«L'entraîneur est toujours le premier responsable, mais il n'est pas le seul. Les joueurs ont aussi leur part de responsabilité, et la FAF aussi.» L'ex-capitaine des Verts Djamel Belmadi a accepté de commenter l'actualité de l'Equipe nationale avec la démission de Saâdane. Il nous parle aussi de sa nouvelle aventure au Qatar et de son nouveau métier. Parlons d'abord de votre nouveau métier et de votre équipe avec laquelle vous avez atteint la finale de la Coupe de l'émir Djacem, une finale que vous avez perdue face à Al Arabi après un parcours honorable. Comment avez-vous vécu cette nouvelle expérience ? C'est une belle expérience et nous avons fait effectivement un très bon parcours en cette coupe dans la mesure où nous avons vaincu les meilleures formations du Qatar, à l'image d'Arayane et d'Al Gharrafa au sein desquels évoluent de grandes stars mondiales, comme Djouninho et Abdulkader Keïta. Nous les avons toutes battues jusqu'en finale où nous nous sommes inclinés devant Al Arabi qui n'est pourtant pas du calibre de ceux que nous avons battus en éliminatoires. Ce sont nous qui n'avons pas été bons ce jour-là, nous n'étions pas dans notre jour. En plus, il y a des facteurs qui ont joué contre nous et qui nous vraiment pénalisés, c'est le fait d'avoir été amoindris de trois de nos titulaires pour cause de blessure, l'expulsion d'un de nos joueurs un quart d'heure après le début de la 2e mi-temps, la fatigue après avoir joué beaucoup de matches en un laps de temps très court, enfin, à la fin de la partie, on encaisse un but bête. L'aventure se termine ici. Etes-vous affecté ? Pas tellement. Je suis juste déçu pour mes joueurs qui méritaient de gagner ce trophée par rapport à tout ce qu'ils ont fait depuis le début de cette compétition, par rapport aux efforts qu'ils ont fournis et à leur très beau parcours. J'aurais voulu qu'on gagne rien que pour eux, mais bon. Je crois que nous avons, en revanche, tirer de bonnes leçons de cette compétition en prévision du championnat, qui est le plus important, et qui débutera prochainement. En tout cas, la presse locale n'a pas tari d'éloges sur votre équipe qu'elle a qualifiée comme étant la révélation de ce tournoi … C'est vrai, tout le monde a été surpris par le rendement et les différentes prestations de mon équipe, car personne ne s'attendait à une telle production de la part de Lekhouya qui n'a été créé que récemment et qui a accédé après une année seulement dans le championnat professionnel. Ce n'était pas mon cas, toutefois, car j'avais confiance en ce que nous avons fait en deux mois et demi, c'est-à-dire depuis mon arrivée. Nous avons fait beaucoup de choses durant tout ce temps, et pour moi, cette prestation n'est que le fruit du travail accompli ; ce n'est pas une surprise. La surprise c'est peut-être vous à la tête de cette équipe. Dites- nous comment êtes-vous passé de l'autre côté de la barrière et comment êtes-vous arrivé au Qatar ? C'est vrai, moi aussi je ne pensais pas que j'allais entraîner cette équipe. Voilà comment les choses se sont passées. Lekhouya est une équipe récente. C'est un club qui a été créé il y a moins d'une année. Et puisque je venais souvent au Qatar pour me soigner, ses responsables se sont approchés de moi pour me demander de les aider à former cette équipe. Par rapport à mes relations en France et à mon expérience, ils m'ont demandé de faire de la prospection là-bas afin de recruter quelques bons éléments. C'est ce que j'ai fait, j'ai ramené quelques joueurs et j'ai fait même venir un préparateur physique, tout en remédiant à quelques insuffisances. Et là, les dirigeants de Lekhouya m'ont tout simplement proposé d'entraîner l'équipe alors que ce n'était guère dans mes plans puisque j'envisageais de revenir à la compétition comme joueur. Je vous fais savoir qu'ils m'avaient déjà fait cette proposition la saison passée, quand ils étaient en D2, et je n'ai pas accepté parce que je voulais rejouer encore. Et cette fois-ci, compte tenu de ma blessure, j'ai pu me rendre compte qu'il y a vraiment peu de chances pour que je revienne, et après avoir