«Moi, entraîneur de l'EN en 2022, pourquoi pas ?» «Meghni peut devenir le futur leader de la sélection» Le premier lauréat du Ballon d'Or Le Buteur-El Heddaf de 2001, Djamel Belmadi, n'a pas voulu rater l'occasion de venir assister une nouvelle fois à la cérémonie de cette année et retrouver ses amis, en dépit d'un emploi du temps très chargé. On a donc profité de sa présence pour le rencontrer à l'issue de cette grandiose fête et lui solliciter une interview. Ce dernier a accepté de nous parler de plusieurs sujets relatifs à son actualité et ses futurs projets dans son nouveau métier d'entraîneur. Aimable comme tout, l'ancien capitaine de l'EN est resté fidèle à ses principes pour tout ce qui touche à la sélection de son pays. C'est la quatrième fois que vous assistez à la cérémonie de remise du Ballon d'Or. Comment l'avez-vous trouvée cette fois-ci ? Comme vous venez de le dire, cette cérémonie me tient vraiment à cœur, sachant que j'ai été le premier lauréat. J'ai donc une petite histoire avec ce prix et c'est toujours avec un grand plaisir que je viens assister à cette fête et retrouver mes amis. Ça me permet aussi de revenir au pays et me ressourcer un peu. Malgré mon emploi du temps assez chargé, j'ai quand même pu me libérer et venir. Je tiens à dire que d'année en année, l'organisation évolue et on assiste toujours à mieux. Il y avait du beau monde qui est venu, avec aussi un invité de marque, Emilio Butragueno, un joueur énorme qui n'est pas à présenter. C'est fort d'avoir pu ramener autant de personnalités. Je vous tire chapeau ! Bougherra conserve son titre pour la deuxième année de suite. Une consécration logique, selon vous ? Oui, tout à fait. Madjid mérite amplement le Ballon d'Or de cette année encore. Il a été performant avec son club et la sélection. C'est le joueur algérien qui fait sensation en ce moment. Généralement, ce sont les attaquants et les créateurs du jeu qui accaparent ce genre de prix, mais là on voit que la tendance a quelque peu changé ces deux dernières années, puisque c'est un défenseur qui a surclassé tous les autres joueurs. Vous en pensez quoi ? Comme tout le monde le sait, il y a un manque d'efficacité au sein de l'EN depuis un assez long moment. Les attaquants ne répondent plus présents et ce, pour plusieurs raisons. Je ne vais pas entrer dans les détails néanmoins. Cela dit, il faut reconnaître que Madjid a toujours été régulier dans ses prestations. Il accomplit convenablement son rôle de défenseur et réussit souvent aussi à marquer des buts. Il a été pour beaucoup dans la qualification de l'EN à la Coupe du monde, et c'est donc normal que le Ballon d'Or lui revienne. Moi, je dirai que s'il faut lui décerner une 3e fois ce trophée, parce qu'il le mérite et qu'il fait son boulot, on le lui donnera. Vous avez joué pour plusieurs prestigieux clubs européens durant votre carrière. Si vous avez un conseil à lui donner, ce serait lequel ? Je pense que c'est dans ses ambitions de changer de club. Il réalise de grosses saisons ces dernières années, et j'ai vraiment du mal à expliquer comment de bons clubs ne viennent pas le chercher. Je pense sincèrement qu'il a les qualités qui lui permettent largement de jouer dans des clubs de haut standing. Vous le voyez dans quel grand club justement ? Il faut savoir que je n'ai pas vraiment l'habitude de parler comme ça de certains joueurs, mais moi, je le vois dans des clubs tels Manchester United, Chelsea, Arsenal ou Tottenham. Il n'est pas moins fort que des joueurs vieillissants comme Vidic, Ferdinand ou Squillaci. Parlez-nous un peu de vous à présent. Vous vous êtes reconverti en entraîneur cette saison et les choses semblent bien se passer pour le moment avec votre club de Lakhouiya, non ? Oui, tout va bien. J'entraîne actuellement un club qui est neuf, je suis nouveau dans le milieu et je tiens à remercier mes responsables de m'avoir fait confiance. Je dois dire que je me suis bien retrouvé dans mon nouveau métier et j'espère que ça sera le cas à l'avenir. Actuellement, je préfère aller doucement et ne pas trop me fixer des objectifs. Vous avez sans doute des ambitions dans ce nouveau métier ? Avant toute chose, à court terme, je