«Non, je ne me suis pas attaqué à Belhadj et Ghezzal !» «Je n'ai pas mis la pression sur Benchikha» L'ancien sélectionneur, Rabah Saâdane, était l'invité de l'émission sportive «Football Magazine» de la Chaîne III, qu'anime chaque vendredi matin notre confrère Maâmar Djebbour. Très disponible ces derniers temps envers les médias, Saâdane est revenu sur plusieurs points ayant fait l'actualité depuis son départ de l'EN et, surtout, parlé de la mauvaise passe qu'est en train de traverser la sélection. Encore une flèche pour ses détracteurs ! Fidèle à ses habitudes, le cheikh n'a pas manqué d'infirmer une fois de plus, certaines de ses propres déclarations précédentes, et d'accuser, une énième fois, ces prétendues personnes proches de l'EN, qui lui auraient mis des bâtons dans les roues et qui l'ont même forcé à quitter son poste. Ne voulant pas pousser le bouchon encore plus loin avec certains de ses anciens joueurs, l'ancien driver des Verts a tenu à calmer le jeu et surtout à préciser qu'il n'a jamais eu l'intention de leur nuire, notamment en ce qui concerne le joueur Nadir Belhadj, dont, rappelons-le, il avait critiqué ouvertement les faiblesses dans le jeu défensif. «Puisque maintenant les choses ne sont plus…» En engageant sa réponse, par un très révélateur « puisque les choses ne sont plus comme avant », Saâdane révélera qu'il avait pris la décision de quitter ses fonctions, 5 jours avant la rencontre face à la Tanzanie. Il avait l'intention au départ, dira-t-il, d'assurer ces deux premières rencontres des éliminatoires pour la CAN 2012, face à la Tanzanie justement et la Centrafrique et quitter par la suite son poste, pour laisser plus de temps à son successeur. Cependant, le faux pas à domicile face aux Tanzaniens a précipité les choses. Pour lui, les choses devenaient insoutenables au sein de la sélection et il n'était plus question de continuer à travailler dans de telles conditions. «On ne travaillait plus dans les mêmes conditions qu'avant» «Actuellement, je peux vous dire que je suis en période de récupération, notamment sur le plan psychologique après tout ce que j'ai enduré durant mon dernier passage à la tète de la sélection. Ça devenait insoutenable et on ne travaillait plus dans les mêmes conditions qu'avant. Les choses ont pris une proportion assez grave, surtout après la CAN, et les conditions de travail devenaient de plus en plus difficiles. J'ai préféré me retirer pour me reposer et souffler un peu.» «Les gens ne savent pas comment fonctionne une sélection » «Tout d'abord, je tiens à préciser que je suis l'une des rares personnes à avoir calmé le jeu et à ne pas tirer sur l'équipe après son dernier échec face à la Centrafrique. J'ai analysé les choses avec objectivité et sans trop polémiquer. Le football n'est pas facile, et les gens ne voient que le changement d'un ou deux joueurs pour critiquer. Ils ne savent pas du tout comment une sélection fonctionne. L'EN, c'est une unité psychologique et moral avant tout. Par le passé, on est arrivés à créer une vraie famille tous ensemble et c'est ce qui faisait notre grande force. A présent, les choses ont changé et on doit absolument s'asseoir autour d'une table et mettre les choses au point, pour voir ce qui marche et ce qui ne marche pas.» «Actuellement, l'EN traverse une période délicate» Comme souvent, Saâdane ne préfère pas s'alarmer en affirmant que la mauvaise passe, que traverse actuellement l'EN, n'est que temporaire et que d'ici quelques semaines, les choses s'amélioreront avec le retour en forme des joueurs. «Je l'ai toujours dit, cette période de début de saison est très délicate. Je m'attendais dès le départ à ce que l'EN rencontre quelques difficultés, notamment après la Coupe du monde. Les joueurs ont repris très tardivement la préparation et cela a affecté leur rendement en sélection. Lors du dernier séminaire de la FIFA, j'ai soulevé le problème, en précisant qu'il était bizarre de faire jouer des rencontres officielles en septembre et en octobre, alors qu'il y a des dates libres au mois de novembre et février. Pourquoi ne pas inverser le programme ? Cela évitera aux joueurs de se blesser aussi fréquemment et aux sélections de ne pas rater leur départ dans leurs éliminatoires respectives.» «Je n'ai pas mis la pression sur Benchikha» Invité sur le plateau de la chaîne satellitaire, Nessma TV, il y a quelques jours de cela, Saâdane ne s'est pas privé de reprocher à son successeur d'avoir modifié le dispositif tactique lors de la fameuse rencontre perdue devant la Centrafrique. Le cheikh a affirmé, en effet, que c'est principalement à cause des pressions des médias et autres que Benchikha a décidé de passer du 3-5-2 au 4-4-2. Un changement qui, dira-t-il, n'a rien apporté au final. Cela bien évidemment n'est pas passé sans créer une polémique, puisque beaucoup de spécialistes s'accordaient à dire qu'avec de tels propos, Saâdane mettait encore plus de pression sur Benchikha. A ce propos, l'ancien sélectionneur a voulu se défendre : «Ecoutez, j'ai parlé longuement avec Benchikha dans l'avion à notre retour du Caire et je lui ai tout expliqué. Je lui ai donné des conseils, c'est tout. Je ne lui ai pas du tout mis la pression, comme certains ont pu l'interpréter. Quand on est consultant, on vous pousse souvent à dire des choses, dont beaucoup ne comprennent pas la nécessité.» «Non, je ne me suis pas attaqué à Belhadj et