Madoui «Oui, contre l'Egypte, Djadaoui a changé l'équipe !» Vous avez joué deux saisons avant de mettre un terme à votre carrière comment ça s'est passé ? En 2007, j'ai trouvé une équipe différente à l'USMA, un mélange de nouveaux joueurs et d'anciens comme Dziri et Ghazi. On a fait un parcours honorable bien que nous ayons échoué à deux reprises en Coupe arabe. Cette équipe n'avait pas le même niveau que celle de mon premier passage dans ce club. Vous avez surpris tout le monde en arrêtant subitement votre carrière… J'ai fait une bonne première saison avec l'USMA, avant de souffrir de blessures dans la seconde. Je me plaignais d'une hernie discale et j'ai joué pas mal de matches, blessé. On a battu l'Entente (1-0, but direct de Ammour sur corner) et le Mouloudia (3-0) à huis clos. J'ai décidé de me faire opérer. Et vous êtes revenu de nouveau… J'ai rejoué et j'ai marqué un joli but sur un retourné acrobatique contre la JSMB, mais je me suis blessé à nouveau contre la JSK (tendon d'Achille). C'est là que j'ai décidé d'arrêter définitivement au début de la saison 2009/2010, après avoir participé au stage de préparation en France avec l'USMA entraînée par Mouassa. A cette époque, l'affaire de l'agression de Bourahli sur l'arbitre de la rencontre USMA-ASO avait fait couler beaucoup d'encre et de salive, avez-vous agressé Boukedjar, oui ou non ? Je ne suis plus sur les terrains, et je vais dire la vérité dans cette affaire. Et quelle est la vérité ? Je n'ai pas agressé cet arbitre, je ne l'ai pas frappé. Il y a eu une mêlée générale à la fin du match, et lui, entouré par une foule, a reçu un coup. Je ne sais pas de qui. Mais je pense que c'est un agent de l'organisation. Et pourquoi vous a-t-il accusé dans son rapport ? Il a peut-être cru que c'est moi qui l'avais frappé, car il a bel et bien reçu un coup. Mais après deux ans, je dis et je répète que je ne l'ai pas agressé. Mais il faut dire que cet arbitre était impliqué dans cette rivalité entre Sétif et Bordj et a voulu me nuire parce que je suis sétifien. Il m'a accusé à tort. Comment vous vous en êtes tiré avec quatre matches de suspension au lieu de deux ans ? Le commissaire au match, qui était près de l'arbitre, a vu que ce n'était pas moi, idem pour le rapport des policiers qui ont aussi attesté que je ne l'ai pas agressé. Après la lecture les rapports, j'ai été acquitté. La mise à l'écart de cet arbitre après l'arrivée de Raouraoua en est la meilleure preuve. Cela fait presque une année et demie que vous êtes à l'arrêt, comment suivez-vous l'actualité de l'ESS ? Je suis les matches de l'Entente selon mon emploi du temps. Des fois, je me déplace au stade, j'ai vu ceux contre le CABBA et le Mouloudia, c'est-à-dire les grands matches. Contre le CABBA, votre arrivée au stade a coïncidé avec le but de Metref… Une belle coïncidence. En dépit de tout ce qui s'est passé, je reste un supporter fidèle à l'Entente, à l'instar de tous les enfants de la ville, le plus important c'est les couleurs et l'histoire. Et comment jugez-vous le parcours de l'ESS, ces dernières années ? C'est la meilleure équipe de ces quatre ou cinq dernières années. Son palmarès parle de lui-même. Il n'est pas facile de remporter huit titres en quatre ans. La direction du club a réussi à ramener les joueurs capables de ramener un plus à l'équipe. Les meilleurs joueurs en Algérie jouent à Sétif actuellement. Que pensez-vous justement de la présence de 11 éléments de l'Entente en Equipe nationale A' ? Cela prouve la puissance de l'équipe sétifienne. Certains joueurs sont devenus internationaux à Sétif, et certains autres ont été recrutés alors qu'ils l'étaient déjà. Cette présence en masse en Equipe nationale, prouve que l'Entente est la meilleure équipe en Algérie. Leur sélection est-elle méritée ? Absolument. Quel était votre sentiment en entendant le public scander «Chebka ya Bourahli had El âam doublé» ? Une grande responsabilité