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Cherrad : «Au Mouloudia, j'ai connu 5 entraîneurs et 3 présidents en 5 mois, c'est de la folie !»
Publié dans Le Buteur le 02 - 05 - 2009


«Zedek est le seul dirigeant crédible au MCA»
Depuis son départ du MC Alger l'été dernier au terme d'une expérience de six mois dans le championnat algérien, Abdelmalek Cherrad s'est éclipsé de l'actualité. Pourtant, il est toujours actif, car il est retourné au SC Bastia, club où il évoluait avant d'aller au Mouloudia. En dépit de problèmes à répétition, il tient à revenir au plus haut niveau. C'est la moindre des ambitions pour un footballeur qui était promis à un bel avenir, n'étaient les problèmes extrasportifs qui ont chamboulé son parcours professionnel. Nous sommes allés le retrouver à Bastia où, sous le soleil radieux de la Corse qui lui rappelle celui de l'Algérie, il met tout à plat pour que les Algériens le comprennent, lui qui a souvent été mal compris ou carrément incompris. Dans cette première partie, Cherrad revient sur ses problèmes et sur son passage au MCA.
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Vous avez retrouvé Bastia, après un petit crochet de six mois par l'Algérie, au sein du MC Alger. Comment ont été les retrouvailles avec Bastia ?
Déjà, même quand j'étais à Alger, j'avais gardé quelques contacts ici. Si j'avais quitté Bastia, ce n'est pas à cause de problèmes avec ce club. C'était tout simplement que, financièrement, nous ne nous étions pas mis d'accord. C'était pour cela qu'au lieu de rester inactif six mois, j'avais signé au Mouloudia. Pour en revenir à votre question, les retrouvailles se sont très bien passées. Nous avons effectué une bonne préparation et nous avions bien démarré le championnat avec une victoire face à Troyes, à l'extérieur, match dans lequel j'avais marqué. C'est vous dire que les retrouvailles se sont faites dans les meilleures conditions. J'ai déjà passé trois ans ici et j'ai pas mal d'amis, en plus du fait que ma femme est d'ici. Donc, tout s'est bien passé très naturellement.
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Vous dites qu'il y a un an et demi, il n'y a pas eu d'accord financier avec Bastia. Puisque vous êtes revenu à ce club, doit-on supposer que le club a satisfait à vos exigences cette fois-ci ?
Disons qu'il y a eu un effort des deux côtés. J'ai fait des concessions et ils ont fait quelques efforts. Et puis, franchement, il n'y avait pas trop matière à discuter. Il s'agit de mon gagne-pain et il est de mon droit d'exiger quelques garanties. Le club m'a fait confiance. Cette saison, je revenais bien, n'étaient les blessures incessantes dont j'ai été victime. J'aurais pu avoir un meilleur rendement. Je n'ai inscrit que trois buts, je n'ai pas joué beaucoup de matches et ça me fait mal. C'est regrettable, certes, mais on verra bien ce qui se passera.
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Depuis des années, précisément depuis que vous étiez buteur à Nice, on a toujours dit que Abdelmalek Cherrad a un talent fou, mais vous n'avez jamais réussi à vraiment décoller. Que vous a-t-il manqué ?
Tout se passait bien jusqu'à cette période où j'ai eu des histoires familiales en 2004. J'étais à Nice où ça se passait superbement bien pour moi, puis il m'est arrivé ces histoires. Je n'y étais pas préparé. J'ai été trahi par ma propre famille. Je ne sais pas si c'est arrivé à certaines personnes, mais je peux vous dire que ça fait vraiment mal. Donc, j'ai fait la part des choses, j'ai su nettoyer devant ma porte, même s'il s'agissait de ma famille. Se relever après cela a été vraiment dur. Après, j'ai fait de mauvais choix de clubs. Je suis parti en Belgique, alors que je n'aurais jamais dû partir là-bas. Je n'étais pas bien psychologiquement et j'étais encore jeune dans ma tête. J'ai fait quelques erreurs aussi. Je faisais un peu n'importe quoi dans ma vie, quoi ! J'ai ma part de responsabilité dans ce qui m'est arrivé. Depuis trois ans, je suis devenu vraiment sérieux. Je m'investis dans mon travail, je mange équilibré, je dors beaucoup… Pour l'instant, ça ne paie pas, mais ça va bien payer un jour ou l'autre. Je sais que c'est la seule voie pour rebondir et progresser. Après tout, je n'ai que 28 ans.
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Etes-vous convaincu que le meilleur de Cherrad, le vrai visage de Cherrad, est à venir ?
