«Benchikha est un entraîneur qui sait parler à ses joueurs» Contacté par nos soins hier après-midi, l'attaquant algérien de l'AEK Athènes a gentiment accepté de répondre à nos questions et de nous accorder ce long entretien qui concerne beaucoup plus son actualité et celle de la sélection nationale, à moins de 4 mois du match choc face au Maroc au stade du 5-Juillet. Assez serein, l'attaquant des Verts, qui soigne actuellement sa blessure à l'épaule, nous informera que pour le moment, la date de son retour à la compétition officielle n'est pas encore connue. Il préfère prendre le temps qu'il faudra pour bien guérir et revenir ainsi plus fort. On n'a pas omis de lui parler de son prolongement de contrat à l'AEK qui tarde à se concrétiser et prendre son avis sur l'émergence que connaissent nos deux autres compatriotes qui évoluent dans le championnat grec, à savoir Djamel Abdoun et Karim Soltani. Dans cet entretien, Djebbour nous parle de tout et sans ambiguïté. Pour débuter, on aimerait que vous fassiez un commentaire sur cette belle victoire arrachée à la toute dernière minute par votre club l'AEK face à l'ennemi juré, l'Olympiakos, hier (ndlr : samedi) ? Comme tout le sait, c'est ce genre de rencontres que j'adore jouer. C'est des matchs où l'émotion est forte, que n'importe quel joueur souhaiterait disputer. Malheureusement pour moi, j'étais absent, pour cause de blessure. Mais le plus important est que l'équipe ait pu gagner. Remporter cette partie m'a fait tant plaisir et je remercie mes coéquipiers pour les efforts fournis dans ce match. On imagine que vous étiez dans les tribunes à suivre ce passionnant derby ? Et comment ! On ne peut pas rater ce genre de match. Cette victoire apportera certainement plus de sérénité au groupe, n'est-ce pas ? Tout à fait. Mais vous savez, toutes les victoires font du bien. Reste que celle-ci demeure assez spéciale puisque l'adversaire a pour nom l'Olympiakos. Jusqu'à présent, les deux équipes avec lesquelles on rivalise en championnat, on les a toutes les deux battues. Cela démontre que notre équipe sait se montrer présente lors des grands rendez-vous et faire la différence. Cependant, cette victoire ne doit pas non plus être une fin en soi. On doit désormais l'oublier et penser aux rencontres qui arrivent. On ne doit surtout pas dormir sur nos lauriers. Récemment, vous avez écrit sur votre blog que l'AEK devait remporter cette partie, ne serait-ce que pour une question d'honneur. Vous visiez quoi au juste ? Rien de particulier. C'est juste pour dire qu'on peut toujours passer à côté dans certains matchs de championnat. Mais quand il s'agit de rencontre-derby de ce genre et qui mettent aux prises les géants de la Super Ligue, il est toujours très important de s'en sortir vainqueur. Ce type de matchs, on les joue avec cœur et caractère, afin que nos supporters gardent confiance en nous et soient encore fiers de leur club. Gagner ces matchs-là nous aide, nous les joueurs, à évacuer la pression et, surtout, à envisager la suite du parcours dans les meilleures conditions possibles. Néanmoins, comment expliquez-vous qu'à chaque fois que votre équipe réussit à remporter de grands matchs, elle éprouve du mal à enchaîner face à des formations dites petites ? Je dirais qu'il faudra corriger cela. Je n'ai pas de remède à cela, mais l'essentiel est de continuer à travailler et ne pas se relâcher aussi facilement. Pour remporter un championnat, on doit battre les grandes équipes, les petites aussi, sinon ça ne servira à rien, ou presque. Il faut qu'on se montre toujours costauds. Le titre, vous y croyez toujours ? Tant que le champion n'est pas encore connu, on doit continuer à jouer à fond et ne rien lâcher. Il nous reste un mois avant la trêve et d'ici-là, on mettra tout en œuvre pour réaliser de bons résultats et se rapprocher un peu plus du leader. Après, on pourra faire le bilan. Parlons, à présent, de cette blessure à l'épaule que vous avez contractée au cours d'un match de championnat. Peut-on savoir comment évolue-t-elle ? Ben, comme toutes les blessures. C'est difficile au début, mais là, el hamdoulilah, ça se passe plutôt bien. Je poursuis toujours les soins, en espérant revenir le plus vite possible à la compétition avec mon club. Seriez-vous