Ghezzal !» Et à Saâdane de poursuivre : «Quand j'ai cité le cas de Belhadj, beaucoup n'ont pas compris mon analyse. J'ai juste dit que ce joueur est plus efficace dans le jeu offensif que sur le plan défensif, c'est tout ! l'entraîneur doit assurer une certaine couverture derrière à Belhadj, car celui-ci participe beaucoup aux offensives de l'équipe avec ses montées en attaque. Ce n'est pas par hasard si à Portsmouth, l'entraîneur l'alignait au poste de milieu gauche. Même chose en ce qui concerne Ghezzal. Ce n'était qu'une analyse. Vous savez, la différence se fait souvent sur de petits détails. Son expulsion et l'erreur de Chaouchi nous ont privés d'une victoire ou même d'un match nul face à la Slovénie, qui aurait pu changer la donne. Mais voilà, c'est comme ça. En tout cas, je n'ai jamais eu l'intention de les attaquer.» «Je vois des erreurs dans cette équipe, mais je les garde pour moi» «Je ne souhaite surtout pas qu'il y ait une cassure au sein de l'EN et je ne veux nullement détruire tout le travail accompli durant ces trois dernières années. J'ai quitté plusieurs fois la sélection et jamais je n'ai critiqué mes successeurs, donc ce n'est pas aujourd'hui que je le ferai. Je ne toucherai pas négativement à l'équipe. Je dois vous dire que je vois des erreurs dans cette équipe, mais je les garde pour moi. J'essayerai toujours d'avoir des analyses constructives, loin du négatif.» «Encore une fois, personne ne m'a obligé à partir» Encore une fois, Saâdane a précisé que la décision de quitter l'EN lui revient à lui seul et que personne n'a fait pression sur lui pour qu'il démissionne. «Pendant trois ans, j'ai dirigé la sélection à l'aise. On m'a laissé travailler sereinement, même s'il y a eu quelques moments difficiles que j'ai su, dans l'ensemble, gérer. Au début, j'avais pris la décision de quitter mon poste juste après le Mondial, mais suite à l'insistance de la fédération, j'ai dû continuer. Cependant, je dois affirmer que personne ne m'a obligé à partir après l'échec face à la Tanzanie. D'ailleurs, j'avais pris la décision de quitter mes fonctions 5 jours avant cette première rencontre des éliminatoires. Je m'apprêtais à assurer l'autre match face au Centrafrique et m'en aller. Ainsi, mon successeur aurait eu plus de temps pour connaître l'ensemble des joueurs. Cependant, les choses ne se sont pas déroulées comme prévu et j'ai dû précipiter mon départ. En tout cas, je suis parti la conscience tranquille, avec le sentiment du travail accompli. Je n'ai rien à me reprocher.» « J'avais signé un contrat de deux ans après le Mondial » Répondant à la question de son interlocuteur, Saâdane a déclaré qu'il a bel et bien signé un contrat de deux ans avec la Fédération après le Mondial. «Oui, j'ai signé un contrat de deux ans avec la FAF. Néanmoins, les choses n'ont pas fonctionné comme je l'avais espéré. La situation a changé et beaucoup de problèmes sont survenus, qui m'ont poussé à résilier mon contrat.» « Le poste de DTN m'intéressait après le Mondial, mais plus maintenant » «Après notre retour d'Afrique du Sud, le président de la FAF m'avait proposé plusieurs responsabilités. Parmi elles, le poste de DTN. Celui-ci m'intéressait beaucoup si j'avais arrêté juste après le Mondial, mais plus maintenant. Le mois que j'ai fait en plus à la tête de l'équipe a tout changé.» «Je n'ai eu aucun contact avec Al-Hilal» Pour ce qui est des informations rapportées par la presse saoudienne, ces derniers jours, faisant état de contacts qu'il aurait eus avec des responsables du club d'Al-Hilal pour pallier le départ d'Eric Gerets, Saâdane dira : «Non, rien de cela n'est vrai. Pour le moment, je n'ai eu aucun contact avec Al-Hilal. Ce ne sont que des spéculations.» «Je n'ai jamais dit que Abdoun était un joueur d'un quart-heure» Poursuivant dans sa ligne contradictoire et de démentis qui n'en finissent jamais, Saâdane a expliqué qu'il n'a jamais fait de déclarations sur Djamel Abdoun et que tout ce qui a été rapporté par le site TSA-algérie.com, n'est que pure invention ! «Je n'ai jamais parlé de Abdoun. On s'estime mutuellement et je n'ai nullement dit qu'il était un joueur d'un quart-heure, comme ont pu le prétendre certains. Même s'il ne jouait pas beaucoup, il n'empêche que je l'apprécie, et lui aussi d'ailleurs.» «La question des locaux et des professionnels n'est qu'un faux débat» «Je vois que cette question relative aux joueurs locaux et professionnels ne connaîtra jamais de fin. C'est un faux débat et rien ne sert de toujours polémiquer. Au début, on est partis avec 50% de joueurs locaux, mais petit à petit, les choses ont évolué. Le problème, c'est que certains joueurs locaux ne cherchent que l'argent au détriment de leur carrière. Ils doivent aussi travailler doublement pour espérer atteindre le niveau de leurs compatriotes évoluant en Europe. En Algérie, on est loin du haut niveau et il faudra une vraie réforme pour améliorer les choses.» «Je retournerai sur le terrain, mais à l'étranger» Avant de conclure, Rabah Saâdane dit laisser la porte ouverte quant à un possible retour sur les terrains, mais il précise que ça se fera uniquement à l'étranger. «Oui, je retournerai sur le terrain, mais ça sera à l'étranger. Je ne pense pas pouvoir travailler un jour en Algérie. Pour le moment, je n'ai pas d'offres en particuliers, mais on verra après», finira par dire l'ancien patron de la barre technique nationale.