«Ziani a connu à Wolfsburg ce que j'ai vécu à Lyon» «J'ai compris le message de Benchikha» C'est au centre d'entraînement d'Al Sadd, à l'issue de la séance d'hier après-midi, que nous avons rencontré Nadir Belhadj. C'est la première fois qu'il recevait la visite d'un journaliste de la presse écrite venu spécialement d'Algérie. Alors qu'il vient d'être rappelé en sélection, il revient sur la mauvaise période qu'il a vécue et qui avait abouti à sa mise à l'écart, ainsi que sur les perspectives d'avenir avec la sélection. Comment avez-vous accueilli la nouvelle de votre retour en sélection nationale ? Je suis heureux, c'est clair. Tous ceux qui ont porté les couleurs de la sélection savent très bien combien il est important d'avoir le statut d'international et de se sentir concerné par les matchs de la sélection. Je considère mon retour comme tout à fait naturel, car je n'ai pas commis une chose grave qui me tienne éloigné de la sélection pour une longue durée. Je suis international depuis de nombreuses années et j'ai toujours été fidèle aux couleurs nationales. Compte tenu de toutes les joies que j'ai connues avec les Verts, il est clair que je suis très heureux. Ma brève mise à l'écart ne sera plus qu'un mauvais souvenir. Beaucoup de choses ont été dites sur cette mise à l'écart. Le sélectionneur, Abdelhak Benchikha, vous avait-il parlé avant de vous écarter du groupe ? Non, il ne m'avait pas parlé auparavant. Cependant, il m'a parlé après et m'a expliqué les motifs de sa décision. De mon côté, je lui ai dit ce que je pensais. A présent, les choses ont repris leur cours. C'est lui le sélectionneur et nous nous devons tous de respecter ses décisions et c'est ce que j'avais fait. Cependant, vous avez mal supporté cette décision, surtout que vous étiez le seul cadre à avoir été mis à l'écart, vu que Ghezzal et Abdoun ne sont pas assez anciens pour être considérés comme tels… Quel joueur ne serait pas en colère en se voyant écarté, après tout ce qu'il a donné pour la sélection ? De plus, j'avais reconnu publiquement après le match de Bangui que je n'avais pas été la hauteur. J'avais même dit que j'avais été très faible. Cependant, je n'étais pas le seul, ce jour-là, à être passé à côté. Ajoutez à cela que je n'avais pas été auteur d'un acte répréhensible envers le sélectionneur ou mes coéquipiers pour apprendre ma mise à l'écart par le biais de la presse. Je vous mentirais si je disais que cela ne m'a pas affecté. J'ai traversé une période très difficile. Aujourd'hui, je peux dire que j'ai compris le message que Benchikha a envoyé à tout le monde. Je vais reprendre mon parcours avec les Verts en espérant que nous continuerons à procurer de la joie au peuple comme cela était le cas dans un passé récent. Il y a le match amical contre la Tunisie qui se profile, mais votre club ne veut pas vous laisser partir en stage vu que des matchs importants l'attendent. Qu'allez-vous faire devant cette situation ? Ce qui est sûr, c'est que j'aimerais être présent à Alger pour ce match contre la Tunisie qui constituera la dernière répétition générale, avant d'affronter le Maroc. De plus, je veux marquer mon retour par une belle prestation devant le public algérien. Maintenant, il faudra que les responsables d'Al Sadd trouvent un accord avec le sélectionneur national et les responsables de la FAF. Benchikha a indiqué que c'est une date FIFA et que, par conséquent, votre club ne pourra pas vous empêcher de répondre à la convocation de la sélection… Dans ce cas, je suis à la disposition du sélectionneur, bien que trois matchs importants attendent Al Sadd, les 3 et 7 février contre deux concurrents directs pour le titre, et le 12 pour le tour éliminatoire de la Ligue des champions asiatique qui se jouera sur un seul match. Al Sadd compte aller loin dans cette compétition et démarrer en force la phase retour du championnat, surtout après la désignation d'un nouvel entraîneur, Jorge Fossati. Il paraît que vos coéquipiers étrangers, l'Ivoirien Kader Keita et le Coréen Lee, connaissent le même problème… Effectivement. Le club renferme trois internationaux étrangers et la direction est décidée à les garder pour cette période cruciale. Toutefois, je ne sais pas ce qui va se passer. Comment voyez-vous le match contre le Maroc, alors même que nous ne savons pas encore où ce match se déroulera ? Je suis très heureux de votre venue ici au Qatar, pour que vous voyez par vous-même les moyens qui existent ici dans les clubs, avec un stade climatisé, une excellente pelouse… Même pour les entraînements, un joueur arrive au centre en pensant uniquement à son travail et à rien d'autre. Ici, j'ai trouvé des moyens que je n'ai même pas trouvés à l'Olympique Lyonnais. En Algérie, par contre, on n'arrive même pas à trouver un terrain pratique pour un match international. Même les joueurs locaux sont obligés de jouer sur des pelouses synthétiques et cela freine leur progression. Je ne veux pas être donneur de leçons, mais la réalité est là. Vous n'avez pas répondu à la question concernant le match du Maroc… Lorsqu'il s'agit de matchs décisifs, la sélection a toujours su être au rendez-vous, quel que soit l'adversaire. C'était le cas contre l'Egypte à Blida et à Khartoum, face à la Côte d'Ivoire en Angola et contre l'Angleterre en Coupe du monde. Je souhaite