Oui. Sinon, j'aurais déjà arrêté le football.
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Mais il y a des joueurs qui jouent juste pour gagner leur vie et avoir un salaire. Est-ce votre cas ou bien ambitionnez-vous d'atteindre un jour la plénitude de votre rendement et de jouer dans un grand club ?
Assurément, mais à condition que je trouve le bon club, la bonne personne qui vous fait confiance. J'ai une réputation assez sulfureuse, si on peut dire. Je suis étiqueté comme joueur à problèmes, mais les gens qui me connaissent vraiment et les joueurs qui jouent avec moi savent très bien que Cherrad a eu des problèmes avec sa famille, mais qu'il est un homme entier. Ça, on ne peut pas me l'enlever. J'ai mon caractère, on ne peut pas me l'enlever. J'ai la rage de vaincre, on ne peut pas me l'enlever. Je suis né avec ça et je resterai ainsi. Maintenant, il faut que j'arrive à trouver un bon environnement et que ces blessures s'arrêtent parce que, si j'arrive à enchaîner des matches, je sais que ça va venir tout seul. Pour l'instant, je n'y arrive pas. Pourquoi ? Je ne le sais pas. On a cherché le problème toute l'année, mais on n'a pas diagnostiqué le problème. Je n'ai joué qu'une douzaine de matches depuis le début de la saison. Ce n'est pas beaucoup, mais j'ai quand même marqué des buts importants. En plus de celui de la première journée, j'ai inscrit un but contre Châteauroux dans le temps additionnel et j'ai donné ainsi la victoire à mon équipe, lui permettant de se donner un peu d'air dans la course pour le maintien. Cela dit, ce n'était pas une grande saison pour moi. Là, j'arrive en fin de contrat, je me concentre sur mon physique et on verra ce qui se passera. J'ai vraiment bon espoir de rejouer à un haut niveau. Quand je regarde les matches à la télévision, cela me donne envie et je ferai tout pour y arriver.
*
Vous avez dit être passé par de mauvais moments. Dans des moments pareils, on est soutenu par sa famille. La vôtre n'a-t-elle pas été à vos côtés ?
Non. Personne n'a été là.
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Même pas votre grand-frère Kamar-Ezzamane, qui a été comme vous ancien international algérien ?
C'est justement de lui que le problème est venu. C'est à cause de lui que toutes ces histoires sont arrivées. En fait, je n'ai pas su m'entourer, car on ne peut pas mélanger travail et famille. Il était mon agent, il faisait des choix à ma place et je ne pouvais pas le supporter. Il m'a escroqué de l'argent, mais je ne vais pas revenir dessus, car elli fat mat, comme on dit chez nous. C'est clair que je n'ai pas été bien conseillé. Si j'avais eu un protecteur, si mon père Allah yerrahmou était encore là, j'aurais certainement prix une autre dimension, surtout à l'âge de 24 ans où je jouais en Ligue 1 et je marquais des buts. Allah ghaleb, il n'y a plus mon père. Ma mère, meskina, comme toutes les mères arabes, suit l'avis de ses grands fils en l'absence du père. Maintenant, j'ai fait table rase de tout ça. Je fais ma vie, ma famille fait la sienne, je n'ai plus de rapports avec elle et je ne veux plus en avoir. J'ai mon fils qui habite à Nice, j'ai ma femme corse avec moi ici à Bastia et el hamdoullah, tout s'est aplani. Il faudrait juste que j'arrive à enchaîner des matches et à montrer mon talent en club et en sélection.
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Ne pensez-vous pas que votre erreur, à l'époque des faits, était d'avoir disparu et de vous être réfugié dans le silence, alors que votre frère s'exprimait dans les médias ?
C'est parce que je n'étais pas là. Je ne veux pas trop revenir là-dessus, mais sachez que c'est moi la victime. On m'a escroqué, on m'a frappé, on a fait des choix à ma place. A ce que je sache, ce n'est pas moi qui ai insulté le président de Nice, mon club de l'époque. Moi, quand je vais à Nice, je mange sans aucun problème avec lui. Maurice Cohen a beau être un juif, moi je pars du principe que nous sommes musulmans et nous sommes en communauté où nous voyons assez de guerres et de sang pour ne pas en rajouter. Certes, ce n'est pas mon ami, mais nous nous devons un minimum de respect entre nous. Cette personne ne m'a rien fait et c'est pour quoi je ne vais pas l'insulter.
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Vous avez donc gardé de bons rapports avec Maurice Cohen ?
