«C'est grâce à la JSK que je suis devenu le joueur le plus titré du pays». De nos jours, rares sont les joueurs algériens, pour ne pas dire carrément qu'il n'y en a pas, qui pourraient détrôner un ancien joueur de la JSK dans son palmarès. Il demeure le joueur le plus titré du pays, que ce soit avec la JSK, le club de ses premières amours, l'USMA qu'il rejoindra en juin 96, ou avec la sélection nationale dont il a défendu dignement les couleurs dans toutes les compétitions. Oui, ce joueur, tout le monde l'aura deviné, c'est Mahieddine Meftah, surnommé Tchico, dont des générations de supporters continuent encore d'évoquer le nom puisqu'il est lié directement à la grande famille de la JSK et du Jumbo Jet avec l'armada de joueurs talentueux qui s'y sont succédé. Un hommage lui a été rendu par Berbère TV, à l'occasion d'un reportage réalisé à son domicile à Birkhadem, à Alger. L'ex-international de la JSK, Tchico, avec toute la modestie qu'on lui connaît, et avec beaucoup d'émotion, a bien voulu revenir loin en arrière dans sa carrière, plus précisément à cette décennie en or, ce que lui-même reconnaît, passée sous les couleurs de la JSK. Il n'y a qu'à jeter un coup d'œil sur son riche palmarès pour constater qu'il mérite vraiment qu'on s'y attarde un peu. Depuis qu'il a quitté le club qui l'a vu s'épanouir, de nombreux supporters n'ont jamais cessé, et continuent encore, de soulever, bien que cela remonte à plus de dix ans, la raison exacte qui l'a poussé à vouloir changer d'air en allant rejoindre l'USMA, en juin 1996. Certains pensaient que c'est l'offre de la formation de Soustara qui était alléchante, alors que d'autres demeurent convaincus que ce sont les négociations qui n'ont pas été jusqu'au bout entre lui et la direction kabyle. Tchico a bien voulu faire la lumière sur cette interrogation. Dans le soici d'éclairer sa lanterne, il dira que ce n'est vraiment pas de bon gré qu'il est parti. A ce propos, il a déclaré : «Personnellement, je préfère m'en remettre au destin, car quitter la JSK après dix ans, et quelle décennie, n'a pas été pas facile ni pour moi ni pour l'équipe. Or, à l'époque, je ne pense pas que les négociations n'avaient pas été approfondies et que la direction et moi-même aient vu ce qui l'arrangeait. La seule chose que je dois dire aux supporters de la JSK d'hier et d'aujourd'hui, c'est que ce n'était pas de bon gré que j'ai quitté le club, c'est simplement une question de destin, voilà tout.» «C'est grâce à la JSK que je suis devenu le joueur le plus titré du pays» Il n'y a aucun doute, Meftah Mahieddine reste reconnaissant envers la JSK, son ancien club, qui a été derrière tout sa grande réussit : «Nul ne pourra nier aujourd'hui que c'est grâce à la JSK que je suis devenu le joueur le plus titré du pays. En dix ans, j'ai remporté tous les titres mis en jeu, championnat, Coupe d'Algérie et des Coupes d'Afrique. En dix ans, j'ai raté une seule finale, ce fut face à l'USMBA (0-2), au stade du 5-Juillet en 91.» «Ma timidité a failli tout foutre en l'air au point où j'ai risqué ne pas rejoindre la JSK» Tout le monde s'en souvient, Tchico avait débuté sa carrière au sein de la formation de la ville de Tizi Ouzou, le NRBTO, pour être plus précis, où il a passé deux saisons. Comment il a rejoint la JSK ? Il enchaîne : «J'ai commencé au NRBTO. Plusieurs de mes amis m'avaient dit que je devais aller jouer à la JSK au vu de mes qualités. Mais le fait de savoir que j'allais jouer dans un niveau supérieur, timide que j'étais aussi, a failli tout foutre en l'air. J'avais presque raté l'occasion de ne pas rejoindre la JSK. Le mérite revient aux joueurs de la génération de 86 qui m'ont soutenu et encouragé pour porter le maillot jaune et vert.» «Au début, c'était difficile de se faire une place aux côtés des Adghigh, Abdeslam, Haffaf et Naït Yahia» La concurrence battait son plein et Tchico confirme qu'il n'a pas été facile pour lui de se frayer un chemin et de se faire une place aux côtés de joueurs plus aguerris : «Ils furent durs, mes débuts chez les Canaris. A mon arrivée déjà, il y avait Adghigh, Abdeslam, Naït Yahia et Haffaf. Une fois mis dans le bain, j'ai réussi à gagner ma place. Je dois reconnaître que le sérieux, la discipline et l'assiduité y ont été pour beaucoup aussi.» «Le duo Khalef-Ziwotko nous a inculqué l'esprit du professionnalisme avant l'heure» Le point fort mis en évidence par les figures emblématiques de la JSK, c'est la discipline de fer qui régnait sous l'ère Khalef-Ziwotko, notamment. L'empreinte de ces personnages est toujours d'actualité, ce que Meftah évoque pour sa part aussi : «Ce qu'ont réalisé comme chantiers les deux