Pendant quatre mois, le défenseur de 28 ans, Nourredine Sam a joué en Libye. Il est rentré en France une semaine avant la révolte anti-Kadhafi. Avez-vous l'impression d'être rentré en France au bon moment ? Oui, j'ai eu beaucoup de chance. J'ai pu rentrer en France car je n'étais pas qualifié pour la Coupe d'Afrique. C'est avec beaucoup d'étonnement que j'ai appris par téléphone qu'il commençait à y avoir des mouvements de foule à Benghazi, que la police était intervenue. Vu les contextes tunisien et égyptien, on pouvait penser qu'en Libye cela allait bouger, mais pas de cette façon-là. La révolte a été assez dure et sanglante. Durant les quatre mois que j'ai passés en Libye, à aucun moment, je n'aurais pensé que ça pouvait bouger ou exploser. Comment êtes-vous au courant de ce qui se passe en Libye ? Les premières semaines, cela a été assez difficile car le téléphone et Internet avaient été coupés par le gouvernement. Donc, il fallait passer 200 coups de téléphone pour joindre une personne. Les premières infos, je les ai eues à la télé. Je me tenais informé avec beaucoup d'étonnement et de stupeur par rapport à ce qui était annoncé dans les journaux. Depuis quelques jours, j'arrive à joindre les dirigeants de mon club, mes amis là-bas. Quelles nouvelles vous donne-t-on de Benghazi ? Etonnamment, chez eux, la vie a repris. Les gens ont rouvert les magasins, ils retournent travailler. J'ai eu un ami qui travaille dans une banque. Je l'ai eu ce matin et il était à son poste normalement. Je trouve ça un peu bizarre. Hier, j'entendais que les hommes de Kadhafi essayaient de reprendre le contrôle de l'Est du pays avec l'armée. A Benghazi, ils sont super contents de s'être libérés de cette dictature. A l'Ouest, les gens continuent de se battre pour leur liberté. Avez-vous l'intention de retourner en Libye ? Oui, je voudrais récupérer mes affaires. J'attends que la situation se calme. Après quand ? Comme on dit, Dieu seul le sait. Il faut voir comment la situation va évoluer. Si Mouammar El Kadhafi va jeter l'éponge ou continuer à se battre. Je suis attentivement l'évolution de la situation. Quand tout se calmera, j'y retournerai. Comment êtes-vous arrivé à jouer en Libye ? En février dernier, j'ai résilié mon contrat avec le club chypriote Salamina Larnaca, car je n'étais plus payé depuis huit mois. Je suis revenu à Strasbourg, je me suis entraîné avec la réserve du club. J'ai reçu quelques propositions pas très intéressantes. En septembre, j'ai eu une offre d'Al-Nasr Benghazi. On me proposait de jouer la Coupe arabe et la Coupe d'Afrique. En plus, je ne connaissais pas cette partie du monde ni le football africain. Financièrement, dans les bons clubs libyens, on peut avoir un salaire de Ligue 1. En plus, c'est net d'impôts. Continuez-vous à être payé ? Jusqu'à présent, j'étais payé régulièrement. J'ai eu récemment mes dirigeants au téléphone. Ils m'ont dit, que quand je reviendrais prendre mes affaires, ils paieraient le reste de mon contrat qui court jusqu'en juin, car ce n'était pas ma faute. Ce qui m'a étonné, sachant que la deuxième partie du championnat va être annulée vu le contexte actuel, qu'il va falloir reconstruire le pays.