Oui, avec lui et également avec Roger Ricort, le Directeur sportif de Nice. Lorsque je suis à Nice, il m'arrive d'aller manger avec Roger Ricort. J'essaye de redorer mon blason. Je me tais un peu plus. Avant, je parlais de tout, mais à présent, je prends du recul et je fais comme tout le monde.
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Parlons de la parenthèse Mouloudia d'Alger. Tout d'abord, pourquoi le choix de ce club ?
Je suis resté six mois au chômage. Le MCA m'avait contacté au mois de juin ou de juillet (2007, ndlr). J'avais des clubs de Ligue 1 sur moi : Caen et Metz et qui était remonté. J'avais terminé la saison à Bastia avec 8 buts d'inscrits et 5 passes décisives. Bastia n'a pas renouvelé mon contrat faute de moyens financiers, comme expliqué plus haut. J'ai eu au téléphone l'entraîneur de Caen, Franck Dumas, qui m'a dit que je l'intéressais, mais que le club avait peur de mes frères. C'était clair et net.
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Vos frères ? Il n'y avait donc pas Kamar-Ezzamane seulement ?
Non. J'ai deux frères, Kamar-Ezzamane et Mourad, et les deux m'ont fait des misères. Ce sont les responsables de tout ce qui m'est arrivé, mais je n'ai plus de rapports avec eux depuis 2004. Malgré cela, ils continuent de me faire des problèmes. Quant à Metz, on n'a plus voulu de moi après. Cela se comprend : à Metz, on prend des noirs plutôt que des Arabes. Là-bas, ma yechtouch laareb. Je me suis retrouvé à la fin de la période de transferts sans clubs sérieux. Quand même, je n'allais pas signer en division National à Clermont Foot pour 6 000 euros par mois ! Cela aurait été une insulte à mes qualités et à ma réputation en France. Donc, Khaled Adnane m'a contacté une nouvelle fois au mois de novembre. Je ne voulais pas partir à l'étranger. Je lui ai dit que ça m'intéressait de me mettre quatre mois au service du MCA. Cela me permettait de rentrer dans mon pays, car cela faisait longtemps que je n'y avais plus remis les pieds et ça me manquait. Cela a été une très bonne expérience pour moi, au plan personnel, car j'ai beaucoup appris sur la manière dont fonctionnait le football algérien, même si là aussi, je n'avais pas été épargné par les blessures.
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Le MCA était-il le seul club algérien à vous avoir fait une offre ?
Non. Il y avait également Sétif. La JSK m'avait également approché, non pas par le président Hannachi, mais par l'entraîneur Moussa Saïb qui a eu une discussion avec moi. Mais je ne voulais que le Mouloudia, car je voulais être dans la capitale.
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Les offres financières de l'ESS et de la JSK étaient-elles quand même plus intéressantes que celle du MCA ?
Je ne suis pas parti là-bas pour de l'argent. D'ailleurs, j'y ai laissé de l'argent. J'ai signé un contrat en bonne et due forme de six plus un an. Après, il y a eu pas mal de chamboulements au niveau de la direction du club. Lorsque j'avais signé à Bastia l'été d'après, j'ai dû revenir à Alger courir après ma lettre de libération. On m'a fait des problèmes bien que les termes du contrat étaient clairs. Alors, j'ai dit aux dirigeants que, plutôt que de perdre du temps, je préférais renoncer à mon argent et avoir ma libération. Je ne voulais avoir des problèmes ni avec eux, ni avec la presse, ni avec qui que ce soit. Je leur ai dit que j'étais venu au club, j'ai vu comment ça se passait et je ne voulais pas rester, car je voulais retourner en Europe. J'ai quand même laissé 30 % de ce qu'ils me devaient.
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Vous ne vouliez pas prendre l'option de l'année supplémentaire après les six mois ?
Non. Je ne savais pas que cela allait se passer comme ça, qu'il y aurait plusieurs présidents. Heureusement qu'il y a eu M. Zedek, un homme très intelligent. Un mec comme ça dans le football algérien, ça fait beaucoup de bien, surtout dans un club comme le Mouloudia qui n'est pas un club comme les autres et est dur à gérer. D'ailleurs, je tire chapeau à tous les dirigeants qui s'aventurent à diriger ce club. Pour en revenir à mon argent, j'avais pris le tiers de ma prime à ma signature et le deuxième tiers après, mais le troisième tiers ne m'a pas été versé et les dirigeants voulaient que je prenne l'option de l'année supplémentaire pour me donner mon argent. Ils ont donc fait exprès de ne pas me donner mon argent pour que je re-signe. Je n'ai donc pas accepté et j'ai dû renoncer à cet argent.