hommes, Khalef et Ziwotko à la JSK est une fortune inestimable. Ils nous ont appris beaucoup de choses, la discipline constituait le point fort de la JSK qui servait d'exemple à tous les autres clubs algériens. Moi personnellement, ce que j'ai appris dans ma carrière m'a beaucoup servi et je leur rends un vibrant hommage.» «Le faux pas était pour nous une honte, tant à domicile qu'à l'extérieur !» «Je ne saurai en dire assez sur l'apport des supporters concernant les performances que nous avons réalisées pendant plus d'une décennie où la JSK raflait tout sur son passage. Les supporters venaient de partout, la veille du match s'il le faut, pour espérer trouver un ticket de disponible. Les joueurs, tous sans exception, ne pouvaient faire autrement que de vaincre, et avec un score lourd s'il vous plaît, car à domicile, on n'avait pas le droit au faux pas, c'était une honte de se faire accrocher !» «Adghigh s'est vu obligé de changer le code du hors-jeu» Tout le monde sait qu'à la JSK, on usait d'un code pour réussir la ligne du hors-jeu. «Ghef tikelt» (tous en même temps), tel est le code que donne à chaque fois Adghigh pour tromper les attaquants adverses. Meftah s'en rappelle allant jusqu'à dire qu'à un certain moment, plusieurs formations avaient compris le message codé : «Adghigh, que je respecte énormément, donnait le signal, «Ghef tikelt» un code qui a été changé, puisque plusieurs équipes l'avaient décodé.» «La Coupe des clubs champions (Zambie 90), mon plus beau souvenir» En dix ans à la JSK, Tchico a tout gagné. Dix ans de joies et de succès, mais pour Meftah, l'aventure vécue en Zambie en 90, à l'occasion de la finale de la Coupe des clubs champions, constitue le meilleur souvenir avec comme moment fort la présence du défunt chantre de la cause amazighe, Matoub Lounès qui, même blessé, a décidé d'accompagner son équipe favorite : «Il y a tellement de souvenirs, le plus beau et le plus particulier c'est l'aventure vécue en déplacement en Zambie d'où nous étions revenus avec le trophée. La fête a été rehaussée par la présence du défunt Matoub qui a été du voyage avec nous.» «Le surnom de Tchico m'a porté bonheur et je suis fier que mes jeunes cousins en aient hérité à la JSK» Compte tenu de ses qualités, Mahieddine a été surnommé par ses pairs et les supporters, Tchico, comme le joueur brésilien. Meftah estime qu'il lui a porté bonheur : «Ce surnom m'a vraiment porté bonheur. On disait que je ressemblais au joueur brésilien et mon surnom, Tchico, vient de là. Pour tout vous dire, je suis même content que mes jeunes cousins en aient hérité aujourd'hui à la JSK», ajoute modestement l'enfant de Tizi Ouzou. «A l'USMA, Haddad est venu avec un grand projet, la qualification à la Champions' League notamment» Après plusieurs années en tant que joueur à la JSK et en sélection nationale, avant de rejoindre l'USMA où il a raccroché, Meftah occupe à l'heure un poste en tant que dirigeant. Après avoir géré les jeunes catégories, il a été installé, depuis l'avènement de Haddad à la tête de la SPA/USMA, au sein de la cellule de prospection et de suivi présidée par Ali Fergani. Le chantier à concrétiser sur le terrain qui attend l'entourage de Haddad est grand et ambitieux et Tchico a bien voulu citer le plus important : «L'arrivée de Haddad à l'USMA a révolutionné les choses. Il n'y a qu'à voir le stade en ce moment pour constater que le chantier lancé est grand, nous voulons bâtir une équipe usmiste digne de son statut de club professionnel. Le projet s'étalera, selon les prévisions, sur un long terme qui devra commencer à partir de l'année prochaine. L'USMA, comme le souhaitent les responsables, doit se qualifier à la Champions League.» ---------------------------------- Son palmarès Champion d'Algérie 1989, 1990 et 1995 avec la JS Kabylie puis 2002, 2003 et 2005 avec l'USM Alger Vice-champion d'Algérie 1994 avec la JS Kabylie et 1998, 2001 et 2004 avec l'USM Alger Vainqueur de la Coupe d'Algérie 1992 et 1994 avec la JS Kabylie et 1997, 1999, 2001, 2003 et 2004 avec l'USM Alger Finaliste de la Coupe d'Algérie 1991 avec la JS Kabylie Vainqueur de la Super Coupe d'Algérie 1992 avec la JS Kabylie Vainqueur de la Ligue des Champions africaine 1990 avec la JS Kabylie Vainqueur de la Coupe des Coupes africaine 1995 avec la JS Kabylie Recordman du nombre de titres nationaux en Algérie Vainqueur de la Coupe d'Afrique des Nations 1990 Vainqueur de la Coupe Afro-asiatique des Nations 1991 Recordman du nombre de sélections avec 107 sélections en équipe d'Algérie A (au 1er janvier 2006) Recordman algérien du nombre de participations à la Coupe d'Afrique des Nations (ex-aequo avec Rabah Madjer).