en mesure de revenir sur les terrains lors de la prochaine journée de championnat ? Sur ce point, je ne pourrais pas trop m'avancer. Tout d'abord, je ne suis pas médecin et ensuite, il faut que vous sachiez que ce genre de blessure évolue vite et on ne peut donc pas se fixer sur un retour comme ça à l'avance. Je souhaite, certes, retrouver les terrains le plus vite possible, mais pas n'importe comment aussi. Je me dois d'être patient et prudent pour ne pas rechuter et compliquer ainsi davantage mon cas. Comme vous le savez, l'actualité du moment en Grèce concerne votre prolongement de contrat à l'AEK qui tarde à se concrétiser. A cet effet, beaucoup a été dit et rien d'officiel n'aura finalement été avancé par les principaux concernés. Que pouvez-vous nous dire justement sur ce sujet pour bien éclaircir les choses ? A vrai dire, je n'ai pas trop envie d'éclaircir les choses (rires…). C'est quelque chose qui doit rester secret entre mes dirigeants et moi. Croyez-moi que je n'ai pas du tout envie de les étaler dans les médias. Permettez-moi d'ajouter une chose aussi. Allez-y… Ce que je ne comprends pas, c'est comment certains médias, grecs ou algériens, peuvent se permettent d'annoncer des chiffres, alors que je n'ai même pas encore signé quoi que ce soit. Il faut arrêter de trop spéculer pour rien. Lors de la dernière interview que vous nous aviez accordée, il y a près d'un mois de cela, vous nous aviez dit que tout a été réglé avec vos dirigeants et que vous n'alliez pas trop tarder à prolonger officiellement votre contrat. Que s'est-il passé depuis et pourquoi ça coince ? Ecoutez, ce genre de choses prend du temps pour se concrétiser. Les gens croient qu'un prolongement de contrat se fait comme ça, du jour au lendemain. Mais non, ça ne se passe pas ainsi. Un prolongement de contrat prend du temps, ça se discute sereinement pour éviter toute précipitation. En tout cas, et comme je vous l'ai bien affirmé, je me plais bien à l'AEK et je reste toujours positif à l'idée de continuer mon aventure ici pour d'autres années supplémentaires. Votre coéquipier, l'Argentin Martin Scocco, vient de rempiler pour deux ans. A présent, la direction de l'AEK va se pencher sur votre cas. Peut-on savoir si un rendez-vous est prévu dans ce sens prochainement ? Il faut que vous sachiez que le président et moi parlons très souvent. Comme je vous l'ai dit, les choses avancent bien et je reste positif. Ça prend un peu de temps, mais rien ne presse aussi. Répondez sincèrement. Djebbour souhaite-t-il rester à l'AEK ou bien l'idée de changer d'air lui traverse-t-il l'esprit ? Djebbour se sent bien à l'AEK. J'entame ma sixième saison en Grèce et je peux vous dire que le championnat ici a énormément évolué ces dernières années. Maintenant, j'ai un rêve, c'est celui de jouer la Ligue des Champions. C'est une compétition qui me tient à cœur. Certains médias grecs ont affirmé que vous avez changé d'agent récemment ; le confirmez-vous ? Je n'ai à aucun moment déclaré que j'avais changé d'agent. Certaines personnes racontent n'importe quoi. Il y a quelqu'un avec qui je travaille ici en Grèce mais que je ne considère même pas comme un agent, plutôt un ami, voilà tout. Parlons à présent de la sélection. Vous n'avez pas pris part au dernier match amical face au Luxembourg en raison de votre blessure justement, mais vous avez tenu à rendre visite à l'équipe à son lieu de regroupement... Absolument. Personnellement, ça m'a fait du bien d'aller là-bas rencontrer mes camarades. J'en ai profité aussi pour présenter mon dossier médical au médecin et connaître son opinion, car c'est toujours important d'avoir plusieurs avis. Voilà, j'ai fait les choses dans les règles de l'art. Malheureusement, je n'ai pas pu rester trop longtemps à cause de cette blessure que je devais soigner. Je suis reparti avec le cœur lourd, car je voulais tant participer à cette rencontre amicale et oublier définitivement la déroute de Bangui. Bizarrement, je me blesse dans la semaine avec mon club et voilà. Le plus important est d'avoir revu mes partenaires. Avez-vous discuté avec le sélectionneur ? Bien entendu. Benchikha est un entraîneur qui sait parler à ses joueurs. Il nous comprend et on s'entend très bien avec lui. Comment avez-vous trouvé le