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Puisque vous étiez protégé par un contrat, pourquoi ne pas les avoir attaqués en justice ?
Parce que Malek Cherrad ne veut plus d'histoires. J'ai eu assez de problèmes comme ça. Et puis, l'argent, je n'en ai plus besoin. Je leur ai dit : «Cet argent, gardez-le et payez avec les jeunes du club qui touchent l'équivalent de 200 euros par mois.» J'allais à la villa et je mangeais avec eux. J'ai vu leur état, m'saken. Alors, je leur ai dit d'utiliser cet argent pour payer les jeunes.
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Vous confirmez donc qu'il y a des jeunes qui n'étaient pas payés ?
Oui, selon ce que me disaient ces joueurs. Cela dit, les dirigeants font ce qu'ils veulent. Je ne suis pas un syndicaliste. Je dis simplement que le mec qui gagne l'équivalent de 5000 euros par moi en Algérie a le temps de voir venir les choses, mais pas un mec qui touche l'équivalent de 200 euros !
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Quels étaient les joueurs du MCA avec qui vous vous entendiez bien ?
Moi, j'étais avec Momo Benhamou. Je le connaissais du temps de la sélection. Cependant, j'avais de bons rapports avec tous les joueurs. C'était un groupe sain et nous étions très solidaires, car ce n'était pas vraiment facile d'assurer le maintien. Tout le monde, tous les clubs voulaient que le MCA descende, y compris les arbitres. Nous nous sommes maintenus au courage, el hamdoullah. Ce n'était pas évident pour moi. Je débarque en Algérie dans un environnement que je ne connaissais pas, les supporters dans la rue étaient anxieux par rapport aux résultats de leur équipe, il y avait des problèmes… Je ne m'attendais pas à ça !
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Vous ne vous attendiez pas à voir autant de passion autour du MCA ?
Non, il ne s'agit pas de la passion. Je m'attendais à cette passion, car j'en ai eu une idée avec l'équipe nationale. Mais tous ces problèmes extrasportifs, ce n'était pas très pro. Je pensais qu'il y avait un minimum. Il y a eu quelques dérives à droite, à gauche : des joueurs qui ne viennent pas à l'entraînement, tu t'entraînes un jour là, un autre là-bas, tu changes plusieurs fois d'entraîneur, tu prends un Belge, puis un autre… En cinq mois, j'ai connu quatre entraîneurs et trois présidents ! En plus, il n'y a pas de politique de jeunes au sein du club. Pourtant, il y en avait de bons, je le sais. Prenons juste un cas : Bouchama. Tu le prends à l'USMA, mais tu le payes une misère. Pire : au lieu de le vendre pour en tirer de l'argent, tu le laisses libre et il part s'éclater ailleurs. Est-ce normal ? Il y avait d'autres qui étaient bons, mais dont je ne me souviens plus des noms.
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Comme Koudri, par exemple ?
Oui, comme Koudri, mais je vous dis une chose, et je vous la dis en ayant une vision de l'extérieur, donc plus ou moins objective : ces petits-là sont gentils, mais dès qu'on les monte parmi les grands, ils ne font plus rien. Ils font trois matches et on les prend déjà pour des superstars !
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Qui est fautif ? Le club ? La presse ? Leur entourage ?
C'est un état d'esprit. Les jeunes joueurs en Algérie sont comme ça et on ne peut rien y changer. C'est une mentalité. Moi, je suis passé par là. J'ai dû batailler à 17 ans pendant deux ans pour m'imposer au sein de l'effectif CFA. J'étais avec des joueurs plus âgés que moi, y en a qui avaient 35 ans, et je recevais des coups, mais je bataillais pour signer un contrat pro. Puis, lorsqu'on est pro, il faut gagner sa place dans le groupe pro, puis batailler pour gagner une place de titulaire et, surtout, batailler plus durement encore pour conserver sa place de titulaire. Ce sont autant de caps à franchir dans la carrière d'un professionnel.
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Avez-vous expliqué tout cela aux jeunes du Mouloudia ?
Bien sûr, mais c'est comme si je parlais dans le vent. Ils ont leur confort. Je pense au petit Koudri, il était tranquille, mais une fois qu'il a joué deux matches, il a commencé à changer. Je le voyais ! J'ai passé quand même cinq mois au MCA et je le voyais. Malheureusement, les dirigeants n'ont pas trop le choix parce qu'ils n'ont pas trop le choix non plus.