et de la pression en plus, que ce soit avec l'USMA ou l'Entente. Lors de ma dernière saison à Sétif, on demandait plus : «Chebka ya Bourahli had El âam triplé». On jouait sur trois fronts, malheureusement, on a été éliminés en coupe d'Algérie en quarts de finale par l'USMA à Tizi Ouzou. C'était une saison exceptionnelle où on a gagné le titre de champion d'Algérie et la Coupe arabe. Ça restera dans l'histoire, et ces slogans sont un honneur pour moi, que ce soit de la part des supporters de l'USMA ou de l'ESS, en dépit de la pression qui pesait sur mes épaules. Ce n'est pas facile d'être aimé par le public et qu'il attende beaucoup de vous. Vous aviez de la sympathie pour trois joueurs à l'Entente, comment jugez-vous le parcours de chacun d'eux, à commencer par Delhoum ? Je lui ai prédit une grande carrière car il était, d'une part, pétri de qualités et aussi un joueur éduqué qui accepte les conseils des joueurs plus expérimentés. Il est l'un des joueurs de sa génération qui a le plus réussi, la preuve, il est devenu une pièce maîtresse dans l'équipe. Comment voyez-vous sa présence en EN A' ? Elle est méritée, c'est un joueur régulier. Bien qu'il soit lésé sur le plan médiatique, il a sué pour arriver en Equipe nationale des locaux, mais je dirais qu'il est même capable d'arriver en Equipe nationale A s'il continue à travailler avec persévérance. Saâdane ne s'est pas trompé lorsqu'il l'a mis dans sa liste des réserves en 2009. Il le connaissait bien, car il a gagné sa place de titulaire en 2006-2007 alors qu'il était encore jeune devant Keïta, Lemouchia, Adiko, Benchaïra, Lahlouh et bien d'autres encore. Et qu'en est-il de Djabou ? Il est le meilleur joueur actuellement en Algérie. Il a fait les mêmes étapes que moi, il a joué à El Eulma et a rejoint El Harrach par la suite. Il a quitté la maison à un jeune âge. Maintenant, il est revenu à Sétif par la grande porte. Je me rappelle de ses débuts avec nous en 2005. On a partagé la même chambre lors du stage de Vichy. Je lui avais affirmé à cette époque qu'il allait devenir l'un des meilleurs joueurs en Algérie. Six ans après, il remporte le titre de meilleur joueur local. Comment voyez-vous sa présence en EN des locaux et en EN A en même temps ? Il le mérite bien, j'ai été content pour la convocation qu'il a reçue contre le Luxembourg. Il doit travailler davantage pour préserver sa place parmi les Verts. Maintenant tout le monde veut jouer en Equipe nationale, contrairement à notre époque où les joueurs émigrés trouvaient des excuses pour ne pas venir. Et Hamza Dembri ? C'est une perte pour l'Entente et pour le football algérien. Il a eu la chance d'être promu en équipe première avant Djabou et Delhoum. Il a joué avant eux, et il avait beaucoup de qualités. Et pourquoi n'a-t-il pas réussi ? Il avait mauvais caractère et manquait de sérieux. Voyez où sont Djabou et Delhoum, qui s'apprêtent à disputer le CHAN, et où est Dembri… Vous avez marqué beaucoup de buts contre le Mouloudia, y a-t-il un secret à cela ? Non, il n'y a aucun secret, j'adorais depuis mon enfance les grands matches où il y a un grand nombre de supporters. Avec le CSC, j'aimais jouer contre le MOC, avec l'USMA c'était plutôt le Mouloudia et la JSK, et à Sétif il y avait les matches de Coupe arabe. C'est à chaque fois que la pression monte que je joue mieux. Contre le Mouloudia, c'est lorsque les Chnaoua sont plus nombreux que j'ai plus l'envie de marquer. Et comment se fait-il que votre fils Yasser soit un fan du Mouloudia ? C'est à l'époque où j'étais joueur à l'USMA et installé à Alger en famille. L'un des supporters du Mouloudia, connu sous le nom de «Zakou», l'a influencé, et même Allik n'a pas réussi à lui ôter cette idée de la tête. Qu'a donc fait Allik ? Lors de la rencontre qu'on a gagné à Bologhine contre le Mouloudia (3-0), mon fils Yasser était présent. Allik l'a pris dans ses bras et lui a demandé quelle équipe il