seulement que nous soyons épargnés par les blessures. Lorsque notre public est avec nous, peu importe la ville où nous jouerons, nous ne le décevrons pas. Quelle est votre préférence pour le stade, même si l'on sait que le match aura lieu très probablement au stade du 5-Juillet ? Je vous surprendrai peut-être en vous disant que ça m'importe peu. L'essentiel est que nous ayons cette force intérieure qui nous transcende pour battre n'importe quel adversaire, sur n'importe quel terrain. Craignez-vous le Maroc ? Nous ne craignons rien, sauf les blessures. Tous les joueurs de la sélection vous diront la même chose. Lorsque nous sommes tous valides sur le terrain, personne ne nous fait peur. Sans pour autant revenir sur votre mise à l'écart contre le Luxembourg au profit de Mesbah, ne craignez-vous pas de perdre votre place ? Je suis un joueur qui aime la concurrence. Vous avez remarqué, il y a quelques instants aux entraînements, à quel point je me donne à fond. Beaucoup croient que nous sommes dans un championnat faible et que nous ne nous entraînons pas assez… C'est faux ! Nous nous entraînons aussi intensément qu'en Europe, avec la chaleur en plus qui nous oblige à davantage d'efforts. Donc, la concurrence avec Mesbah ou autre ne me fait pas peur. Je trouve même que c'est positif pour la sélection. Justement, Mesbah s'est illustré ces dernières semaines avec son club, Lecce. Avez-vous suivi ses prestations ? J'ai vu deux ou trois de ses matchs. Je trouve qu'il s'est bien retrouvé dans le championnat d'Italie, en dépit des difficultés de son équipe. Cela sera à l'avantage des Verts. Posons la question directement : accepteriez-vous d'être le remplaçant de Mesbah en sélection ? Oui, je l'accepterais. Le meilleur devra être aligné et si c'est lui, il n'y aura aucun problème. Ce sera au sélectionneur d'en décider suivant la forme du moment. En tout cas, j'ai retrouvé ma forme et vous verrez ce que vous verrez lors des prochains matches (rires). Beaucoup de choses ont été dites sur le prêt de Karim Ziani à Kayserispor. Quel est votre avis sur la question ? Ziani a vécu à Wolfsburg ce que j'avais vécu à Lyon, à savoir qu'il avait beau s'entraîner dur durant toute la semaine, mais il ne jouait pas le week-end. Un joueur n'est heureux que lorsqu'il joue. A Lyon, je n'étais pas heureux, parce que je ne jouais pas. Le titre de joueur de Lyon ne me suffisait pas. C'est pour ça que j'étais parti à Lens qui, bien que jouant pour son maintien, me permettait de me rendre à l'entraînement chaque jour en étant heureux, même s'il y a eu la relégation au bout. Ziani a fait le choix du temps de jeu et vous verrez dans un mois comment il reviendra. Et puis, le championnat turc n'est pas modeste. Des joueurs ont même réussi à y rebondir, comme c'était le cas d'Anelka. Les Algériens n'ont toujours pas digéré que vous ayez quitté l'Europe pour aller jouer au Qatar… Je l'avais expliqué dans vos colonnes à ce moment-là : je n'avais pas d'offres ! Portsmouth était endetté et devait me vendre au meilleur prix et c'est Al Sadd qui a mis l'argent qu'il faut. Je ne voulais pas commettre l'erreur de la saison d'avant, en attendant le dernier jour pour me trouver un club. Comme aucun grand club ne s'était manifesté, je suis parti à Al Sadd. Certes, j'ai eu un passage à vide, mais cela s'expliquait par le fait que je n'avais eu droit qu'à dix jours de vacances, alors que j'étais sur la brèche chaque été avec la sélection les années passées. Ajoutez à cela que j'avais débarqué dans un nouveau pays, avec un nouvel environnement, la chaleur et le mois de Ramadhan et vous comprendrez que ce n'était pas facile pour moi. C'est ce qui expliqué que j'ai été à Bangui avec un moral entamé. J'étais tellement mal que je récoltais des cartons rouges avec Al Sadd, alors que ce club avait mis beaucoup d'argent pour m'avoir. A présent, ça va beaucoup mieux puisque j'ai bénéficié de trois semaines de repos et je me sens bien physiquement. Je vous donne rendez-vous lors des prochains matchs pour vous en assurer. J'espère seulement que ma forme sera bénéfique pour la sélection, car j'aime beaucoup mon pays et je n'oublierai jamais le bonheur que nous avons partagé avec notre peuple. Un dernier mot ? Je vous remercie de m'avoir rendu visite ici à Doha. Je suis impatient de retrouver mes coéquipiers en sélection afin de repartir à l'assaut des qualifications. --------------------------- Fossati : «Benchikha n'a pas besoin de Belhadj contre la Tunisie» Afin d'en connaître davantage sur les motifs qui poussent la direction d'Al Sadd à vouloir garder Nadir Belhadj et ne pas le laisser rejoindre le stage de la sélection nationale, nous nous sommes rapprochés du nouvel entraîneur, l'Uruguayen Jorge Fossati, qui nous a fait la déclaration suivante : «Nous ne pouvons pas laisser partir Belhadj Keita et Lee, car des matchs très importants nous attendent la semaine prochaine et nous avons besoin d'eux. Nous espérons que le sélectionneur algérien se montre compréhensif. C'est un entraîneur et, en tant que tel, il sait que se passer de trois titulaires affecte le rendement d'une équipe. Nous escomptons donc une réponse positive d'Alger. De plus, il s'agira d'un match amical. Benchikha connaît certainement la valeur de Belhadj et il n'a pas besoin de le tester dans un match amical.»