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Quel est le plus beau souvenir, la plus belle image que vous gardez du MCA ?
C'était le jour où nous avions assuré notre maintien à Bologhine contre je ne sais quelle équipe (c'était le match MCA-MCO, victoire 1-0, ndlr). Dans le vestiaire, il y avait tous les joueurs qui étaient tous des copains et nous fêtions notre maintien. Alors, les joueurs sautillaient en scandant «Qaraâ Ifri ya Cherrad !» C'était une allusion aux «Qaraâ whisky ya Cherrad» que des supporters chantaient lorsque je jouais, car la réputation de buveur m'était collée et j'étais donc catalogué ainsi. Pourtant, ça fait trois ans que je n'ai pas bu une goutte d'alcool. Comme mes coéquipiers me connaissaient et savaient bien que je ne buvais plus, ils ont chanté «Qaraâ Ifri ya Cherrad». Cela m'avait fait énormément plaisir. Ils savaient que j'allais partir, car je le leur avais dit et ils m'ont rendu un bel hommage. Bien que je n'aie pas joué ce match-là, j'ai senti qu'ils me considéraient comme partie prenante dans le groupe et que le maintien a été obtenu ensemble. C'était dur. J'ai connu la pression dans ma carrière, mais pas comme au Mouloudia. Même au quotidien, lorsque je passais par Bab El Oued pour aller aux entraînements, il y avait la pression.
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Justement, comment cela se passait-il pour vous avec les supporters ? Y en avait-il qui vous embêtaient ?
Dans la rue, je ne leur attachais pas de l'importance. D'ailleurs, ils savaient que j'étais plus fou qu'eux. Donc, ils ne pouvaient rien me dire. Même si on perdait et qu'ils me voyaient dehors, ils ne me disaient rien.
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Ne vous est-il jamais arrivé d'avoir une altercation avec eux dans la rue ?
Je m'arrêtais, je prenais mon temps et je parlais avec eux, mais il n'y a rien eu. De toutes les façons, je m'en f… Je riais de ces situations plus qu'autre chose. Lorsque nous perdions, c'était plus délicat. Je sais qu'il y a des supporters qui sont un peu déboussolés dans la vie et n'ont que le stade comme loisir. Ici en Europe, un supporter paye son billet, mais si son équipe perd, ce n'est pas trop grave, car son frigo est plein. Mais en Algérie, il y a des supporters qui mettent leur argent de poche pour supporter leurs clubs. Lorsqu'il y a une défaite, c'est vraiment dommage pour eux.
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Vous avez évoqué votre plus beau souvenir au MCA. Le plus mauvais, c'est lequel ?
Il n'y a pas une seule image pour illustrer le négatif. C'est un tout. Les changements d'entraîneurs, le manque de stabilité, les problèmes d'argent, des gens qui ne servent à rien, trop de gens autour du club… Ici en Europe, les interlocuteurs sont clairs. Il y a le président, le Directeur sportif et l'entraîneur. Si tu as besoin de voir l'une de ces personnes, tu la trouves. Au Mouloudia, si tu veux voir quelqu'un, il t'envoie vers un autre qui, à son tour, t'envoie vers une autre personne et ainsi de suite. Je ne suis pas un enfant quand même ! Heureusement qu'il y avait M. Zedek. C'était le seul dirigeant crédible.
* Savez-vous qu'il a été récemment élu président du MCA ?
Ah, bon ? Je ne le savais pas. C'était une très bonne nouvelle pour le Mouloudia ! Dites-lui que Malek Cherrad lui présente ses félicitations. D'ailleurs, je vais l'appeler…
* Nous transmettrons. Cela dit, compte-tenu de tous ces problèmes, regrettez-vous d'avoir choisi le MCA en Algérie, alors qu'il y a des clubs plus stables ?
Non. Par respect pour les supporters du Mouloudia, je ne peux pas dire que j'ai regretté et que j'aurais préféré aller dans un autre club. J'ai joué quand même dans un grand club, du moins au niveau de la popularité car un grand club, c'est des titres avant tout et il y a longtemps que le MCA n'en a pas eu. Cependant, il reste le club le plus populaire en Algérie. C'est comme l'Olympique de Marseille en France. Donc, le MCA est l'OM de l'Algérie et rien que pour cette raison, je ne regrette pas d'y avoir joué.
*
Peut-on dire que vous êtes devenu supporter du Mouloudia ?
Oui, je le suis.
Entretien réalisé à Bastia par
Farid Aït Saâda


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