supportait. Il lui a répondu dit qu'il aimait toujours le Mouloudia. Et le cadet ? Pour le moment, il n'a pas de penchant pour une équipe précise, mais il dit qu'il aime le Barça. (L'enfant le confirme.) Vous avez côtoyé plusieurs entraîneurs, quel est le meilleur de tous ? Ils sont deux, Hadj Mansour et Abdekrim Khelfa. Pourquoi ? Hadj Mansour a réussi à monter une équipe compétitive en dépit du manque de moyens matériels et humains. Il a évité la relégation à l'ESS en 1992-93. En 2000-2001, il a formé également une équipe jeune qui a réalisé de bons résultats en battant le MOC (3-0), le MCA (3-1), le CAB (3-0), la JSK (4-1), l'USMB (5-1). On a raté le podium à cause du manque de moyens. Khelfa est un exemple de rigueur. Pensez-vous que la politique de Serrar a réussi ? Sa politique actuellement fait recette, mais dans le cas où il y aura un manque d'argent, ça va générer un grand problème. Mais je pense que c'est ce qu'il faut faire pour gagner des titres. Pour disputer le championnat, la coupe ou un autre titre, vous devez ramener les meilleurs joueurs et les moyens avec. Croyez-vous que l'Entente est capable de gagner la Ligue des champions africaine ? Je crois qu'il manque trois joueurs à l'Entente, pour pouvoir le faire. Deux grands attaquants, un latéral gauche de niveau et un entraîneur d'envergure également. En Coupe d'Afrique, l'Entente n'a pas su gérer la compétition dans la phase des poules. Pour se qualifier, vous ne devez pas céder le moindre point à domicile. Que pensez-vous de Raouraoua en tant que président de la FAF ? Il est l'homme qu'il faut au poste qu'il faut, il a beaucoup donné au football algérien. Bien qu'il soit critiqué, il a changé beaucoup de choses et ramené des moyens. C'est sa gestion qui a permis à l'Algérie de participer au Mondial, et aux clubs de revenir sur la scène internationale. A l'USMA, vous étiez très proche de Bentayeb, pourquoi ? «Chikoula» est extraordinaire, il est capable de créer une belle ambiance dans le groupe, au point où je le choisissais pour partager la chambre avec lui lors des stages ou les mises au vert. C'est un bon garçon à qui je souhaite beaucoup de chance. Il y a aussi une deuxième raison… Laquelle ? Il est fan d'Amar Ezzahi comme moi, et son père était l'ami du cheikh. Il me ramenait les cassettes. Avec qui passez-vous votre temps actuellement à Sétif ? Avec Khelil Aïdi (il était présent avec son fils au moment de l'entretien) et Osmane Ahmed, des fois chez Zaouch. Il y a 4 à 5 amis avec qui je passe mon temps. Ne songez-vous pas à revenir dans le monde du football pour exercer une autre mission en tant qu'entraîneur ou manager ? Pour le moment non. Dans une année ou deux peut-être, je vais effectuer un stage pour l'obtention d'un diplôme d'entraîneur. Comment jugez-vous l'Equipe nationale par rapport à votre époque ? Il y a beaucoup de moyens actuellement, que ce soit lors des stages, les déplacements dans des vols spéciaux et même les primes. Tout ça n'existait pas à notre époque. Et qu'en est-il des résultats réalisés ? On a participé à la CAN et la Coupe du monde, mais je pense qu'on est en train de répéter les mêmes erreurs. Il faut tout revoir le plus tôt possible afin de ne pas détruire tout ce qui a été construit. Que voulez-vous ajouter à la fin ? Je souhaite bonne réussite à l'EN A' au Soudan, et à l'EN A de se qualifier à la prochaine CAN. Je souhaite à l'Entente aussi bonne chance, et j'espère qu'ils atteindront leur principal objectif, à savoir la Ligue des champions africaine. Je n'oublierai pas l'USMA qui, je l'espère, assurera une place qualificative à une compétition continentale. Je souhaite au CSC de retrouver l'élite cette saison et d'être à la hauteur de ses supporters et du président Soussou. Je serai présent lors de la fête de l'accession. Je souhaite au Mouloudia (de Yasser) la réussite en Ligue des champions africaine. Bourahli, une icône dans le football