Ziani : «Ce qu'il a dit de l'Algérie vient du cœur» Matmour : «Ce que j'ai lu est conforme au personnage» Zarabi : «Quand j'étais avec lui, il n'arrêtait pas de me parler de l'Islam» La longue interview que nous a accordée le milieu de terrain français du Bayern Munich, Franck «Bilal» Ribéry, a été largement reprise par les médias internationaux en général et par les journaux et sites Web arabes en particulier. Ses déclarations sur sa vie de musulman et la foi inébranlable qui l'anime ont provoqué une grande émotion, si bien qu'elles constituent le principal sujet de discussion sur les forums spécialisés dans les grands sites arabes. Les internautes ont salué «Bilal» le musulman et ses positions, même si les Egyptiens parmi eux n'ont pas apprécié sa préférence déclarée pour l'Algérie et son vœu que la sélection algérienne se qualifie en Coupe du monde, d'où leurs commentaires acerbes sur ce point. Sport Aujourd'hui a repris de larges extraits Les grands médias européens n'ont pas été en reste et ont repris les déclarations de Ribéry faites au Buteur. Il en est ainsi de Sport Aujourd'hui, une publication de L'Equipe qui consacre une page quotidienne au Maghreb. De même, des sites et des journaux régionaux allemands ont rapporté des extraits de l'interview, surtout ceux où il parle de la place de l'Islam dans sa vie. Zarabi : «Quand j'étais avec lui, il n'arrêtait pas de me parler de l'Islam» Dans l'interview qu'il nous a accordée, Franck Ribéry a révélé qu'il avait passé dix jours avec Abderraouf Zarabi lorsque les deux avaient effectué des essais à Guingamp en 2003. Nous avons contacté l'international algérien et lui avons demandé de nous relater des anecdotes sur leur séjour commun. * Avez-vous lu l'interview que nous a accordée Franck Ribéry ? Bien sûr que je l'ai lu, comme beaucoup d‘autres, je suppose. Franchement, j'ai été émerveillé par ses réponses et ses déclarations, bien que cela ne m'ait pas étonné de sa part, car c'est quelqu'un de spontané et de sincère qui n'est pas hypocrite pour un sou. Il dit toujours ce qu'il pense et ce qu'il ressent sans hésitation. * Il a longuement parlé de vous, surtout que vous avez passé 10 jours avec lui à Guingamp… Oui, cela s'est passé en 2003 après le match Algérie-Marseille au Vélodrome. J'avais été blessé à l'épaule et j'avais effectué, à la même période, des essais à Guingamp où j'ai connu Ribéry. Nous avons passé des jours inoubliables ensemble. * Que gardez-vous comme souvenirs de cette période commune ? C'était un type très spontané qui n'arrêtait pas de rire et de plaisanter. Il me questionnait sans arrêt sur l'Islam et ses règles, car il venait tout juste de se convertir. Il était déjà fiancé à son épouse algérienne actuelle, mais il m'avait présenté toute sa famille. Nous accomplissions nos prières ensemble. Je n'oublierai jamais sa façon de réciter le Coran. Par ailleurs, au plan du jeu, c'était un footballeur très doué. * Pourtant, il n'avait pas été pris par Guingamp… Que voulez-vous ? C'est le football. Parfois, tu n'entres pas dans les plans de l'entraîneur ; parfois il a des critères particuliers ; parfois, il voit les choses autrement. Ce sont autant de paramètres qui font que les entraîneurs sont différents dans la perception du talent. Cela dit, j'aimerais insister sur un point. * Lequel ? A ce moment-là, il y avait de grands joueurs à Guingamp, tels Didier Drogba et Florent Malouda qui jouent aujourd'hui à Chelsea. Cela a sans doute amené l'entraîneur à se passer des services de Ribéry. Cependant, j'étais confiant quant à son éclosion future, car il a un talent peu commun. * Quand avez-vous discuté pour la dernière fois avec lui ? C'était au mois de janvier dernier, lorsqu'il était en stage hivernal avec le Bayern Munich dans les pays du