mûrement réfléchi, j'ai fini par accepter. N'avez-vous pas pensé à ramener des joueurs algériens ? Si, j'avais fait une proposition à Bougherra et à Halliche, mais j'ai vu qu'ils étaient beaucoup plus intéressés par jouer en Europe. Et si vous reveniez à la charge à l'avenir, au mercato par exemple, avez-vous d'autres noms algériens qui vous intéressent ? Non, je n'y pense pas encore. Nous venons juste de façonner l'équipe et le championnat n'a pas encore commencé. Mon seul souci est de préparer convenablement ce championnat pour y réaliser de bons résultats. Penser à recruter en ce moment n'a pas de sens. Lors de la finale contre Al Arabi, parmi vos adversaires sur le terrain, il y avait un Algérien qui avait pour nom Khoukhi. Comment l'avez-vous trouvé ? C'est un bon joueur. Il a vraiment attiré mon attention et il m'a laissé une bonne impression. Rouvrons, encore une fois avec vous, au dossier de l'Equipe nationale et son actualité avec la démission, attendue pour certains, de Saâdane. Un commentaire ? Je dois vous dire que je n'ai pas vu le match contre la Tanzanie, car au même moment, j'entraînai mon équipe. Mais je suivais l'évolution du match au fur et à mesure. Je dois dire que je n'étais pas surpris par le résultat de la rencontre, c'était même pour moi une suite logique à tout ce qui s'est passé depuis la dernière CAN où l'Equipe nationale ne cessait d'enregistrer les mauvais résultats l'un après l'autre. Elle régressait toujours, cela a commencé juste après la CAN avec les matches amicaux avant le Mondial, et on a vu les résultats pendant la Coupe du monde. Puis lors du dernier match amical face au Gabon, et, ma foi, après tout cela, je ne pouvais pas m'attendre à mieux contre la Tanzanie. Je pense qu'on a trop tardé pour apporter du changement. Ce résultat, aussi mauvais soit-il, est peut-être le bien venu tant il nous a servi de sonnette d'alarme. Vous êtes donc de l'avis de ceux qui disent que Saâdane aurait dû partir après la Coupe du monde ? Oui. Et à partir du moment qu'il ne l'avait pas fait, la FAF n'aurait jamais dû le maintenir, d'autant que rien ne l'obligeait de le garder. Pour moi, la FAF n'a pas su s'y prendre et n'a pas assumé ses responsabilités en attendant jusqu'à cet énième faux pas pour réagir enfin et se retrouver sans entraîneur. Ce qui s'est passé, on aurait dû l'éviter. Quelle est pour vous la raison de cette régression des Verts ? Est-elle due à mauvais choix tactiques de Saâdane, à la mauvaise utilisation des joueurs ou à autre chose ? Je veux d'abord savoir comment il a joué contre la Tanzanie en défense, est-ce avec trois défenseurs axiaux ? Il a joué avec quatre défenseurs, avec Ghezzal sur la droite … Ghezzal sur la droite, êtes-vous sûr ? Oui, il paraît qu'il a déjà joué à ce poste avec son équipe… Je suis désolé, il joue devant avec son équipe, comme la dernière fois contre la Juventus. Ce n'est pas normal de faire jouer un attaquant en défense alors qu'on a un grand déficit en attaque. Cela veut dire que nous avons joué, comme toujours, avec trois défenseurs, et cela ne nous a jamais arrangés, ni en attaque, ni en défense où on encaisse beaucoup de buts. C'est dû finalement à la mauvaise utilisation des joueurs, c'est clair. Pour vous, Saâdane est-il le seul responsable ? L'entraîneur est toujours le premier responsable. Mais il n'est pas le seul, les joueurs ont aussi une part de responsabilité, et la FAF aussi. En parlant de joueurs, Nadir Belhadj est paru très en deçà de son niveau habituel. Ne pensez-vous pas que cela a une relation avec son choix pour le championnat du Qatar ? Le championnat du Qatar n'a rien à voir là-dedans. Cela fait un mois seulement que Belhadj est là, on ne peut pas remettre en cause donc son choix pour le Qatar. On ne connaît pas encore le remplaçant de Saâdane, mais il paraît que Benchikha serait en pole position. Etes-vous avec l'entraîneur local ou préfériez-vous l'option du technicien étranger ? Je ne connais pas les entraîneurs en Algérie, donc je ne peux pas les juger. Moi, je suis pour un très bon entraîneur, qu'il soit local ou étranger.