rendement de l'équipe ce soir-là ? A vrai dire, je n'aime pas trop donner mon avis sur les prestations de l'équipe. Cela dit, ce que je peux vous dire, c'est que face au Maroc, les choses seront différentes. Dans ce genre de rencontres-derbys, on a toujours su élever notre niveau. J'espère juste que d'ici là, on n'aura pas autant de joueurs blessés, car il faudra que tout le monde ou presque soit présent ce jour-là et à 100%, pour garantir au maximum nos chances de victoire. Ce big match face au Maroc se jouera officiellement au stade du 5-Juillet. Un stade qui vous porte personnellement souvent chance… Le stade du 5-Juillet demeure pour moi l'un des meilleurs au monde. Celui qui dit qu'il n'est pas un stade chaud et rythmé a certainement un problème auditif. C'est une enceinte fantastique quand les supporters sont avec nous, je dis bien quand ils sont avec nous. Côté ambiance, il est incontestablement le meilleur du pays. Donc, on doit en profiter pour donner du plaisir à nos fans et à nous-mêmes aussi. C'est le stade dans lequel l'EN doit évoluer. Espérons que face à nos voisins marocains, il nous portera chance. Deux de nos compatriotes s'illustrent de fort belle manière en Grèce. Il s'agit de Djamel Abdoun et Karim Soltani. Vous qui jouez là-bas depuis plusieurs années, comment expliquez-vous cette excellente entame de saison qu'ils réalisent avec leurs clubs respectifs ? Djamel, ce n'est pas une surprise pour moi. Je dirai qu'il a eu un déblocage psychologique ici qui l'a beaucoup aidé. J'ai beaucoup parlé avec lui et je peux vous dire qu'il a tourné une page en venant jouer en Grèce. En France, on le regardait d'un mauvais œil et on le traitait de façon différente. Aujourd'hui, tant mieux pour lui, il arrive à bien s'exprimer et à prendre une nouvelle dimension. Il a su vite s'imposer dans son équipe et faire étalage de son excellente aisance technique. Kavala demeure le club surprise cette saison, il tourne bien et les prestations de Djamel ne passent donc pas inaperçues. Concernant Soltani ? Je n'ai pas pu regarder tous ces matchs, mais d'après ce que j'ai pu voir, je peux dire que c'est un bon élément. Il bouge beaucoup et joue souvent en mouvement. C'est quelqu'un qu'on devrait voir en Equipe nationale. Après, c'est au sélectionneur de juger et de décider. Il a fait un très bon début de saison avec son club et je pense qu'il doit avoir sa chance en sélection. Il est mobile et peut évoluer sur le côté droit comme sur le côté gauche de l'attaque. C'est un joueur à ne pas négliger. Le bon début de saison de Abdoun n'est pas passé inaperçu, comme vous l'avez bien dit. Cela lui a valu déjà quelques convoitises de la part de prestigieux clubs grecs, principalement celui de l'Olympiakos. Que pouvez-vous lui conseiller ? Djamel est un joueur complet. Il avait juste à reprendre confiance en lui et c'est qu'il a pu trouver en signant à Kavala. Maintenant, il peut aspirer à plus d'ambition et jouer dans un club plus huppé. Je ne pense pas qu'il partira au mois de janvier, mais il est clair que si l'opportunité de jouer à l'Olympiakos se présentait concrètement à lui, ce serait quelque chose d'énorme pour lui. L'Olympiakos demeure aussi l'un des plus grands clubs de Grèce où il y a une grande pression et une atmosphère énorme. Ce sera un choix à faire et c'est à lui de voir. Il y retrouvera aussi des joueurs de qualité et un niveau physique assez intense. Etant donné que vous êtes souvent en contact, peut-on savoir s'il a tourné la page de sa dernière mise à l'écart de l'EN ? Ah, ça je ne pourrais pas vous répondre, c'est personnel. Maintenant, ce que je peux vous dire, c'est que Djamel est un battant et il ne va pas lâcher le morceau aussi facilement. On finira par cette question. On a entendu dire ici et là que plusieurs formations turques et françaises s'intéresseraient à vous et souhaiteraient vous engager lors du mercato d'hiver. Le confirmez-vous ? Quand vous avez un attaquant de 26 ans qui fait un bon début de saison, qui marque beaucoup de buts et qui est en fin de contrat, c'est normal qu'il attise les convoitises des autres clubs. Maintenant, les noms de ces clubs, je les garde pour moi (rires…). On vous remercie et on vous souhaite une bonne journée… De rien. Merci à vous.