Golfe. C'est vraiment quelqu'un de bonne famille. Il m'avait appelé et nous avions longuement discuté, surtout qu'il s'apprêtait à effectuer une omra. * Que vous a-t-il dit exactement ? Il avait formulé le vœu que l'Algérie se qualifie à la Coupe du monde au détriment de l'Egypte car, réellement, il aime l'Algérie et les Algériens. Il m'a dit également textuellement : «J'espère que nous nous rencontrerons en Coupe du monde dans un match qui serait historique.» De mon côté, je lui ai souhaité de continuer à briller au plus haut niveau. * Apparemment, vous appréciez beaucoup son amitié… Oui, car Bilal est quelqu'un de modeste. En dépit du niveau qu'il a atteint, il continue de participer à des tournois inter-quartiers et c'est le secret de sa popularité. Quant au fait qu'il ait parlé de moi, cela m'honore en tant qu'Algérien. Lorsque j'ai choisi de jouer en Europe, j'espérais laisser une bonne impression de l'Algérie et non pas de ma personne seulement. C'est pour cela que je fais de mon possible pour être à la hauteur sur et en dehors des terrains. * Est-il vrai que contre le Rwanda, vous n'aviez pas accepté de ne pas avoir été dans la liste des 18 ? A ma connaissance, aucun joueur n'accepterait de rester dans les gradins et de ne pas jouer. Mon amour pour l'Algérie a fait que je n'avais pas accepté d'être privé du match contre le Rwanda. Cependant, je ne discute pas les décisions du sélectionneur Rabah Saâdane qui reste le seul maître à bord. Pour ce qui est du match face à l'Egypte, il s'agit d'une confrontation particulière attendue par tous. Inch'Allah, nous serons à la hauteur dans ce match qui se jouera surtout sur le plan psychologique, tout en gardant à l'esprit qu'un autre match important nous attend face à la Zambie. Entretien réalisé par Redouane B. Ziani : «Ce qu'il a dit de l'Algérie vient du cœur» Réagissant aux déclarations que nous a faites Franck Ribéry, Karim Ziani s'est montré enthousiasmé par les propos du milieu de terrain du Bayern Munich. «Tel que je connais Ribéry, tout ce qu'il a dit de l'Algérie et l'Islam émane de son cœur. Il n'est pas du genre à tourner autour du pot. Il dit les choses telles qu'il les pense. Ce qu'il a dit sur moi m'honore, surtout qu'il connaît bien l'Olympique de Marseille et qu'il n'est jamais avare en conseils. Ribéry fait partie des joueurs qui ont gravé leurs noms dans la mémoire du club. Tout le monde à Marseille continue à l'aimer, car nul n'a oublié ses exploits sur le terrain.» Matmour : «Ce que j'ai lu est conforme au personnage» Dans l'interview qu'il nous avait accordée il y a quelques semaines, Karim Matmour avait révélé qu'au cours du match aller entre le Borussia Mönchengladbach et le Bayern Munich, Franck Ribéry s'était approché de lui sur le terrain et lui avait lancé : «Salam, kho !» Le milieu de terrain français a confirmé ce fait lorsque nous l'avons rencontré à Munich, estimant que c'était tout à fait naturel chez lui de parler en arabe à ses interlocuteurs algériens. Après avoir lu l'interview, Matmour nous a livré son sentiment : «Je n'ai pas été surpris par le contenu de l'interview. Ce que j'ai lu est conforme au personnage. Ribéry est quelqu'un de simple, qui ne se prend pas la tête. C'est d'ailleurs pour cela que les gens l'aiment ici en Allemagne. Il est simple dans sa façon d'être, simple dans sa foi en Dieu, simple dans son comportement, simple avec ses adversaires…» Samedi dernier, Matmour était au stade Allianz-Arena de Munich pour le match retour de Mönchengladbach contre le Bayern, mais il n'a pas pu croiser Ribéry sur le terrain, car le Français était suspendu. «Il était certainement dans la tribune, mais je ne l'ai pas rencontré. Lorsque nous sommes sortis du vestiaire à la fin du match, il n'y avait plus personne dehors.» F. A-S.