très marrant et on se parle beaucoup, en kabyle bien sûr ! Rabah Saâdane a finalement été maintenu. Un commentaire ? C'est une excellente décision, car c'est l'entraîneur qui connaît le mieux cette équipe. Le président Raouraoua a donc opté pour la continuité et cela est très appréciable de sa part. On sent que ça travaille à moyen et long termes et cela est très rassurant pour tout le monde. En tout cas moi personnellement, je suis ravi de retrouver monsieur Rabah Saâdane à la tête de l'Equipe nationale. Vous allez jouer un match amical contre le Gabon, au stade du 5-Juillet. Qu'est-ce que cela vous inspire ? D'abord la fierté de revêtir le maillot de l'Algérie et le plaisir de rejouer devant notre cher public. La dernière fois qu'on a joué au stade du 5-Juillet, nos supporteurs avaient organisé une vraie fête pour nous accueillir et malheureusement, nous l'avions gâchée avec cette défaite amère que je n'ai pas encore réussi à oublier. D'ailleurs, je leur avais demandé pardon publiquement. J'espère que cette fois-ci, ce sera différent. Vous êtes obligés de battre le Gabon, non ? Oui, c'est clair ! On n'a pas le droit de décevoir une deuxième fois, même si ça reste un match amical. Nous jouerons, certes, pour nous préparer, mais ce sera aussi pour l'honneur. Il nous faut absolument faire oublier le 0-3 encaissé face à la Serbie. On fera tout pour démarrer notre saison par une victoire. Le Maroc, c'est encore loin dans les têtes ? Oui, c'est un peu loin, car la saison n'a pas encore démarré pour tout le monde. Mais sachez qu'on y pense au fond de nous, comme le font tous les supporteurs de l'Algérie. Nous aussi avant d'être joueurs sommes avant tout des fans des Verts. On joue pour le pays et rien ne peut égaler ces sensations. Et pourtant, certains jeunes joueurs comme Brahimi, Feghouli, Tafer ou Belfodil hésitent encore à rejoindre les Verts. Qu'avez-vous à leur dire, vous qui êtes passé par les mêmes sentiments d'incertitudes ? Pour ma part, c'était un peu différent, car la loi ne me permettait pas de jouer pour l'Algérie à l'époque. Mais pour eux, il est encore temps qu'ils se décident. Ils sont, certes, libres de prendre une décision, mais il faut qu'ils réfléchissent très bien avant de la prendre. De mon côté, je peux leur dire que s'ils optent pour l'Algérie, je peux les assurer qu'ils ne le regretteront jamais de toute leur vie. Je ne peux pas le leur expliquer avec les mots, le bonheur qu'on ressent de jouer pour sa famille, ses proches et tout son peuple. Que c'est beau de jouer pour l'Algérie ! Il faut qu'ils portent le maillot algérien pour qu'ils comprennent ce que j'essaie de leur expliquer. S'ils ont la chance de venir nous rejoindre, il ne faut surtout pas qu'ils la ratent, car c'est quelque chose de merveilleux. C'est tout ce que je peux leur dire avec des mots, car le reste, ils vont le découvrir lorsqu'ils seront sur le terrain, devant ce public algérien qui n'a pas son pareil au monde. L'Algérie, ça ne se refuse pas ! ---------------------- Karim Yebda dément The Sun : «Je ne dévoile jamais les noms des clubs qui s'intéressent à Hassen» Même s'il a été très contrarié par les déclarations qui lui ont été attribuées par The Sun et qui ont été reprises en grandes manchettes par la presse algérienne ravie de l'aubaine, Karim Yebda, le frère et l'agent de Hassen, n'a pas pour autant perdu de sa sérénité habituelle. «J'ai été vraiment surpris de lire mon nom sur la presse anglaise, alors que je n'ai fait aucune déclaration à un journaliste anglophone depuis la fin de la Coupe du monde. Surpris parce que ceux qui me connaissent vous diront que je ne dévoile jamais les noms des clubs qui s'intéressent à mon frère. Les gens du milieu vous diront que ce serait novice de le faire, car cela risque de couper court aux négociations» nous a dit en substance Karim Yebda qui continue à travailler tranquillement pour trouver un club à la mesure du talent et des ambitions de son frère, auteur d'une excellente saison avec Portsmouth et d'une très bonne Coupe du monde avec les Verts. Tout comme Hassen (lire l'interview), Karim Yebda ne perd pas son calme, car il sait qu'il a largement le temps de trouver un bon club, la date limite des transferts en Europe étant fixé au 31 août prochain. Trois semaines, c'est largement suffisant pour un joueur comme Yebda, même en ces temps de crise financière.