vise à renvoyer l'ascenseur à ceux qui m'ont fait confiance, car ce n'est pas facile de miser sur un entraîneur de 34 ans, qui débute à peine et de lui permettre de ramener des joueurs comme Bakaré Koné, Aruna Dindane et Abdeslam Ouadou, entre autres. Ensuite, il est évident que j'ai cette envie de me surpasser et de toujours viser l'excellence. Je vais fournir le travail nécessaire et faire tout de mon possible pour être le meilleur dans ce domaine. Et quel est donc votre objectif cette saison avec Lakhouiya ? Actuellement, on est premiers du championnat. L'objectif est de le rester le plus longtemps possible et, pourquoi pas, l'emporter au final. Récemment, Rabah Madjer avait dit que Belmadi était en train de réaliser le même parcours que lui lorsqu'il a remporté le titre de champion de Qatar lors de sa première saison comme entraîneur avec la formation d'El Ouakra. Vous vous sentez capable de relever ce challenge ? Je suis de nature gagneur, donc je vais tout faire pour aller le plus loin possible et réaliser, pourquoi pas, ce qu'a pu faire Madjer. Le fait d'avoir choisi le Qatar pour votre début de parcours en tant qu'entraîneur s'explique-t-il par le fait que vous saviez au fond de vous-même que vous n'auriez pas cette chance dans un club européen, français de surcroît ? Croyez-moi, je ne me suis jamais posé cette question. En France, il est clair que ç'aurait été difficile pour moi, puisque je ne suis pas encore diplômé. Un jeune, on ne lui donnera pas un club de Ligue 1 comme ça. Cependant, je ne me plains pas et je dois dire que je suis content de ma position actuelle. El hamdoulilah. Vous espérez certainement prendre en main la sélection nationale un jour, non ? Ecoutez, j'ai trop de respect pour la sélection pour déclarer que j'ai comme objectif de l'entraîner à court terme. Il y a un sélectionneur en place et il faut surtout penser à le soutenir et l'aider dans sa tâche. Il faut avoir le temps de grandir et travailler pour s'améliorer davantage. Mais avouez que ça vous tient à cœur de driver l'EN à l'avenir… Autant j'ai eu plaisir à porter les couleurs nationales quand j'étais joueur, autant aujourd'hui que je suis entraîneur, je souhaiterais lui apporter un plus si c'est possible. Si un jour on me propose d'aider l'EN, il est clair que je n'irai pas en reculant. L'avenir nous le dira. En 2022 peut-être, à l'occasion du Mondial qatari… C'est trop tôt pour le dire, mais pourquoi pas ? Cependant, le message que je veux transmettre, c'est qu'il faut laisser l'entraîneur actuel travailler. On doit tous ensemble l'aider et l'entourer. Maintenant, je n'ai pas encore de plan de carrière fixe. On verra bien après. On vous a vu tout à l'heure discuter assez longuement avec Meghni et Mansouri. Que leur avez-vous dit de si particuliers, sachant qu'ils étaient très attentifs à votre discours ? Ce sont deux joueurs que j'apprécie beaucoup. Yazid est quelqu'un qui a énormément donné à la sélection et Mourad, qui n'a que 26 ans, peut devenir le leader de l'EN à l'avenir. Je leur ai juste donné quelques conseils. Quel message passeriez-vous aux joueurs actuels de l'EN ? Jouer pour la sélection de son pays est totalement différent que de jouer pour un club. On vient en sélection pour donner, non pas pour prendre. Il y a certains joueurs émigrés qui hésitent encore à choisir entre l'Algérie et la France, tels Tafer, Brahimi et Feghouli. Qu'en dites-vous ? Avant tout, moi, je dis qu'il faut faire en sorte qu'on ait une fédération et une sélection dignes de ce nom. Dans son organisation et dans sa gestion. Pas seulement pour attirer ces joueurs que vous venez de citer. Ça représente tout un pays et une histoire derrière. Il faut qu'on se serve de notre qualification à la dernière Coupe du monde pour progresser et évoluer davantage. On finira par cette question. Est-ce que vous envisagez de recruter des joueurs algériens dans votre équipe prochainement ? Oui, peut-être l'année prochaine. Issus du championnat local ou de l'étranger ? Je vise un joueur algérien qui joue actuellement à l'étranger et qui a déjà évolué en sélection. Peut-être qu'il va nous rejoindre, inch'Allah. Pas la peine de me demander son nom (rires…).