algérien Le Buteur vous propose aujourd'hui la cinquième et dernière partie de ce long entretien qu'on a entamé depuis le début de la semaine. Un entretien qui a surpris plus d'un, les supporters de l'ESS, de l'USMA et même ceux des autres équipes, car Bourahli, à l'époque ou il était joueur, s'est toujours montré réservé dans ses rapports avec la presse. Dans ce dernier entretien, il dit tout ce qu'il n'a pas dit tout au long de sa carrière et éclaircit certains points restés ambigus jusqu'à aujourd'hui. Il a usé d'une franchise inhabituelle Bien que l'entretien qu'il nous a accordé soit long, Bourahli s'est montré à l'aise dans ses réponses et guère gêné par nos nombreuses questions quelles qu'elles soient. Sa franchise nous a surpris, nous, et les lecteurs par la suite. C'est la première fois qu'il use d'une pareille franchise et qu'il vide son sac. Un entretien convivial en présence de ses enfants Bourahli n'est pas venu seul à notre bureau pour nous accorder ce long entretien. Il a été accompagné de ses deux fils, de son ami Khelil Aïdi (avec son fils Layachi). Etaient présents également certains de ses fans, Rayad Djila, Lazhar Chouana, Abdelghani Djenane. Ce qui a donné un cachet convivial à cette rencontre qu'on aurait voulu prolonger (une heure et demie). Son fils Yasser est bel et bien fan du Mouloudia, car il n'a pas hésité à demander à son père de souhaiter bonne chance au MCA dans le mot de la fin. Ses buts resteront gravés à jamais Bourahli a réussi une longue et riche carrière où il a gagné plusieurs titres avec le CSC, l'USMA et l'ESS. Mais ce qui a le plus marqué les esprits et pour toujours, ce sont ses buts d'anthologie qu'il a marqués et qui étaient le sujet de discussion des férus de football en Algérie pendant des années. Tout le monde se souviendra de ses buts inscrits à Lezzoum, Bensahnoune, Gaouaoui et Tizié le gardien de l'Espérance de Tunis. Le comité de supporters songe à l'honorer On a appris que le comité de supporters de l'ESS veut inviter Issaâd Bourahli lors d'un tournoi dédié aux orphelins, qui sera organisé à l'occasion de la fête du Mawlid Ennabaoui. Ledit comité songe à honorer le renard des surfaces, qui est un exemple de réussite. A noter que Bourahli a été parmi les premiers à participer à de telles initiatives, comme c'était le cas en 2006 où il a même pleuré lorsqu'il a raconté son enfance lors d'une cérémonie de remise des prix aux orphelins pendant le Ramadhan. Madoui «Oui, contre l'Egypte, Djadaoui a changé l'équipe !» L'ancien joueur de l'ESS et entraîneur actuel du Widad de M'sila, Kheiredine Madoui, a pris attache avec nous après que son nom a été évoqué par Bourahli dans l'affaire Djadaoui et la défaite en Egypte (5-2). Madoui dira d'emblée qu'il n'aurait pas parlé si Bourahli n'avait pas réagi le premier. «Bourahli a raison concernant le changement de l'équipe lors de la rencontre en Egypte. Avec Bourahli, Haddou, Belhani, on devait être titularisés, mais on s'est retrouvés sur le banc le jour du match après que certains soient intervenus pour changer l'équipe», dira-t-il. Pour Madoui, ce n'est pas la première fois qu'il était victime de ces manœuvres. Il ajoutera : «On a connu le même scénario en 2000 contre le Maroc à Fès où on a perdu (2-1). Je devais être titulaire, mais le jour du match, il y a eu une intervention pour qu'on fasse jouer Amrouche dans l'axe de la défense. Bourahli a été laissé sur le banc lui aussi alors qu'il devait jouer ce match». Hadj Mansour rectifie le score de Bordj Menaïel Bourahli a rendu un énorme hommage à l'entraîneur palestinien Hadj Mansour qu'il considère comme le meilleur des entraîneurs avec qui il a travaillé. L'ex-entraîneur de l'Entente nous dira qu'en revenant, lors de la saison 1992-93, Bourahli ne s'est pas trompé sur tous les résultats sauf celui contre Bordj Menaïel, qui s'est achevé sur le score de 1-0 grâce à Mostefaoui et non pas 0-0, comme il l'a dit.